Florence Cassez, incarcérée au Mexique entre 2005 et 2013, témoigne sur CNEWS

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Florence Cassez, incarcérée au Mexique entre 2005 et 2013, témoigne sur CNEWS après ses retrouvailles avec Nicolas Sarkozy

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00:00 Pourquoi avez-vous souhaité être
00:01 présente précisément au
00:04 Touquet Florence Cassez ?
00:05 C'était important pour moi, en
00:09 étant si près, finalement,
00:10 d'aller
00:11 saluer le président.
00:16 Avec tout ce qu'il a fait pour moi,
00:19 c'était
00:20 une évidence, il fallait que j'y
00:22 sois.
00:23 Alors, je rappelle que vous aviez
00:24 38 ans à l'époque et au Mexique,
00:26 vous purgiez une peine de 60 ans
00:27 de prison en appel.
00:29 Vous aviez été condamné à 96 ans
00:31 de prison pour quatre ans
00:33 enlèvement, association de
00:34 malfaiteurs et possession d'armes.
00:35 Et évidemment, tout cela était
00:36 faux.
00:38 Je vous propose d'écouter Nicolas
00:39 Sarkozy, puisqu'il se trouve qu'il
00:41 était sur le plateau d'Europe 1 il y
00:42 a 48 heures et il a
00:44 parlé, parce qu'il parle dans votre
00:46 livre, c'est un des chapitres les
00:47 plus émouvants, d'ailleurs, du temps
00:48 des combats, et de son implication,
00:50 puisqu'il était parlé.
00:51 Il avait eu une audience avec
00:54 le pape Benoît XVI et il
00:56 avait parlé de vous.
00:59 Tous les deux ou trois mois, j'appelais
01:01 Florence dans sa prison.
01:02 Elle pleurait beaucoup, pauvre fille,
01:04 vous vous rendez compte.
01:05 Et un jour, je lui dis écoutez,
01:07 Florence, j'ai
01:08 parlé avec le pape de votre
01:11 situation. Elle a fondu en larmes
01:12 et est devenue très violente.
01:14 Elle m'a dit mais c'est pas bien de me
01:16 mentir alors que je suis en prison,
01:17 je suis au fond du trou.
01:19 Ça me faisait penser à
01:21 Zola qui faisait l'appel
01:26 pour défendre Dreyfus.
01:27 Il y a une magnifique lettre de
01:28 Dreyfus au fond de sa prison, qui
01:30 écrivait aux gardes des sceaux de
01:31 l'époque.
01:32 J'ai dit mais c'est vrai, Florence,
01:34 je vous assure, c'est vrai.
01:35 Et finalement, on l'a fait sortir de
01:36 prison.
01:37 Eh bien, si le grand
01:39 pouvoir du président de la
01:40 République ne sert pas
01:42 à aider des gens abandonnés
01:45 de tous au
01:46 fond du trou,
01:48 à quoi il sert ?
01:50 À quoi ça sert une vie
01:52 si jamais, à un moment ou à un
01:55 autre, on a envie de tendre la main
01:56 à quelqu'un qui est en train de se
01:57 mourir ?
01:58 C'est quoi ? À quoi ça sert de voir
02:00 ce pouvoir-là ?
02:01 Magnifique intervention de Nicolas
02:03 Sarkozy.
02:04 Comment vous allez aujourd'hui,
02:06 Florence Cassez ?
02:07 Bien, je me reconstruis.
02:11 C'est vrai que ça prend du temps,
02:13 ça fait 10 ans que je suis sortie.
02:15 Et en fait, on n'anticipe
02:17 pas que ça va être long,
02:20 douloureux et
02:21 qu'on va avoir cette étiquette
02:24 au quotidien.
02:27 Et vous avez une vie professionnelle
02:28 aujourd'hui ?
02:29 J'ai une vie professionnelle
02:32 aujourd'hui, oui.
02:33 Et c'est indiscret de vous demander
02:35 dans quel secteur elle s'exerce ?
02:37 C'est indiscret, oui, je préférerais
02:42 ne pas en parler.
02:44 Et cette vie, quand vous
02:47 dites "se reconstruire", est-ce que
02:49 vous diriez que la
02:51 vie aujourd'hui, quand même,
02:55 peut être d'une
02:56 certaine manière agréable et
02:58 vous permet d'être ou d'obtenir
03:01 ce que chacun espère dans une vie,
03:03 c'est-à-dire qu'une forme de bonheur ?
