Tabac : augmentation du prix à 12 euros en 2024, normal ou pas normal ?

  • l’année dernière
Avec Philippe Coy, Président National de la Confédération Nationale des Buralistes et Jean-Pierre Couteron, Psychologue clinicien et porte-parole de la Fédération Addiction

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2023-08-29##
Transcript
00:00 Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:04 - Il est 9h30, merci d'être avec nous. Augmentation du prix du paquet de cigarettes,
00:09 nous allons donc développer, nous allons confronter nos deux invités,
00:14 Philippe Coy qui est président national de la Confédération nationale des burealistes, bonjour.
00:19 - Bonjour. - Merci d'être avec nous, et Jean-Pierre Coutron
00:21 qui est addictologue au Centre de soins d'accompagnement et de prévention en addictologie
00:26 de l'association Opélia à Boulogne-Bianco, c'est bien cela ?
00:29 - Exactement. - Bon, je ne dis pas de bêtises.
00:32 Vous savez ce que nous allons faire ? Nous allons écouter des réactions dans la rue
00:34 avec l'augmentation du prix du tabac, d'abord celle d'André.
00:38 - Vous savez quand vous êtes à court à la cigarette, bon ben voilà,
00:41 si vous n'avez pas ça, vous tombez dans un stress pas possible.
00:44 Maintenant, au quotidien, tous les jours, on voit des paquets qui vont à la couleur,
00:47 c'est des cigarettes de contrebande, les gens vont se rabattre là-dessus.
00:50 - Autre avis dans la rue, celui de Jean.
00:54 - Même le paquet à 20 euros, moi honnêtement je l'achète.
00:57 Psychologiquement, on a besoin d'avoir sa dose de nicotine,
01:00 c'est un geste psychologique misé essentiellement sur cet axe de travail,
01:06 ce n'est pas forcément la meilleure solution.
01:08 - Voilà, ce sont des sons qui ont été réalisés par Clément Arion.
01:13 Philippe Coil, vous entendez ? "Même à 20 euros, j'achète".
01:16 - Mais bien évidemment, ça fait des années qu'on lui le dit.
01:19 Vous savez, ça fait 23 ans que je suis buraliste,
01:21 dans les Pays-Atlantiques, à la frontière espagnole.
01:23 23 ans que mes devoirs de rentrée sont les mêmes.
01:26 Au mois de septembre, arrive ce sujet de l'augmentation du prix du tabac.
01:30 Et je crois qu'aujourd'hui, le témoignage que vous venez de dire par les auditeurs,
01:34 ça veut dire "stop", ça ne fonctionne pas.
01:36 23 ans qu'on a la même recette, 23 ans, un constat.
01:41 35-40% de marché parallèle.
01:43 J'étais il y a quelques jours à la frontière espagnole, chez moi.
01:46 Je vous invite, et j'invite ceux qui ont l'idée de mettre un paquet à 15 euros,
01:50 à venir à Dantcharia, à B.O.B., à la Jonker,
01:53 pour voir si les effets du prix ont eu une baisse sur la consommation.
01:57 J'ai le regret de dire non.
01:59 Malheureusement, non.
02:01 La seule chose qui a été observée,
02:04 c'est la baisse des volumes des achats légaux en France.
02:07 Et le pire du pire, c'est que 23 ans après ces méthodes de matraquage fiscal,
02:12 nous avons créé un marché parallèle, un marché noir,
02:16 un marché du banditisme,
02:18 qui, dans toutes les villes de France aujourd'hui, distribue ce produit,
02:21 qui est, bien évidemment, issu de la contrefaçon,
02:24 et qui met à mal, bien évidemment, les recettes fiscales.
02:27 Parce que, ce que l'on nous dit depuis des années,
02:29 "j'augmente pour la santé publique",
02:31 il faut savoir que depuis le début de l'année, M. Bourdin,
02:33 les recettes fiscales sont en baisse sur le marché du tabac,
02:36 parce que les volumes sont eux-mêmes en baisse.
