Université syndicale d'été 2023 de la CFDT : Suivez la matinée conclusive du 31 août

  • l’année dernière
L’Université syndicale d’été de la CFDT s'est déroulée cette année du 29 au 31 août 2023 sur le thème « Rentrée sociale 2023, quelles perspectives pour la CFDT ? ».

Au programme
09h00 - 10h00 : Dialogue entre Marylise Léon et Patrick Martin, président du Medef (Animation Anne-Sophie Balle, journaliste CFDT)
10h00 - 11h00 : Dialogue entre Marylise Léon et Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif (Animation Fabrice Dedieu, journaliste CFDT)
11h00 - 11h15 : Conclusion de l’USE par Marylise Léon
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00:02:48 Bonjour tout le monde. Bonjour à tous, bonjour à toutes.
00:02:58 [Applaudissements]
00:03:01 Avez-vous bien dormi ? Avez-vous assez dormi ?
00:03:05 [Cris de joie]
00:03:07 Merci, vous restez encore quelques minutes pour vous réveiller et faire bonne figure.
00:03:11 En effet, la presse est présente avec nous ce matin.
00:03:14 Et cette quatrième séance de notre Université Syndicale d'été est retransmise en direct sur le web.
00:03:19 Notre timing est donc serré. Nous serons les maîtres du temps ce matin.
00:03:24 Et nous ferons les gros yeux aux animateurs qui débordent et aux participants trop bavards.
00:03:29 Merci à toutes et tous de mettre vos smartphones en mode silencieux.
00:03:33 Une petite annonce. Une participante a perdu hier soir, lors de notre soirée endiablée, sa carte bancaire.
00:03:40 [Rires]
00:03:42 C'est très sérieux. Si vous la retrouvez, merci de nous la ramener.
00:03:47 On lui la restituera après être passé à la cafétaria près de la cantine.
00:03:53 Donc, cette quatrième... Le nom de la personne qui a perdu sa carte ne sera pas révélé.
00:03:58 Cette quatrième séquence va donc traiter de la rentrée sociale 2023
00:04:02 avec un temps de dialogue entre Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT,
00:04:07 Patrick Martin, président du MEDEF, et Claire Toury, présidente du mouvement associatif,
00:04:12 dans une deuxième partie de la matinée.
00:04:15 Marie-Lise, tu as pris pied dans tes nouvelles fonctions le 21 juin.
00:04:20 [Rires]
00:04:23 On vous avait promis des jeux de mots douteux le premier jour. Promesse tenue.
00:04:28 Et c'est pas fini.
00:04:30 L'été t'as permis de lever le pied. C'était pas comme ça que tu imaginais les choses.
00:04:35 C'est vrai que finir ses vacances sur la rotule, c'est toujours un peu dommage.
00:04:40 [Rires et applaudissements]
00:04:48 Malgré tout, tu restes de plein pied dans ton mandat de secrétaire générale.
00:04:52 Et tu repars du bon pied. Tu es déjà pied au plancher sur les dossiers de la rentrée.
00:04:59 Et la séquence qui s'ouvre va nous permettre de passer en revue ces sujets importants
00:05:03 sur lesquels il faut se mettre à pied d'œuvre pour savoir sur quel pied danser.
00:05:09 On s'y attelle dès maintenant.
00:05:13 [Rires et applaudissements]
00:05:19 On s'y attelle dès maintenant, avec un peu plus de sérieux maintenant,
00:05:23 avec Anne-Sophie Bals, journaliste CFDT, qui va animer la première partie de cette séquence.
00:05:28 Merci Anne-Sophie. A toi la parole.
00:05:31 [Applaudissements]
00:05:37 Merci à tous les deux. Et bonjour à toutes et à tous.
00:05:40 Bienvenue dans cette dernière séquence de l'USE consacrée à la rentrée sociale.
00:05:44 Une rentrée sociale agitée, une rentrée sociale dense, en tout cas c'est ce qu'on nous promet.
00:05:49 Après plusieurs mois focalisés sur la réforme des retraites,
00:05:53 d'autres sujets arrivent sur le devant de la scène en cette rentrée sociale.
00:05:57 Ils vont mettre au premier plan les organisations syndicales et patronales.
00:06:01 Alors pour en débattre, j'ai le plaisir d'accueillir Marie-Lise Léon, secrétaire générale de la CFDT,
00:06:06 et Patrick Martin, président du MEDEF, pour un temps d'échange d'une heure.
00:06:11 Donc, temps d'échange d'une heure, une première partie de questions-réponses,
00:06:17 et à l'issue de laquelle c'est vous, responsable CFDT,
00:06:20 qui aurez l'occasion de poser vos questions aux deux intervenants.
00:06:24 Alors j'ai cru comprendre que vous ne vous quittiez plus, tous les deux, cette semaine.
00:06:28 Marie-Lise, tu étais, il y a quelques jours, invitée à débattre à la rencontre des entrepreneurs de France.
00:06:34 C'est à votre tour, Patrick Martin, de vous prêter à l'exercice.
00:06:37 Bienvenue à cette université d'été de la CFDT.
00:06:40 Vous avez été élue le 6 juillet dernier président du MEDEF,
00:06:44 après en avoir été le président délégué ces cinq dernières années auprès de Geoffroy Roudbézieux.
00:06:50 Est-ce que vous pourriez nous dire déjà en quelques mots à quoi va ressembler votre présidence du MEDEF ?
00:06:56 C'est quoi la patte, Patrick Martin ?
00:07:00 Bien, bonjour à toutes et à tous.
00:07:02 Merci de m'accueillir.
00:07:03 Merci Marie-Lise également pour être venue effectivement à notre rencontre des entrepreneurs de France.
00:07:11 Je crois que c'est important, je vais finir la question,
00:07:14 mais je crois que c'est important que, dans l'exigence, mais dans le respect,
00:07:18 et je crois pouvoir l'affirmer de part et d'autre, dans un esprit constructif,
00:07:22 on ait ce type d'échange, on est entre nous, y compris avec les journalistes.
00:07:28 Je crois que nos deux organisations ont une responsabilité éminente,
00:07:34 bien sûr dans le dialogue social, dans les avancées sociales, j'assume complètement le terme,
00:07:39 mais au-delà de ça, en tout cas c'est ma compréhension, c'est la compréhension qu'a le MEDEF de la situation du pays,
00:07:45 on a une responsabilité éminente, également on regarde un certain nombre de tensions, de fractures qui émergent ici ou là,
00:07:52 et le fait, je le redis, dans l'exigence, et chacun défendant évidemment et très normalement ses convictions, ses thèses,
00:07:59 le fait qu'on ait cette qualité, cette intensité de dialogue,
00:08:06 je pense, vraiment on a mes consciences, qu'au-delà de notre sphère naturelle d'intervention,
00:08:13 c'est important pour d'autres pays globalement.
00:08:18 Alors, quelle est la patte, Patrick Martin ? Je me garderai de dire comment ça se passe à la CFDT,
00:08:23 encore que je crois que ça n'est pas très éloigné de ce que je vais vous dire.
00:08:28 Bien sûr, il y a une secrétaire générale, un président, peu importe le titre,
00:08:34 mais enfin on n'est jamais que l'incarnation des organisations que l'on représente.
00:08:39 Et de ce point de vue, ayant une longue pratique du MEDEF depuis des dizaines d'années, c'est inavouable,
00:08:46 je connais assez bien la maison, si je puis dire, dans sa diversité, en termes de secteur d'activité,
00:08:52 en termes de territoire, en termes de sensibilité, en termes d'intérêt.
00:08:56 Moi, je suis toujours très très très attentif à ne pas exprimer des vues, des analyses personnelles,
00:09:04 mais bien à ce que, en tout cas très majoritairement, ressent notre corps social du MEDEF à nouveau dans sa diversité.
00:09:11 Ce que je veux dire par là, c'est qu'il ne va pas y avoir de grands chambardements.
00:09:15 Il y en aura d'autant moins que, effectivement, j'ai été quand même étroitement associé au mandat précédent,
00:09:20 y compris dans sa dimension sociale, même si je n'ai pas été en première ligne sur aucune des négociations qu'on a pu avoir.
00:09:26 Mais je me tourne vers Yvan Ricordeau, notamment sur des sujets de formation.
00:09:30 Il nous est arrivé de discuter en off, ce qui n'est pas du tout ni coupable ni péjoratif.
00:09:36 Donc je suis assez au fait de ce qui s'est passé.
00:09:39 Pour autant, et je pense que ça vaut pour d'autres organisations, pas le 6 juillet, jour de mon élection,
00:09:48 mais de manière quand même assez accélérée, ces derniers mois, ces dernières semaines,
00:09:53 les circonstances ne sont plus tout à fait les mêmes.
00:09:56 Je pense au premier chef, aux circonstances économiques. Il ne s'agit en aucun cas de tenir un discours, des analyses biaisées et dramatisantes.
00:10:04 Mais quand même, on a un durcissement du contexte économique dont je ne sais pas dire s'il est temporaire ou plus durable.
00:10:11 Mais c'est un état de fait, notamment dans la compétition internationale.
00:10:15 Et puis, on a un contexte politique que je trouve d'abord illisible, ce qui n'est pas bon pour nous,
00:10:25 et assez crispé, ce qui est encore moins bon.
00:10:28 Et donc, au regard de tout ça, le MEDEF, au-delà de la personne de Patrick Martin,
00:10:34 va probablement devoir être un peu plus tranché sur un certain nombre de sujets,
00:10:39 je le redis, pour commencer, économiques, mais également sociaux et sociétaux.
00:10:44 Et moi, j'ai été élu sur quel programme en définitive ?
00:10:48 Ça peut vous paraître un peu général, mais en endossant, en revendiquant en définitive une thèse qui peut paraître d'évidence,
00:10:57 peut-être pas majoritairement chez vous, mais d'évidence dans les rangs patronaux,
00:11:02 qui est celui de la croissance responsable.
00:11:04 En fait, il n'est plus aussi évident que ça, ce thème de la croissance responsable.
00:11:09 Ce que je veux dire par là, c'est que dans la croissance responsable, il y a aussi croissance.
00:11:13 Et moi, je suis très soucieux, nos adhérents sont très soucieux que l'on trouve un bon équilibre,
00:11:19 convaincus que nous sommes qu'on ne pourra pas être responsables, les entreprises au premier chef,
00:11:24 si on ne se donne pas les moyens de la responsabilité.
00:11:28 Je m'explique. On sait tous qu'on va devoir investir des sommes considérables singulièrement sur la décarbonation.
00:11:35 On a fait chiffrer ça par règles et codes, et on considère que les entreprises françaises doivent dès à présent,
00:11:41 et ce sera vrai dans les deux ou trois prochaines décennies,
00:11:45 engager 40 milliards d'euros d'investissement supplémentaires pour cette décarbonation et autour de l'innovation.
00:11:51 Sujet absolument passionnant et sur lequel, personnellement, je suis très optimiste.
00:11:55 Mais ces 40 milliards d'euros ne vont pas tomber du ciel.
00:11:59 De la même manière qu'on est parfaitement conscient, je suis parfaitement conscient,
00:12:04 et ça va faire l'objet de certaines de nos discussions,
00:12:07 c'est qu'il y a un vrai enjeu de pouvoir d'achat dans notre pays.
00:12:12 Et comme je n'ai pas encore trouvé la pierre philosophale, même principe, même punition, si j'ose dire.
00:12:18 Il faut qu'on se crée les marges de manœuvre économiques et financières
00:12:22 pour satisfaire cette aspiration légitime au pouvoir d'achat, aux progressions de carrière.
00:12:29 Et puis enfin, et c'est aussi un sujet tout à fait brûlant, récurrent, mais particulièrement brûlant en ce moment-là,
00:12:36 tel qu'est le modèle social français, auquel on est très attaché, fondé sur la répartition.
00:12:43 Si on veut durablement équilibrer nos régimes sociaux et bonifier les régimes sociaux au fil du temps,
00:12:50 il faut également qu'on ait un sous-jacent, je dirais, économique.
00:12:54 Voilà, donc, croissance et responsabilité.
00:12:57 Et je finis juste là-dessus pour préciser, et j'espère qu'il n'y a pas le moindre doute dans l'esprit de vous toutes et vous tous,
00:13:03 dans nos rangs, c'était moins vrai, c'était au cas par cas, pas vrai il y a quelques années encore,
00:13:08 cet enjeu de la responsabilité, il est maintenant présent dans l'esprit de tous nos adhérents.
00:13:15 Dans l'immense majorité des cas, de bonne foi, pour une petite minorité, parce qu'ils considèrent que c'est une nécessité.
00:13:22 Donc croissance, si je résume, croissance responsable, pouvoir d'achat, le tout dans un esprit de responsabilité.
00:13:28 Ces derniers mois, ça ne vous a pas échappé, il y a eu un certain nombre de renouvellements à la tête des différentes organisations.
00:13:35 Marie-Lise, est-ce que ces changements de tête successifs augurent, selon toi, un dialogue social renouvelé ?
00:13:42 Bonjour à toutes et tous. J'ai noté les noms de tous ceux qui se sont marrés sur les blagues sur les genoux.
00:13:50 C'est une bonne question, parce que je serais tentée de dire oui et non. Patrick Martin l'a évoqué tout à l'heure,
00:14:02 on est CFDT, MEDEF, tous dans des grosses organisations, et ce n'est pas le changement de tête qui fait le changement de ligne, forcément.
00:14:10 À moins qu'il y ait, dans le cadre de l'élection, des projets qui s'affrontent. Là, on s'inscrit plutôt dans des continuités.
00:14:17 La CFDT, c'est une organisation collective, et les décisions se prennent collectivement.
00:14:23 La question de la ligne, en tout cas en ce qui me concerne, s'inscrit dans l'histoire de la CFDT,
00:14:31 avec la PAS de CFDT, qui est le dialogue social, la négociation collective.
00:14:35 C'est pour ça que cette rentrée sociale est vitale, elle est extrêmement importante, d'abord pour les travailleurs,
00:14:40 parce qu'on a la possibilité d'ouvrir un certain nombre de sujets dans le cadre d'un agenda,
00:14:45 sur lequel on va revenir, qu'ils soient autonomes ou tripartites.
00:14:49 Et en même temps, je dirais que le fait qu'il y ait des changements de responsables,
00:14:55 on sait toutes et tous, parce que je pense qu'on est tous passés par la case négo,
00:14:59 on sait aussi que la question de la connaissance de son interlocuteur, ça compte aussi,
00:15:04 et que dans le cadre des discussions, du dialogue, le fait qu'on ait une connaissance réciproque,
00:15:10 qu'on parle le même langage, qu'on ait une possibilité de décryptage, c'est aussi important.
00:15:18 Donc je pense que parce qu'on est dans des organisations collectives solides
00:15:26 et en ce qui concerne la CFDT extrêmement cohérentes, on fait aussi preuve de beaucoup de cohésion interne,
00:15:33 on s'inscrit dans une continuité, mais on va avoir aussi un travail de connaissances un peu plus particuliers,
00:15:44 qui fait partie du bonheur, du dialogue social, de voir aussi faire avec des interlocuteurs
00:15:51 avec qui on peut avoir plus ou moins de bonnes connaissances, plus ou moins d'affinités.
00:15:57 Oui, d'autant que les sujets sont nombreux, tu l'évoquais.
00:16:00 On va justement rentrer dans le vif du sujet de cette rentrée.
00:16:04 Vous avez l'un et l'autre marqué votre intérêt pour le dialogue social paritaire.
00:16:09 C'est ce dont témoigne en tout cas l'agenda social autonome qui a été signé début juillet.
00:16:14 Patrick Martin, vous déclariez lors de votre élection, je vous cite, il n'y a pas de piège,
00:16:19 "bon nombre de sujets sur lesquels on peut avancer de manière autonome".
00:16:23 Alors quels sont ces sujets typiquement, selon vous ?
00:16:27 Et avancer dans un rapport de confiance.
00:16:30 Il y a une dimension un peu intu-tu-personné dans le rapport de confiance.
00:16:34 Je crois que c'est essentiel, y compris avec les pouvoirs publics, ce qui n'est pas toujours avéré.
00:16:38 Je réponds à la question en rebondissant sur l'actualité de la nuit.
00:16:43 L'autonomie du dialogue social, c'est une chose à laquelle je suis viscéralement attaché.
00:16:50 Je pense qu'on est quand même les mieux placés, côté salarié, côté employeur,
00:16:55 pour de manière pragmatique, réactive, traiter un certain nombre de dossiers.
00:17:02 Encore faut-il qu'on le fasse.
00:17:05 Pour ne pas laisser la main, ce n'est pas péjoratif, évidemment, je suis viscéralement républicain,
00:17:10 mais pour ne pas laisser la main à des personnes qui savent toujours mieux que nous ce qui nous est nécessaire.
00:17:16 La nuit l'a encore prouvé.
00:17:19 On a une liste de courses. Je vais me livrer moi aussi un jeu de mots un peu vasouillard.
00:17:27 Il faut qu'on avance à gants enjambés.
00:17:30 Ou à une feuille de route qui est très dense,
00:17:37 qui d'ailleurs va nous imposer en termes d'organisation, de mise à disposition de moyens, de compétences,
00:17:44 d'être très structuré et très interactif.
00:17:51 On a tous ces sujets qu'on a listés ensemble.
00:17:56 Je pense que c'est aussi un signal qu'on envoie à l'opinion publique, à nos concitoyens, aux politiques,
00:18:03 que de dire qu'en bonne intelligence, on sait avancer sur un certain nombre de sujets.
00:18:10 Je suis très frappé par ça, y compris de la part d'observateurs portant averti.
00:18:15 Je pense aux médias.
00:18:19 L'idée continue à circuler que les partenaires sociaux, finalement, sont toujours à la remorque,
00:18:26 ne sont pas sur les bons sujets et à la fin des fins n'assument pas leurs responsabilités.
00:18:30 Alors que très factuellement, y compris dans la dernière période, et plus encore dans la dernière période,
00:18:36 on a démontré tout au contraire qu'on savait parler, on savait se parler, on savait réfléchir ensemble
00:18:44 et on savait trouver des solutions.
00:18:46 Justement, on a eu une feuille de route dense à la sortie du Covid avec pas moins de 5 années
00:18:52 à corps national interprofessionnel signées depuis mars 2021.