03:05 Oui, bien sûr.
03:07 J'ai eu ma fille et ça, ça a été
03:09 pour moi le plus grand bonheur de
03:11 toute ma vie.
03:13 C'est ce qui m'a fait avancer au
03:15 quotidien et
03:16 m'apporte plein de plaisir.
03:18 Bien sûr, c'est évident.
03:19 C'est une des rares fois, d'ailleurs,
03:22 où vous prenez la parole parce que
03:23 vous n'avez pas envie d'être très
03:25 présente dans les médias.
03:27 Je pense que c'est quand on a
03:30 quelque chose à dire qu'il faut être
03:32 présente dans les médias.
03:33 Et je n'ai pas spécialement eu
03:35 quelque chose d'intéressant à dire
03:38 sur ma vie en pleine
03:40 reconstruction.
03:41 Mais aujourd'hui, pour le président,
03:43 pour l'homme, là j'ai acheté mon
03:45 livre hier, j'ai commencé à le lire.
03:48 Je suis touchée de savoir que déjà
03:50 il parle de moi.
03:51 Concernant le travail,
03:53 concernant le pape, c'est vrai qu'il
03:55 raconte cette anecdote
03:56 où je l'aurais engueulé, mais je
03:59 me vois très bien faire ça.
04:00 Mais c'est vrai que il faut remettre
04:02 les choses à leur place.
04:02 Moi, j'étais au
04:03 public, j'étais au fond de ma cellule
04:06 et c'était irréel pour moi qu'il
04:08 puisse en avoir parlé au pape.
04:10 Donc, je n'ai pas dû
04:12 croire sur le moment.
04:13 Lorsque je vous ai appelé tout à
04:18 l'heure, vous m'avez dit vraiment
04:20 "je veux bien parler".
04:23 Parce que Nicolas Sarkozy était
04:24 présent hier et c'est en hommage,
04:26 finalement, à son action.
04:28 Et vous m'avez dit "je ne souhaite
04:29 pas m'étendre davantage
04:32 sur ce qui est aujourd'hui ma vie ou
04:33 sur ce qu'elle a été".
04:34 Donc, je ne veux pas prolonger
04:35 forcément cette interview ou cet
04:38 entretien parce que je n'ai pas envie
04:40 de ne pas écouter ce que vous m'avez
04:42 dit tout à l'heure.
04:43 Mais c'est vrai que le président
04:45 Sarkozy, s'il n'avait
04:47 pas été présent, s'il n'avait pas eu
04:48 cette action, s'il n'avait pas eu
04:50 cette volonté, cette détermination,
04:52 sans doute que les choses auraient
04:53 été beaucoup plus compliquées pour
04:54 vous.
04:55 J'y serai encore, c'est ce que j'ai
04:57 dit hier et c'est vraiment...
04:58 Tous les jours, j'en suis
05:01 consciente. C'est grâce
05:02 à mes parents, certes, et Nicolas
05:05 Sarkozy qui a été
05:07 présent aux côtés de mes parents pour
05:09 les soutenir et nous donner
05:10 espoir. Et puis, finalement, on
05:12 arrive à cette libération qui était...
05:14 Quand on regarde le documentaire
05:16 Netflix, moi, vous me parlez
05:18 de ma reconstruction, je vais vous
05:19 parler un petit peu de moi.
05:20 L'année dernière, quand
05:22 Netflix est sorti, alors
05:24 que moi, j'avais été interviewée
05:26 en 2020,
05:27 j'ai mal vécu, j'ai mal vécu
05:31 parce que même moi,
05:32 j'étais très loin d'imaginer
05:36 l'ampleur du
05:38 mécanisme d'injustice qu'il y avait
05:41 tout autour de mon histoire.
05:42 Et de voir le président
05:45 intervenir dans le documentaire,
05:47 j'étais pas au courant.
05:48 Ça m'a énormément touchée.
05:50 Il y a une question qui est assez
05:51 simple qu'on doit poser à tous
05:53 ceux qui, parfois, sont en
05:54 difficulté.
05:55 Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous ?
05:57 Qu'est-ce qu'aujourd'hui, la France,
05:59 la société ou nous-mêmes, pouvons
06:01 faire pour vous aider ?
