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00:00 - On est bon ? OK, 3, 2, 1.
00:06 Bonjour à tous, bienvenue sur Capital.fr.
00:09 On est toujours à l'AREF et aujourd'hui, j'ai l'honneur d'accueillir Pascal Gentil, double médaillé olympique.
00:15 Bonjour Pascal. - Bonjour.
00:17 Pascal Gentil travaille aujourd'hui pour le groupe ADP et il a ce regard spécial sur le double projet des sportifs,
00:25 la vie professionnelle et comment devenir un sportif de haut niveau et pouvoir mener ces deux carrières en même temps.
00:31 Pascal, merci de nous accorder ce petit moment. - C'est un plaisir.
00:34 - Est-ce que tu peux nous résumer aujourd'hui ton poste, ce que tu fais pour le groupe ADP et en quoi ces deux carrières se rapprochent aujourd'hui ?
00:42 - Aujourd'hui, je suis chargé de mission pour le groupe ADP à l'aéroport de Paris,
00:46 où je suis en charge notamment de l'accueil des délégations pour les Jeux olympiques.
00:50 Je travaille dans le département RSE sous la direction de Laure Kerman.
00:54 Mes missions sont aussi bien travailler avec les communes riveraines et donc faire le lien avec les élus
01:01 ou les directeurs des sports des communes, territoires d'emprise ou d'envol,
01:06 et également travailler avec les associations qu'on soutient par le biais de la fondation ADP.
01:12 Donc un lien très relation publique et très en interne lié à mettre plus de pratiques sportives au sein du groupe ADP.
01:20 - Qu'est-ce que d'avoir été un sportif de haut niveau t'apporte toi peut-être dans ce côté relationnel ? Est-ce que ça t'ouvre des portes ?
01:27 - Oui, évidemment. Moi, j'ai représenté la France et mon bonheur, c'était de remporter des médailles d'or pour pouvoir entendre autant tir à la Marseillaise.
01:37 Et donc à côté de ça, évidemment, j'ai développé un réseau, qu'il soit économique, sportif et politique et même associatif, j'aimerais dire.
01:48 Et grâce à ça, j'ai pu osciller aussi bien. J'ai travaillé six années avec Veolia en Asie.
01:57 Et aujourd'hui, on voit que de plus en plus, le milieu de l'entreprise s'intéresse au milieu sportif et le milieu sportif a besoin du milieu de l'entreprise.
02:06 Et on a besoin, selon moi, de sportifs de haut niveau ou d'anciens sportifs dans les entreprises pour apporter des valeurs sportives,
02:15 des valeurs de dépassement, des valeurs de cohésion. Et je trouve qu'il y a vraiment des parallèles entre le milieu d'entreprise et les milieux sportifs.
02:23 - Là, on vient de se clôturer les championnats du monde d'athlétisme. On est à moins d'un an des Jeux olympiques.
02:30 Et on voit qu'énormément d'athlètes ont besoin de mener un double projet, donc d'avoir une entreprise qui va peut-être sponsoriser,
02:38 permettre de faire rentrer des sous pour pouvoir se dédier 100 % à son activité de sportif de haut niveau.
02:44 Est-ce que tu peux nous expliquer en quoi c'est important et la différence qu'il y avait par rapport à ton époque, même si tu n'étais pas si vieux que ça ?
02:50 - Très simplement, il faut prendre conscience qu'il y a très, très peu de sportifs de haut niveau qui vivent de leur passion.
02:56 Je veux dire qu'il y a 1, peut-être 2 %, donc c'est vraiment le haut du panier. Les sportifs de haut niveau sont souvent des amateurs
03:03 et donc ont besoin d'une collectivité, ont besoin d'une entreprise derrière pour les financer, financer leurs déplacements, financer leurs entraînements.
03:11 Et donc, c'est une vraie entreprise qu'on est obligé de mettre en place pour pouvoir aller chercher les sponsors, vendre son image.
03:19 Et moi, j'ai fait du taekwondo. J'ai ramené la première médaille de l'histoire du taekwondo en 2000 en Australie.
03:27 J'ai récidivé 4 ans après à Athènes, mais j'avais créé ma propre structure. Pascal Gentil, je me souviens, David Douillet, son entreprise, c'était Ours Blanc,
03:35 si je ne dis pas de bêtises, si ce n'est pas celle de Teddy Riner. Bref, et nous, sportifs de haut niveau, on est obligé de se vendre,
03:44 de travailler sur le tatami ou sur l'air de combat et derrière d'aller séduire des grands patrons et ensuite de créer notre structure,
03:52 de déclarer, de se vendre. C'est toute une industrie, une économie.
03:57 T'étais armé pour faire ça ? Alors j'ai été armé, oui et non. Non, parce que j'ai fait des études d'hôtellerie.
04:06 Donc l'hôtellerie, c'est quoi ? C'est le service. J'ai beaucoup travaillé en sécurité. La sécurité, qu'est-ce que c'est ? C'est le service.
04:11 Et là, je devais me former sur les aspects finances, les aspects communication et autres. Et j'ai fait un master à l'ESSEC avec Thierry Lardinois,
04:20 le même master qu'a fait Tony Estanguet ou Marie-Josée Perrec et bien d'autres. Et ça m'a aguerri. Et grâce à ça, j'ai pu continuer dans ma carrière sportive
04:34 et post-sportive et réussir comme j'ai réussi dans le milieu sportif, dans le milieu économique.