00:18:57 On entre dans cette nouvelle phase 2023-2024.
00:19:01 Marie-Lise, est-ce que cet agenda social autonome nouvelle version est suffisamment ambitieux ?
00:19:08 Je pense qu'il est ambitieux et en tout cas il répond à des problématiques sur lesquelles c'est nécessaire qu'on se parle en autonomie.
00:19:19 Il y a effectivement les enjeux autour de la GERCARCO qui fait partie du sujet du tout de suite maintenant,
00:19:28 puisque la clôture de l'ANEGO doit être actée avant le 4 octobre, je crois,
00:19:34 donc ça va être une négociation extrêmement rapide.
00:19:37 Il est ambitieux et je rebondis sur ce que disait Patrick Martin,
00:19:41 il est en même temps à la hauteur de ce qu'on est tous et toutes capables de faire
00:19:46 et je pense que ça serait assez dommage d'avoir une liste longue comme le bras
00:19:50 et de pouvoir en faire qu'une toute petite partie.
00:19:53 On a négocié trois accords nationaux interpro, on a conclu trois accords dans les six premiers mois,
00:20:00 donc on a passé beaucoup de cet été de rentrée,
00:20:04 c'était aussi un moment pour nous de revenir collectivement sur les six mois de mobilisation retraite,
00:20:09 mais on n'a pas fait que des manifs, on a aussi été à la table des négociations
00:20:13 et on a abouti sur un certain nombre de sujets, et puis on tire le fil.
00:20:17 Donc moi je trouve que l'ambition elle est là et je rebondis aussi sur le terme de responsabilité d'engagement.
00:20:24 Cet agenda autonome, il a été validé, formellement on signe pas un agenda autonome,
00:20:31 mais il y a quatre organisations syndicales représentatives qui ont décidé de s'y engager
00:20:35 et c'est important de se dire qu'on est d'accord sur ces éléments
00:20:39 et je pense qu'on va pouvoir avancer à la fois sur des sujets qui intéressent les travailleurs,
00:20:46 mais aussi un des sujets qui tient à cœur c'est la question de la valorisation des parcours syndicaux,
00:20:51 que l'on attend depuis un petit moment, et je pense que c'est une responsabilité,
00:20:57 c'est un des sujets sur lesquels je pense qu'on est les mieux placés pour pouvoir y travailler ensemble.
00:21:05 En 2017, avec les ordonnances travail, les observateurs avaient tous enterré un peu le dialogue national interprofessionnel.
00:21:14 On a eu une longue période sans avoir ce dialogue entre organisation syndicale et patronale
00:21:21 et le fait de se donner un agenda.
00:21:23 La dynamique est revenue, notamment à l'occasion du Covid,
00:21:27 où on a pu négocier pendant le Covid un accord sur le télétravail.
00:21:32 On a su être réactifs et pouvoir travailler ensemble
00:21:36 et je pense qu'on a fait les preuves de cette efficacité, de l'accord et de l'utilité de l'Interpro.
00:21:42 Si il y a une majorité d'organisations qui en sont convaincues, c'est une bonne chose.
00:21:46 Sur télétravail et santé au travail aussi, notamment, on s'en souvient.
00:21:49 En parallèle, il y a aussi un certain nombre de sujets pour lesquels vous demandez l'intervention de l'État
00:21:56 et qui seront discutés à partir du mois d'octobre.
00:21:59 Je pense à la reconversion professionnelle, à l'usure professionnelle ou pénibilité, appelons-le comme on veut,
00:22:05 à l'aménagement du temps tout au long de la vie.
00:22:08 Pourquoi cette distinction, Marie-Lise Léon ? Pourquoi ne pas avoir choisi de vous en emparer de manière autonome
00:22:15 et de demander cette intervention de l'État au risque peut-être de se voir cadrer un petit peu les discussions ?
00:22:20 C'est un point sur lequel on n'est pas d'accord.
00:22:22 C'est là que ça va commencer à être intéressant.
00:22:25 En fait, c'est assez... pour plusieurs raisons.
00:22:33 On a, en tout cas, nous, au CFDT, pas du tout une vision de défiance ou en tout cas d'opposition entre démocratie sociale et démocratie politique.
00:22:42 Chacun a sa légitimité.
00:22:44 Nous sommes, nous, tout à fait légitimes, bien entendu, pour aborder les questions qui concernent les travailleurs et les travailleuses.
00:22:50 Nous ne nions pas que l'exécutif a aussi une légitimité pour engager des travaux.
00:22:57 Mais ça doit se faire, bien entendu, en bonne intelligence et en concertation.
00:23:01 Et donc, c'est le principe de l'article L1 du Code du travail qui dit que sur tous les sujets qui concernent le monde du travail,
00:23:08 les organisations syndicales doivent pouvoir s'en saisir.
00:23:11 Elles doivent pouvoir s'en saisir si elles le veulent, en fonction d'orientation que donne le gouvernement.
00:23:16 Le président de la République, précédemment, a été extrêmement clair en disant qu'il voulait aborder cette question.
00:23:21 Alors, il a appelé ça le pacte de la vie au travail.
00:23:23 Mais que la question, l'ensemble des sujets que tu évoques, de reconversion, de parcours professionnel, d'usure professionnelle,
00:23:30 de compte épargnement universel, ce sont des sujets dont l'exécutif va s'emparer.
00:23:34 Donc moi, à partir du moment où il y a une volonté politique, je pense que c'est plus un...
00:23:39 Enfin, la voie la plus efficace, c'est que toutes les parties jouent carte sur table et qu'on voit quelle est la place des uns et des autres.
00:23:48 C'est pour ça que nous, on était tout à fait ouverts au fait que si le gouvernement voulait, avait des intentions,
00:23:55 j'y mets... Enfin, le président de la République, évoquant ce pacte, a certainement une idée derrière la tête.
00:24:02 Je pense que c'est plus intéressant qu'on ait connaissance de sa volonté politique, des orientations,
00:24:07 et puis que nous, on voit quelle est notre analyse, quelle est la façon dont on veut aborder ces sujets,
00:24:14 et de voir comment on peut utilement négocier dans ce cadre-là.
00:24:18 Et puis, il y a une autre chose, c'est qu'il y a une volonté légiférée.
00:24:22 C'est qu'à un moment, le projet va arriver au Parlement, et que là aussi, je pense que c'est extrêmement important
00:24:29 qu'avant toute ouverture de discussion, on ait un projet clair, clarté, loyauté, sincérité,
00:24:36 et qu'on sache exactement quelles sont les volontés des uns et des autres, pour pas se retrouver dans des débats sans fin.
00:24:45 Vu l'état de la représentation nationale, et sur des sujets qui peuvent être relativement clairs au début,
00:24:56 on voit que les débats peuvent s'embourber dans des débats sans fin, et d'une complexité extrême,
00:25:05 je pense qu'on a intérêt à avoir une vision claire de ce qu'est le projet politique de départ,
00:25:10 et de voir comment nous, on peut y contribuer ou pas, ou défendre une autre idée.
00:25:15 Je pense que c'est important pour notre démocratie que ça puisse se faire dans ce cadre-là.
00:25:20 Parmi ces sujets, on l'évoquait, au-delà de la reconversion et de l'usure professionnelle,
00:25:25 il y a un sujet qui revient aussi un peu sur le devant de la scène, avec le report de l'âge légal de départ,
00:25:31 c'est la question de l'emploi des seniors.
00:25:34 Patrick Martin, comment concrètement on peut améliorer l'emploi des seniors en France,
00:25:43 alors que la France est quand même en deçà de la moyenne européenne sur cette question ?
00:25:48 Je crois que la Première Ministre, au début de la semaine, vous a en juin apporté le taux d'emploi des 60-64 ans au niveau européen, d'ici 2030.
00:25:58 Alors 2030 c'est bientôt, on fait comment ?
00:26:01 Alors, une petite précision, on met tout le monde à les chiffres en tête,
00:26:06 sur la tranche d'âge 55-60 ans, on est dorénavant non seulement dans la moyenne européenne, mais au-dessus de la moyenne européenne.
00:26:16 Donc l'enjeu il porte bien sur 60-65 ans, et on va dire sur 60-62 ans, on n'est pas complètement décroché.
00:26:24 Ce que je veux dire par là, j'espère ne pas heurter en le disant, c'est qu'il y a un effet mécanique de l'âge légal de départ en retraite sur le taux d'emploi des seniors.
00:26:35 Premier point. Deuxième point, et on risque de vous surprendre, si on prend de la hauteur et si on se met en perspective, la dimension essentielle c'est la démographie.
00:26:50 Et donc, moi j'assume complètement, je crois pas, enfin jusque là en tout cas, je n'ai pas été déjugé par nos instances,
00:26:58 je crois que pour les chefs d'entreprise qui se veulent ou qui se prétendent pragmatiques, c'est ça la dimension essentielle.
00:27:08 Les tensions sur le marché de l'emploi ne peuvent qu'augmenter du fait de la démographie, pour les prochaines années.
00:27:15 La démographie c'est une des rares sciences à peu près exactes et ce sont des tendances très lourdes.
00:27:21 Ce que je veux dire par là, c'est que bien sûr, à un moment donné, il faut que ça se traduise par des dispositions conventionnelles, réglementaires ou législatives.
00:27:32 Bien évidemment, il y a un certain nombre de sujets, on les a clairement identifiés, sur lesquels initialement nos positions sont éloignées, mais peuvent converger.
00:27:42 Mais la vraie vérité, c'est que les entreprises vont avoir besoin de faire travailler les seniors.
00:27:49 Et ça vaut d'ailleurs pour d'autres populations auxquelles, je sais que vous l'êtes, mais personnellement je suis très attentif, une population éloignée de l'emploi.
00:27:59 Et donc, c'est ça qu'on a en toile de fond dans nos réflexions.
00:28:04 Après, il ne faut pas qu'on débouche sur des dispositifs qui, en un moment donné, nous paraissent apporter de mauvaises réponses à un vrai problème.
00:28:13 J'insiste là-dessus, les entreprises vont avoir besoin des seniors.
00:28:18 Du coup, il faut accentuer la formation professionnelle ?
00:28:22 Pardon ?
00:28:23 Du coup, il faut accentuer la formation professionnelle ?
00:28:25 Bien sûr. Alors, il y a différents volets, là aussi on a tous en tête, mais dont la formation professionnelle.
00:28:31 Il faut qu'on retravaille tous les sujets de reconversion individuelle ou collective.
00:28:37 Là, ça renvoie aussi à des problématiques économiques plus que générationnelles.
00:28:42 Oui, il va falloir, enfin, on a ça en tête, c'est parti pour.
00:28:46 On va devoir se réinterroger, pas pour philosopher pendant des années.
00:28:51 Je rejoins complètement ce qu'a dit Marie-Lise Léon.
00:28:53 C'est le cas d'ailleurs qu'on s'inscrive dans des calendriers relativement courts pour ne pas, à un moment donné, parler pour ne rien dire.
00:29:00 Il y a un sujet qui ne figure pas jusqu'à présent dans l'agenda social, assez paradoxalement presque, parce que c'est la priorité numéro 1 des Français, c'est la question des salaires.
00:29:16 Alors, je dis ça effectivement pendant la nuit, ça a un petit peu bougé, puisqu'on nous a annoncé vers 3h du matin qu'il y aurait normalement une conférence sociale sur les carrières et les branches dont les minimas sont en dessous du SMIC.
00:29:31 L'un et l'autre, qu'en attendez-vous de cette conférence sociale ? Je ne sais pas si ce n'était pas dans les tuyaux à l'origine.
00:29:39 Alors ça, c'est sans filet. Je dormais, moi, à 3h du matin, donc j'ai appris ça ce matin.
00:29:47 Depuis plusieurs mois, cette question de conférence salariale tournicote.
00:29:56 Elle est régulièrement évoquée. On a eu des échanges au moment de la discussion justement sur l'agenda autonome.
00:30:11 On avait identifié des sujets à traiter entre nous, ceux qui pouvaient éventuellement faire l'objet d'une discussion avec le gouvernement.
00:30:19 Dans les autres sujets, il y avait la question du pouvoir d'achat, des salaires, par exemple, par quel bout on prend le sujet.
00:30:25 On verra, surtout qu'ils se revoient, je crois, pour affiner le parti politique et le président de la République.
00:30:33 Donc on va attendre qu'ils aient terminé leur discussion.
00:30:37 Pour la CFDT, avoir un temps partagé où on peut mettre le sujet du pouvoir d'achat en discussion entre pouvoir public, organisation syndicale, organisation patronale,
00:30:48 ça me semble intéressant. Je pense que partir de données communes et de voir le diagnostic et de se dire c'est quoi la situation actuelle,
00:30:55 nous on le fait donc on est prêt. On a la cartographie de l'ensemble des branches qui ont encore de la dynamique de négociation.
00:31:03 On a aujourd'hui sur les 151 branches qu'on a identifiées de plus de 5000, on en a encore 95 qui ont des coefficients sous le SMIC.
00:31:11 Nous on prend notre part de syndicalistes et on sait qu'il faut qu'il puisse y avoir dans les branches professionnelles des négociations.
00:31:18 À un moment qu'on puisse se le dire en étant tous autour d'une dame, ça me semble plutôt intéressant et plutôt intelligent.
00:31:24 Après ça veut dire qu'il y a des engagements qui doivent être pris, et là pour le coup c'est de la responsabilité des organisations patronales.
00:31:34 Parce qu'on a des négociations à la fois sur les salaires dont on sait qu'il y a quelques branches qui n'ont pas négocié depuis quasiment un an et demi,
00:31:44 alors que l'inflation évolue régulièrement. Donc là qu'est-ce qu'on peut faire collectivement et que nous disent les organisations patronales sur ce sujet.
00:31:53 Et puis il y a aussi la question, on parlait d'évolution de carrière, la question des classifications, elle est fondamentale.
00:31:59 Elle est fondamentale pour les travailleurs parce que les classifications sont anciennes, que les coefficients ne sont pas revus,
00:32:06 qu'il n'y a aucune perspective d'évolution de carrière, avec des tassements de grilles et donc parfois un même salaire pour 10 coefficients.
00:32:14 Et là où ça va être intéressant c'est que si on aborde aussi ces questions, je crois qu'on en parlait avec Luc tout à l'heure,
00:32:21 il y a des branches professionnelles qui n'ont pas négocié depuis des années voire des dizaines d'années.
00:32:27 Comment on peut avoir au regard de l'évolution et de la rapidité d'évolution des métiers des classifications qui datent de 10 ou 15 ans, c'est pas possible.
00:32:35 Et ce qui peut être intéressant aussi dans ce cadre-là c'est que, je fais une petite pub pour l'année Partage de la valeur,
00:32:43 les employeurs ont signé un accord dans lequel ils s'engagent à ce qu'il y ait des ouvertures de négociations sur les classifications dans les mois qui viennent.
00:32:51 Donc là je pense qu'on va être à un moment clé, c'est le money time si je puis dire, à la fois de qu'est-ce qu'on fait pour le pouvoir d'achat
00:33:00 et comment les employeurs respectent les engagements qu'ils ont pris il y a quelques mois.
00:33:04 Justement sur cet accord Partage de la valeur, je pense que Patrick Martin vous allez vouloir répondre.
00:33:09 Est-ce qu'aujourd'hui vous êtes en mesure de dire qu'on va parvenir à régler cette question au niveau des branches, au niveau des entreprises, sans incitation de l'Etat ?
00:33:20 Oui, alors on est au cœur du cœur du sujet, pardon de répondre avec différents éclairages, en tout cas différents propos sur ce qui a été annoncé cette nuit, si je l'ai bien compris.
00:33:34 Pourquoi pas ? Moi je serais quand même attentif, il faut dire un principe de cohérence, extrêmement attentif à ce que les partenaires sociaux soient respectés.
00:33:46 Je suis toujours un peu inquiet de ces grandes messes qui bien souvent n'aboutissent pas à grand chose.
00:33:52 Bon, si ça nous incite à aller encore plus loin dans le dialogue social en termes de profondeur et de rythme, pourquoi pas ?
00:33:59 Enfin, je pense qu'on est quand même majeurs et vaccinés. Deuxième point, il y a une troisième étude qui est tombée elle aussi ces dernières heures,
00:34:09 qui est celle de Loate, en faisant suite à celle d'Alpha et de Mercer.
00:34:14 Si on résonne en macro, en termes d'évolution des rémunérations, les entreprises, en tout cas sur 2023, sont au rendez-vous.
00:34:23 Après il faut analyser ça de manière plus détaillée, bien sûr d'une entreprise, d'un secteur d'activité à l'autre, par niveau de rémunération.
00:34:29 Enfin, sauf erreur de ma part, l'inflation est gommée et légèrement au-delà en moyenne.
00:34:36 Quand on regarde les derniers chiffres disponibles, je me rapproche du partage de la valeur sur ce qui a été distribué au titre des primes de partage de la valeur.
00:34:46 Il y a une accélération extrêmement forte et je m'en réjouis.
00:34:50 On sera évidemment attentif à ce que les engagements qu'on a pris soient respectés et singulièrement dans le cadre de cet accord national interprofessionnel partage de la valeur,
00:35:00 que la suite du chantier en définitive se concrétise.
00:35:05 Sans perdre de vue, je finis par là, que ce que j'ai dit de la démographie tout à l'heure joue aussi, il y a de toute façon pour les entreprises, une nécessité pour attirer les talents,
00:35:16 pour fidéliser les talents. Les talents, c'est une expression qui me met parfois un peu mal à l'aise.
00:35:22 Les collaborateurs, les salariés, de toute façon, il y a un principe de réalité, il y a une pression.
00:35:27 Et donc, les entreprises, c'est leur intérêt, se doivent d'être dans cette dynamique.
00:35:31 Alors, vous disiez que les entreprises, globalement, avaient quand même été au rendez-vous.
00:35:35 On note quand même en 2023 qu'il y a eu un certain nombre de conflits d'entreprises qui ont eu pour origine cette question salariale.
00:35:44 Marie-Lise, est-ce que c'est une fatalité, la conflictualité sur la question salariale ?
00:35:54 Non. Non, non, non. Non, mais là encore, la question, elle est quelle est la responsabilité et l'engagement que l'on prend près à avoir, du côté employeur.
00:36:14 Le sujet, effectivement, du pouvoir d'achat, on avait regardé en 2022 les motifs de grève au travers des dossiers qui nous remontent de la CNAS.
