• l’année dernière
Gabon : Le chef de l’opposition accuse Pascaline Bongo de tirer les ficelles du putsch

Category

Personnes
Transcription
00:00 d'être avec nous. Vous êtes le candidat de l'opposition. Vous estimez avoir gagné cette présidentielle. Première question, elle est simple.
00:07 Qui est légitime pour diriger la République du Gabon ce soir ? Vous ou le général Brice Oliguine-Guemma ?
00:15 — Alors il faut situer les choses dans leur contexte. D'abord, c'est pas un coup d'État. C'est une révolution de palais. Oliguine-Guemma est le cousin d'Ali Boum.
00:26 Et la campagne, c'était 60 ans de Bongo c'est trop. Les Bongo ont trouvé qu'il fallait mettre Ali Bongo de côté et poursuivre
00:37 effectivement le système Bongo PDG. Et ils ont mis Oliguine-Guemma en avant. Derrière Oliguine-Guemma, nous savons qui est là.
00:45 Donc c'est toujours le système Bongo qui continue. C'est pas un coup d'État. — Qui est là ? Qui est là, derrière ?
00:53 — Eh bien derrière Oliguine-Guemma, y a pas à chercher. C'est Pascaline Bongo qui est là. C'est tout. Donc Oliguine-Guemma n'est qu'un sous-suffisant.
01:01 Y a derrière Oliguine-Guemma Pascaline Bongo. Et le plan Bongo continue avec le pouvoir.
01:07 — Vous dénoncez donc une révolution de palais. C'est du népotisme, selon vous ? — C'est une révolution de palais.
01:16 Donc y a pas de coup d'État militaire, la preuve. C'est la garde praetorienne qui a fait la révolution de palais. Les autres militaires n'étaient pas associés.
01:26 Donc c'est une révolution de palais. — Alors qui est légitime ? Qui est légitime ce soir pour diriger la République du Gabon ?
01:32 Vous ou le général Brice Oliguine-Guemma ? — La question ne se pose pas. Il faut aller au comptage des urnes et donner les véritables résultats.
01:41 Là, on saura qui est légitime. — Vous demandez un recontage des voix. — Je demande qu'on donne les véritables résultats qui sont connus
01:51 de toutes les missions diplomatiques. Les résultats sont connus sur le monde. Qu'on donne les véritables résultats. J'en suis là.
01:58 — Et cette révolution de palais, au fait, vous la condamnez ? — Eh ben je suis démocrate. Un démocrate ne s'accommode pas de coup d'État.
02:09 Ou on est démocrate ou on est poutiste. Et à partir de ce moment-là, je demande aux militaires de revenir à l'ordre républicain.
02:17 Ce sera entendu ou pas entendu, mais je les observe. En tout cas, je parie la mèche sur le feu qu'ils ne pourront aller loin.
02:26 Le Gabon est au ras des patrètes. Il faut le redresser. Et c'est pas les militaires qui pourront le redresser.
02:32 — Le général Guemma va prêter serment officiellement lundi comme président de transition. Pour vous, il ne sera pas légitime dans ce rôle.
02:38 Vous ne le reconnaîtrez pas dans cette institution de transition ? — Je vous ai dit qu'un démocrate ne reconnaît pas les coups d'État. Voilà.
02:49 Même si les coups d'État peuvent être justifiés, je suis un démocrate. Je ne peux pas les reconnaître. C'est là que j'interpelle la communauté internationale
02:57 et précisément la France, qu'elle ne peut pas se déjuger. Dès lors qu'on reconnaît, on condamne le coup d'État, on doit condamner ce qui en suit,
03:10 à savoir effectivement la transition. Et j'ajoute que moi, je savais que le coup d'État était en préparation depuis près de 1 an.
03:18 — Vous le saviez. Alors c'est vrai que... Pardonnez-moi de vous couper. C'est vrai que dimanche, au lendemain de l'élection,
03:24 vous avez mis en garde le président Ali Bongo en lui disant « Vous n'avez pas la garde présidentielle avec vous, vous n'avez pas l'armée avec vous ».
03:30 — Je suis allé à Paris. J'ai vu le Côte d'Arcet, l'Élysée, le Cégep. J'ai prévenu sur ciel ce qui est passé. Maintenant, on attend la communauté internationale.
03:39 — Attendez. Vous dites que vous saviez, que l'Élysée, la France savait qu'il allait avoir un coup d'État ?
03:46 — Je disais qu'on allait avoir un coup d'État électoral. Les Bongo n'ont jamais gagné aucune élection. Par conséquent, ils n'ont fait que de coups d'État
03:56 pour se maintenir au pouvoir. Voilà ce que je dis. — Et que vous a dit le Côte d'Arcet que vous avez cité le ministère français des Affaires étrangères ?
04:02 Que vous a-t-il dit ? — Moi, j'ai eu l'impression d'avoir été écouté. J'ajoute que les coups d'État sont condamnés.