04:39 Entre le milieu des années 2000 et aujourd'hui, est-ce que tu crois que l'écosystème a changé pour les sportifs de haut niveau ?
04:46 On sait qu'il y a des entreprises, des marques qui montent des teams d'athlètes. C'est quelque chose qui se développe beaucoup. Ça va dans le bon sens ?
04:53 Ça va dans le bon sens. Il n'y a pas très longtemps que ça, on a créé le pacte de la performance. Qu'est-ce que c'est ?
05:02 C'est tout simplement permettre à des sportifs qui s'entraînent 5 heures, 6 heures par jour d'avoir une couverture sociale,
05:08 d'avoir une entreprise derrière pour pouvoir les accompagner, ce qui n'existait pas. Moi, quand j'ai commencé, quand je me blessais, limite,
05:17 je devais demander à un copain de me prêter sa carte vitale pour pouvoir les faire des soins parce que je ne travaillais pas.
05:23 Donc, je n'avais pas de couverture sociale. Pour en rendre compte, on est en France. Aujourd'hui, en 2023, il y a le statut du sportif de haut niveau
05:30 qui a été lancé par Thierry Broyard. Par la suite, il a lancé le pacte de la performance et on donne un peu plus de reconnaissance au sport.
05:37 Mais on est encore très, très loin. Aujourd'hui, il y a tellement de choses à faire, notamment au niveau de l'école, de l'éducation,
05:44 qui est plus de pratiques sportives dans l'école, qui est plus d'anciens sportifs qui viennent inspirer les jeunes, que ce soit des grands patrons,
05:53 que ce soit des gens qui ont réussi dans les start-up, que ce soit des pompiers ou des policiers, des gens en uniforme qui viennent inspirer les jeunes.
06:01 On a beaucoup parlé d'émeutes. Oui, les émeutes, la France, les émeutes. Mais moi, quand je vois ça, je me dis mais ce n'est pas des émeutes.
06:08 C'est une bande de jeunes de 13, 14, 15, 16 ans qui n'ont pas de cadre et qui se filment et qui font des selfies en train de casser ou entrer dans les magasins.
06:18 Vous vous rendez compte pourquoi? Parce qu'il manque des valeurs. Il manque un cadre. Et dans le sport, il y a ce cadre. Le cadre dans le sport,
06:25 quand il y a les règles, il faut respecter les règles, il faut respecter l'arbitrage. Et le sport a énormément à apporter à notre société, me semble-t-il.
06:32 Peut être pour conclure les entreprises là dedans. En fait, est ce que tu les sens suffisamment acculturées aux contraintes que peuvent avoir
06:42 les sportifs de haut niveau au fait que ça doit être un marché gagnant, gagnant? Et qu'est ce que voilà? Est ce que tu as peut être quelques petites idées
06:50 pour essayer de lever ces derniers verrous parce qu'on sent qu'il peut y avoir quelques résistances quand même?
06:55 Alors une entreprise, elle est là pour faire du profit. Donc c'est des résultats, c'est la performance. Aujourd'hui, on surfe cette vague du RSE,
07:07 donc la responsabilité sociétale ou sociale de l'entreprise. Et évidemment, aujourd'hui, on est à un an des Jeux et tout le monde se dit il y a les Jeux.
07:15 Ce serait bien de soutenir nos Français quand même ou nos paraathlètes. Mais c'est vrai qu'il n'y a pas encore cette culture dans l'entreprise.
07:23 Moi, pour ma part, pour parler du groupe ADP, on est spécialisé dans la lutte contre l'illettrisme. C'est vraiment ce qu'on faisait dans les territoires,
07:31 dans toutes les communes avoisinantes, que ce soit pour Orly, le 94 ou 91 ou pour CDG, le 95, le 77 et autres départements autour.
07:41 Je ne vais pas tous les citer. Lutte contre l'illettrisme, donc dans les écoles, la lecture et autres. Aujourd'hui, grâce aux Jeux olympiques,
07:49 on parle de sport, on parle de valeur du sport, on crée des événements, des événements en disport. On a un partenariat avec le Paris FC.
07:57 Donc il y a énormément de choses qui sont faites. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, les entreprises, ils ne savent pas trop par quel bout prendre les choses.
08:03 Pourquoi? Parce que le sport n'est pas encore valorisé suffisamment en France. On ne se rend pas compte qu'avoir des sportifs de haut niveau dans les entreprises,
08:12 ça peut aider les entreprises à être plus productives. Un gars comme Edgar Gropiron, qui fait des conférences, des séminaires, il est hyper inspirant.
08:19 Et des sportifs qui ont vécu l'échec, cet échec et le cheminement vers le succès, c'est des gens qui ont énormément à apprendre.
08:27 Parce que finalement, l'échec, on le vit au quotidien et on sait se relever de l'échec. On sait se relever de la blessure.
08:32 Et ça, pour n'importe quelle entreprise, je pense que ça peut être bénéfique. Merci beaucoup, Pascal.
08:38 C'est un plaisir. Bonne continuation. Merci à vous. Très vite sur Capital.fr. D'autres interviews à venir. Merci à tous. Merci beaucoup.