00:36:29 Donc, pour les non-connaisseurs, c'est ce qu'on appelle la caisse d'action syndicale, la caisse de grève.
00:36:36 Et je crois que c'est au trois quarts, 75% des motifs étaient liés à des motifs de pouvoir d'achat et de salaire.
00:36:44 Donc, la conflictualité, ce n'est pas une fatalité.
00:36:49 C'est une... Voilà. S'il y a besoin, nous, ça fait partie de la palette d'action que les militants peuvent actionner. Et la conflictualité, elle naît aussi de deux parties.
00:37:06 S'il y a des deux parties qui ne jouent pas le jeu, c'est aussi d'une responsabilité partagée.
00:37:12 Alors, je vois que le temps file et que vous êtes tous les deux très bavards. Je suis désolée de vous le dire.
00:37:18 Pour terminer, avant de passer aux questions de la salle, j'aurais aimé qu'on aborde un sujet qui vous est assez cher à tous les deux.
00:37:24 C'est la question de la transition écologique. Vous en parliez tout à l'heure un petit peu.
00:37:28 Patrick Martin, justement, dans votre première interview à la presse en juillet, je crois, vous témoignait de votre volonté de réconcilier croissance économique et enjeu climatique.
00:37:40 Concrètement, elle passe par quoi, cette réconciliation ?
00:37:44 Je ne veux pas reprendre le raisonnement. Je suis trop bavard, je le sais. Mais je profite, je suis là.
00:37:53 Je pense qu'il y a un clivage profond, en partie générationnel, en partie géographique, qui est en train de se dessiner dans l'opinion publique en France et ailleurs.
00:38:10 Je voudrais m'assurer, sans être convaincu qu'on y parviendra, qu'entre partenaires sociaux, on partage à la fois cette analyse, cette vision et cet objectif, que la décroissance n'est pas la solution.
00:38:26 En étant bien conscient que ces instances tenantes, le Medef, son président, peuvent être caricaturées comme étant dans le déni.
00:38:37 J'insiste beaucoup là-dessus. On est tous, dorénavant, parfaitement conscients de l'impératif de décarbonation, de l'impératif de protection de la biodiversité.
00:38:46 Mon propos n'est pas du tout là. Et d'ailleurs, je l'ai redit dans mon discours d'ouverture de la REF lundi.
00:38:53 Nous, on est complètement alignés sur les objectifs de décarbonation, que ce soit de l'Union européenne ou de l'accord de Paris, etc.
00:39:02 Donc la voie est étroite, y compris en termes de communication et d'expression.
00:39:07 Je souhaiterais, sans que ce soit un truc philosophique, parce qu'en tout cas, moi, je suis incapable de philosophie,
00:39:13 je voudrais qu'on se mette autour de la table pour essayer de dresser ce diagnostic partagé. Pourquoi ?
00:39:18 Pas pour faire genre, pas pour épater la galerie, je ne suis pas sûr qu'on y arriverait d'ailleurs, mais parce que ça me paraît fondateur.
00:39:26 Bien sûr qu'à un moment donné, il y a nécessité, il faut travailler sur du droit dur, sur des accords, etc.
00:39:34 Mais si on n'a pas cet éclairage autant que possible partagé sur l'horizon, c'est-à-dire comment concilier ces impératifs environnementaux
00:39:44 et la croissance, qui, je l'ai dit tout à l'heure, me paraît être le moyen d'atteindre ces objectifs,
00:39:51 j'ai peur qu'on soit constamment dans la tactique, que si on n'a pas de croissance, et c'est déjà un peu le cas aujourd'hui,
00:40:00 pardon l'expression "on se crêpe le chignon parce qu'on gère la pénurie", qu'est-ce qui se passe dans notre pays ?
00:40:05 On voit bien une forme de décrochage, en tout cas de moindre progression du pouvoir d'achat et de la richesse globalement par rapport à d'autres pays.
00:40:13 Si on fait la comparaison avec les Etats-Unis, si on fait la comparaison avec l'Allemagne et avec d'autres pays européens,
00:40:18 effectivement, la France décline de ce point de vue.
00:40:21 Je pense que la création intelligente, responsable de richesse, est quand même le moyen de régler beaucoup de problèmes,
00:40:29 en tout cas d'avoir des discussions beaucoup plus apaisées, parce que je sais bien que cette expression n'est pas issue de votre organisation,
00:40:35 mais je l'utilise quand même, parce qu'on aurait plus de gras à moudre.
00:40:39 Croissance, climat, comment réconcilier ça dans une perspective de long terme ?
00:40:45 – OK, justement, un courrier qui devait être adressé aux organisations syndicales en ce sens.
00:40:49 – Qui est en cours de rédaction.
00:40:51 – Marie-Lise, quelles sont les pistes concrètes de la CFDT, justement, pour mener de front transformation écologique, comme tu l'appelles, et croissance ?
00:41:01 – Il y a plusieurs actions concrètes, mais je pense qu'un des points qui me semblent importants,
00:41:10 c'est que quand on aborde les enjeux de transformation écologique, on est dans un univers...
00:41:15 On a fait le point hier, on avait un échange aussi sur les enjeux de dialogue social et de transition écologique.
00:41:24 Je pense qu'on ne peut pas aborder ces deux questions, transformation écologique et performance économique, croissance,
00:41:33 sans se dire qu'à un moment on se décale un peu et qu'on change de lunettes.
00:41:37 Regarder la croissance au seul prisme du PIB, je pense que ça n'a plus de sens aujourd'hui, en 2023,
00:41:43 et que le contenu de la croissance, il est fondamental.
00:41:46 Et qu'on ne peut plus aujourd'hui parler de performance économique sans regarder d'autres indicateurs,
00:41:52 et notamment parce qu'on a une transformation écologique qui est devant nous, qui est monstrueuse,
00:41:56 qui va devoir nous faire vraiment changer... ça va changer nos repères, ça va changer la façon de travailler,
00:42:03 la façon de consommer, la façon de vivre. On évoquait hier les épisodes de canicule, le corps humain,
00:42:09 il ne fonctionne pas pareil quand il fait 40 degrés ou 42 degrés, qu'il faut être au boulot.
00:42:14 Et tout ça, je pense que l'un des points de départ, c'est de se dire, on accepte de changer de repères, d'indicateurs,
00:42:26 et on se pose la question du "qu'est-ce qu'on veut dans le contenu de cette croissance ?"
00:42:30 Et je pense qu'aujourd'hui, une croissance qui ne repose que sur de la performance économique,
00:42:34 elle nous amène dans le mur. Si on n'est pas sur des enjeux de lutte contre les inégalités, de bien-être,
00:42:42 il y a une multitude de qualités des services publics, d'accès aux services publics, on rate le coche
00:42:51 et on va faire comme on a fait depuis 10, 20, 30, 40 ans, et qu'on ne sera pas à la hauteur des enjeux
00:43:00 de cette transformation écologique. Ce n'est pas une piste concrète, mais je pense que c'est un préalable
00:43:06 pour pouvoir commencer à se poser les bonnes questions.
00:43:09 Et à partir du moment où on est d'accord là-dessus, ça veut dire qu'on est d'accord sur le fait
00:43:21 que ça va secouer le cocotier. C'est ça aussi, parce qu'on est face à un défi majeur et qu'il va y avoir
00:43:27 des conséquences fortes et des risques d'inégalités, et ça a été évoqué hier longuement.
00:43:35 Les premières victimes du réchauffement climatique, ce sont les plus précaires.
00:43:43 Et on a un risque devant nous, sociétal et démocratique, qui est majeur, c'est le creusement des inégalités.
00:43:50 Donc là, nous, à notre place, en tant qu'organisation syndicale, porteuse et contributrice à sa place,
00:44:01 de l'intérêt général, on a des solutions en termes... du coup, c'est l'une des raisons pour lesquelles
00:44:06 on travaille avec les associations du PEC du pouvoir de vivre. Je remercie Claire qui est arrivée.
00:44:13 Je pense que nous, on a une palette d'actions qui est extrêmement large, et la possibilité...
00:44:20 et l'une des premières actions concrètes, c'est un élément que je retiens de la table ronde d'hier,
00:44:28 c'est de dire comment on est aussi capable de changer notre façon de voir le dialogue social.
00:44:33 Il y avait un exemple qui m'a beaucoup marquée, épisode de canicule, gestion de crise,
00:44:41 comme on l'a fait au moment du Covid, où on a travaillé sur des plans de continuité d'activité
00:44:48 dans un cadre extrêmement haut et d'un contexte complètement inédit.
00:44:51 On sait aujourd'hui, et je pense que personne ne se cache derrière son petit doigt,
00:44:55 on va tous connaître des épisodes de canicule plus intenses, plus fréquents.
00:45:00 Comment les entreprises... on en fait un objet de dialogue dans les entreprises, mais pas en mode pompier.
00:45:05 Les syndicalistes ne sont pas que des pompiers de situations sociales compliquées.
00:45:10 On peut aussi essayer d'anticiper, de se dire comment on se met autour de la table de façon posée,
00:45:16 et comment on anticipe des épisodes qui, de façon inéluctable, vont se poursuivre.
00:45:25 Et là Anne-Sophie est désespérée sur le temps. Je m'arrête.
00:45:29 Non, non, merci en tout cas à tous les deux.
00:45:33 Je voudrais dire, après il faut voir quelle traduction on donne à tout ça,
00:45:40 mais je suis d'accord avec ce que vient de dire Marie-Elise Léon.
00:45:46 Si je suis très cynique, et il m'arrive d'être cynique, l'intérêt des entreprises,
00:45:51 c'est que le monde autant que possible, mais là ça dépasse largement ma condition,
00:45:54 en tout cas notre pays soit apaisé.
00:45:58 De manière dramatique, ce qu'on a vécu au mois de juillet avec ces émeutes,
00:46:03 dont les explications sont assez confuses encore, et probablement très diverses,
00:46:10 y compris dans les conséquences économiques, c'est dramatique.
00:46:14 En tout cas, moi je m'appliquerai, le MEDEF s'appliquera à lever le nez du guidon,
00:46:18 à intégrer toutes ces dimensions. On est conscient de toutes ces dimensions,
00:46:23 pour qu'on essaie, et qu'on parvienne encore mieux, à concilier le climat, la concorde.
00:46:31 Le pape nous a adressé, pendant trèfle, on aime ou on n'aime pas le pape,
00:46:36 moi je ne suis pas un papiste, il n'y a pas d'ambiguïté entre nous,
00:46:39 le pape nous a adressé un message extrêmement fort,
00:46:41 en pointant certaines déviances dans les comportements des entreprises et des patrons,
00:46:48 mais en saluant surtout le rôle positif et déterminant qu'on a,
00:46:53 et qu'on se doit plus encore d'avoir pour contribuer au bien commun.
00:46:59 C'est l'expression qu'il a utilisée. Moi j'assume tout ça.
00:47:02 Je vous remercie en tout cas à tous les deux.
00:47:05 Je pense qu'il y a un Dominique qui va faire circuler un micro,
00:47:09 parce qu'il y a donc deux micros, et déjà quatre mains tendues.
00:47:13 Je vais vous demander chacun de vous présenter et de vous limiter à une question.
00:47:22 Bonjour, Pierre Ecaillard, CFDT au Vernu-Rhône-Alpes.
00:47:26 Vous êtes issu d'une fédération territoriale du MEDEF. Faut-il y voir un symbole, un signal ?
00:47:30 Que pensez-vous du dialogue social territorial ?
00:47:32 Est-ce que ce n'est pas aussi à cette échelle qu'on pourra traiter efficacement les questions de cadre de vie,
00:47:37 mobilité, gestion des emplois, des parcours professionnels en lien avec la transition écologique, notamment ?
00:47:43 Je vais essayer de faire court. La réponse est dans la question.
00:47:53 Oui, j'ai évidemment cette origine, cette sensibilité.
00:47:58 Je pense que tous, on a beaucoup à gagner en territorialisant.
00:48:02 Il faut trouver la bonne maille, qui n'est pas forcément la même d'un sujet à l'autre,
00:48:05 par exemple sur la mobilité ou sur la formation.
00:48:08 De mon point de vue, ce n'est pas exactement les mêmes interlocuteurs qu'on se doit d'avoir.
00:48:13 Mais évidemment, la proximité, pour moi, est un facteur d'efficacité, tout simplement,
00:48:18 et puis d'engagement. On a tous besoin d'engagement.
00:48:21 Je ne sais pas si j'ai répondu.
00:48:24 Et puis alors, on avait un ronald. Pardon pour les autres.
00:48:28 Bonjour, Véronique Revillaud, secrétaire générale de la Fédération des services,
00:48:35 fédération assez bien dotée en matière de conventions collectives en dessous du SMIC.
00:48:40 Je viens vers vous pour savoir ce que vous envisagez pour la formation en matière de dialogue social des dirigeants et des RH.
00:48:48 Nous constatons beaucoup de lacunes, de difficultés, pas forcément avec des gens de mauvaise volonté,
00:48:53 mais qui n'ont absolument aucune culture en matière de dialogue social.
00:48:57 Je voulais savoir ce que le MEDEF prévoit pour accompagner, notamment en termes de financement,
00:49:02 puisque beaucoup se voient refuser des financements de formation,
00:49:06 et pourquoi pas former en même temps que les représentants du personnel.
00:49:11 (Applaudissements)
00:49:16 Là, ça m'oblige à être long.
00:49:21 Pour essayer d'être bref, on a beaucoup de dirigeants,
00:49:28 peut-être plus encore dans des entreprises dites patrimoniales de taille petite et moyenne,
00:49:36 et leurs managers qui ont perdu leur repère pour toutes sortes de raisons.
00:49:41 D'abord, l'Internet, les intranets font que la hiérarchie, dans bon nombre de cas, a perdu du pouvoir,
00:49:50 parce qu'elle a perdu le pouvoir de l'information.
00:49:52 Il y a des attentes de la part des salariés, d'une manière générale, des jeunes en particulier,
00:49:57 que beaucoup ont encore du mal, j'en fais partie, à décrypter.
00:50:02 Cela nuit probablement à la pertinence, à la qualité, ou parfois même à l'existence même du dialogue social.
00:50:09 Nous avons des programmes, déjà de sensibilisation et de formation, de nos adhérents chefs d'entreprise.
00:50:17 Les RH, normalement, cela doit suivre. J'ai engagé des discussions avec la NDRH sur ces sujets-là.
00:50:27 Il faut qu'une manière assez urgente, je le confesse, il faut qu'on se remette à niveau.
00:50:33 Je le confesse, j'ai parlé de papistes tout à l'heure.
00:50:36 (Rires)
00:50:41 Oui, on a des marges de progression et c'est assez urgent.
00:50:45 Il faut qu'on s'accorde sur les nouveaux repères. Pas simple.
00:50:50 Bonjour, Benjamin Vittel, Fédération Santé Sociale.
00:50:55 Normalement, quand on parle d'innovation, je schématise, mais l'entreprise apprend sur ses bénéfices, elle investit pour l'innovation.
00:51:02 Vous avez parlé d'une enveloppe de 40 milliards pour la décarbonation et l'investissement dans l'innovation.
00:51:09 Ma question, c'est, est-ce que les entreprises vont prendre sur un bénéfice ou est-ce qu'elles vont demander des aides publiques pour financer ces 40 milliards ?
00:51:15 C'est un peu la quadrature du cercle en ce moment.
00:51:19 Si je peux me permettre de votre question, est-ce que vous êtes d'accord avec le rapport Pisani ?
00:51:27 Non, je ne suis pas d'accord.
00:51:31 En l'état, je pense que sur des innovations, la deep tech, comme on dit en bon français, les entreprises, en moyenne des cas, les entreprises françaises, en tout cas celles qui sont concernées par de l'innovation générative, n'ont pas les moyens.
00:51:52 On a donc besoin de partenariats avec les pouvoirs publics.
00:51:55 Ce que j'observe, je me permettrai de vous montrer un graphique que personne ne verra au fond de la salle, donc ça me sauvera la mise.
00:52:01 Ce qu'on observe, c'est que les Américains en particulier sont en train d'accélérer d'une manière spectaculaire en matière d'investissement d'une manière générale et d'innovation en particulier.
00:52:12 C'est complètement dingue, c'est exponentiel et ce n'est même plus un changement d'échelle, c'est un changement de nature.
00:52:18 Il faut qu'on aille beaucoup plus loin dans la collaboration avec les pouvoirs publics, avec une dimension européenne qui est évidemment ultra sensible.
00:52:28 Je ne veux pas trop digresser, mais nous on a des explications assez musclées avec nos homologues allemands, enfin de moins en moins musclés, parce qu'ils finissent par comprendre qu'ils ont intérêt aussi à ce que la France avance et innove.
00:52:43 Ce n'est pas encore stabilisé. Et pour finir de finir, je suis un peu interrogatif quant à la pertinence, en tout cas au fonctionnement de France 2030.
00:52:54 Mais voilà, on a un objet devant nous qui est énorme, celui de l'innovation. Et là aussi, on peut travailler ensemble pour voir où mettre les moyens les plus importants.
00:53:06 Juste un complément. La question ne m'est pas posée, mais j'y réponds quand même. Au moment de la sortie du rapport de Jean-Pyzani-Ferry et de Selma Mahfouz, il y a des pistes qu'on a trouvées extrêmement intéressantes.
00:53:23 Et je pense qu'au moment où on discute du PLF, on voit l'impasse de ne pas vouloir aborder la question de la fiscalité et de la contribution à l'impôt.
00:53:34 Et donc, je pense que la proposition de... Parce qu'on est dans une situation exceptionnelle, urgente, de transformation écologique nécessaire, il faut une contribution exceptionnelle,
00:53:46 des plus aisées, temporaires, pour pouvoir financer tous les investissements qui sont devant nous. Et puis, je rebondis sur France 2030.
00:53:56 Donc c'est un programme de financement d'investissement pour le monde économique. Alors il y a des milliards et des milliards qui sont recyclés dans différents programmes.
00:54:09 Nous sommes dans le comité de suivi de ces aides. Et nous voyons le fait qu'il y ait un certain nombre de fonds comme ça attribués à les entreprises,
00:54:23 qu'il y a des projets extrêmement intéressants qui vont vers la décarbonation. Ce qu'on constate quand même, c'est que ça bénéficie beaucoup aux plus grosses entreprises.
