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00:00 Bienvenue sur Capital. Nous recevons Agnès Pannier-Runacher, qui est la ministre de la transition énergétique et qui vient de participer à un débat à l'AREF.
00:15 Alors d'abord, un petit mot peut être sur votre programme de rentrée qui est assez chargé. Donc, on attend depuis l'été des nouvelles de la loi Programmation énergie climat.
00:25 Il y a un tout petit décalage. Est ce que vous pouvez nous expliquer un peu si ça a pris du retard et pourquoi? Qu'est ce qui est en jeu?
00:32 Alors, ce qui est en jeu, c'est après la loi sur l'accélération des énergies renouvelables et la loi sur le nucléaire, de remettre notre pays sur une trajectoire énergétique
00:44 qui soit compatible avec nos ambitions industrielles et nos ambitions climatiques de baisser drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre en 2030 et d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
00:57 Donc, l'enjeu de cette loi, c'est de définir combien de nucléaire, combien d'énergie renouvelable, combien de baisse de consommation d'énergie.
01:06 Et elle nourrit toute la planification écologique ou en tout cas, c'est une partie de la planification écologique sur laquelle nous travaillons sous l'égide du président de la République
01:16 et de la première ministre et qui fera l'objet d'une présentation dans les prochaines semaines.
01:22 Donc, elle est complètement articulée avec ce travail plus en profondeur qui va décrire comment secteur par secteur, nous voulons baisser nos émissions de gaz à effet de serre et en utilisant quel levier, quelle politique publique.
01:35 Alors justement, je crois que sur certains secteurs, notamment au niveau de l'habitat, il y avait des petites interrogations sur les cheveux d'hierragaz, par exemple.
01:43 Il y a aussi des interrogations sur la quantité de biomasse disponible. Est ce que tout ça, ça s'est aplani?
01:48 Est ce qu'il y a une espèce de consensus qui a été trouvé avec les différentes filières?
01:53 Alors sur le gaz dans les habitations, nous avons lancé une concertation début juin.
02:00 Effectivement, ça fait partie de ce travail où nous avançons main dans la main avec les élus locaux, les organisations syndicales, les fédérations et les ONG environnementales et les experts pour trouver les chemins qui sont les plus équilibrés entre acceptabilité sociale, pouvoir d'achat d'un côté, capacité des industriels à nous suivre pour mettre en place les solutions et ambition climatique.
02:26 Et donc, nous avons reçu plus de 1000 contributions sur la concertation, sur le gaz et sur la décarbonation du bâtiment.
02:35 Nous sommes en train de les exploiter et nous ferons probablement des annonces d'ici la fin du mois avec l'objectif d'avoir des solutions qui soient concrètes pour les Français.
02:46 Je pense en particulier à ceux des Français qui, soit en habitat collectif, soit en habitat résidentiel, ont aujourd'hui une chaudière gage et s'interrogent sur ce qui les attend.
02:55 D'abord, les rassurer. Il n'est pas question d'interdire les chaudières gaz à la maison. Il s'agit simplement de se poser la question lorsque votre chaudière tombe en panne de comment on peut la remplacer par peut-être d'autres technologies qui soient moins fossiles.
03:13 Et puis, c'est aussi toute la question de la rénovation thermique qui permet de consommer moins d'énergie et consommer moins d'énergie. Ça fonctionne avec l'électricité, mais ça fonctionne aussi avec le gaz.
03:25 Et là, plus précisément au niveau du calendrier, à quel moment les parlementaires vont s'emparer de cette loi?
03:31 Alors s'agissant, je dirais, des textes juridiques qui vont permettre de concrétiser cette programmation énergie climat, vous avez 3 textes, une loi autour de l'énergie qui devrait être présentée au cours de l'automne.
03:49 Et puis une à deux décrets, un décret stratégie nationale, baccarmonie et un décret sur la programmation pluriannuelle de l'énergie qui sont plus précis, plus réglementaires, qui relèvent pas du niveau de la loi.
04:03 La loi, c'est les principes. Les décrets, c'est la traduction concrète. Et c'est l'ensemble de ces textes que nous voulons mettre à la concertation.
04:10 Là également, dans les prochaines semaines, après le Conseil de planification écologique.
04:15 Au niveau de la vie quotidienne des Français, il y a peut être déjà bien qu'on soit encore en été. Cette inquiétude de savoir comment va se passer l'hiver.
04:23 Mais c'est aussi un souci pour les entreprises. Est ce qu'on est dans la même situation que l'année dernière avec une crainte de délestage?
04:30 Est ce que est ce que vous êtes confiante dans les mois qui viennent?
04:34 Alors moi, je veux rassurer les Français si nous faisons les mêmes efforts que l'année dernière en matière de sobriété énergétique.
04:41 Et vous savez que sur l'ensemble de l'année, entre le 1er août 2022 et le 31 juillet 2023, nous avons économisé cette énorme 12% d'électricité et de gaz.
04:55 Nous sommes en capacité de franchir l'hiver sans tension majeure sur notre réseau électrique parce que nous avons mis en place les mesures pour sécuriser nos approvisionnements.
05:07 Nos stockages de gaz sont remplis aujourd'hui. Le fonctionnement, la production du nucléaire fonctionne mieux que l'année dernière.