02:39 Donc, les volumes de vente français, pas de consommation, sont en baisse.
02:44 Donc, je dis stop.
02:45 Ça suffit, aujourd'hui, nous ne pouvons plus supporter
02:48 de nouvelles hausses sur le prix du tabac.
02:50 Nous sommes le plus élevé d'Europe.
02:52 – Alors, d'après vos informations, le prix du paquet va passer à combien ?
02:56 – D'abord, je rassure tout le monde,
02:58 il y a beaucoup de polémiques depuis hier, beaucoup de débats,
03:00 ce sont des bruits de couloirs,
03:02 il n'y a pas, pour le moment, dans les textes,
03:04 puisque le projet de loi de finances de la Sécurité sociale
03:06 n'est pas encore arrivé à l'Assemblée nationale,
03:08 mais, légitimement, on sait qu'au mois de septembre, ce dossier arrive,
03:11 et que, dans les recettes de Bercy, on sait toujours remettre des taxes.
03:17 Je m'aperçois que, vous l'avez dit, il y a quelques instants,
03:19 à l'antenne, la première ministre, le 23 août, a dit "pas de hausse d'impôt".
03:23 – Elle l'a redit, hein ?
03:24 – Vous l'avez dit, une taxe, c'est un impôt,
03:26 et je trouve très curieux qu'elle ait immédiatement,
03:30 quand on a parlé de la fiscalité sur l'alcool et les spiritueux,
03:32 elle a dit "hors de question, ce n'est pas le débat".
03:35 Donc, je dis, bien évidemment, c'est que…
03:37 – Je n'ai pas entendu ça concernant le tabac.
03:39 – Madame la Première ministre l'a dit, le 23, pour l'alcool et les spiritueux,
03:42 mais pas pour le tabac.
03:43 Je suis étonné, à moins qu'elle ait pris la même décision en se disant
03:46 "si j'en remonte les taxes sur l'alcool et les spiritueux,
03:49 je vais créer un marché parallèle, parce que j'ai l'expérience du tabac".
03:52 Donc, j'imagine que dans son professionnalisme, elle aura la même attitude.
03:57 – Bon, nous verrons, je vais recevoir aussi bientôt le ministre de la Santé.
04:01 Dites-moi Jean-Pierre Coutron, augmenter le prix du paquet de cigarettes,
04:05 c'est une mauvaise idée, non ?
04:07 – C'est une bonne idée, mais ce n'est pas la solution universelle
04:10 à tous les problèmes posés.
04:11 – C'est une bonne idée pourquoi ?
04:12 – C'est une bonne idée pourquoi ?
04:13 Alors, on en a déjà parlé avec Philippe Cohen,
04:15 c'est une bonne idée, et ça n'est pas contradictoire avec les témoignages que vous avez eus,
04:20 c'est une bonne idée parce que ça vise les futurs fumeurs.
04:23 C'est-à-dire qu'une partie de cette logique-là a aussi le fait de dénormaliser
04:30 l'entrée dans le tabagisme et d'arrêter, j'ai eu une génération
04:34 où le tabac n'était pas cher, où il était vendu partout.
04:37 – 4 euros, 4,08 euros il y a 10 ans, un paquet de cigarettes.
04:44 – Et vous voyez, 10 ans pour moi c'est loin, il y a loin, loin, loin,
04:49 donc j'ai connu le tabac pas cher du tout, du tout,
04:52 je l'ai connu porté par la publicité comme un produit de consommation courante,
04:59 et je n'avais pas, étant simple citoyen, n'étant pas dans les cabinets
05:04 ou dans les laboratoires de recherche, je n'avais pas l'information
05:07 sur la dangerosité, notamment par rapport au cancer, de ce produit.