00:54:31 Et qu'on est toujours sur la question de l'évaluation, de l'efficacité de ces aides, qu'est-ce qu'elles produisent réellement.
00:54:38 Et donc, se pose plus que jamais, dans ce cadre-là, la question de la conditionnalité des aides que nous portons à la tête d'Etat.
00:54:48 (Applaudissements)
00:54:57 Alors, ça se passait très bien jusque-là. (Rires)
00:55:01 Bon, je vous montre quand même mon graphique. Je le laisserai à Marie-Lise. Non mais c'est dingue, c'est dingue ce qui se passe aux Etats-Unis à grand renfort de subventions publiques, soit dit en passant.
00:55:13 Bon, conditionnalité. Moi, je n'y crois pas à l'instant. Les aides sont intrinsèquement conditionnées. Une aide à l'apprentissage, ça suppose quand même bien que vous recrutiez un apprenti.
00:55:26 L'augmentation de la fiscalité, je n'y crois pas. Alors, il y a un sujet qui relève de la fiscalité personnelle. À la limite, ce n'est pas le sujet du MEDEF. Enfin, on a quand même la démonstration avec ce qui a été mis en place.
00:55:37 Mais augmenter la fiscalité sur les entreprises, je ne veux pas vous surprendre. Je pense que c'est exactement l'inverse de ce qu'il faut faire. Exactement l'inverse de ce qu'il faut faire.
00:55:47 Enfin, c'est vrai pour les ménages, c'est vrai pour les entreprises. Il y a eu des évolutions que nous, on perçoit comme des avancées, vous peut-être moins, ces dernières années.
00:55:56 Les entreprises françaises restent les plus taxées au monde. On s'entend sur taxes et prélèvements sociaux et impôts. Donc, à un moment donné, en tout cas, moi, je l'interprète comme ça,
00:56:10 il y a un principe de cohérence. Si constamment, constamment, constamment, on augmente les prélèvements obligatoires, les marges de manœuvre n'existent pas pour investir, pour augmenter les salaires, etc.
00:56:24 Moi, j'ai mis les pieds dans le plat sur l'UNEDIC en disant que les excédents, s'ils se vérifient, ça dépendra évidemment de la dynamique du marché de l'emploi,
00:56:37 il y a une partie de ces excédents qui doit revenir aux entreprises par une baisse de cotisation dont une part pourra servir à des revalorisations salariales.
00:56:47 Sinon, c'est arithmétique, on n'y arrivera pas, on ne pourra pas financer la transition profonde de notre économie.
00:56:55 On ne va pas faire le débat et la négo sur l'assurance chômage, mais quand même, démarrer une négo en disant "je veux une baisse de cotisation", c'est public, vous l'avez déjà dit, dans le cadre de...
00:57:04 Voilà, ça va s'annoncer musclé, voilà, ça va être une bonne négociation.
00:57:10 (Applaudissements)
00:57:18 Je préfère qu'on négocie entre nous que de voir tout cet argent partir dans les poches de l'État dont je ne sais pas très bien ce qu'ils feront.
00:57:26 On va avoir le temps de prendre encore deux petites questions, parce que comme on a commencé en retard, on va s'accorder les cinq minutes qu'on nous a volées au début.
00:57:39 Bonjour, oui, bonjour. Sonia Paco de l'URI Aura. Donc on voit bien, et vous avez souligné l'importance finalement du dialogue social pour relever un certain nombre de défis.
00:57:50 On voit bien que ça se passe au niveau de l'entreprise et qu'il y a des négociations, notamment autour des questions de transformation écologique à mener.
00:57:58 Mais quid de ces négociations et de la capacité des IRP à pouvoir les mener, alors même que le rapport de France Stratégie a démontré à travers les évaluations des ordonnances Macron
00:58:10 la perte de moyens significatives des élus du CSE ? Quelle est votre position à ce sujet ? Merci.
00:58:17 (Applaudissements)
00:58:21 On prend la deuxième question dans la foulée.
00:58:24 Aurélie Seigne, secrétaire confédérale. Alors, une petite question juste pour compléter du coup le cas échéant.
00:58:31 Que faites-vous en tant que chef d'entreprise pour permettre un dialogue social de qualité dans votre entreprise, puisque vous êtes attaché au dialogue social au niveau national interprofessionnel,
00:58:40 mais j'imagine au niveau de l'entreprise aussi. Et puis vous aviez auquiel les questions de croissance et climat.
00:58:46 Il y a un année sur dialogue social et transition écologique qui a été signé. Comment est-ce que vous comptez faire en sorte en tant que président du MEDEF que cet année se traduise dans les faits ?
00:58:59 Combien de temps, là ? 5 minutes.
00:59:05 Je vais me mettre moi-même en difficulté. Dans ma propre entreprise, et parfois d'ailleurs contre l'avis de certains cadres dirigeants, moi je suis très soucieux qu'on maintienne et qu'au cas par cas, on redéveloppe un dialogue social de proximité.
00:59:24 Ça, c'est le point de vue de Patrick Martin, chef d'entreprise. Je vous laisse le soin de vérifier. Ce n'est pas un propos d'Estrade.
00:59:31 En tant que président du MEDEF, je pense qu'on a déjà un élément de réponse un peu décalé par rapport à votre question. Avec les discussions qui s'engagent sur les parcours syndicaux,
00:59:46 je pense qu'il doit y avoir... Ne serait-ce que pour susciter des vocations... Je n'arrête pas de m'enfermer dans ces métaphores. Mais c'est vrai d'ailleurs chez les chefs d'entreprise.
00:59:59 On a besoin de militants, on a besoin d'engagement, on a besoin d'interlocuteurs affûtés. Et donc il faut, y compris pour susciter des vocations, qu'il y ait des perspectives d'évolution, y compris à travers les parcours syndicaux.
01:00:15 Je ne peux que vous répéter la position du MEDEF. Il ne faut pas revenir sur ses ordonnances. Peut-être qu'il y a eu des effets de bord. Il faut que dans la pratique, et c'est l'intérêt des entreprises,
01:00:32 elles s'emploient à ce que... Il faut que je pèse mes mots. Il faut qu'elles s'emploient à ce qu'il y ait une bonne qualité de dialogue social de proximité.
01:00:47 Je dois gérer mes propres contradictions en m'exprimant devant vous. Donc je m'arrête parce que ça va devenir terrible.
01:00:54 Il y avait la question des ordonnances et de la transition à l'accord, la nouvelle transition écologique, dialogue social.
01:01:05 Oui, on le met en œuvre cette année. Il est quand même très récent. Nous, on y sera très attentifs. Et ça passe effectivement par beaucoup de pédagogie, de sensibilisation et un peu de contrôle auprès de nos adhérents.
01:01:21 Merci beaucoup. Merci pour la concision des dernières réponses. Il est temps pour nous de conclure ce premier temps d'échange. Je vous remercie tous les deux.
01:01:32 Merci Patrick Martin.
01:01:35 Merci Marie-Lise. Merci à vous tous.
01:01:37 (Applaudissements)
01:01:47 Et je laisse la parole pour un deuxième temps d'échange entre Marie-Lise et Claire Toury à mon talentueux collègue Fabrice Dedieu.
01:01:55 (...)
01:02:24 (...)
01:02:46 Bonjour à toutes et bonjour à tous. C'est le deuxième temps d'échange de cette dernière matinée de l'USE. Un autre enjeu de la rentrée sociale de 2023, c'est la crise démocratique.
01:02:58 Pour en parler, nous avons Marie-Lise Léon, secrétaire générale de l'ACFDT.
01:03:03 (Applaudissements)
01:03:10 Et nous accueillons Claire Toury. Claire Toury est présidente du mouvement associatif qui rassemble environ 700 000 associations.
01:03:18 Elle est membre du Conseil économique, social et environnemental. Vous avez été aussi présidente du comité de gouvernance de la Convention citoyenne sur la fin de vie.
01:03:28 Et vous êtes impliquée dans le pacte du pouvoir de vivre, puisque le mouvement associatif est membre du pacte du pouvoir de vivre et que vous-même faites partie du groupe de coordination du pacte.
01:03:40 Bienvenue à vous.
01:03:41 (Applaudissements)
01:03:47 Alors je pense que ça ne vous a pas échappé que la crise démocratique que l'on vit quand même depuis quelques années a connu un moment assez aigu
01:03:55 durant le mouvement contre la réforme des retraites. Cette crise démocratique, on peut dire que c'est un constat plutôt partagé par de nombreux citoyens.
01:04:05 Selon un sondage mené par l'IFOP... Non, pardon, Ipsos Soprasteria, pour le pacte du pouvoir de vivre, 83% des Français pensent que la crise démocratique actuelle
01:04:16 risque d'empêcher l'adoption de grandes réformes en faveur de la transition écologique et de la justice sociale. Donc on perçoit quand même un blocage en plus dans l'action publique.
01:04:27 Alors la première question, parce qu'on va être quand même un peu optimiste pour cette nouvelle année 2023-2024 qui s'ouvre, c'est est-ce qu'on peut et comment on peut sortir de cette crise démocratique ?
01:04:40 Claire ou Marie-Lise, comme vous voulez.
01:04:42 C'est gentil, bonjour. Merci pour l'accueil. C'est toujours un plaisir de venir à la CFDT. Alors, oui, j'ai envie de dire oui, on peut sortir de la crise démocratique.
01:04:56 Et on a pas mal d'exemples qui montrent que c'est possible. Mais il y a quand même plusieurs conditions qu'il faut réunir. Et je vais essayer de vous en partager quelques-unes
01:05:04 que j'ai essayé de noter en réfléchissant à ce que j'allais vous dire ce matin. Moi, il me semble qu'on sort là de plusieurs mois qui ont vu un conflit de légitimité au pluriel à l'œuvre. Je m'explique.
01:05:19 Vous avez d'un côté la légitimité de l'élection versus mobilisation contre la réforme des retraites, la légitimité de la rue. Deux légitimités qui s'opposent.
01:05:28 Vous avez la légitimité de l'élection versus la légitimité d'une assemblée de citoyens tirés au sort. On va en parler après dans le cadre de la Convention citoyenne sur le climat intemps
01:05:38 et sur la fin de vie plus récemment. Deuxième opposition. Troisième opposition que je connais particulièrement bien. Vous avez la légitimité de l'élection versus celles et ceux qui s'engagent au quotidien
01:05:50 dans des associations pour défendre des grandes causes, pour agir en faveur de la transition écologique et qui, du coup, se retrouvent parfois un peu sur une ligne de crête
01:06:00 à essayer de pousser les murs au risque de se fâcher, d'avoir des tensions avec les pouvoirs publics. Et donc, ces conflits de légitimité, moi, ce que j'ai pu observer ces derniers mois,
01:06:10 c'est qu'on nous a systématiquement renvoyé le fait qu'en tant que corps intermédiaire, on était moins légitime que celles et ceux qui avaient été élus pour gouverner le pays.
01:06:22 Moi, je ne conteste absolument pas la légitimité de celles et ceux qui ont été élus pour gouverner le pays. Pas du tout. En revanche, je me dis que si on ne parvient pas à sortir de ce conflit de légitimité,
01:06:31 la démocratie représentative – parce que quand on parle de crise démocratique, en réalité, on parle d'une crise de la démocratie représentative – pourra pas s'en sortir.
01:06:39 Et donc, c'est là où je pense qu'il y a un énorme malentendu de la part du gouvernement, mais pas seulement. C'est de nous percevoir, nous, corps intermédiaires, comme des limites ou des freins à leur action,
01:06:52 alors qu'en réalité, si on veut renforcer la démocratie représentative, on a impérativement besoin d'autres espaces démocratiques, une démocratie sociale civile, la nôtre,
01:07:01 que moi, j'appelle une démocratie d'exercice, mais on pourra y revenir, et une démocratie participative, en trouvant et en donnant de la place aux citoyens. Ça, c'est le premier point.
01:07:09 Deuxième point, je le dis un peu, c'est la question de renforcer les corps intermédiaires, mais on pourra y revenir. Troisième point qui est très, très, très important, et sur ce sur quoi on travaille avec le Pacte du pouvoir de vivre
01:07:19 et ce qu'on a fait aussi dans le cadre de la Convention citoyenne sur la fin de vie, c'est donner du pouvoir d'agir aux citoyens. On est à un moment où les gens n'ont jamais été aussi éduqués.
01:07:27 Ils ont envie de participer aux décisions qui les concernent, et c'est bien normal, mais pour ça, il faut arrêter de prendre les gens pour des idiots. Et donc ça, ça fait partie aussi des éléments, des pistes de travail.
01:07:36 Et quatrième point, moi, je pense que pour sortir de la crise démocratique, il n'y a pas de magie. Et on pourra y revenir après sur la Convention citoyenne sur la fin de vie, c'est pas magique, en fait.
01:07:45 Qu'est-ce que ça demande ? Ça demande beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail. Mais tout le monde peut travailler. Donc ça qui est intéressant, c'est qu'à partir du moment où ça demande beaucoup de travail,
01:07:54 il y a des sorties qui sont possibles. Donc voilà, c'est un message d'optimisme, mais à condition qu'on s'en donne les moyens.
01:08:00 Marie-Lise.
01:08:03 Claire a quasiment tout dit. Moi, j'avais trois points, elle en a eu un quatrième. Je vais peut-être juste rappeler que, effectivement, tu évoquais, Fabrice, le fait qu'on se situe dans un moment particulier de crise démocratique.
01:08:23 Et qu'il y a un vrai enjeu de prise de conscience collective et de dégager des pistes d'action et de se dire comment on y fait face. Alors ça peut paraître un peu, peut-être, baroque pour une organisation syndicale.
01:08:41 En tout cas, ça ne l'est pas pour la CFDT. Je pense qu'on en est tous et toutes convaincus. On a eu le plaisir d'accueillir Pierre Ozanvalon le premier jour de notre USE, qui nous a aussi parlé de la question de la légitimité.
01:08:53 On a une petite visite des Oies qui nous survolent. Je pense qu'elles cherchent leur amie. On a une Oie qui essaye de rentrer dans leur chapiteau depuis hier.
01:09:07 Je voulais juste revenir un peu au fait que cette question démocratique, ce n'est pas une question conjoncturelle pour la CFDT et du moment, en fait.
01:09:22 Parce que la question démocratique, ça a été un long débat interne au moment où on a changé de nom et qu'on est devenu la CFDT. Je voulais le rappeler ici.
01:09:34 Je pense que c'est important qu'on se le rappelle collectivement entre responsables de la maison. Quand on a décidé de mettre le « D » de démocratie dans notre nom,
01:09:44 et nous sommes la seule organisation syndicale à l'avoir, c'est un message extrêmement fort et c'est une valeur véritablement cardinale.
01:09:52 Ça veut dire qu'on l'a ancré au plus profond de notre action syndicale. Ce souci de préserver et d'être porteur de cette valeur de la démocratie,
01:10:04 et de la porter aussi en interne, bien entendu. Et donc plus que jamais, je pense qu'on est l'organisation, une des plus mobilisées sur cette question démocratique.
01:10:14 Alors une fois que j'ai dit ça, je n'ai pas répondu à la question. Comment on fait ? Je pense que pour compléter ce que dit Claire,
01:10:23 on a une responsabilité en tant que CFDT à ne pas nourrir le renoncement, la désespérance. Ce sont des mots que j'ai entendus, pas forcément sous le chapiteau,
01:10:36 mais ce sont des mots qu'on a entendus lors des pauses ou dans les ateliers. Et je pense que la meilleure façon de lutter contre l'impuissance, c'est l'action.
01:10:47 Et donc en tant qu'organisation syndicale, on a une responsabilité. Et je pense qu'on a des outils intéressants.
01:10:54 Et en tout cas, on a posé un cap aussi qui va dans ce sens au dernier congrès confédéral, avec des projets autour des collectifs de projets.
01:11:07 Et de dire comment on peut mettre en mouvement tous ces citoyens, ces citoyennes, ces travailleurs et ces travailleuses.
01:11:16 Et de dire l'action est possible, l'action paye et on a besoin de chacun et de chacune. Ça, c'est extrêmement important.
01:11:26 Et je pense que notre responsabilité d'organisation, c'est clairement dans les entreprises, les administrations, c'est sur les lieux de travail qu'on peut mener ces actions
01:11:35 de mobilisation, de donner envie de s'engager. Je pense qu'on est une des organisations qui, parce qu'on est cohérent, qu'on est solide,
01:11:45 il faut qu'on donne envie et je pense qu'on peut donner envie. C'est à la fois dans notre fonctionnement, mais aussi sur les thématiques qu'on propose.
01:11:53 Et puis, le deuxième point que je voulais évoquer, c'est la question de l'engagement via le pacte du pouvoir de vivre.
01:12:03 Ça fait partie de l'acte II, on dit ça dans le langage du pacte. On a travaillé sur des propositions communes, maintenant il faut passer à l'action.
01:12:14 Et je pense que moi, je suis convaincue que le pacte du pouvoir de vivre est une réponse à cette désespérance, à cette désillusion.
01:12:24 Alors on va pas tout dévoiler, le pacte, on en parlera après.
01:12:26 Non, mais parce que je pense que le pacte peut devenir ce mouvement citoyen qui permet de lutter contre cette crise démocratique.
01:12:38 Et puis, je l'ai pas dit, mais bien entendu que l'objectif c'est la lutte contre l'extrême droite. On est d'accord.
01:12:44 Parce que l'enjeu, c'est bien de faire en sorte qu'en 2027, Marine Le Pen ne sorte pas la main d'Emmanuel Macron quand il va quitter l'Elysée.
01:12:53 Voilà, ça c'est l'objectif numéro un.
01:12:55 (Applaudissements)
01:13:02 Et puis dernier, je dis, et si vous avez suivi, c'était le deuxième point, il y en a un troisième.
01:13:08 Le troisième, c'est quand tu dis la question des corps, la place des corps intermédiaires.
01:13:13 Il y a un changement culturel à avoir et effectivement il faut que l'exécutif et le monde politique comprennent mieux ce que nous sommes.
01:13:22 Donc ça ne s'adresse pas qu'à l'exécutif, je mets le monde politique dans sa globalité.
01:13:28 Comprennent mieux ce qu'est le syndicalisme, ce qu'est la CFDT, quelle place peut être la nôtre.