05:15 Nous sommes. Nous tenons notre EDF, en l'occurrence, puisque c'est leur rôle. Tient son programme de maintenance, de production, de maintenance et de production d'énergie nucléaire.
05:27 Nous avons également une réserve en hydroélectricité. Donc, nous abordons la saison de l'hiver 2023 2024 dans une meilleure position.
05:38 Mais moi, j'invite chacun de pas baisser la garde. La sobriété énergétique, le fait de faire des économies d'énergie, d'être attentif à son chauffage, d'éviter le gazpillage,
05:47 d'éteindre les appareils en veille, d'éteindre l'éclairage, en particulier dans les grandes entreprises et dans les commerces.
05:56 Ça a beaucoup d'impact. C'est un impact à court terme pour sécuriser notre approvisionnement en énergie.
06:01 Mais ça a surtout un impact à long terme puisque ça permet de baisser nos émissions de gaz à effet de serre.
06:07 Et vous connaissez le combat contre le dérèglement climatique dans lequel nous sommes engagés.
06:12 Vous avez parlé de sobriété énergétique. Est-ce que vous pensez que c'est vrai que les Français et les entreprises ont fait un énorme effort l'hiver dernier?
06:19 Est-ce que vous pensez que c'est maintenant engagé dans un effort de long terme ou est-ce que c'était un effet parce que les prix étaient élevés et que les gens voulaient limiter les dépenses?
06:29 Alors, je crois que c'est un effort de long terme, puisque même au sortir de l'hiver, nous avons continué à observer cette baisse de consommation d'électricité et de gaz.
06:40 On a pu voir qu'elle n'était pas immédiatement reliée à la croissance de l'activité, puisque nous avons continué à avoir une activité en croissance alors que nous baissions notre consommation d'énergie.
06:54 Et puis, beaucoup de fédérations avec lesquelles nous avons travaillé pour lancer ce plan sobriété.
07:00 Je rappelle que ce plan sobriété, c'est 300 fédérations, des centaines d'entreprises, tous les ministères, des milliers de collectivités locales qui sont partie prenante de ce plan.
07:12 Nous avons vu des comportements et des règles du jeu qui ont été mises en place à titre définitif.
07:20 On voit aujourd'hui et je pense qu'on peut encore aller plus loin, mais on voit aujourd'hui moins d'éclairage la nuit des commerces dans les rues.
07:28 On voit que de grandes anciennes ont pris l'engagement d'éteindre ces lumières et le fond.
07:35 On voit également qu'il y a une attention particulière à la ventilation, au chauffage et surtout, en fait, au fait d'utiliser le juste volume d'énergie pour continuer à fonctionner dans le confort et à faire tourner nos entreprises.
07:52 Pour finir, j'ai une dernière question sur la possibilité de faire coexister croissance et sobriété et transition énergétique.
08:00 C'était une question qui est revenue beaucoup hier, notamment dans le discours, pas dans le discours, mais dans le débat avec Elisabeth Born.
08:08 Est ce que qu'est ce que vous pouvez dire aux entrepreneurs là dessus? Est ce qu'on peut continuer à assurer cette croissance tout en étant sobre et en faisant des efforts?
08:16 Je crois qu'en fait, la sobriété, c'est à dire dans la notion plus anglo saxonne de sufficient de juste utilisation des ressources est un levier de compétitivité des entreprises,
08:28 parce que ça leur permet de consommer moins de ressources pour offrir le même service ou les mêmes produits.
08:36 Et ça, ça change tout. On le voit dans l'industrie. On le voit également dans le tertiaire. Typiquement, le secteur de la grande distribution, c'est beaucoup engagé dans le plan de sobriété énergétique.
08:50 C'est vrai que pendant des années, on a eu accès à une énergie qui était peu coûteuse, qui n'était pas au centre des charges des entreprises pour celles qui n'en consommait pas beaucoup.
09:01 Et du coup, en fait, on ne faisait pas plus attention que ça. Et là, le simple fait de faire attention et de s'apercevoir qu'on chauffe les locaux alors que les magasins ne sont pas ouverts,
09:13 que la ventilation tourne la nuit, que l'éclairage est mis à des puissances qui sont peut être même inconfortables pour les clients et les salariés.
09:24 C'est autant d'éléments sur lesquels on peut jouer et qui permet de diminuer notre consommation d'énergie. Donc, je crois très profondément que c'est un plan de long terme.
09:35 Maintenant, il faut passer un cap, c'est-à-dire il faut ancrer ses habitudes aussi dans nos politiques publiques.
09:42 Typiquement, lorsqu'on construit une nouvelle infrastructure, un équipement public, une école, une piscine, une salle polyvalente, il faut se poser la question de la consommation d'énergie.
09:53 Il faut se poser la question de comment les citoyens viennent et est-ce qu'il y a des transports en commun, du positionnement sur le territoire.
10:01 Ça s'appelle la sobriété dans nos politiques publiques, dans nos politiques d'aménagement du territoire. Et c'est une nouvelle étape sur laquelle nous souhaitons travailler.
10:09 Pas très bien. On va finir sur cette phrase. Merci beaucoup, en tout cas. Merci.