05:11 Aujourd'hui, on a beaucoup progressé sur la connaissance des risques
05:16 pour la santé du tabac, et donc le choix de ne plus faire de ce produit
05:21 un produit de consommation courante, de consommation banale,
05:26 – Donc de le rendre cher.
05:27 – Une des choses qui participent de ça, c'est de le mettre à un prix
05:32 qui dit que ce n'est pas n'importe quoi.
05:34 – Oui mais c'est supprimer, comme le disent certains, le low-coup,
05:37 c'est supprimer l'un des derniers plaisirs des populations
05:41 les plus modestes. J'ai entendu ça dans la bouche de beaucoup de politiques,
05:45 de tous bords d'ailleurs.
05:46 – Eh bien là, c'est une vraie discussion qu'il faudrait pouvoir avoir
05:49 et qu'on commence à avoir avec des interlocuteurs comme Philippe Coil,
05:53 parce que c'est vrai que ce qui rend insupportable un certain nombre
05:56 de mesures de santé publique qui sont pourtant bonnes,
05:59 c'est qu'elles viennent percuter le mode de vie des personnes.
06:02 Et je suis comme tout le monde, quand on vient déranger mon mode de vie,
06:06 c'est un concept flou le mode de vie, mais c'est un concept qui parle
06:09 à chacun d'entre nous, on aime manger telle chose,
06:11 on aime être à tel endroit, on aime vivre comme ça.
06:14 Alors la difficulté c'est, pour ceux dont c'est pas encore le mode de vie,
06:18 il faut leur fermer la porte, pour ceux qui sont encore là-dedans,
06:21 il faut leur permettre de sortir tranquillement, de trouver des alternatives,
06:25 de ne pas être bousculé, y compris ceux qui sont dedans,
06:28 du côté du vendeur, les buralistes, comme du côté de l'acheteur, le fumeur.
06:32 – Et alors, je vous repose la question et Philippe Coil va vous répondre.
06:37 Dites-moi Jean-Pierre Coutron, en quoi augmenter le prix ?
06:41 Vous me dites, si on augmente le prix, ça dissuade les premiers fumeurs.
06:45 – Oui. – C'est ça ?
06:46 – Ça c'est vérifié. – Ça c'est vérifié.
06:48 – C'est-à-dire que pour le coup, il y a un certain nombre de travaux documentés,
06:53 le fait d'avoir interdit la publicité, le fait de monter le prix,
06:58 le fait de fermer un certain nombre de portes.
06:59 – Par exemple en Australie, où le prix du paquet de cigarettes
07:02 est très très très élevé, ça coûte très très cher un paquet de cigarettes
07:06 en Australie, ça a dissuadé le nombre de fumeurs.
07:08 – Dans beaucoup de pays. – Nouveaux fumeurs.
07:10 – Oui, dans beaucoup de pays. – Philippe Coil, c'est un argument recevable.
07:13 – Oui, alors, je ne suis pas fort en géographie, l'Australie est une île.
07:17 – Oui, c'est vrai. – Ce qui n'est pas le cas de la France.
07:19 Et je serais presque d'accord avec M. Coutron sur la notion de
07:25 augmenter un produit pour le rendre moins accessible à de nouvelles générations.
07:28 Vous savez, on est à un an des élections européennes.
07:31 Pourquoi ce débat européen n'est pas pris à bras le corps ?
07:34 Puisqu'on parle de santé publique.
07:36 Moi, je veux bien que la France soit…
07:37 – Donc une fiscalité, fiscalité commune dans tous les pays d'Europe.
07:41 – Pourquoi uniquement sur le territoire français, alors qu'on voit bien,
07:44 et je serais d'accord avec M. Coutron en disant que la politique
07:47 pourrait fonctionner du prix si tout le monde était à l'unisson.
07:51 Si en sortant de vos studios, je ne trouve pas, boulevard Kennedy,
07:55 un vendeur de cigarettes en prenant mon métro.
