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00:00 Bonjour à tous, nous recevons aujourd'hui Anthony Stracher, président de l'association GSC.
00:09 On ne connaît peut-être pas ce que c'est, mais le GSC c'est la garantie sociale du chef d'entreprise.
00:14 C'est l'équivalent d'une assurance chômage que peuvent souscrire les chefs d'entreprise.
00:18 Bonjour, je suis Anthony Stracher, président bénévole de l'association GSC,
00:22 qui est une association de chefs d'entreprise pour les chefs d'entreprise,
00:25 créée il y a plus de 40 ans par l'ensemble des organisations patronales à l'époque, en 1979.
00:30 Moi, j'étais en culotte courte, donc je suis accessoirement chef d'entreprise à l'extérieur
00:34 et président bénévole de cette association, gérée par un conseil d'administration,
00:37 pareil de chef d'entreprise bénévole.
00:39 Et l'association GSC, qui est l'assurance père d'activité pour les chefs d'entreprise,
00:44 a un rôle justement, a créé à l'époque, une assurance pour protéger les hommes et les femmes
00:49 chefs d'entreprise en cas de défaillance, en cas d'échec, pour pouvoir s'assurer, se protéger,
00:53 puisque, contrairement à nos salariés, ils n'ont pas le droit au chômage.
00:57 Et c'est très bien, parce qu'on revendique le droit du choix, de non-obligation là-dessus.
01:03 Par contre, encore faut-il savoir qu'il est possible de se protéger
01:06 et que tomber fait partie, hélas, de la vie de toute personne.
01:09 Avant de réussir, des fois, on tombe.
01:11 Alors justement, à ce poste-là, vous voyez bien les chiffres remonter.
01:15 Et une de vos études très récentes montre qu'il y a une forte remontée du taux de sinistralité,
01:19 enfin du chômage au sein des chefs d'entreprise.
01:22 Plus 37%, je crois, sur le dernier semestre.
01:25 Oui, sur le premier semestre 2023.
01:27 Aujourd'hui, on a juste la conséquence de l'accumulation des problèmes
01:30 que l'on voit apparaître depuis 2021-2022.
01:33 Le quoi qu'il en coûte, ça y est, c'est vraiment fini.
01:35 Les essais du gouvernement et la mise sous suspension du tissu économique,
01:39 des aides en fin de compte qui ont été fantastiques sur 2020, 2021 et 2022.
01:43 C'est fini. Le quoi qu'il en coûte, c'est fini.
01:46 Donc maintenant, il faut payer.
01:48 Vous avez déjà ce qu'on appelle la dette COVID.
01:50 C'est à dire qu'aujourd'hui, les caisses sont "vides" et maintenant, il faut rembourser.
01:54 Donc c'est normal que les chefs d'entreprise, ceux qui ont bénéficié d'un PGE,
01:58 ceux qui ont bénéficié d'une délégation de charges, d'un report de charges,
02:01 maintenant, ça revient.
02:03 Ça, c'est le premier sujet.
02:04 Donc aujourd'hui, ça, c'est le premier problème.
02:06 Sauf que manque de bol.
02:07 Entre guillemets, aujourd'hui, vous avez l'inflation,
02:09 vous avez l'augmentation de la matière première,
02:12 vous avez les ruptures de matière première de produits,
02:15 en fin de compte de supply chain qui ont posé vraiment des gros problèmes pour pouvoir produire.
02:18 Vous avez la problématique aussi, c'est ça qui est fou, du recrutement.
02:21 Vous avez la problématique de l'augmentation des taux,
02:24 la problématique de la guerre ukrainienne,
02:26 la problématique des enjeux économiques américanos,
02:29 sinuso avec la Chine et la Russie.
02:32 Donc, une complexité inédite qui fait que les chiffres,
02:36 automatiquement, pour revenir sur notre territoire du tissu français,
02:40 on a un patchwork de TPE, de PME, d'artisan.
02:44 Aïe, ça fait mal.
02:46 On a un enjeu quand vous êtes à la tête d'une entreprise de 3 salariés, 5 salariés.
02:50 Vous avez vu l'enjeu que vous avez.
02:51 Et on n'a pas encore parlé de trouver des clients,
02:54 trouver des salariés et de se faire payer de produire.
02:57 Donc, effectivement, aujourd'hui, on est à plus de 25 140 hommes, femmes,
03:00 chefs d'entreprise sont tombés tous les jours depuis le 1er janvier 2023.
03:05 Est-ce que ce sont des chiffres qui sont équivalents à la période d'avant Covid,
03:08 puisque c'était la fin du quoi qu'il en coûte?
03:10 On n'est plus dans l'équivalent avant Covid.
03:13 Contrairement à ce que peuvent dire la Banque de France ou d'autres.
03:16 Effectivement, comme la Banque de France, on est en train de revenir sur les chiffres de 2016, 2017.
03:21 Donc, ça y est, on a dépassé 2019.