04:10 — Par qui vous avez été écouté ? — Il s'agit pour la communauté internationale de revenir à l'or républicain. Et j'attends.
04:18 — Oui. Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, vous avez discuté avec elle ? — Je n'ai pas discuté avec le ministre des Affaires étrangères.
04:25 J'ai discuté avec ses conseillers et les directeurs et sous-directeurs. Voilà. — Alors est-ce qu'on vous a parlé au fait à Brice Soliguenguema, le général...
04:33 Vous avez parlé avec lui ? Pas encore. Il vous a appelé. Comment ça se passe ? — Eh ben je pense avoir gagné l'élection. C'est pas à moi d'aller vers au Liguenguema.
04:44 C'est au Liguenguema à venir vers moi. Et dans tous les cas, il vient. — Et que lui demandez-vous ce soir ? Quel message lui adressez-vous ?
04:51 — Je n'ai rien à lui demander. Il fait ce qu'il a à faire. Moi, j'attends le retour à l'or républicain. Chacun nous sait ce qu'il a.
05:00 Moi, j'ai avec moi le peuple gabonais à 80% et à lui de savoir sur ce sur quoi il compte. Voilà. — On a vu des scènes de l'IES aussi pour soutenir ce que vous appelez
05:10 cette révolution de palais et ce coup d'État. Le peuple gabonais... En tout cas, de nombreux Gabonais sont avec ses militaires.
05:16 — Le problème, c'est que les Gabonais sont sortis dans la rue pour saluer le départ des Bungos. Mais j'ai dit effectivement que là, ils ont vu...
05:28 Ce n'est pas les Bungos qui sont partis. Un Bungo a remplacé un Bungo. Ils vont devoir revenir à la réalité.
05:35 — Mais vous savez comment ça se passe en général quand il y a des militaires qui viennent à la télévision et qui annoncent qu'ils vont créer
05:40 un conseil de transition en général ? C'est parti pour plusieurs semaines, plusieurs mois. Est-ce que vous ne redoutez pas que le temps joue en la faveur du général ?
05:47 — Aucune armée au monde n'a jamais pu faire face... Aucune armée au monde n'a jamais pu faire face à une population qui est décidée.
05:55 La population est la seule force qui démerde les militaires. Et ça, c'est vu dans plusieurs pays. Moi, j'attends.
06:03 — Vous n'avez pas peur ? — J'attends. Mais non, j'ai pas peur. J'ai dit que j'étais prêt à mourir. S'ils veulent me tuer, ils n'ont qu'à tuer.
06:11 Mais ils ne tueront pas la révolution qui est en train de se préparer. Le Gabon vaincra et les militaires seront mis de côté.
06:19 Et le clan Bungo sera mis hors d'état de nuit. — Un dernier mot pour finir. Vous l'avez déjà évoqué.
06:23 Mais ce soir, que demandez-vous au président français Emmanuel Macron ? On sait que les deux pays ont des liens particuliers.
06:32 — C'est l'or républicain. La France ne peut pas se déjuger comme les autres pays de la communauté internationale.
06:40 Dès lors qu'on condamne un coup d'État, on demande le retour à l'or républicain. Et la chose que tu demandes, c'est le comptage des voix.
06:49 Et il y a un président légitime et légal. Et le Gabon pourra fonctionner. — Quel score avez-vous obtenu, au fait, selon vos chiffres ?
07:00 — Eh ben c'est pas à moi. Ah non. Je suis très légaliste. C'est le Conseil, le CGE qui est chargé de déclarer... J'ai les chiffres avec moi.
07:10 Il ne m'appartient pas de les déclarer à charge du CGE. — Pourquoi vous ne les donnez pas ? Pourquoi vous ne les donnez pas ?
07:16 — C'est pas un résultat. — Pourquoi vous ne les donnez pas ? — Parce que ce n'est pas mon rôle. C'est pas mon rôle.
07:22 — Mais vous avez gagné selon ce chiffre. — C'est le CGE qui a compétence de donner les résultats. Et les militaires connaissent les résultats.
07:30 Donc qui libère le président du CGE, qui devra donner les vrais résultats qui existent, que tout le monde connaît.
07:37 — Dernière question. Est-ce que vous appelez aujourd'hui à la libération du président renversé Omar Bongo et de son épouse et de son fils ?
07:47 — Ah non. C'est un problème familial. Moi, c'est le Gabon. C'est pas les problèmes familiaux. Ils règlent leurs problèmes en famille.
07:55 Ça ne me concerne pas. C'est la famille. — Merci beaucoup. Merci beaucoup. Merci, Albert Ondo.
07:59 Ça, candidat de l'opposition à cette présidentielle qui a eu lieu samedi, qui a été suivie par ce coup d'État, vous revendiquez.
08:06 Donc la victoire à cette présidentielle. Merci d'avoir répondu ce soir en exclusivité dans 64 minutes à TV5 Monde.

Recommandations