01:13:34 Et donc là, ça nécessite un changement culturel.
01:13:38 On a eu moulte promesses et donc l'idée maintenant, c'est qu'il y ait des actes.
01:13:43 Et notamment dans le cadre de... ça n'a pas été annoncé cette nuit, dans le cadre du conclave.
01:13:52 Il y a un conseil national de refondation qui doit être conclave, je continue sur Patrick Martin, si vous nous entendez.
01:14:01 Il y a un conseil national de la refondation plénier avec le président de la République qui est prévu jeudi matin.
01:14:08 Qui sera à le moment où, ça sera le moment du bilan de ce qui a pu être fait depuis un an,
01:14:16 mais surtout des actes et la façon dont... c'est quoi la méthode maintenant ?
01:14:21 Vous voulez rebondir Claire ?
01:14:23 Oui, pardon, du coup je rebondis à tes trois points, en trois points très rapidement.
01:14:27 Non mais la question de l'extrême droite c'est hyper important et c'est aussi pour ça par rapport au pacte.
01:14:31 Nous ce qu'on s'est dit avec les organisations du pacte du pouvoir de livre, c'était que c'était absolument pas envisageable pour nous de nous réveiller le 24, 25, 28 avril, je ne sais pas, 2027,
01:14:41 en se disant on n'a pas tout fait, absolument tout fait pour lutter contre l'arrivée de Marine Le Pen ou de je ne sais qui mais équivalent au pouvoir.
01:14:51 Ça c'est vraiment l'engagement qu'on a pris tous ensemble et je le dis, je le redis, s'il y avait des solutions miracles on les connaîtrait,
01:14:58 mais en tout cas on est tous et toutes extrêmement mobilisés en ce sens là et on a quelques pistes mais ça on y reviendra après.
01:15:03 Ça c'est mon premier point.
01:15:05 Deuxième point quand même pour donner de l'espérance, moi ça me fatigue quand j'entends la société française est désengagée, c'est pas vrai, c'est pas vrai.
01:15:12 Je ne veux pas parler de syndicalisme, c'est pas avec cette casquette là que je parle, mais en tant que représentante du monde associatif on a 20 millions de bénévoles en France.
01:15:20 20 millions de bénévoles en France, c'est délirant.
01:15:24 Et donc ça, enfin je pense qu'il faut le dire, le redire, les gens s'engagent, ils s'organisent et heureusement qu'on n'a pas attendu plein de choses pour s'organiser.
01:15:33 Ça c'est quelque chose de très puissant.
01:15:35 Donc 20 millions de bénévoles en France, 1,5 million d'associations et 70 000 associations qui se créent chaque année.
01:15:40 Le problème, et c'est ça qu'il faut qu'on travaille pour sortir de la crise démocratique et c'est aussi pour ça qu'on est ensemble,
01:15:46 c'est comment on fait pour passer d'une société engagée à une société politisée.
01:15:50 Pas au sens de partisans, mais au sens de mettre en récit les causes.
01:15:54 Ça je crois que c'est vraiment le défi des prochaines années, c'est comment on met en récit les causes, comment on fait qu'elles s'articulent,
01:15:59 comment quand une association agit pour lutter contre les inégalités dans son territoire,
01:16:05 elle le fait aussi en pensant transition écologique, éducation populaire, vie culturelle, etc.
01:16:11 Et donc ça c'est un peu l'enjeu et c'est notre responsabilité en tant que tête de réseau.
01:16:15 C'est comme ça qu'on dit dans le monde associatif, mais c'est super structure, un peu métastructure,
01:16:19 c'est quel récit on construit pour donner envie aux gens de s'impliquer davantage et de participer à quelque chose qui est un peu plus grand qu'eux,
01:16:26 au service d'un projet de société. Et c'est ce qu'on fait avec le pacte du pouvoir de vivre.
01:16:31 Et j'avais un troisième point que j'ai oublié, j'aurais dû le noter, mais c'est pas grave.
01:16:37 Ah oui si si si, et dernier point sur la question de la considération des corps intermédiaires,
01:16:42 nous aussi en tant qu'organisation associative on le vit en premier lieu, je sais pas si vous avez entendu parler de la loi visant à conforter les principes de la République.
01:16:49 Maintenant on doit signer un contrat d'engagement républicain pour montrer pas de blanche pour avoir des subventions.
01:16:54 Je dis pas qu'il faut pas lutter contre les séparatismes, pas du tout, et je serai la première à le faire.
01:16:59 Par contre ça, c'est pas acceptable pour nous. Et pour le coup il y a un consensus des acteurs associatifs contre ça,
01:17:04 ce qui n'arrive quand même pas tous les jours donc je le dis, contre ce texte qu'on vit comme une défiance.
01:17:09 Et pourquoi j'insiste là-dessus ? Parce que ce texte il illustre une vraie méconnaissance de la part des pouvoirs publics de ce que sont les associations,
01:17:16 et a fortiori de ce que sont les corps intermédiaires. On est pas là pour faire plaisir aux pouvoirs publics.
01:17:22 Parfois on fait plaisir aux pouvoirs publics. Ça peut arriver, on est pas là pour ne pas leur faire plaisir non plus.
01:17:26 Mais la démocratie c'est aussi accepter les aspérités. Et ça je crois que ce que, on en parlait, on en a parté tout à l'heure,
01:17:32 mais on verra ce qui se passe en 2027, mais ce qu'on va devoir réparer d'une manière ou d'une autre, c'est cette espèce de,
01:17:38 ce mouvement de dépolitisation qu'on observe quand même là depuis quelques années. Comment on fait pour accepter les aspérités,
01:17:45 pour accepter le débat dans la nuance ? Parce que ça c'est la méthode CFDT, la nuance.
01:17:50 C'est quand même un peu pour ça que vous êtes connus, reconnus, et moi je trouve que c'est assez admirable,
01:17:54 et il faut le marteler, mais la nuance ça veut pas dire qu'il n'y a pas de conflit. Et ça c'est important d'accepter ça,
01:17:59 la démocratie c'est aussi des aspérités, et c'est pour ça qu'on a besoin de corps intermédiaires forts.
01:18:03 (Applaudissements)
01:18:10 Alors dans ce contexte général que l'on vient de rappeler, un objet démocratique, on va dire à l'origine non identifié,
01:18:17 mais qui est désormais est apparu, c'est la convention citoyenne. Il y en a eu une sur le climat, si mes souvenirs sont bons, en 2019,
01:18:25 et il y en a eu une deuxième entre décembre 2022 et avril 2023 sur la question de la fin de vie.
01:18:31 Alors Claire déjà on peut rappeler en quoi consiste une convention citoyenne, qu'est-ce que c'est cet objet ?
01:18:37 Alors je vais vous parler de celle de la fin de vie parce que je l'ai vécue en direct, j'ai laissé quelques reads,
01:18:43 un peu d'espérance de vie parce que c'était quand même super intense, 4 mois c'était génial.
01:18:47 Mais en gros, en septembre 2021, le comité d'éthique remet un avis, l'avis 139, qui ouvre pour la première fois la porte à une aide active à mourir.
01:18:58 A partir de là, le président de la République annonce l'organisation d'un débat national, pas un grand débat,
01:19:03 mais un débat national sur la question de la fin de vie avec plusieurs contributions, contributeurs,
01:19:08 dont la pierre angulaire de ce débat, la contribution citoyenne via l'organisation d'une convention citoyenne pour traiter de cette question-là.
01:19:17 A partir de là, le CESE, donc le Conseil économique, social et environnemental, est saisi,
01:19:21 puisque c'est désormais la Chambre qui organise les exercices de participation citoyenne de ce type.
01:19:27 Et donc du coup, le CESE met en place un comité de gouvernance ouvert, composé de 14 personnes, des gens du CESE, des gens de l'extérieur,
01:19:35 pour organiser cette convention. Donc moi, j'ai la chance de présider ce comité de gouvernance,
01:19:40 et donc du coup, on commence le boulot en septembre pour lancer la convention en décembre.
01:19:44 Et donc pour ça, on tire au sort des citoyens. Je ne sais pas si vous vous rappelez, pour le climat, c'était les 150.
01:19:50 Vous avez rappelé ces chiffres, les 150. Donc nous, on commence, et je vous raconte cette anecdote,
01:19:54 parce que c'est très important pour la suite, on commence notre avance en se disant, on veut au moins 150 citoyens,
01:19:59 puisque maintenant, c'est la base. Et donc on se dit, on ne veut pas, contrairement au climat,
01:20:05 on veut que ce qui termine ait commencé. Donc on ne veut pas de tirage au sort à la fin, si certains arrêtent en cours de route.
01:20:10 Et donc on se dit, pour qu'on finisse à 150, on va en tirer au sort 170. Et puis l'organisation qui se charge du tirage au sort nous dit,
01:20:20 si vous en voulez 170 le 9 décembre, le jour du lancement de la convention, il faut que vous en tiriez au sort 185 le 2,
01:20:28 pour être sûr qu'ils soient tous là. Donc nous, on dit, ok, bien sagement. Et donc le 2 décembre, on en avait 185,
01:20:34 le 9 décembre, on en avait 185, et le 4 avril, 3 avril, on en avait 184. Et ça, c'est quand même un truc de dingue quand on y pense,
01:20:43 parce que c'est 9 week-ends, imaginez, passer 9 week-ends de votre vie à parler de la fin de vie,
01:20:50 alors que vous avez des familles, des contraintes, un boulot, plein de choses à faire, ça montre quand même, encore une fois,
01:20:58 qu'on n'est pas dans une société désengagée et que dès lors qu'on a les bons outils, on peut mobiliser les citoyens de manière assez approfondie.
01:21:05 Je vous raconte cette anecdote parce que je trouve qu'elle en dit beaucoup, et je précise, 185-184, c'est parce qu'il y a une personne
01:21:12 qui a trouvé du boulot et qui ne pouvait pas se libérer le vendredi. Ça va, c'est une bonne raison. Voilà.
01:21:19 Bon bref, et donc je précise, ces citoyens sont indemnisés, on pourrait y revenir là-dessus, mais tout est fait pour que ce ne soit pas un espace inégalitaire.
01:21:27 Donc tirage au sort avec une diversité de profils, hommes-femmes, on a pris la France, on a regardé combien ça faisait en version 185,
01:21:36 et donc hommes-femmes, diversité d'âge, origines géographiques, niveau de diplôme, catégorie socio-professionnelle, et avec un point particulier
01:21:45 qui est une décision du comité de gouvernance, qui est la présence de personnes issues de la grande précarité, parce que ça nous semblait essentiel
01:21:51 qu'ils puissent participer au débat, je me dépêche, participer au débat, et donc du coup pour ça, on a fait appel à ATD Carmond,
01:21:57 puisque le tirage au sort classique ne permettait pas que ça fonctionne. Voilà. Et donc ces 185-184 ont travaillé pendant 9 week-ends
01:22:05 sur la question "le cadre d'accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d'éventuels changements devraient-ils être introduits ?"
01:22:12 Et donc on remit un rapport au président de la République qui répond en gros "le cadre d'accompagnement est-il adapté ? Non.
01:22:18 D'éventuels changements devraient-ils être introduits ? Oui. Mais vous allez me dire "on ne fait pas une convention citoyenne pour ça".
01:22:23 Et donc il y a plein plein plein de propositions, et notamment une partie de controverses autour de la question de l'aide active à mourir,
01:22:30 qui disent à 75% "oui" en faveur d'une aide active à mourir, mais qui montrent en fait que c'est une question qui est hyper complexe,
01:22:38 et qui pose plein plein plein de nuances, qui sont exposées dans ce rapport. Et dernier point, premier, après j'arrête de parler.
01:22:44 Moi ce que je retiens vraiment de cet exercice assez remarquable d'un point de vue démocratique, c'est que 1) on peut ne pas être d'accord et se respecter.
01:22:54 Ça c'est vraiment très important, puisque le rapport final a été adopté par 93% des citoyens, c'est-à-dire même par celles et ceux qui étaient contre
01:23:04 les propositions en faveur de l'aide active à mourir. Pourquoi ? Parce que les opinions minoritaires sont présentées de manière respectueuse dans le livrable.
01:23:13 Donc ça c'est vraiment très très important. Il y a du consensus pas impératif. Deuxième élément qui me semble vraiment majeur,
01:23:21 je le disais tout à l'heure, c'est que la démocratie ça se travaille. Les gens me disaient un peu de l'extérieur "ouah ce que vous êtes en train de vivre ça a l'air magique,
01:23:30 ces gens, ces oeufs qui débattent sans s'insulter quand on voit ce qui se passe à l'Assemblée Nationale en même temps". C'est vrai que c'était assez différent,
01:23:38 mais c'est pas magique, c'est du boulot. Et dernier point, je l'ai un peu dit mais j'insiste là-dessus, ça montre que quand on a les bons outils,
01:23:45 on peut permettre à des citoyennes, des citoyens de tous les horizons de travailler ensemble de manière exigeante.
01:23:52 Mais quelle place peut avoir cet outil ? Parce qu'au final c'est l'exécutif qui demande à organiser cet exercice. Ce sont des citoyens qui participent,
01:24:03 mais d'un autre côté ils votent aussi pour des députés qui les représentent dans une assemblée. Là ce sont des propositions qui sont remises,
01:24:10 qui sont non pas contraignantes, enfin je veux dire c'est pas transformé automatiquement en une loi, donc comment ça s'organise finalement ?
01:24:16 Alors, moi j'ai toujours été très claire là-dessus, je pense que chacun doit avoir sa place. Et donc, je le disais, on va pas contester,
01:24:24 moi je défendrais jamais le fait qu'on conteste les institutions de la République. Il y a des gens qui ont été élus pour faire des lois.
01:24:30 Sauf que la démocratie, la décision, elle se construit pas simplement à 500 et quelques personnes. J'ai un doute sur le nombre de députés, c'est un peu long.
01:24:38 - 577. - Merci. Voilà, 577 députés, c'est pas comme ça que ça se passe. Et donc, moi il me semble qu'il faut voir ces conventions citoyennes
01:24:45 non pas comme un truc artificiel, non pas comme un moyen de gagner du temps, non pas comme un moyen de détourner l'attention comme ça a pu être dit,
01:24:52 mais vraiment comme une nouvelle brique, comme un nouveau maillon dans la construction de la décision sur certains sujets. Je dis pas sur tous les sujets,
01:25:00 mais je pense sur des sujets qui sont, comme la fin de vie, c'est l'exemple parfait, la fin de vie, on en parle depuis, j'allais dire, la nuit des temps,
01:25:07 mais ça fait quand même longtemps qu'on a des débats sur la fin de vie, et on voit bien que dans les espaces traditionnels de représentation d'intérêts classiques,
01:25:14 qui sont aussi les nôtres, on n'arrive pas à trancher. Et donc c'est une forme de courage politique que de dire "Ok, on va prendre le temps pendant quelques mois
01:25:22 de se décaler et de demander à monsieur et madame tout le monde, qui n'ont a priori pas d'intérêt, de nous donner un avis éclairé grâce à une convention citoyenne".
01:25:31 Et donc il me semble que pour ces sujets c'est assez important. Et il y en a sans doute d'autres, des sujets qui n'ont pas été défrichés.
01:25:36 Moi j'aimerais bien par exemple qu'on fasse une convention citoyenne sur le consentement à l'impôt. Je trouverais ça hyper intéressant.
01:25:42 Alors voilà, je le dis, parce que je sais qu'on en regarde, donc j'insiste, mais vraiment une convention citoyenne sur le consentement à l'impôt,
01:25:49 d'où ça vient, pourquoi l'impôt c'est constitutif aussi de notre système, notre République, etc. Ce serait un sujet intéressant.
01:25:57 Je crois que votre collègue Hélène Landemore, qui est chercheuse et qui était membre du comité d'organisation, a dit dans une interview que tous les sujets pouvaient être débattus en convention citoyenne.
01:26:08 Ouais, c'est vrai. Voilà. Salut Hélène.
01:26:15 En tout cas cet outil, est-ce qu'il a des points faibles ? Il a des points forts ? On les a entendus.
01:26:22 Il a des points. Le vrai risque de ces outils-là, c'est la redevabilité. En fait c'est toujours pareil. Un moment, ne pas demander à des gens de donner 4 mois de leur vie à un sujet comme celui-ci,
01:26:33 pour ne rien faire de ce qu'ils ont proposé et produit.
01:26:39 C'était un peu ce qui s'était passé pour le climat.
01:26:41 Alors effectivement, après, pour le climat, on était vraiment dans un contexte très différent. Et franchement, moi j'admire, mais vraiment j'admire les gens qui ont organisé la convention climat,
01:26:51 parce qu'organiser une convention c'est vraiment du boulot. Mais nous on avait un précédent. Eux ils ont dû tout construire.
01:26:59 Franchement, vraiment j'admire le boulot qu'ils ont pu faire. Mais après voilà, quand on fait des exercices comme ça, c'est une matière organique la démocratie encore une fois.
01:27:06 C'est des humains qu'on a en face de nous. Donc on tâtonne, on progresse. Et il me semble que le point de départ de la convention fin de vie n'est pas le même que la convention climat.
01:27:14 Et les promesses n'ont pas été les mêmes.
01:27:16 Donc voilà pour ce qui est du débouché, le président de la République a annoncé le 3 avril un plan décennal en faveur des soins palliatifs, ce qui était une des demandes.
01:27:23 Et surtout une aide active à mourir à la française. De toute façon, on ne sait pas encore très bien ce que ça veut dire dans les prochains mois.
01:27:30 Et normalement, avant la fin de l'été, donc c'est-à-dire d'ici trois semaines, un projet de loi devrait être déposé en ce sens.
01:27:37 Est-ce qu'on pourrait imaginer que la convention citoyenne puisse s'auto-saisir d'un sujet et ne pas attendre que le gouvernement lui dise "voilà, on a ce sujet, on ne sait pas trop comment faire, allez-y" ?
01:27:48 C'est possible. Le CESE en tout cas peut faire ça. Il peut décider d'organiser une convention citoyenne sur un sujet qu'il choisira lui-même de lancer.
01:27:57 Alors moi, pendant la convention fin de vie, j'aurais dit "est-ce que c'est vraiment une bonne idée de faire ça ?"
01:28:03 Parce qu'en fait, ce qui tient quand même les gens, c'est la perspective d'un débouché politique. Mais bon, à voir.