03:23 On est en train de repasser sur 2016, 2017.
03:25 Et la tendance, moi, je ne suis pas une cassandre, mais il faut être lucide.
03:28 En fin de compte, sur les chiffres et la tendance que l'on voit de fond,
03:31 tout le monde est concerné.
03:32 Tous les secteurs de la réalité sont impactés.
03:34 Tous les territoires sont impactés à plus ou moins grande échelle.
03:37 Donc, cet effet d'accumulation ne va pas générer un tsunami.
03:40 Mais on a une tendance pour 2023 d'être à 50, 55 000, 55 000 hommes, femmes,
03:46 chez l'entreprise qui vont défaillir.
03:47 Donc, c'est à peu près 160 par jour.
03:49 C'est ces hommes et femmes qui se retrouvent avec rien.
03:51 Et sur 2024, on arrive sur une tendance qui, hélas, continue à augmenter.
03:56 C'est une lente remontée des eaux inexorable.
03:59 Ce ne sera pas un tsunami de défaillance.
04:01 Par contre, on risque d'arriver sur les chiffres de 2008, 2010,
04:04 qui était un gros pic de crise.
04:06 Après, autour de 60, 65 000 hommes, femmes, chez l'entreprise
04:09 qui vont connaître la différence.
04:10 Donc, on le sait, c'est prévisible.
04:13 On le voit arriver.
04:14 Soyons positifs, anticipons.
04:16 L'entreprenariat, c'est génial.
04:18 C'est fantastique.
04:19 Je le suis, j'adore ça.
04:20 C'est les montagnes russes.
04:21 Sauf que l'entreprenariat, c'est créer quelque chose dans un milieu hostile.
04:24 Quand on est dans un milieu de plein d'incertitudes,
04:27 donc il faut anticiper, se protéger.
04:29 Et il est temps de communiquer, d'agir.
04:31 Pour 100 euros par mois, un chef d'entreprise peut se protéger,
04:35 se générer un revenu pour un an, le temps de rebondir.
04:38 C'est ça la demande, la moyenne là-dessus.
04:40 C'est ça qui est fou.
04:41 Et seulement 1% des hommes, femmes, chefs d'entreprise le font
04:44 parce qu'ils ne savent pas que ça existe.
04:47 Et on peut quand même signaler,
04:48 même si tous les secteurs sont concernés,
04:50 il y a quand même quelques secteurs un peu exposés en ce moment
04:53 où il y a aussi beaucoup d'entrepreneurs.
04:56 On va partir par un effet, ce qu'on appelle l'effet ricochet
05:02 ou l'effet d'amplitude.
05:04 Vous avez le premier secteur qui tombe de façon très forte,
05:07 vous avez les agences immobilières.
05:09 Pourquoi ? Depuis 2 ans, moins de permis de construire,
05:13 moins de projets, l'inflation, les taux d'intérêt qui augmentent,
05:16 les permis de construire qui diminuent.
05:17 Donc les premiers à tomber sont les agences immobilières
05:20 sur les transactions mais aussi sur les constructions.
05:22 Vous avez ensuite toute la partie, par exemple, actions logements,
05:24 les logements sociaux, qui sont les permis de mise en construction
05:27 qui sont complètement à taux.
05:28 Donc là, vous voyez que ça commence à arriver.
05:30 Et là, qu'est-ce que vous voyez apparaître depuis fin 2022
05:32 et début 2023 ? La construction, le secteur de la construction
05:35 qui est en forte augmentation à plus de 50% de défaillance
05:38 parce que justement, ça y est, ça arrive à leur niveau.
05:41 Le deuxième effet, vous avez donc ça, c'est le premier niveau,
05:43 la première échelle.
05:44 Et comme le bâtiment en France, quand on dit que quand le bâtiment va,
05:47 tout va, c'est générateur de beaucoup de choses,
05:51 de beaucoup d'écosystèmes autour.
05:53 Donc le bâtiment capote, tout saute, commence à se gripper fortement.
05:58 Vous avez vu, les agences immobilières, vous avez tout le retail,
06:01 tout le loisir, les hôtels, les restaurants.
06:04 Vous avez le commerce de proximité parce que l'inflation a eu un impact.
06:07 Et puis aussi, il y a quelque chose qu'on avait escompté,
06:09 que le gouvernement avait escompté, c'est que la rénovation énergétique
06:12 allait compenser ce déficit de permis, la rénovation.
06:17 Sauf que est arrivé l'inflation.
06:19 Et quand à un moment donné, la rénovation de vos fenêtres,
06:22 vous êtes passé d'un projet de 8000 euros à un projet de 16000 euros,
06:26 vous le remettez à plus tard.
06:28 Et donc là, c'est là où vous commencez à avoir une crispation sur ces sujets-là.
06:32 Donc il n'y a pas un seul secteur qui est touché, tous sont touchés.