06:02 Oulah, c'est une
06:06 question très complexe.
06:08 Je sais pas.
06:11 Moi, j'ai fait beaucoup pour m'aider.
06:12 Je n'arrête pas.
06:14 Ça fait deux
06:15 ans que je me suis prise en main.
06:17 Je suis arrivée à la fin de ma
06:19 vie.
06:20 Ça fait deux ans que je me suis
06:21 prise en main et j'ai démarré une
06:22 thérapie qui m'a beaucoup aidée.
06:24 J'ai énormément écrit.
06:26 Peut-être un éditeur, parce que
06:31 j'ai un ouvrage qui est
06:32 enfin terminé, donc ce serait le
06:33 troisième, qui parle
06:35 plus des conditions
06:38 pendant ces sept ans de prison
06:40 russique.
06:41 C'est vraiment quelque chose de
06:42 très intime.
06:43 Voilà, quelque chose où avant,
06:45 j'étais pas forcément prête à en
06:46 parler.
06:47 Comme quoi, il faut le temps de la
06:48 parler.
06:49 Et je l'ai pris ça pendant deux
06:50 ans.
06:51 C'est très intéressant d'ailleurs
06:52 ce que vous dites, parce que je
06:53 fais un parallèle avec ceux qui
06:54 ont pris la parole
06:55 lorsqu'ils sont sortis des camps
06:57 de concentration.
06:58 Souvent, on est étonné parce que
06:59 les gens n'ont pas forcément
07:00 parlé tout de suite.
07:01 Je crois que le livre de Primo
07:02 Levy, Si c'est un homme, est
07:03 au milieu des années 50.
07:05 Simone Veil n'avait
07:06 pas parlé tout de suite.
07:08 Et on est dans le même cas que
07:10 vous décrivez à l'instant.
07:12 Alors, je pense à
07:13 Isabelle Saporta, qui est chez
07:15 Fayard et qui d'ailleurs a édité
07:17 le temps des combats et qui peut
07:19 être écoute cette émission et qui
07:20 sera peut être intéressée par
07:22 ce manuscrit que vous avez écrit
07:24 et que vous avez terminé, si j'ai
07:25 bien compris, Florence Cassez.
07:27 Oui, c'est ça. En fait, j'ai
07:29 démarré une thérapie il y a deux
07:30 ans
07:31 grâce à ma fille qui avait perdu
07:34 son papa et j'ai cherché à ce
07:35 qu'elle ait un soutien
07:36 psychologique.
07:37 Et en fait, les psychiatres,
07:39 à force de parler avec elles, m'ont
07:41 recommandé vivement de
07:43 suivre une thérapie également.
07:45 Et j'ai vite compris
07:47 que pour que la thérapie
07:49 soit bénéfique,
07:52 il fallait que je me livre et j'ai
07:55 donc pris l'initiative
07:57 d'écrire en parallèle de ce que je
07:59 racontais à ma psy.
08:00 Voilà.
08:02 Je vous remercie beaucoup de ce
08:04 témoignage. Quel âge a votre fille
08:06 Florence Cassez ?
08:07 8 ans.
08:08 Elle a 8 ans.
08:09 Bon, elle va reprendre l'école
08:10 lundi, j'imagine.
08:11 Elle a déjà repris ?
08:14 Non, non, elle a hâte de
08:17 reprendre l'école lundi.
08:18 Et vous habitez Dunkerque.
08:19 Écoutez, merci pour
08:23 ce témoignage.
08:24 Merci pour l'émotion
08:25 qu'on devine dans vos paroles.
08:28 Et je voulais
08:31 vraiment vous avoir ce matin.
08:32 Et on ne peut que vous souhaiter
08:34 le meilleur après
08:36 cet enfer que vous avez vécu.
08:38 Et puis, effectivement, ce livre
08:41 sera une nouvelle étape,
08:43 comme vous le disiez, peut-être
08:45 dans une forme de reconstruction.
08:46 Je vous remercie en tout cas
08:47 grandement.
08:48 Vraiment merci.
08:49 Merci à Marine Lanson, avec
08:51 qui on a pu établir
08:53 cette communication ce matin.
08:55 Merci beaucoup, Madame Cassez.
08:57 Merci.
08:58 ♪ ♪ ♪
09:00 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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