01:28:10 Comment la CFDT, Marie-Lise, pourrait accompagner cet outil ?
01:28:15 Ce n'est pas tout à fait de même nature, mais moi, j'ai le souvenir de la démarche qu'avait lancée le président de la République après les Gilets jaunes sur le grand débat national.
01:28:25 Et donc nous, on s'était pas mal mobilisés sur le fait qu'on puisse profiter de ce moment pour pouvoir proposer des débats.
01:28:37 Parfois dans des entreprises, des administrations, à l'échelle territoriale, il y avait beaucoup de choses qui avaient été faites.
01:28:44 Et ça avait été extrêmement riche, comme tu dis. C'est une question, un exercice pratique de la démocratie qui transforme.
01:28:52 Qui transforme ceux qui y participent. Et ça, je trouve ça formidable. Et c'est une partie de la démocratie, en fait.
01:28:58 On peut malheureusement souvent trop la résumer à la décision. La décision ou le résultat, en fait, de la délibération.
01:29:07 Si je reviens sur le grand débat, ce qui m'avait marqué, c'est les débouchés.
01:29:14 Et en fait, le fait que... Enfin, je sais pas si vous vous souvenez, il y avait des cahiers de doléances qui avaient été ouverts dans les mairies.
01:29:19 Je ne sais pas qui a regardé ces... Finalement, toute cette matière, comment elle a été exploitée, à quoi ça a servi, etc.
01:29:28 Et puis, quand tu dis sur ce que j'ai aussi eu comme... Les différentes conventions citoyennes, et notamment sur le climat,
01:29:39 on avait eu un débat avec quelques participants à la convention climat lors d'un CNC.
01:29:46 Je sais pas si vous vous rappelez, qui était en visio parce que Covid oblige. On s'était adapté.
01:29:51 C'était extrêmement... Ils témoignaient de l'intérêt qu'il y avait eu. Ils le vivent.
01:29:58 Alors tu dis, ils donnent 4 mois de leur vie. Tout se dit que c'est une expérience personnelle d'un enrichissement incroyable.
01:30:06 Donc la question, c'est... Moi, je suis vraiment... Je pense que parce que ça transforme les uns et les autres,
01:30:13 c'est extrêmement intéressant et je pense qu'il faut pouvoir... C'est un exercice de la démocratie qu'il faut pouvoir démultiplier.
01:30:19 La difficulté, c'est que sur un enjeu comme la fin de vie, c'est 184 personnes.
01:30:25 Comment on permet à tous les citoyens de pouvoir accès à cet enrichissement ?
01:30:31 C'est peut-être démultiplier des conventions citoyennes. Moi, je pense sur les enjeux de transformation écologique,
01:30:36 il y a des solutions locales qui vont devoir être menées. Pourquoi pas se dire "On démultiplie ce type de convention
01:30:42 à l'échelle territoriale pour pouvoir trouver aussi des solutions extrêmement concrètes et impliquées ?"
01:30:48 Moi, je pense que la question de l'engagement, il y a une volonté d'engagement et il y a une nécessité d'implication qui est majeure.
01:30:54 Mais la question du débouché, elle est majeure parce qu'on est en crise démocratique, qu'il y a une grande défiance
01:31:03 et qu'effectivement, on ne peut pas mentir. On ne peut pas mentir aux gens.
01:31:08 Même si c'est un enrichissement personnel, il faut qu'ils puissent aussi être convaincus que ça va servir et qu'il y aura une suite.
01:31:16 Et ça, c'est toujours un des enjeux, je pense que c'est crucial et sur lequel il faudrait être vigilant ou exigeant
01:31:26 selon les modalités ou qui est à l'initiative de ce type de lancement.
01:31:32 Alors, nous allons continuer dans notre matinée. Un autre objet d'expression de la société civile, c'est le pacte du pouvoir de vivre
01:31:42 que la CFDT a co-fondé. Marie-Lise, tu voulais revenir peut-être un peu sur ce moment de la fondation du pacte du pouvoir de vivre
01:31:50 et les objectifs qu'il s'était assignés à ce moment-là, donc en 2019.
01:31:54 Alors, le pacte, c'est effectivement 2019, crise des gilets jaunes, une proposition par notre secrétaire général de l'époque
01:32:08 d'organiser une grande conférence pour mettre tout le monde autour de la table, une réponse claire et nette,
01:32:14 3 minutes après en JT en direct, ça sera donc, et donc une volonté d'agir, enfin une volonté de dire comment on peut trouver des solutions
01:32:26 à la crise qu'on traverse avec plusieurs organisations. A l'époque, il y avait 19 organisations qui se réunissaient régulièrement
01:32:34 et en fait ça datait ce collectif un peu plus resserré de la galaxie CFDT, si je puis dire, si on se met au milieu,
01:32:43 bon en même temps c'est notre USE, c'était un collectif un peu resserré qui était né déjà des suites des attentats de 2015.
01:32:55 On s'était dit mais là on vit un événement historique, dramatique, ça interroge la question d'être société et de faire société ensemble
01:33:08 et donc c'était un collectif de réflexion, de partage, d'analyse qui permettait de nous enrichir régulièrement.
01:33:17 Ce collectif, ça s'appelait les places de la République, s'est transformé, il a muté un peu en pacte du pouvoir du vivre au moment de la crise des gilets jaunes
01:33:27 où on s'est dit bon, on fait une proposition de mettre tout le monde autour de la table qui n'est pas fructueuse, c'est le moins qu'on puisse dire,
01:33:37 donc l'idée était de se dire on continue de se parler mais est-ce qu'on n'aurait pas intérêt à montrer qu'une autre voie est possible
01:33:46 et qu'on peut faire vraiment des propositions concrètes ensemble.
01:33:51 Donc on démarre à 19 et là commence en fait un autre travail, c'est-à-dire qu'au lieu de partager des analyses, on se dit qu'est-ce qu'on peut proposer ensemble.
01:34:00 Et là on arrive à produire 60 propositions, au début c'est le pacte et l'idée elle est de lier tous les enjeux autour de la démocratie,
01:34:12 la transition écologique, de la justice sociale et de l'action, tout ce qui est autour de l'action publique, des services publics,
01:34:20 c'est-à-dire comment tous ces éléments qui peuvent paraître parfois antagonistes, comment on les concilie et au lieu de dire
01:34:29 que c'est possible, on fait la démonstration que des propositions cohérentes sont possibles en mariant tous ces sujets.
01:34:41 Donc ça, ça a été une aventure extraordinaire.
01:34:46 Et le collectif a beaucoup progressé.
01:34:48 Et le collectif nous partime 19, nous arrivons à 65 ou 66 et c'est pas fini parce qu'il y a encore des structures qui nous rejoignent.
01:34:56 La volonté c'était de donner à voir que concrètement c'est possible qu'on peut faire des propositions.
01:35:03 Et puis, alors, c'était pas une convention citoyenne, mais ça a été un moment où il a fallu pour se dire on se met d'accord pour des propositions communes,
01:35:12 on se confronte à l'enjeu de l'emploi et de la transition écologique et donc avec des associations environnementales.
01:35:20 C'était un moment où on a eu des échanges sur les émissions de gaz à effet de serre, la place de l'aérien par exemple.
01:35:27 Alors autant vous dire qu'on a un peu transpiré en pensant à nos copains, les copains de la FGTE.
01:35:34 Donc c'était des... et en fait, ce qui est extrêmement intéressant, c'est un espace dans lequel tout le monde a un objectif d'intérêt général,
01:35:46 véritablement, et où on est tous conscients que c'est parce qu'on saura faire un pas de côté vers l'un ou l'autre qu'on pourra faire progresser tout le monde.
01:35:58 Ça veut dire que les propositions du Pacte du pouvoir de vivre, c'est pas le VDM, mais comme c'est FDT en fait.
01:36:04 C'est pas notre cahier revendicatif, mais on est capable parfois de faire un petit pas de côté pour se dire je me rapproche d'un autre ou d'une autre,
01:36:12 d'une autre structure pour pouvoir porter en commun des propositions. Et donc c'est extrêmement... c'est une aventure extraordinaire.
01:36:22 Alors je vois que le temps tourne et on va quand même se réserver un temps d'échange avec la salle, mais avant, au mois d'avril, il y a eu une conférence de presse du Pacte du pouvoir de vivre
01:36:31 où des annonces ont été faites, transformer le pacte en espace d'engagement, créer une école... alors comment ça va se concrétiser ?
01:36:41 Alors juste avant de répondre à ça, je rebondis juste sur ce que dit Marylis, parce que c'est très important en deux mots.
01:36:46 Le pacte est devenu vraiment un objet en soi. Et ça c'est pas si facile. 65 organisations avec des cultures d'organisations hyper différentes
01:36:55 qui sont elles-mêmes rassembleuses d'organisations, enfin vous voyez le truc. Mais là on a réussi à en faire un objet politique en soi.
01:37:00 Et donc du coup, le défi c'est de réussir à porter des propositions, un message qui est celui dit pacte.
01:37:06 Et pour ça, c'est exactement ce que disait Marylis, c'est on donne un peu de nous-mêmes, on prend un peu des autres, et on en fait quelque chose d'hyper puissant.
01:37:13 Et ça démocratiquement, c'est assez balèze. Mais pour ce qui est de l'acte 2 du pacte, alors, 3 points.
01:37:20 Premier point, alors on le disait, tout faire pour lutter contre l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
01:37:25 Ça c'est vraiment l'objectif, il n'y a pas que ça, mais c'est un peu l'objectif qui nous rassemble tous.
01:37:30 Et ça, ça passe par le fait de gagner la bataille culturelle. Et gagner la bataille culturelle, ça veut dire former des gens qui ont la culture pacte.
01:37:39 Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on lance là, dans quelques semaines, je vous donne pas de date parce qu'on est en train de caler les agendas,
01:37:45 mais dans quelques semaines, la première école du pacte du pouvoir de vivre, et surtout la première école qui délivre une formation par la société civile organisée elle-même à des jeunes.
01:37:55 Et cette première année, qui est une année un peu expérimentale, on verra, on va sans doute être amené à progresser à chaque fois,
01:38:01 mais cette première année, c'est 50 jeunes de 18 à 35 ans qui vont candidater, donc qui sont pas forcément issus de nos organisations,
01:38:09 qui peuvent l'être, et qui ont envie de s'impliquer très fortement pour acquérir les connaissances, les compétences du pacte, et donc du coup, être plus forts de ce point de vue là.
01:38:20 Donc concrètement, ça va prendre quelle forme ? Pendant environ 20 semaines, pas les unes à la suite des autres, mais en tout sur 20 semaines, il y aura des webinaires,
01:38:29 et donc du coup, chaque semaine, à raison de deux webinaires par semaine, les 50 jeunes dont je vous parle vont suivre des formations délivrées par les organisations du pacte,
01:38:38 sur les libertés publiques, sur le dialogue civil, sur la transition écologique, sur le droit au logement, sur la lutte contre les inégalités, contre la pauvreté, etc.
01:38:48 Ça va se matérialiser sous forme de rencontres, donc trois journées en présentiel, puisque l'objectif c'est aussi de créer un réseau de ces 50,
01:38:56 qui ensuite prendra de l'ampleur, et puis par des modules un peu complémentaires et ciblés selon l'actualité, selon les appétences des organisations membres.
01:39:07 C'est assez important pour nous, alors on commence à 50, c'est assez modeste, vous allez me dire "mais il faut bien commencer quelque part",
01:39:12 mais c'est très important, parce que ça va nous permettre d'avoir des ambassadeurs du pacte chez les jeunes, qui vont être formés avec la culture du pacte.
01:39:19 Et après, on ne sait pas ce qu'ils feront, peut-être qu'ils vont s'engager ailleurs, mais ça veut dire que quand ils s'engageront ailleurs,
01:39:24 s'ils sont amenés à prendre des responsabilités dans l'entreprise, des responsabilités politiques, associatives, etc.,
01:39:31 ils les prendront en ayant ces fondamentaux, et on espère comme ça que ça va un peu essaimer.
01:39:36 Première annonce, c'est ça. Deuxième annonce, c'est le fait de répondre, alors vous parliez du sondage qui a été fait avec Ipsos,
01:39:44 37% des Français affirment dans ce sondage que la crise leur donne envie de s'engager encore plus face à la quiétude,
01:39:51 donc on voit bien qu'il n'y a pas de renoncement, et donc nous, on a eu envie de répondre à cette envie d'agir des citoyennes et des citoyens,
01:39:57 et d'ouvrir aux citoyennes et aux citoyens la possibilité de s'impliquer directement en tant que citoyenne, en tant que citoyen dans le pacte.
01:40:05 Alors là c'est pareil, c'est un peu un big bang, parce que vous savez comment on est, on a nos organisations, on se dit que voilà, ça doit passer par nous,
01:40:12 mais comme le pacte est un peu un objet distinct, enfin distinct et pas tout à fait distinct, ça nous semblait important de pouvoir offrir cette possibilité-là,
01:40:20 et donc de répondre à cette envie d'agir à des citoyens qui ont envie de s'impliquer sur un territoire, avec les groupes locaux ou pas,
01:40:27 enfin voilà, toutes les modalités sont encore à définir, et de porter un projet concret, parce que ce dont on a impérativement besoin pour garder quand même l'espoir,
01:40:34 c'est de victoire, on va dire, et les victoires c'est pas forcément des grands trucs, ça peut être des victoires très locales, je sais pas,
01:40:41 organiser, créer un jardin partagé, s'assurer que le stade de foot soit accessible, enfin il y a plein de manières de penser les victoires.
01:40:48 Et troisième point qu'on a annoncé, et le constat qu'on fait, c'est qu'il faut qu'on donne beaucoup plus à voir ce que l'on est, vis-à-vis de l'extérieur,
01:40:56 et qu'on se rassemble, et donc du coup ça va donner quoi ? Ça va donner l'organisation, a priori en mars, d'une journée du pouvoir de vivre,
01:41:03 qui rassemblera largement, celles et ceux qui ont envie, les organisations, et puis les gens qui sont curieux, donc le format de la journée aussi à préciser,
01:41:11 mais pour partager nos propositions, et surtout pour bien mettre de l'éducation populaire dans ce qu'on fait.
01:41:18 Parce que ça c'est très important quand on parle de transition écologique, quand on parle de justice sociale, quand on parle de crise démocratique,
01:41:24 parfois c'est un peu... ok, ça veut dire quoi concrètement, et comment on fait pour ne pas être face à un mur et avoir l'impression qu'on va jamais s'en sortir ?
01:41:34 Et ça, ça implique de remettre de l'éducation populaire, et donc du coup de permettre aux personnes intéressées, curieuses, qui ont envie de s'impliquer,
01:41:44 de s'approprier nos sujets avec leurs mots, d'en débattre, et puis surtout de penser des actions pour redonner du pouvoir d'agir.
01:41:51 Merci Claire. On passe aux questions avec la salle ?
01:41:57 Comme tout à l'heure, des micros vont circuler dans les allées.
01:42:03 Bonjour, Christophe Rondel pour la CFDT Bretagne. Bonjour tout le monde, des Gamermates.
01:42:28 Vous avez dit Claire qu'il y avait 20 millions de bénévoles dans le monde associatif, pourtant il y a une petite musique qui dit qu'il y a de plus en plus de consommateurs dans le milieu associatif.
01:42:40 Quel est votre point de vue à ce sujet-là ?
01:42:45 C'est un vrai point, en fait, qui sont ces bénévoles, que font-ils, etc. Donc ça c'est une vraie question.
01:42:51 On voit que certains arrivent à l'engagement ou arrivent dans le monde associatif pour consommer une activité, mais ça j'ai envie de dire, moi je m'en fiche un peu de savoir pourquoi les gens arrivent.
01:43:00 Ma question c'est pourquoi ils restent ? Et donc c'est ça le sujet. Si jamais ils arrivent parce qu'ils ont envie de faire du foot et que l'association sportive du cours leur propose de faire du foot avec d'autres,
01:43:11 peu importe la raison pour laquelle ils viennent. Par contre ce qui est important c'est que quand ils vont faire du foot dans cette association-là,
01:43:17 ils prennent bien conscience que c'est pas faire du foot dans un club privé lucratif classique. Et pourquoi ? Parce que c'est créer du lien social, ça veut dire qu'il y a de la transmission,
01:43:24 c'est gérer des plus jeunes, c'est se débrouiller avec des bouts de ficelle parfois et donc avoir des moments de convivialité pour faire rentrer un peu de sous pour pouvoir financer la compétition sportive suivante.
01:43:35 Je parle de ça comme si je connaissais des choses à la compétition sportive, ce qui n'est pas du tout le cas, mais vous m'en voudrez pas. Mais en tout cas sur le lien social, ça oui, je connais.
01:43:43 Et donc voilà, la question c'est pourquoi il reste ? Et à partir de là, on a réussi le coup et les gens restent, puisqu'on a toujours 20 millions de bénévoles en France, ça ne diminue pas.
01:43:54 Là où on a une difficulté, mon associatif, c'est sur le bénévolat de gouvernance, puisque le bénévolat de gouvernance a surtout été entre les mains des plus âgés, on va dire.
01:44:03 Et là, il y a un effet Covid, les retraités disent "Ok, vous êtes bien gentils avec tout ça, mais à un moment, moi j'ai envie de partir, de gérer mon temps, de profiter de mes petits-enfants,
01:44:12 de vivre ma vie, et donc j'ai envie de passer la main". Sauf que ça ne fait pas forcément très envie de prendre des responsabilités dans une association, et la difficulté c'est comment on fait pour que les actifs,
01:44:24 en gros, aient plus de temps pour pouvoir s'impliquer davantage dans le monde associatif. Parce que, et je vais finir là-dessus, on parle beaucoup du désengagement des jeunes,
01:44:32 et pourquoi on reste à 20 millions de bénévoles ? Parce que malgré la diminution du bénévolat des plus âgés, pour les raisons que je viens de vous partager,
01:44:40 on a une augmentation du bénévolat des plus jeunes dans le même temps. Et ça c'est très important, sauf que les plus jeunes, c'est un peu caricatural ce que je dis, pardon,
01:44:48 mais ils n'ont pas forcément envie de se taper les dossiers de subvention, et ils ont envie de monter des projets et d'avoir un impact concret au quotidien grâce à leur engagement.
01:45:00 Une autre question ?
01:45:04 (...)