06:35 Est-ce qu'il y aurait des mesures d'urgence à prendre
06:38 par rapport au PGE, aux charges d'Ursaf ?
06:42 Nous, on est sur un mouvement de fonds qui dit
06:44 il faut arrêter d'être contre nature.
06:47 Aujourd'hui, de vouloir toujours sauver tout le monde,
06:49 il faut arrêter avec ça, il faut être plutôt constructif d'avant.
06:52 On peut tomber, ce n'est pas grave en soi si on est protégé.
06:56 Et ça va nous servir de rebond.
06:58 Donc à un moment donné, il faut remettre même une concurrence saine
07:01 vis-à-vis des entreprises, parce qu'aujourd'hui,
07:03 celles qui tombent, qui ont explosé en termes de défaillance
07:06 sur le premier semestre, sont les entreprises de plus de 20 salariés
07:09 à plus de 100% de progestion par rapport à l'année dernière.
07:11 Parce qu'à un moment donné, elles sont moins, je dirais, flexibles,
07:15 dans le sens où quand vous avez beaucoup de salariés,
07:17 un déficit de trésor et une tension de trésorerie,
07:19 vous tombez très vite.
07:20 Donc aujourd'hui, cette flexibilité-là, elle est complexe à avoir
07:23 et il faut savoir se protéger.
07:25 Donc nous, on revendique plutôt l'accès à l'information.
07:28 Que les gens peuvent se protéger en amont,
07:31 on sait que les difficultés sont devant nous.
07:33 On ne va pas pouvoir tout résoudre et ce n'est pas possible
07:36 et il ne faut pas le faire.
07:38 Il faut plutôt informer que dire que l'entrepreneuriat,
07:40 c'est dangereux, il faut savoir anticiper.
07:42 De savoir anticiper permet bien souvent, en fin de compte,
07:45 d'être plus proactif et de s'en sortir plus facilement aussi.
07:48 Parce que généralement, les gens qui s'assurent ont un taux de casse
07:51 plus bas que ceux qui ne s'assurent pas.
07:54 Donc c'est un petit côté pas de lapin, mais qui n'est pas une paire de lapins.
07:56 Je prends conscience que j'ai beaucoup d'aléas,
07:59 que juste gagner mon entreprise, trouver des clients,
08:02 ça ne suffit pas, ça ne suffit plus.
08:04 Il faut être bon gestionnaire, il faut savoir recruter,
08:06 il faut savoir anticiper les risques, il faut savoir se protéger.
08:09 Anticiper, anticiper, anticiper.
08:11 Quand vous êtes un influencer, la journée, elle fait 24 heures.
08:13 Moi, je ne suis pas superman, vous avez vu, je ne suis pas un super héros.
08:16 Je suis juste un chef d'entreprise comme tout le monde.
08:18 Et par rapport à ça, des fois, j'ai besoin d'être aidé, accompagné,
08:21 et je peux peut-être tomber.
08:22 30% des hommes et femmes chefs d'entreprise qui tombent,
08:25 et qui ont été accompagnés, rebondissent et créent une entreprise dans l'année.
08:29 C'est très anglo… Dans les pays anglo-saxons,
08:32 un chef d'entreprise qui tombe a une meilleure valeur,
08:35 un plus-value qu'un entrepreneur qui vient de créer sa boîte.
08:38 Parce qu'il va tirer les enseignements de ses échecs.
08:41 Et l'échec, vous pouvez en tirer les enseignements si vous avez à manger dans le frigo.
08:45 Pour devenir champion du monde olympique ou par exemple la coupe du monde de rugby,
08:50 vous en subissez des échecs avant de gagner.
08:52 Et il n'y en a qu'un seul qui gagne.
08:54 Un chef d'entreprise doit se battre tous les jours pour gagner ses marchés.
08:56 Alors, juste pour rappeler et pour terminer,
08:58 rappelons-le, combien ça coûte en moyenne de s'assurer contre le chômage ?
09:01 Un chef d'entreprise qui gagne en moyenne 40 000 euros par an, c'est 100 euros par mois.
09:06 Ça coûte moins cher au même prix que la mutuelle de la prévenance
09:09 qu'on met en place pour nos salariés.
09:11 Donc non, ce n'est pas cher.
09:12 Il faut tuer ce message comme quoi ça serait trop cher.
09:15 C'est accessible, il faut juste être à la bonne santé au moment de s'inscrire.
09:19 Voilà, c'est simple, mais encore faut-il que les gens aient l'information.
09:22 Cassons ces mythes comme quoi le chef d'entreprise n'a le droit à rien,
09:25 il doit s'assumer tout seul.
09:27 Non, c'est faux, c'est possible et ce n'est pas cher.
09:29 100 euros par mois, je suis désolé, ce n'est pas cher pour pouvoir s'en sortir demain.
09:33 D'accord, merci beaucoup M. Streicher.
09:34 Merci à vous.
09:35 Allez, rendez-vous.