07:57 Si en tapant sur internet, je ne trouvais pas un paquet de cigarettes à 4 euros.
08:01 Je serais d'accord avec cette politique-là, sauf que le constat est le contraire.
08:06 Aujourd'hui, le prix excessif du marché français a créé,
08:12 presque la prohibition, a au moins créé ce marché parallèle.
08:15 Ce qui fait que les politiques publiques mises en place depuis 20 ans,
08:18 elles sont hors sujet parce qu'elles ont créé,
08:22 malheureusement pour ce public que vous ciblez par le prix,
08:25 un accès, et le consommateur l'a dit dans votre micro-trottoir,
08:29 je l'achèterai sur le trottoir parce qu'il sera à 4 euros sur le trottoir.
08:33 Donc si vous avez chez le Buraliste le réseau légal vendu pour le compte de l'État à 20 euros,
08:39 et qu'il est à 4 euros sur le trottoir, qu'est-ce qui se passe ?
08:41 – Jean-Pierre Coutron, que répondez-vous ?
08:42 Quel argument avancez-vous pour répondre à Philippe Cohen ?
08:45 – Je vais répondre toujours le même argument.
08:48 – Toujours le même ? – Mais toujours en gardant...
08:50 – Mais le fumeur lui... – Non, je vais aller jusqu'au bout Jean-Jacques.
08:52 Je vais répondre en le liançant un peu,
08:55 et en appréciant le fait qu'on peut confronter,
08:58 c'est-à-dire qu'on peut se parler, et qu'on peut petit à petit
09:00 essayer de faire exister des alternatives.
09:03 Encore une fois, si on veut fermer la porte, il faut augmenter le prix,
09:07 il faut interdire la publicité, ces mesures-là ont fait la preuve de leur efficacité.
09:11 – Elle ne doit pas être seule.
09:12 – Le problème du marché noir est quand même essentiellement
09:15 le problème des personnes qui sont dépendantes,
09:17 et qui vous ont dit dans le témoignage,
09:19 "moi, entre guillemets, j'en ai maintenant besoin,
09:22 donc tant pis, je me mettrai en difficulté".
09:24 Autre problème que vous évoquiez, c'est qu'elle marche,
09:27 quels produits de plaisir on va laisser un certain nombre de personnes,
09:31 ce serait une émission à faire, parce que les produits de plaisir
09:33 sont presque obligatoirement des produits qui,
09:36 si on en perd le contrôle, peuvent avoir des risques.
09:39 C'est tout l'enjeu de l'éducation quand on est parent,
09:41 ce qui peut faire du plaisir, peut devenir si on en abuse,
09:45 et donc on ne va pas interdire tous les produits de plaisir.
09:48 Donc il faut hiérarchiser les risques de ces produits.
09:51 Alors je reviens à l'histoire aujourd'hui de l'augmentation du coût du tabac,
09:55 le problème de l'augmentation du coût, c'est que par ailleurs,
10:00 l'État laisse peu d'alternatives.
10:02 Le vapotage est dénigré,
10:04 la réflexion sur les autres produits qu'aurait pu être le CBD et tout,
10:09 ne sont pas encadrés, n'ont pas été anticipés,
10:11 et donc effectivement on ferme, on voudrait fermer massivement une porte,
10:16 sans avoir réfléchi à où un certain nombre de comportements sociaux
10:21 dont les personnes ont besoin, vont maintenant aller se tourner.
10:25 Et là, on favorise dans les zones où c'est possible,
10:28 effectivement, le marché parallèle.