01:45:20 Merci. Aurélie, c'est une secrétaire confédérale. Vous dites, c'est un peu en prolongement de la question qui vient d'être posée, vous dites qu'il n'y a pas de crise de l'engagement,
01:45:31 et pour autant, ce que vous décrivez sur cette transition générationnelle dans le monde associatif, on entend dire que l'engagement se fait moins sur une association pour la vie entière,
01:45:51 mais peut-être davantage un petit peu à la carte. C'est des questions qui s'adressent aussi au syndicalisme. Est-ce que les adhérents sont prêts à devenir militants ?
01:46:03 Est-ce que du coup il y a une crise de responsabilité à défaut d'une crise d'engagement ? Et si oui, comment la surmonter ?
01:46:16 Merci pour votre question. Comme ça, je vais pouvoir vous parler de ma théorie, la troisième ère de l'engagement. En gros, parce que ce qu'on dit sur la désaffection des structures,
01:46:25 ça date des années 70, en gros, on va dire. Je vous fais un truc caricatural en deux minutes, mais la première ère de l'engagement, post-seconde guerre mondiale,
01:46:33 c'est ce que Jacques Quion, un sociologue, appelle l'engagement timbre, qui passe par l'adhésion à une structure et qui va vraiment occuper la sphère de la vie de l'individu.
01:46:40 C'est un moment où les structures politiques, notamment, sont beaucoup plus fortes. Et donc l'individu va s'engager dans sa structure, qui va en plus lui proposer plein d'activités par ailleurs.
01:46:51 Et donc c'est ce qu'on appelle un engagement total, un temps sacrificiel. Je vais vraiment très vite, mais ça, c'est post-seconde guerre mondiale.
01:46:57 Années 70, on voit quoi ? On voit le tournant de l'individu. Donc c'est un moment où les individus s'émancipent de leur collectif d'appartenance et ont envie d'être un peu plus libres.
01:47:07 Alors je mets beaucoup de guillemets parce que ça a plein d'effets négatifs par ailleurs. Mais ont envie d'avoir plus de choix, plus de s'engager autrement dans plein d'espaces différents.
01:47:18 Et peu de temps après, chute du mur de Berlin, fin de l'URSS, fin des grandes idéologies, une forme de déception. Et donc un engagement qui devient très pragmatique,
01:47:27 où les individus vont continuer à s'engager pour des causes, en réalité, et moins pour des structures. Et donc ils vont prendre leur engagement comme un post-it.
01:47:35 Ce que j'appelle l'engagement post-it. Ils vont le prendre à un moment, ils vont être dans telle structure parce que la structure répond à leurs besoins en termes de lutte contre le sexisme.
01:47:46 Et puis quelques temps plus tard, ils vont se dire que finalement non, ça ne marche plus vraiment comme ils le souhaitaient. Et puis ils vont ailleurs, etc.
01:47:53 Et c'est un engagement qui est assez concret. On veut voir les résultats concrets de son action. Bon, ça c'est jusqu'à aujourd'hui à peu près.
01:48:01 Moi, mon intuition, que j'ai un peu éprouvée là, c'est qu'on est en train de passer dans une troisième ère de l'engagement, notamment chez les très jeunes.
01:48:08 Génération Greta Thunberg. Je la cite volontairement, je la prends en exemple volontairement, mais il n'y a pas qu'elle.
01:48:16 Chez les très jeunes, on a un engagement autour des très grandes causes. Et c'est le retour des très grandes causes. C'est la fin du colibri, en gros.
01:48:23 C'est-à-dire que face, on en parlait juste avant, mais face à l'urgence écologique, on n'a pas le temps d'attendre 20 ans, 30 ans, 40 ans, 50 ans.
01:48:32 On n'a pas le temps d'un grand soir. En gros, on veut un grand soir, on veut un changement de société, un changement radical.
01:48:37 Et j'emploie ce mot à dessein. Quand je dis radicalité, je ne veux pas dire violence. Je veux dire un changement qui prend les problèmes à la racine, maintenant,
01:48:44 parce qu'on n'a pas le temps d'attendre. Et c'est vrai pour la transition écologique. C'est vrai pour la lutte contre les grandes inégalités.
01:48:50 C'est vrai pour la lutte contre le patriarcat. Quand on parle avec des jeunes de 20 ans mobilisés, ils hallucinent. Ils nous disent
01:48:56 « Mais comment on peut encore en être là, après tout ce que vous avez fait pendant des années ? » Et donc, du coup, il y a un impératif de changement.
01:49:02 Et pour ça, dans leur manière de s'engager, il y a un retour du collectif qui est très fort. Un retour du collectif parce que le changement
01:49:09 qu'ils appellent de leur vœu est tellement énorme qu'ils ne peuvent pas le faire tout seuls. Et donc, du coup, ça veut dire prendre des responsabilités
01:49:15 d'une certaine manière. Mais ils vont le faire un peu entre eux. Et c'est là où ça doit nous interroger, nous, en tant que corps intermédiaire
01:49:22 un peu classique. C'est qu'ils nous regardent, nous, pas forcément CFDT, mouvement associatif, mais nous, voilà, et les institutions en général,
01:49:30 non pas avec défiance, non pas avec distance, mais avec le sentiment qu'on ne va pas assez vite pour eux. Et donc, moi, ce que je dis,
01:49:38 alors je viens de finir un bouquin là-dessus, donc je suis très frais dans ma tête, ce que je dis, c'est que notre responsabilité à nous, c'est de montrer
01:49:45 à ces très jeunes qu'il y a un enjeu de dialogue entre les générations qui est très important. Parce que même si on ne va pas assez vite pour eux,
01:49:52 ils restent les héritiers d'une histoire collective. Et même si on ne va pas assez vite pour eux, leur engagement a besoin de débouchés politiques.
01:49:59 Sinon, c'est vain. Et pour ça, ils vont avoir besoin des institutions à un moment. Et donc, ils vont avoir besoin de nous en tant que corps intermédiaire
01:50:05 un peu fort pour permettre de faire des ponts. Donc, je ne dirais pas qu'il y a une crise de responsabilité, c'est plutôt une crise d'efficacité de l'engagement.
01:50:12 C'est plutôt ça qui se pose. C'est « je veux bien m'engager, je veux bien faire ma part, mais je veux que le monde change assez vite parce que
01:50:20 je n'ai pas le temps d'attendre et que je n'ai pas le temps de me poser plein de questions ». Et quand je dis ça, ça a l'air d'être des grands mots, mais quand on parle
01:50:26 avec ces jeunes engagés qui ont entre 16 et 25 ans, on va dire, c'est viscéral quand ils en parlent. Enfin, ça les prend au trip.
01:50:33 C'est hyper profond. Il y a un truc… Si on ne pense pas les affects en même temps, on a loupé un truc.
01:50:43 Une autre question.
01:50:47 – Robert Jean-Marie, Métallurgie. C'est pas tant une question, c'est peut-être plus une réflexion et un partage. Jusqu'à peu, j'étais actif dans des associations,
01:50:59 une association sportive en tant qu'administrative dans une école de rugby. J'étais dans une organisation d'aide à l'enfance au niveau international
01:51:08 et je faisais de l'adoption internationale aussi. Sur les deux derniers sujets, la question sociale était un peu embarquée d'office, on va dire.
01:51:16 Dans le premier, c'était moins évident, celle du sport. Pour autant, je suis aussi issu d'un grand groupe français en tant que salarié et on avait
01:51:26 comme pratique au niveau du comité social et économique de l'entreprise de faire des subventions aux associations sportives du coin.
01:51:34 Et on conditionnait ces aides justement à des questions sociales et notamment les subventions à l'achat des licences pour les plus jeunes
01:51:42 issus de milieux défavorisés. Et donc cette stratégie, elle a tenu longtemps jusqu'à ce qu'à un moment donné, une autre organisation syndicale soit devenue majoritaire
01:51:51 sur mon site et plutôt subventionner directement les individus, à savoir les salariés, plutôt donner des chèques directs pour participer, pour aller dans les salles de sport,
01:52:00 plutôt que d'aider le monde associatif. Donc la question que je me pose, c'est est-ce que nous aussi en tant qu'organisation syndicale, on n'a pas une responsabilité justement
01:52:09 dans ces stratégies d'affectation des moyens des comités sociaux et économiques vers de l'associatif justement pour dynamiser le tissu et redonner du sens social
01:52:21 on va dire sur les territoires par rapport à ça dans la mesure où effectivement je suis bien conscient que ce n'est pas toutes les entreprises qui ont cette capacité à le faire
01:52:28 mais là où c'est possible, je pense qu'on devrait s'y atteler.
01:52:32 Marie-Lise ?
01:52:34 Oui, oui absolument. C'est vrai que tout à l'heure j'évoquais la place qu'en tant qu'organisation syndicale on peut prendre dans la dynamisation de la vie de la section,
01:52:45 de la vie démocratique de la section syndicale et de donner envie au plus grand nombre de nous rejoindre. C'est aussi dans cette section syndicale que peuvent se faire ces débats
01:52:57 autour de la question du rapport à l'individuel et du collectif et quand on veut agir syndicalement et notamment dans le cadre des activités sociales et culturelles
01:53:06 je trouve que c'est intéressant aussi de pouvoir avoir ce... d'utiliser ce levier d'action avec un...
01:53:18 si je parle de la section syndicale c'est que c'est vraiment un lieu démocratique de concrétisation de l'engagement
01:53:29 et c'est une... s'il n'y a pas de débat et donc de délibération sur qu'est-ce que la CFDT veut faire notamment dans le cadre des activités sociales et culturelles
01:53:42 on entend comme j'ai beaucoup beaucoup beaucoup entendu quand je circule dans les équipes c'est "on répond aux attentes des salariés"
01:53:52 mais du coup j'imagine qu'elles sont multiples et comment du coup elles sont combinées ou est-ce qu'on répond à quelques attentes
01:54:01 et ce qui est intéressant c'est de savoir comment ces choix se font dans la section syndicale. Voilà. Et effectivement les ASC sont un des leviers d'action.
01:54:10 Une dernière question.
01:54:13 Badia Swidi, secrétaire général de l'UTI Ouest francilien, donc 92 et 95, et donc URIL de France.
01:54:21 Moi j'avais une question, enfin je voudrais revenir un peu sur ce qui s'est passé cet été, notamment sur les événements dans les quartiers populaires.
01:54:28 Alors moi je voudrais juste une analyse, peut-être fine ou générale, mais sur la vision que vous avez d'un point de vue syndical et associatif, pour Claire Toury.
01:54:40 En fait on a vu beaucoup aussi dans les événements, et surtout dans la violence des actes, des attaques contre les institutions publiques, contre les services publics.
01:54:52 J'ai notamment l'image d'une maman qui court la nuit pour dire non pas à l'école. Et en fait la question c'est comment on répond à...
01:55:02 Après si on recontextualise les événements, c'est qu'on sortait de grandes mobilisations contre la réforme des retraites.
01:55:10 Est-ce qu'il y a une forme, au-delà de l'injustice, du sentiment d'injustice qu'a pu provoquer la réforme, et puis après l'événement, la mort de Naël filmée.
01:55:22 Moi je voudrais savoir, est-ce que l'engagement est une forme de réponse contre toutes ces formes de violence qu'on a retrouvées dans les mobilisations,
01:55:33 qu'on a retrouvées dans les quartiers populaires, et comment le pacte s'en saisit, comment il analyse ça.
01:55:42 Alors nous au niveau de l'île de France, on avait communiqué pour dire qu'on appelait les pouvoirs publics et les associations à trouver une solution,
01:55:50 en tout cas à discuter, à dialoguer pour essayer de reprendre la main. Et puis on a aussi évoqué la question du Rassemblement National,
01:55:58 puisque c'est un peu son fond de commerce, tout ce qui se passe dans les quartiers populaires fait monter un peu l'extrême droite.
01:56:06 Donc voilà, une analyse plutôt générale du coup. Merci.
01:56:10 Tu veux que je commence ? Alors, l'analyse, moi je pense que c'est important qu'en tant que CFDT, on ait une lecture dans le cadre du pacte du pouvoir de vivre de cette période.
01:56:24 Parce que je pense que c'est une période complexe, qui dit des choses... Le temps de l'analyse est nécessaire, et c'est un des sujets sur lesquels on a une expression commune pacte,
01:56:37 pour se dire... et un appel en gros, un appel à un sursaut démocratique, c'est dire "mettons tout le monde autour de la table pour comprendre ce qui s'est passé".
01:56:45 Je pense qu'il n'y aurait rien de pire que de dire "on est dans un sursaut, on est dans un nouvel épisode comme on a connu en 2005,
01:56:54 ou on est dans la suite du mouvement qu'on a connu social les six derniers mois". Je pense qu'on est sur un objet totalement défini, propre,
01:57:04 qui est une colère qui s'est exprimée, qui est un symptôme dont il faut comprendre ce qu'il dit la société actuelle.
01:57:13 Tu évoquais la question des quartiers populaires, il y a eu des événements dans ces quartiers, mais pas que.
01:57:19 Il y a eu aussi des mouvements d'une extrême violence dans des centres-villes, de petites villes, qui ne sont pas "classées", je ne m'occupe pas de ce mot-là,
01:57:30 "QPV", "quartiers prioritaires de la ville". Donc le temps est à l'analyse, et moi je suis dans l'incapacité de vous dire que j'ai tout compris de ce qui s'était passé ces derniers mois.
01:57:41 Par contre, ce sur quoi il faut insister, c'est que je pense qu'il n'y aura pas de réponse magique unique, et que la réponse qui est aujourd'hui, qui se profile,
01:57:50 il faut de l'autorité, il faut pénaliser les parents des gamins qui étaient dans la rue, c'est absolument ce qu'il ne faut pas faire.
01:57:58 (Applaudissements)
01:58:05 Un, je pense qu'il ne faut pas de réponse unique, parce que je pense qu'il y a plein de causes. Donc on est très CFDT, c'est très complexe,
01:58:12 mais si on est dans une réponse unique, on sera dans une réponse politicienne, et comme tu dis, on est plutôt sur un registre qui va donner du grain à moudre à l'extrême droite
01:58:24 qu'à une autre partie de l'échiquier politique. Donc il faut pas... alors, on est pas à la même place, mais je pense que la question de...
01:58:35 on est dans la dictature de la réponse immédiate, un peu. Donc ça c'est un problème. Moi je dis, il faut le temps de l'analyse, il faut que ce temps ait lieu.
01:58:45 Et ce que je crains, c'est que parce qu'il y a des ballons d'essai qui ont été lancés, on ferme la parenthèse et on passe à autre chose.
01:58:53 Comme on l'a fait, j'ai l'impression de rabâcher ça à chaque fois, le Covid n'est pas une parenthèse, et on n'est pas un retour à avant 2020,
01:59:03 et nous ne retrouverons pas la vie que nous avions en 2019. C'est pas vrai. Il y a eu des impacts majeurs sur la société, il y a eu des impacts,
01:59:12 on l'évoquait à l'occasion d'une pause, je pense notamment au secteur de la psychiatrie, qui connaît aujourd'hui des difficultés majeures, et on n'apporte pas de solution.
01:59:23 Donc voilà. Moi, l'enjeu en tant que responsable syndical aujourd'hui, c'est qu'il faut prendre le temps d'analyse, il n'y aura pas de réponse magique et unique,
01:59:30 et il faut faire en sorte que le sujet soit bien... continue d'être sur le dossier... enfin, le dessus de la pile, comme on dit, pour pouvoir prendre ce temps,
01:59:40 parce que c'est inflammable, et puis il suffira d'une étincelle pour que ça redémarre. Il suffira d'une étincelle... c'est une rêve... j'ai pas la rêve.
01:59:53 Johnny ! Ah merde ! Je suis vraiment... non, je suis pas désolée, mais si, je manque... j'ai pas la rêve, comme diraient mes enfants.
02:00:03 Allumez le feu ! D'accord. Donc on sait que c'est inflammable... je vais reprendre. Vous coupez le direct, s'il vous plaît.
02:00:12 On sait que c'est inflammable et que la société, elle est tendue, il y a de la colère, et donc il faut rester collectivement vigilants sur ce point. Côté PAC.
02:00:25 Claire. Je suis absolument d'accord avec tout ce que vient de dire Maryse, et du coup, je pense que c'est un sujet qu'on pourrait peut-être mettre sur la table jeudi au CNR,
02:00:32 mais le pire du pire qui pourrait se passer, enfin je sais pas analyser ça, franchement, j'ai pas la prétention d'analyser, j'en sais rien, j'ai des idées, mais je pense que c'est hyper compliqué,
02:00:43 mais le pire du pire qui pourrait se passer maintenant, c'est, comme trop souvent, c'est de créer une réponse d'un coup à un problème qui existe.
02:00:52 Il s'est passé ça, personne peut le nier, et puis hop, on va faire une réponse, et on va dire que pour répondre à ce problème-là, on propose cette réponse-là.
02:00:59 Et en fait, c'est quand même ce qu'on vit depuis des années, et là, c'est pas adapté, ça marche pas, et en plus, ça nous épuise tous, parce que c'est vicieux.
02:01:07 Donc la question de prendre le temps et accepter qu'il y ait des choses qui se passent sur du temps long, qui nécessitent des analyses, que ce soit complexe,
02:01:15 et comme le dit Maryse, où il y a plein de réponses différentes qui doivent être apportées, ça c'est hyper important.
02:01:21 En revanche, moi je pense que ce que dit ce qui s'est passé en juillet, mais même, ça précède ça, on voit bien, et c'est ce que dit Maryse,
02:01:30 on voit bien qu'il y a quand même des colères qui sont très fortes. Et le problème des colères, c'est que nous, vous le savez, le militantisme, il est aussi alimenté par la colère.
02:01:39 Sauf que quand la colère, elle s'exprime, c'est pas forcément un problème, parce que quand elle s'exprime, elle trouve des espaces pour être canalisée,
02:01:47 c'est ce que nous on fait dans nos organisations, et puis du coup on crée un puissant mouvement collectif, et donc la colère peut être un moteur dès lors qu'elle est canalisée,
02:01:56 et que ça devient quelque chose de collectif, dès lors qu'elle est partagée. Le problème de la colère, c'est quand elle est silencieuse et quand elle est tue.
