Inflation : "Les Français ont compris que les industriels n'étaient pas à leurs côtés", affirme le PDG de Carrefour

  • l’année dernière
Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour, était mardi 29 août l’invité du 8h30 franceinfo.
Transcript
00:00 Une fois qu'on a fait ce constat, on a envie de savoir pourquoi ça reste aussi cher dans vos rayons.
00:05 La faute à qui ?
00:07 D'abord, il y a eu une faute multiple.
00:10 Il y a des causes multiples qui sont les crises qu'on a connues.
00:13 Mais aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
00:14 C'est vraiment très simple.
00:15 De temps en temps, on dit qu'on ne comprend pas où est le sujet entre les industriels et les distributeurs.
00:20 Mais c'est très simple.
00:21 Les cours, en moyenne, ont baissé de 20, 25, 30, 35 %,
00:26 que ce soit les cours de matière première, que ce soit les cours énergétiques, etc.
00:30 La réalité, c'est que les industriels, en dépit de la baisse de ces cours,
00:35 en dépit de la pression mise par les pouvoirs publics, ont décidé de ne pas renégocier.
00:41 Ils n'ont pas un peu renégocié, ils n'ont pas renégocié.
00:44 Ils veulent du temps.
00:45 On était avec Jean-Philippe André tout à l'heure, qui représente l'industrie alimentaire,
00:48 et il nous dit qu'il nous faut du temps parce qu'on ne peut pas répercuter tout de suite ces baisses.
00:52 Ces baisses, d'abord, elles ont commencé maintenant, pour certaines, comme vous le savez, il y a neuf mois.
00:56 Les matières premières.
00:57 Ce n'est pas hier, la baisse des matières premières, c'est il y a neuf mois, un an.
01:00 Ils ont décidé, c'est leur choix, de ne pas répercuter les baisses.
01:04 Il y a deux traductions à ça.
01:05 Non, mais vous dites en gros, c'est de la mauvaise foi de la part des industriels ?
01:08 Non, mais il y a vraiment deux façons de le voir.
01:11 D'abord, il y a eu plein de rapports qui ont été faits.
01:13 Franchement, on est rarement privilégié à la grande distribution quand il y a des rapports indépendants.
01:17 Les rapports, que ce soit celui de l'Inspection des finances, de l'INSEE,
01:19 j'ai vu que la DGCCRF allait encore se pencher sur la question.
01:22 On dit tous la même chose.
01:24 Les industriels mondiaux, les grandes multinationales mondiales,
01:27 elles ne sont pas installées en France, elles sont à Cincinnati, elles sont à l'autre bout du monde.
01:30 Elles ont augmenté leurs marges.
01:33 Elles ne les ont pas protégées, d'ailleurs.
01:34 Elles ne les ont pas reconstituées, elles les ont augmentées.
01:36 Et la traduction de ça, c'est ce qui se passe tous les jours dans les magasins.
01:40 Ce sont les Français qui votent.
01:42 Qu'est-ce qu'ils votent, les Français ?
01:43 Ils votent marque distributeur versus marque nationale.
01:46 Songez, si vous me laissez juste prolonger, que l'écart chez nous cet été,
01:51 on a beaucoup misé sur les marques distributeurs,
01:53 entre les marques distributeurs et marques nationales, c'est de 12 points.
01:56 Ça veut dire que les marques nationales baissent de 7 points
02:00 quand nos marques augmentent de 5 points.
02:02 Sur un panier de 100 produits, ça veut dire que vous avez enlevé 7 produits de marques nationales,
02:07 vous avez augmenté 5 produits de marques distributeurs.
02:11 Les Français ont choisi.
02:12 Les Français ont compris que les industriels et les marques nationales n'étaient pas à leur côté.
02:15 Sauf que ça a l'air beaucoup plus compliqué que ça, si on écoute les industriels.
02:19 Certains disent que certaines baisses de tarifs qu'ils ont proposées jusqu'ici
02:24 n'ont pas été répercutées dans vos rayons.
02:26 Et donc vous, distributeurs, vous faites des marges sur les baisses qu'ils ont concédées.
02:32 C'est malheureusement...
02:33 Il y a plusieurs exemples, le sieur, les huiles,
02:35 Danone qui met le véritable prix maintenant sur les yaourts.
02:38 C'est malheureusement totalement faux.
02:40 C'est totalement faux parce qu'on est dans un univers, vous le savez, de la grande distribution.
02:44 On est ultra concurrentiel.
02:46 Il y a 8-10 enseignes.
02:48 Vous avez cité Leclerc et Intermarché.
02:50 Il y a les discounters, il y a plein d'acteurs.
02:52 On a une politique très agressive de prix.
02:54 C'est notre métier.
02:56 Notre métier, c'est d'avoir une politique volontariste de prix
02:58 pour acquérir le plus grand nombre de clients.
03:00 Quand le prix baisse, je peux vous dire que moi et mes petits camarades,
03:04 on baisse immédiatement parce que c'est notre intérêt à nous aussi.
03:07 Donc ce qui se passe, c'est que les industriels ont choisi,
03:10 c'est un choix économique de ne pas accompagner les baisses de cours de matière première
03:15 en se disant au fond, la renégociation, elle aura lieu comme elle devait avoir lieu
03:20 en mars prochain.
03:21 On va gagner un peu de temps.
03:22 On va aller aux réunions organisées par le ministre
03:24 et puis on se retrouvera en mars prochain pour les renégociations.

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