10:30 On pourrait s'amuser, je ne vais pas mettre Philippe Coy en difficulté là-dessus,
10:34 mais on pourrait s'amuser avec certains politiques,
10:36 en leur disant "écoutez ce raisonnement-là, vous le retournez d'un seul coup,
10:39 et vous regardez le cannabis, où c'est le marché parallèle qui l'emporte,
10:44 le marché noir, et où certains vous proposent de l'égaliser
10:47 pour faire rentrer une partie de ce marché noir,
10:50 dans un marché qui serait contrôlé, avec des vendeurs qui seraient responsabilisés,
10:55 dans des boutiques où vous pourriez prélever des taxes,
10:57 qui seraient légales, et non pas de prendre de nos impôts,
11:00 pour faire une lutte contre le petit revendeur qui nous coûte cher,
11:03 qui n'est pas forcément très efficace.
11:04 - C'est vrai, vous avez entièrement raison de faire le parallèle.
11:06 - Mais c'est parce que c'est un marché, j'entendais sur une radio ce matin,
11:09 le maire d'une commune dire, sur l'arrivée dans sa ville moyenne de la drogue,
11:14 "mais c'est un marché comme un autre".
11:16 Ils ont fait une analyse de marché,
11:18 nous avons une demande dans notre ville moyenne, nous n'avons pas de revendeur,
11:22 et bien un réseau de la ville de 250 km de là est venu s'implanter.
11:26 - Il vient s'installer, évidemment, évidemment.
11:29 - Arrêtez-moi aussi quand même de penser que,
11:30 évidemment, le prix peut être un outil, mais pas le seul.
11:33 - Je suis d'accord.
11:34 - C'est un produit de plaisir, c'est une consommation, le tabac...
11:37 - Alors ça peut être un outil, donc vous n'êtes pas contre l'augmentation du prix ?
11:39 - Si elle est uniforme à l'Union Européenne.
11:42 Le seul produit fiscalisé de la France amène ces dérives de consommation,
11:47 amène la création de ce marché noir.
11:50 Les douanes, vendredi dernier à Besançon, ont saisi 12 tonnes dans un camion.
11:54 12 tonnes ! Imaginez, une cigarette c'est 1 gramme.
11:57 650 tonnes l'année dernière de saisies par les douanes qui font un boulot remarquable au quotidien,
12:03 dans les ports, dans les aéroports, sur les routes, en ville.
12:06 C'est un vrai fléau qui gangrène aussi nos villes,
12:10 puisque nous avons souvent des mobilisations d'élus locaux
12:13 qui défendent ce marché légal du tabac chez le muraliste
12:16 parce qu'il pollue l'espace public avec les revendeurs
12:19 qui ont créé, vous l'avez dit, une étude de marché.
12:22 Et je vais avoir une pensée aussi pour les nuits difficiles que nous avons eues fin juin avec les émeutes.
12:28 Vous savez Jean-Jacques, le réseau des muralistes a payé un très lourd tribut à ces nuits d'émeute.
12:33 545 muralistes ont été attaqués, certains détruits.
12:38 Et excusez-moi de dire que peut-être derrière ces actes organisés pour certains,
12:43 il y avait une volonté de bandes mafieuses de déstabiliser notre réseau
12:48 pour s'emparer de certains territoires afin de distribuer un produit de contrefaçon.
12:52 C'est-à-dire que s'il n'y a plus de services rendus aux populations,
12:56 ils occuperont l'espace, comme c'est le cas aujourd'hui pour le stupéfiant.
12:59 Donc le prix, c'est aussi cette dérive-là.
13:02 - Bien, il est 9h43, petite pause, nous allons prendre Renaud qui est à Rodez,
13:06 dans l'Aveyron, qui voulait intervenir.
13:08 Et nous allons terminer avec les arguments des uns et des autres.
13:12 Le tabac, c'est une... Juste, c'est une drogue le tabac ?
13:15 - Le tabac est un produit à addiction. - Est-ce que c'est une drogue ?
13:17 - Ce n'est pas une drogue. Tout produit consommé par habitude est une drogue.
13:21 Quel que soit, vous mangez des confiseries tous les jours,
13:25 on peut être à la drogue de la confiserie.