02:02:02 Et c'est là où c'est super dangereux, parce qu'on est sur une cocotte minute, et il y a un moment où ça sort, et quand ça sort, bah là, tout le monde est complètement désemparé,
02:02:10 parce qu'on l'a pas vu venir, alors je dis pas que c'est le cas pour ce qui se passe dans les banlieues, mais on l'a pas vu venir, et il y a un moment où ça explose,
02:02:16 et là on se retrouve totalement désemparé, on sait pas quoi faire, et ça alimente des polarisations qui sont déjà très réelles, et je crois que c'est aussi notre responsabilité,
02:02:25 si on veut des corps intermédiaires forts, il faut qu'on soit forts, et pour être forts, il faut qu'on fasse tout pour lutter contre cette polarisation,
02:02:32 et qu'on réussisse à recréer du lien, parce que le sujet c'est comment on redonne de l'espoir, enfin c'est pas tout à fait le sujet, mais si on veut avoir de l'espoir en cette rentrée,
02:02:41 ça passera que par ça. - Merci Claire, merci Marie-Lise.
02:02:46 (Applaudissements)
02:02:52 On peut juste rappeler une phrase de Pierre-Rose Anvalon, de mardi après-midi, où il nous disait que la société civile, pour répondre à la crise démocratique,
02:02:59 elle peut faire quelque chose si elle trouve de nouveaux moyens d'expression, il parlait notamment du pacte du pouvoir de vivre, en évoquant ceci.
02:03:07 C'est la fin de cette heure d'échange, Marie-Lise. - Merci beaucoup, merci Claire.
02:03:12 (Applaudissements)
02:03:17 Je vais te laisser conclure cette université syndicale.
02:03:21 (...)
02:03:48 (...)
02:03:54 Je vais essayer de ne pas tomber.
02:03:58 Je me suis dit qu'on n'est plus au temps du discours, on n'est plus dans le dialogue, donc je me mets debout.
02:04:04 Effectivement, merci beaucoup à nos animateurs pour cette matinée.
02:04:10 C'est maintenant l'heure, je suis désolée messieurs-dames, de clore cette université syndicale d'été.
02:04:17 Alors, vous l'aurez tous remarqué, je me suis bien fait chandrer d'ailleurs, merci à toutes et tous.
02:04:23 On m'a beaucoup aidée aussi, donc j'ai pu profiter de toute votre bienveillance et de votre solidarité dans la période.
02:04:30 J'aurais voulu me déplacer de façon un peu plus, comment dire, artistique, mais ce n'est pas tout à fait le cas.
02:04:36 Donc c'était une use un peu particulière.
02:04:39 Une use aussi, bien entendu, particulière au regard du contexte inédit qui se déroule dans la foulée de cette mobilisation sociale sur laquelle on est largement revenu.
02:04:52 Une mobilisation qui, forcément, laissera des traces à la fois dans notre syndicalisme et dans le monde du travail.
02:05:01 Et c'est bien ce que nous avons regardé ensemble pendant ces trois jours.
02:05:06 Alors, organiser cette use, ça n'a pas forcément été facile, vous imaginez bien, vu notre activité sur le premier semestre et les quelques changements internes que nous avons connus.
02:05:19 Mais ça a fait l'objet de discussion et j'ai tenu absolument à ce que cette université d'été, elle se tienne.
02:05:27 Et ça pour plusieurs raisons.
02:05:30 D'abord, une use, c'est pouvoir se rencontrer entre responsables CFDT et prendre le temps de mieux se connaître.
02:05:41 Ces derniers temps, nos exécutifs se sont beaucoup renouvelés.
02:05:45 Je pense qu'on en a tous, on s'en est tous, on l'a tous constaté.
02:05:49 Et c'est d'ailleurs un très, très bon signe pour notre organisation.
02:05:53 Et j'espère que ces trois jours vous auront permis de mettre des visages sur des noms, de discuter et de tout simplement passer de bons moments ensemble.
02:06:04 On a eu l'occasion de se le dire régulièrement.
02:06:07 Effectivement, le syndicalisme, c'est aussi et d'abord peut-être une aventure humaine et qu'il ne faut pas minimiser, je pense, l'importance de ces moments informels.
02:06:17 Et pour nous avoir permis de passer ces trois jours ensemble, je vais tout de suite passer aux remerciements.
02:06:23 Les remerciements du personnel de Bierville qui me font le grand plaisir d'être ici.
02:06:29 Merci beaucoup. Merci infiniment. Merci d'être présent là.
02:06:51 On n'a pas forcément l'occasion de voir vos visages, donc c'est aussi l'occasion de mettre des visages derrière l'ensemble des bonnes, des petites attentions qu'on a tous pu découvrir.
02:07:04 Alors, à la fois, les travaux, l'état d'avancement des travaux, mais aussi ce que l'on trouve dans nos assiettes et la qualité de l'accueil, la qualité des chambres.
02:07:14 Donc, merci encore. Merci infiniment pour votre présence et le fait de contribuer à la qualité de cette université d'été.
02:07:26 Je tenais aussi tout de suite remercier et dire un grand bravo à toute l'équipe organisatrice de cette USEE.
02:07:35 Malgré toute l'année, je vais les citer. Je prends le risque de les citer. Luc, merci grand. Merci beaucoup.
02:07:44 Dans l'équipe, vous avez aussi, nous avons pu compter sur Catherine, sur Élise, Alexandra, Véronique, Pascaline, Mylène, Geneviève et Mélène.
02:08:02 Donc, une belle équipe féminine. Merci. Je vais aussi remercier tous les secrétaires confédéraux et les secrétaires nationaux qui ont participé et préparé les ateliers.
02:08:20 Et puis, bien entendu, les membres du BN qui ont embarqué dans l'animation.
02:08:25 Beaucoup de monde a mis la main à la pâte. Et donc, un grand merci encore de nous avoir permis de réfléchir ensemble à notre syndicalisme.
02:08:35 Une université syndicale, c'est aussi un moment privilégié de réflexion collective.
02:08:41 La CFDT, je pense qu'on peut se dire que c'est une organisation qui a toujours su penser les défis de la société et le monde qui se construit pour les travailleurs de demain.
02:08:52 On pourrait se dire qu'en quelque sorte, la CFDT, c'est les deux pieds dans le monde du travail et les oreilles tendues vers le monde intellectuel pour alimenter et construire nos réflexions.
02:09:06 Et je profite particulièrement de ce temps pour, au nom de toute la CFDT, rendre une nouvelle fois hommage à Daniel Cohen, économiste qui est décédé cet été.
02:09:17 Daniel Cohen a souvent échangé avec la CFDT. La dernière fois, c'était il y a quelques mois lors des entretiens de Belleville.
02:09:26 Des échanges toujours d'une très, très grande richesse. Et durant ces échanges, je crois que nous l'écoutions autant qu'il écoutait notre point de vue de syndicaliste.
02:09:36 Et c'était extrêmement précieux. Ces ponts avec le monde intellectuel, nous sont aussi donc précieux.
02:09:44 Là aussi, je crois qu'il est important que nous conservions toutes et tous dans nos organisations cette curiosité.
02:09:53 Trop d'organisations autour de nous s'assèchent, recyclent de vieilles lubies, voire entretiennent l'entre-soi et se replient sur elles-mêmes.
02:10:04 C'est un constat alarmant pour notre démocratie. Je pense que c'est important que nous entretenions cette curiosité et cette ouverture d'esprit.
02:10:15 La CFDT, elle doit rester cette machine à idées, car le monde change et nous avons donc de nouveaux modes de vie, de nouveaux modes de travail à imaginer, des transitions à construire.
02:10:27 Et l'année qui s'ouvre, elle doit nous permettre de poser de nouveaux jalons. Le contexte de cette rentrée, nous l'avons largement évoqué entre nous sur cet estrade, lors des ateliers ou lors des pauses.
02:10:40 Il y a bien entendu la question de l'enjeu écologique sur le plan une situation grave avec des conséquences du dérèglement climatique qui se sont encore multipliées cet été,
02:10:51 qui nous imposent de réagir vite. Sur le plan social, on l'a évoqué ce matin, un contexte alarmant. Nous ne devons pas oublier ce qui s'est passé en juin et juillet.
02:11:05 Il va falloir répondre à ce malaise en commençant par comprendre ce dont il est le symptôme. Nous sommes prêts à y travailler, notamment avec les camarades du PAC du pouvoir de vivre.
02:11:16 Et cette rentrée, ça a été aussi dit ce matin précédemment, le pouvoir d'achat continue d'être une priorité pour les travailleurs.
02:11:24 Le contexte, enfin, il est alarmant sur le plan démocratique. Les idées d'extrême droite cachées derrière les faunées du social ou de l'écologie reçoivent un fort écho.
02:11:34 Et vous le savez, les prochaines élections européennes seront risquées. Dans ce contexte, le fatalisme ou la colère guettent chacun et chacune d'entre nous.
02:11:48 Et la CFDT, elle, doit faire cette rentrée en faisant preuve de combativité. Dès la rentrée, nous devons montrer une organisation mobilisée, mobilisée auprès des travailleurs
02:12:01 et mobilisée pour obtenir des droits concrets adaptés au monde qui évolue. Une CFDT combative, ça ne veut pas dire une CFDT revancharde.
02:12:12 Pour continuer d'être utile, la CFDT ne peut pas s'engluer dans des rancœurs stériles. Au contraire, la forte mobilisation sur les retraites est une force positive,
02:12:24 un point d'appui, en cette rentrée, pour conforter nos revendications sur le travail et ses transformations, sur l'emploi des seniors ou pour les travailleurs et les travailleuses de la 2e ligne, par exemple.
02:12:35 L'extraordinaire mobilisation que nous avons su mener prouve que nous avons de la ressource pour être plus efficaces dans nos revendications et dans nos modes d'action.
02:12:47 Vous y avez réfléchi hier en atelier. Il faut que ces travaux alimentent toute l'organisation et nous prolongerons bien entendu la réflexion dans le cadre des rendez-vous des syndicats.
02:12:58 Une CFDT combative, c'est une CFDT qui s'engage là où elle peut être utile. Nous ne nous payons pas de mots, nous nous engageons pour obtenir des avancées concrètes.
02:13:09 C'est bien l'objectif de notre engagement. D'abord dans l'agenda social autonome que nous avons négocié avec le patronat.
02:13:18 Cela nous ouvre des opportunités sur la prévoyance des non-cadres, sur le partage de la valeur ajoutée des entreprises, les retraites complémentaires ou encore, je l'ai dit tout à l'heure, sur la valorisation des parcours syndicaux.
02:13:30 C'est hors de question d'y renoncer et la CFDT négociera sur tous ces sujets pied à pied avec le patronat.
02:13:37 Sur d'autres sujets comme l'emploi des seniors, le compte épargnement universel ou la pénibilité, l'Etat sera partie prenante.
02:13:45 Dont acte, là aussi, la CFDT a trop de propositions à porter pour bouder la table des négociations.
02:13:54 Si tous ces sujets sont de main sur la table, c'est parce que nous avons réussi à les faire émerger cet hiver.
02:14:01 Grâce à nos propositions, nous pouvons, allons maintenant chercher ces avancées concrètes.
02:14:07 À la rentrée, la CFDT sera en première ligne sur les enjeux du pouvoir d'achat.
02:14:14 Nous mettrons le patronat face à ses responsabilités en matière de salaire, de partage de la valeur et, bien entendu, nous ne lâcherons pas les travailleurs et les travailleuses de la deuxième ligne.
02:14:25 Beaucoup d'entreprises font de la marge, les salariés ont droit à leur part.
02:14:31 Dans toutes les branches, la CFDT doit exiger des négociations sur les salaires pour un meilleur partage des richesses,
02:14:39 des négociations sur les classifications qui doivent décrire et valoriser les métiers tels qu'ils sont exercés aujourd'hui par des millions de travailleurs
02:14:48 et des négociations sur la mixité, car oui, les femmes et les hommes aujourd'hui peuvent exercer les mêmes professions.
02:14:59 C'est aussi tout l'enjeu du rendez-vous dans les fonctions publiques dès le mois de septembre sur les enjeux salariaux et de déroulement de carrière.
02:15:10 Pour mettre la pression sur le patronat, l'intersyndicale a décidé d'une mobilisation le 13 octobre prochain.
02:15:18 Nous répondrons à cet appel de la Confédération européenne des syndicats pour des politiques budgétaires justes et une mobilisation que nous devons réussir.
02:15:27 Je pense qu'on s'est un peu exercé ces six derniers mois, nous savons le faire maintenant.
02:15:36 En passant, juste un petit message de service. Qui dit grosse mobilisation retraite, dit afflux inédit de dossiers d'indemnisation grève à la CNAS.
02:15:50 Donc tout va bien, je vous rassure. Le traitement des dossiers qui continue d'arriver, le traitement basson plein, la CNAS est mobilisée à 300%.
02:16:03 Tous les dossiers seront traités, je vous le garantis. En cette rentrée, l'intersyndicale fait sa mue.
02:16:13 Nous travaillerons à quelques revendications communes qui pourraient être portées par toutes les organisations.
02:16:20 C'est un nouveau défi et nous y consacrerons le temps nécessaire sans jamais nous perdre en route.
02:16:28 Pour aider les travailleurs aujourd'hui et leur éviter de subir demain, la transformation écologique est impérative.
02:16:35 Pour réellement accélérer, c'est donc toute la maison qui doit s'y engager. Les salariés nous attendent sur ces questions-là.
02:16:42 Et donc, ça a été aussi rappelé ce matin, l'année de transition écologique est prête à être déclinée.
02:16:48 Notre réseau Agir au travail pour le climat est à disposition des équipes pour s'informer et surtout pour agir.
02:16:56 Et nous pouvons aussi nous appuyer sur notre grand réseau du Pacte du pouvoir de vivre.
02:17:02 Merci Claire encore d'être venue échanger avec nous. Nous sommes tous engagés dans ce nouvel acte du pacte.
02:17:10 Passons d'un revendicatif commun à des initiatives communes, concrètes, dans les entreprises, les administrations et les territoires.
02:17:20 Après plusieurs ballons d'essai, je pense que ça ne vous a pas échappé, un projet de budget devrait arriver bientôt pour débat au Parlement.
02:17:32 Sera-t-il à la hauteur des défis du moment ? Pour la CFDT, parler de dette publique, de fiscalité, de performance des investissements publics, ça n'a jamais été un tabou.
02:17:49 Mais un budget pour la CFDT, ça doit traduire un projet de société. Si celui du gouvernement n'est pas clair, nous, nous savons ce que nous voulons.
02:18:01 Travail, pouvoir d'achat, transformation écologique. La CFDT se mobilisera à tous les niveaux pour construire les transitions nécessaires,
02:18:10 au niveau national, au niveau européen, dans les branches, sur les territoires et bien entendu dans les entreprises et les administrations.
02:18:20 Attention, je vais ouvrir une porte ouverte. Dans les entreprises, pour être plus fort et pesé, il faut être représentatif. On est d'accord ?
02:18:35 Vous voyez où je veux en venir ou pas ? Nous sommes dans le « money time » des élections CSE. C'est la période qui rapporte gros, qui peut coûter cher aussi.
02:18:52 La grande majorité des élections CSE aura lieu ces prochains mois. 70% des entreprises vont avoir leurs élections dans les 4 mois.
02:19:01 Ces 4 mois pèseront lourd dans la représentativité et dans notre capacité à changer concrètement les choses. En résumé, si on veut rester premiers, c'est maintenant.
02:19:16 Alors c'est vrai, on aurait préféré que les règles du dialogue social soient différentes. Nous continuerons d'en exiger la modification.
02:19:24 Mais aujourd'hui, l'urgence c'est de gagner ces élections pour pouvoir agir. Ce doit être la priorité numéro 1 des équipes dans les entreprises.
02:19:36 Et nous, responsables, que nous sommes ici, nous devons tout faire pour les y aider. Aider les syndicats, les organisations, nous. Pardon, je reprends.
02:19:49 Nous devons tout faire pour aider ces équipes. Et donc c'est de la responsabilité des syndicats, de nos organisations et de la Confédération.
02:20:00 Pour gagner ces élections, montrons cette CFDT combative. Montrons cette CFDT qui s'engage sur des sujets qui intéressent les travailleurs sans jamais sombrer dans la caricature.
02:20:14 Car la combativité, elle n'exclut pas la nuance. Montrons une CFDT qui assume la complexité des sujets et qui propose des solutions sans reporter le problème plus loin.
02:20:27 Une CFDT qui pense les questions de sobriété avec les questions industrielles et d'accompagnement des plus précaires, par exemple.
02:20:36 Une CFDT qui pense le travail avec l'enjeu de démocratie. Une CFDT qui pense l'emploi avec la protection sociale, la transformation numérique.
02:20:46 Une CFDT qui pense l'entreprise et les services publics. Montrons une CFDT combative aux plus proches des travailleurs.
02:20:56 Les 26, 27, 28 septembre, j'espère que vous avez tous trois jours de libre dédié à Réponse à Emporter.
02:21:06 C'est la quatrième édition. Ressortons les banderoles CFDT et les chasubles et allons voir les travailleurs.
02:21:14 Montrons-leur que nous sommes à leur écoute, que la CFDT leur apportera des réponses, des idées, une défense, mais aussi des moyens d'action.
02:21:26 56 377. Ça vous parle ? Non ? C'est pas les numéros du loto. 56 377 travailleurs et travailleuses nous ont rejoints l'année dernière.
02:21:47 Ils ont et elles nous font confiance. Alors dès maintenant allons aussi à la rencontre de ces nouveaux adhérents et de ces nouvelles adhérentes.
02:22:04 On a une obligation, les accueillir, les inviter, pourquoi pas sur les points de rencontre de Réponse à Emporter.
02:22:12 Nous devons leur montrer que nous sommes un réseau efficace de solidarité et d'action concrète.
02:22:22 Comme chaque année, c'est une rentrée qui compte son lot de défis, des défis auxquels s'ajouteront certainement quelques imprévus.
02:22:32 Une rentrée classique de syndicalistes en somme. Mais ces défis, je crois que nous pourrons les relever en se fixant deux exigences.
02:22:43 Restez proches des travailleurs et des travailleuses et surtout restez nous-mêmes. Je vous souhaite une très bonne rentrée à toutes et à tous.
02:23:06 (Applaudissements)
02:23:20 Je demande si je peux rester là ou s'il y a encore des blagues ?

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