« On est trop peu nombreux à voir cette pollution donc il faut réagir ! » Yvan Bourgnon, aventurier des mers, a été navigateur dans les bateaux les plus rapides du monde pendant 25 ans. Pour neo, il parle de son combat pour la protection des océans et partage ses anecdotes les plus folles sur son tour du monde en catamaran. ⛵️
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00:00 Qu'est-ce qui peut nous traverser la tête quand on est dans ce genre d'aventure ?
00:03 C'est évidemment le mental qui est là avant tout.
00:05 Moi je suis un être humain comme tout le monde,
00:07 je n'ai pas une préparation physique extrême.
00:09 C'est juste que j'accepte de m'exposer plus que les autres à ces dangers-là.
00:14 Mais je peux vous dire que l'être humain est incroyable
00:16 et moi-même j'ai été surpris par ce qu'on pouvait réaliser.
00:19 Bonjour, Yvan Bourgnon, très heureux d'être présent aujourd'hui avec Néo.
00:22 On va parler d'aventure et de protection des océans.
00:24 Malgré la chance que j'ai eu de naviguer pendant 25 ans sur les bateaux les plus rapides du monde,
00:29 j'ai eu envie de regoutter à l'aventure simple et purée
00:33 et de m'offrir ce tour du monde en catamaran de sport sur un petit bateau de 6 mètres,
00:36 une coque de noix et de vivre une aventure extrême vraiment au plus proche de la nature.
00:40 L'idée c'était de venir vraiment de renavier à la méthode des ancêtres comme Christophe Colomb,
00:45 d'utiliser le soleil, le vent et les étoiles.
00:48 Et puis on revivre pleinement cette navigation sans se poser la question,
00:53 sans être effrayé parce que la météo vous annonce une catastrophe.
00:57 Donc tu remets toute t'essence en éveil pour vraiment une navigation la plus intuitive possible.
01:02 Quand on part sur une aventure comme ça, forcément on est sollicité par les intempéries,
01:06 par le vent, la pluie, le soleil qui nous agresse la peau en permanence.
01:10 Donc il faut préparer le bonhomme le mieux possible et être super équipé.
01:14 Et effectivement profiter des vêtements de haute technologie
01:18 puisque quand on est sur un bateau sans cabine,
01:20 on subit 40 à 45 degrés de 9h le matin jusqu'à 18h.
01:25 Et on ne peut pas aller dans l'eau parce que le sel, si on va dans l'eau, va nous agresser la peau.
01:28 Du coup, on essaie de se faire un petit abri au pied de main, de se protéger du soleil.
01:32 Donc les installations font partie de mon quotidien pendant ce tour du monde.
01:35 Sur un petit catamaran de sport comme ça, on ne peut pas embarquer beaucoup de nourriture et d'eau.
01:38 Il n'y a pas la place à bord, donc il faut vraiment pêcher à la traîne derrière le bateau.
01:42 Sous les tropiques, ça allait bien parce qu'il y avait quand même de la bonite, du thon, du barracuda, tout ça.
01:46 En ce qui concerne l'eau douce, globalement j'ai récupéré de l'eau de pluie
01:50 qui s'écoulait le long de ma grand voile, que je récupère avec une gouttière en bas de la voile.
01:54 Mais entre le Sri Lanka et Djibouti, dans le désert maritime,
01:58 là il a fallu que je ruse et que j'utilise un dessinésateur manuel.
02:01 On pompe pendant 4-5 heures par jour pour essayer de fabriquer 3-4 litres d'eau douce à partir de l'eau de mer.
02:08 Quand je suis sur mon catamaran de sport, il faut bien imaginer qu'il n'y a pas d'abri, il n'y a pas de cabine, il n'y a pas de protection.
02:12 Je dors sur un espèce de banc qui fait la largeur de mes épaules et 2 mètres de long.
02:16 Et là c'est une vague dans la figure toutes les 15 secondes.
02:20 Une des particularités les plus difficiles sur ce genre d'engin, c'est de réussir à dormir malgré les intempéries,
02:25 malgré ces vagues, malgré ce mouvement incessant du bateau.
02:28 Forcément j'avais des périodes comme ça très longues sans sommeil.
02:31 Et en fait je faisais des hallucinations.
02:33 Ça faisait 2-3 jours que je n'avais pas pu aller manger parce que ma nourriture était dans la coque et inaccessible avec les intempéries.
02:39 Et moi je manquais de sommeil cruellement.
02:41 Je décide à un moment donné de quitter le bord pour aller acheter du pain à la boulangerie.
02:45 Et c'est une fois dans l'eau que je réagis, que je me rends compte que je suis dans la mer, près de mon bateau.
02:50 Heureusement j'ai une ligne de vie et je me fais remorquer par le catamaran.
02:53 Donc ça c'est ce qu'on appelle la zone rouge sur laquelle il ne faut vraiment pas aller.
02:56 Où heureusement ce jour-là j'étais attaché, mais sinon j'aurais quitté le bord et c'était fini.
03:01 Quand j'arrive au Sri Lanka, j'en magazine 3 semaines de navigation.
03:08 Je suis dans la période de la mousson, d'une fatigue extrême.
03:11 Et enfin je vais pouvoir me reposer, mais là je tire un bord en fait vers le large.
03:16 Le pilote automatique que j'ai improvisé à bord se débranche.
03:20 Je fonce vers la côte et quand je me réveille c'est trop tard.
03:22 Le bateau se fracasse sur les cailloux, en pleine nuit dans un spot de surf.
03:26 Et j'ai l'impression que je vais mourir à ce moment-là.
03:28 Après j'ai dû constater en fait les dégâts, voir que mon bateau était détruit à 60%.
03:34 Et puis de là les Sri Lankais m'ont aidé à reconstruire le bateau.
03:37 L'énergie est devenue collective et là j'ai pu avoir un souffle d'énergie
03:41 qui m'a permis de me remettre sur pied, de réparer mon hernie discale.
03:44 Et quelques mois après je reprenais le départ de ce tour du monde
03:47 à partir du Sri Lanka pour le terminer ensuite.
03:50 En 2010 j'ai fait le choix en fait de partir d'abord dans l'aventure
03:56 et puis ensuite dans l'écologie.
03:58 C'est vraiment ce tour du monde en catamarans de sport
04:00 qui m'a permis de découvrir cette pollution maritime des plastiques.
04:04 Il y a une personne sur 100 sur cette planète qui va une fois dans sa vie sur l'océan.
04:08 Donc on est trop peu nombreux à voir cette pollution.
04:10 Donc il faut réagir et c'est comme ça que j'ai eu l'idée de créer l'association The SeaCleaners en 2017.
04:16 Vous savez on a détruit 60% de la vie animale sauvage dans les 40 dernières années sur Terre.
04:20 Il est encore temps dans les 20 prochaines années d'inverser cette tendance
04:24 et de protéger ces océans avant que justement on ait la même catastrophe que ce qu'on a fait sur Terre.
04:28 On ne connaît que 235 000 espèces qui proviennent des océans, probablement la moitié.
04:32 Faisons en sorte de pouvoir connaître les autres espèces avant qu'elles meurent elles-mêmes de ces plastiques.
04:38 [Générique de fin]
04:40 Merci.