13:27 Donc ce n'est pas une drogue, c'est un produit à consommation responsable pour majeure.
13:31 - Si on est addict, c'est une drogue.
13:32 Puisque, en plus, ça cause la mort de 66 000 Français chaque année.
13:37 - Mais écoutez, il en est de même avec la drogue et avec bon nombre de produits.
13:39 - Mais je suis d'accord. C'est une drogue, le tabac.
13:42 - Oui, c'est une drogue. Et encore une fois, les drogues sont aussi des médicaments sur notre versant.
13:46 Donc ce n'est pas là-dessus qu'il faut se crisper.
13:49 C'est comment on encadre cet usage et éventuellement sur le tabac,
13:53 comment on encadre la sortie de la banalisation d'un produit
13:57 dont on sait maintenant le risque santé qu'il a.
13:59 - Et plus de prévention. Je crois qu'aujourd'hui, c'est un des messages qu'on peut retenir.
14:03 Plus de prévention aussi dès le jeune âge, comme le fait l'Allemagne,
14:06 qui a une prévalence tabagique inférieure à la France avec un prix inférieur.
14:09 - Bon, il est 10h moins le quart. A tout de suite.
14:12 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin. 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
14:17 - Il est 9h48, très vite. Renaud qui est à Rodèze dans l'Aveyron. Bonjour Renaud.
14:22 - Bonjour Jean-Jacques, bonjour Sud Radio, bonjour tout le monde.
14:26 - Vous achetez vos cigarettes en Espagne, de Rodèze, Renaud.
14:30 - Alors écoutez, moi c'est simple. Le paquet de roulet, moi je l'achète en France.
14:35 Il me coûte en moyenne 6€. Avec les feuilles à rouler que je n'achète plus,
14:41 c'est les débitants de tabac, mais chez des magasins d'isculte en France,
14:45 ça me coûte moins d'un euro le paquet de feuilles à rouler,
14:48 alors que c'est plus d'un euro 10, un euro 20 chez un burealiste.
14:54 Le reste, effectivement, oui, je l'achète soit en Espagne, soit au pas de la case.
15:00 Le jour où il y aura le même prix, moi je vous le dis très honnêtement,
15:04 le jour où il y aura le même prix partout au sein de l'Union Européenne,
15:07 moi je vais rigoler, pour une raison très simple.
15:10 Déjà les salaires ne sont pas les mêmes partout dans l'Union Européenne,
15:13 donc déjà là on va avoir un vrai problème.
15:16 Et évidemment tout ça, malheureusement, ça permet justement
15:24 cette vente de tabac à la sauvette dans les marchés et un peu partout, clairement.
15:29 Moi j'en veux pour preuve qu'aujourd'hui l'augmentation en France
15:34 a fait en sorte que les tabacs français frontaliers, beaucoup ont fermé.
15:42 - Oui, bien sûr Renaud.
15:44 Alors je regarde, des budgets mensuels moyens d'un fumeur en France, 207 euros par mois.
15:49 Moyen, il y a des fumeurs qui dépensent beaucoup plus.
15:52 - Tout à fait, Jean-Jacques, quand un prix d'un paquet de cigarettes aujourd'hui est aux alentours de 11 euros,
15:56 forcément ça grève le budget. Et à un moment où on parle d'inflation,
15:59 de produits de consommation, qui est le tabac,
16:02 pour rester dans un plaisir pour celui qui le consomme,
16:06 et bien c'est un vrai budget. Je me rappelle il y a quelques années,
16:09 dans des manifestations que nous tenions en frontière,
16:12 je disais à un ministre du commerce, monsieur Dutreil à l'époque,
16:16 vous savez je n'en veux pas forcément à mes clients,
16:18 parce qu'à l'époque il n'y avait pas tout ce marché noir,
16:20 on allait à la benta des frontières espagnoles.
16:24 Je n'en veux pas à mon client qui a envie de manger un steak à la fin du mois,
16:27 et qui fait un arbitrage entre acheter un produit en France,
16:30 cher, et un produit moins cher ailleurs en Europe,
16:33 s'il veut avoir une fin de mois correcte.
16:36 Donc c'est pas forcément le consommateur aujourd'hui,
16:39 et j'entends les économies de votre auditeur,
16:41 sur les produits qu'il a besoin pour consommer du tabac.
16:45 Mais il est aujourd'hui nécessaire de reconnaître
16:48 que nous jouons pas tous au même pied d'égalité,
16:51 et que bien évidemment, aller acheter à l'étranger,
16:53 c'est aussi quiver les recettes fiscales françaises,
16:56 et les soins français, parce que c'est bien beau d'aller acheter à l'étranger.
17:00 - 20 à 26 milliards d'euros par an à la sécurité sociale le tabagisme.
17:03 - Oui, alors les chiffres, je ne vais pas les commenter,
17:05 mais c'est aujourd'hui plus de 18 milliards de recettes fiscales le tabac.
17:10 Donc c'est quand même aujourd'hui également un revenu non négligeable pour l'État,
17:14 et je rappelle que depuis maintenant plusieurs mois,
17:16 ce recul est notable en termes de recettes fiscales,
17:20 les hausses ne font plus recettes,
17:22 et amènent nos consommateurs à d'autres marchés illégaux.
17:25 - Philippe Cotran ?
17:27 - Alors, moi je vais répondre sur un plan santé,
17:30 c'est-à-dire qu'effectivement, le tabac aujourd'hui,
17:34 quand même, il nous coûte plus cher qu'il ne nous rapporte.
17:37 Il nous coûte plus cher parce que le cancer, c'est de plus en plus coûteux de le soigner.
17:41 Les techniques médicales, et donc là-dessus,
17:45 deuxième élément, c'est au niveau du plaisir.
17:49 Le plaisir du tabac, c'est quand même un plaisir relatif,
17:52 et c'est un produit qui a été beaucoup inventé par une industrie,
17:55 je ne parle pas d'hiburaliste, mais par une grande industrie tabacique derrière,
17:59 qui a vraiment les mains très serrées.
18:01 - Qui a rendu les flumeurs, les citoyens addicts.
18:05 - Et donc, il faut partager ensemble, en tout cas c'est mon point de vue d'acteur de santé,
18:10 le fait que ce produit est amené à disparaître,
18:14 peut-être pas complètement, mais de plus en plus,
18:17 et qu'il faut réfléchir à ne pas mettre en souffrance
18:22 les acteurs qui sont concernés aujourd'hui,
18:25 qui sont ceux qui sont devenus dépendants,
18:27 et ceux qui le distribuent, pour un certain nombre d'entre eux,
18:30 encore avec beaucoup de bonne foi, et qui sont en situation eux aussi
18:33 de voir des choses difficiles, ce que vous évoquiez.
18:36 Donc je crois là-dessus qu'il faut avoir l'intérêt,
18:40 c'est un peu l'intérêt du débat que vous organisez,
18:42 que chacun ait le droit d'avoir son raisonnement.
18:44 Il y a un raisonnement santé publique, il y a un raisonnement économique,
18:46 il y a un raisonnement plaisir, qu'est-ce qui fait qu'on est ensemble et tout,
18:50 et il faudrait qu'on arrive à les agencer.
18:52 Le reproche que je ferai aujourd'hui, c'est qu'on est crispé sur cette politique du prix,
18:57 encore une fois, cette politique du prix est nécessaire,
19:00 mais si on la fait toute seule, elle n'est pas suffisante,
19:03 et en plus, elle produit presque des effets secondaires négatifs,
19:07 de crispation chez les uns, de négativisme chez les autres,
19:12 de déplacement vers le marché parallèle.
19:14 Une petite provocation à 3 francs 6 sous, pour revenir à des vieux francs et à des vieux sous,
19:20 sur une autre drogue, c'est le consommateur le coupable,
19:23 que nous dit le ministre de l'Intérieur qui veut être candidat à la présidence de la République
19:28 concernant les points de deal et le cannabis ?
19:30 Il faut taper sur l'usager, il faut taper sur le consommateur.
19:36 - Mais on ne dit pas ça pour le fumeur !
19:38 - Qu'est-ce que...
19:40 - Par voie législative, le consommateur qui achète du tabac illégal sur la voie publique
19:46 est passé d'une forme de deuxième catégorie à 135 euros,
19:49 c'est une démobilisation en 2019 de la Confédération qui a été votée par le Parlement.
19:53 Moi ce que je note, c'est que bien évidemment,
19:56 le sujet du tabac n'est pas un sujet toujours porteur en termes de santé publique.
20:01 Je suis buraliste, je suis avant tout un commerçant d'utilité locale.
20:06 23 ans que je suis entrepreneur.
20:08 Nous sommes 23 300 en France, M. Bourdin,
20:11 dont plus de 40% exerce dans des communes de moins de 3 500 habitants.
20:15 Nous sommes un lien social. Nous ne sommes pas contre le dialogue.
20:18 Et vous le savez, M. Couteron, je suis plutôt favorable à avoir des rencontres
20:23 avec tous les professionnels de santé, avec le ministre de la Santé,
20:27 parce que ça fait des années que ce dogme oppose le buraliste, le consommateur,
20:33 la santé publique, sans amener la vraie solution.
20:36 Prenons le taureau par les cornes, si je peux dire ainsi.
20:39 Travaillons de concertation autour d'une table, sur la prévention.
20:44 Le prix peut être un outil s'il est uniforme en Europe.
20:47 La prévention est un des moyens.
20:49 Moi je regarde ce qui se passe en Allemagne,
20:51 j'y serai d'ailleurs dans 15 jours au Salon international,
20:54 pour parler avec mes collègues européens de ce qui fonctionne.
20:57 Alors qu'en France, c'est la répression, la répression fiscale,
21:01 le matraquage fiscal qui est utilisé avec pas les bons résultats.
21:04 La nicotine, oui vous dites la fin du tabac, je n'y crois pas un instant.
21:08 Le tabac est un produit qui se vendra partout et encore, dans le réseau légal.
21:13 Les plus dures politiques qui ont été menées partout dans le monde,
21:17 n'ont pas réussi à l'anéantir.
21:18 Par contre on peut réduire la nocivité de la consommation du tabac par la combustion,
21:22 par des nouvelles substances, que sont les tabacs chauffés, le vapotage,
21:27 les sachets de nicotine, pour rendre cette notion plaisir de la nicotine,
21:32 moins dangereuse pour la santé publique.
21:34 Notions différentes.
21:35 Et là, il doit y avoir un travail de concertation et d'accompagnement collectif.
21:41 Merci à tous les deux d'être venus nous voir ce matin pour débattre,
21:44 c'est très intéressant.
21:45 La solution, nous ne l'avons pas encore trouvée, mais nous avançons dans la réflexion.
21:49 Nous avons des pistes.
21:50 Nous avons des pistes et encore une fois, nous interrogerons le ministre de la Santé là-dessus.
21:54 Merci messieurs, merci de nous avoir accompagnés ce matin.
21:57 Merci à vous de l'avoir mis.
21:58 8h30 dans "Parlons vrai chez Bourdin".
22:00 Tout de suite, après les infos, Sud Radio Média, Valérie Rexpert et Gilles Ganzemann
22:04 reçoivent Karl Gessler, qui est ma consoeur de France 2,
22:08 qui vient présenter sa nouvelle émission sur les Jeux Olympiques 2024.
22:12 9h56, Sud Radio, merci.
22:14 Merci.
22:15 *Musique*

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