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Parmi les 70.000 enfants et adolescents qui faisaient leur rentrée scolaire ce lundi matin dans les Pyrénées-Orientales, environ 10.000 sont scolarisés dans des établissements privés. C'est au-dessus de la moyenne nationale.

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Transcription
00:00 Mais en attendant à 7h47 la grande actu du jour, c'est aussi évidemment la rentrée scolaire.
00:05 Ce matin on s'intéresse au match public-privé dans les Pyrénées-Orientales.
00:08 On en parle à Suzanne Chodjaï avec votre invitée, c'est le secrétaire académique du SNEC CFTC.
00:13 Le SNEC c'est le Syndicat National de l'Enseignement Chrétien.
00:16 Bonjour Romain Martignolle.
00:17 Bonjour à tous.
00:18 Vous êtes prof d'histoire-géo au lycée Bon Secours à Perpignan.
00:22 Alors est-ce que cette année encore il y a eu beaucoup de nouvelles inscriptions
00:26 dans les établissements privés dans le département ?
00:29 Alors effectivement aujourd'hui c'est la rentrée et une rentrée qui s'annonce sous de très bons auspices
00:33 effectivement pour nos établissements. On peut dire qu'on a fait le plein.
00:37 Au total il y a environ 10 000 élèves scolarisés dans les établissements privés catholiques
00:42 dans les Pyrénées-Orientales, c'est environ un élève sur sept, c'est bien plus que la moyenne nationale ?
00:47 Alors effectivement la moyenne nationale est à peu près à 20% sur le département.
00:51 On est au-dessus et même je pourrais dire sur l'Académie de Montpellier en général.
00:54 On le voit surtout dans les collèges.
00:56 Alors surtout dans les collèges en effet, c'est véritablement, et ça c'est une tendance nationale,
01:00 le secteur d'enseignement sur lequel l'enseignement privé recrute le plus.
01:04 40% des élèves des Pyrénées-Orientales sont dans le privé, pourquoi spécialement dans le collège ?
01:09 Alors il y a plusieurs logiques, bien sûr il y a une logique de continuité.
01:13 On a des familles qui nous font confiance dès le départ, on va dire, dès l'école maternelle.
01:17 Et après c'est vrai que bien souvent pour des logiques aussi peut-être de carte scolaire,
01:21 eh bien on a des familles qui font le choix de rejoindre l'enseignement privé.
01:25 Pas que leur bonheur est de l'autre côté, côté public, mais voilà c'est un choix des familles.
01:31 On a vraiment l'impression qu'il y a une fuite pourtant du public vers le privé ces dernières années dans les PO.
01:36 Vous le voyez pas comme ça ?
01:38 Alors une fuite, c'est peut-être un peu fort.
01:41 En tout cas c'est plus vrai sur certains secteurs géographiques, particulièrement sur la ville de Perpignan en effet.
01:46 Après en milieu rural c'est beaucoup moins net.
01:49 Parce que les établissements scolaires à Perpignan ont mauvaise réputation, en tout cas les établissements publics à Perpignan ?
01:54 En tout cas la logique d'évitement joue plus à Perpignan, ça c'est évident.
01:57 C'est ce que les parents vous expliquent ?
01:59 C'est en partie, alors encore une fois pas tous, puisqu'il y en a qui sont là pour des choix personnels, de conviction aussi.
02:04 Il y a des familles qui viennent dans les écoles catholiques parce qu'elles ont elles-mêmes fait leurs études,
02:08 parce qu'aussi il y a le projet pastoral qui est proposé.
02:11 Mais il faut bien reconnaître aussi que certaines viennent au privé, et ils vous le disent clairement, pour éviter le collège de secteur.
02:16 La conviction donc c'est pas la majorité des parents qui choisissent les établissements privés pour les convictions ?
02:23 Alors oui, non, effectivement, alors là pour le coup c'est l'enseignant et le syndicaliste qui parlent.
02:28 Oui je pense que c'est pas forcément le facteur déterminant, même si ça reste,
02:32 une part des familles reste là-dessus, mais c'est pas forcément la majorité effectivement.
02:37 En moyenne ça coûte combien une année dans le privé ?
02:39 Alors c'est variable en fonction du niveau de l'élève, puisqu'après les tarifs sont départementaux.
02:43 Donc on ne fait pas plus cher ou moins cher chez le voisin que chez soi.
02:47 Sur une scolarité en école maternelle primaire, on est aux alentours de 500 euros l'année,
02:52 et dans le second degré, entre 700 et 900, en fonction de savoir si c'est collège, lycée, lycée professionnel,
02:57 puisque les frais de scolarité varient aussi.
03:00 Donc ça reste plutôt accessible pour une bonne partie des familles du département, c'est ça ?
03:05 On est loin des clichés finalement, les riches dans le privé ?
03:07 On est loin des clichés effectivement, on n'est pas...
03:10 Il y a certains établissements parisiens très huppés qui ont des tarifs beaucoup plus élevés bien sûr,
03:13 mais on n'a pas ça chez nous.
03:15 Ça reste d'autant plus accessible qu'on scolarise dans nos écoles pas mal de jeunes boursiers.
03:20 On a des taux qui vont entre 15 et 30% en fonction des établissements, des secteurs géographiques.
03:25 Donc voilà, qui dit privé dit pas forcément familier.
03:28 France Bleu au Sillon, l'invité du 6/9.
03:32 18h30 sur France Bleu et France 3, notre invité Romain Martignale,
03:36 secrétaire académique du SNEC, le Syndicat National de l'Enseignement Chrétien.
03:40 Si je comprends bien, les familles qui scolarisent leurs enfants dans le privé
03:44 sont moins intéressées par l'enseignement religieux que par les conditions d'accueil de leurs enfants ?
03:49 Alors oui, je pense qu'effectivement aujourd'hui, c'est les conditions d'accueil,
03:54 c'est les projets d'établissement qui font que des familles nombreuses
03:57 et issues d'horizons très divers, puisque qui dit enseignement privé
04:00 dit majoritairement enseignement catholique.
04:02 Plus de 95% des établissements en France est la quasi-totalité sur le département.
04:06 Mais nous accueillons des familles, parce que catholique c'est aussi universel,
04:09 donc nous accueillons des familles de toute confession,
04:11 et même des familles sans confession aussi,
04:13 puisqu'il y a beaucoup de jeunes qui sont issus de milieux athées,
04:16 qui rejoignent nos écoles, parce qu'effectivement,
04:18 c'est l'encadrement qui est proposé, c'est le suivi,
04:21 qui fait que, à un moment donné, il y a des familles qui font le choix
04:25 de l'enseignement privé au-delà des considérations confessionnelles.
04:28 Après, l'idée n'est pas d'entretenir une pseudo-guéguerre avec nos collègues du public,
04:31 qui font aussi très bien leur travail,
04:33 mais la liberté d'enseignement, c'est un principe constitutionnel
04:36 auquel nous sommes attachés, nous, au SNECS FTC.
04:38 - Surtout que dans le privé, on ne peut pas dire que les classes soient
04:41 moins chargées que dans le public ? Au contraire, même parfois ?
04:45 - Alors non, effectivement, on a des effectifs tout à fait comparables,
04:48 voire parfois supérieurs, tout simplement parce que les moyens d'enseignement
04:51 sont alloués par le ministère, et le ministère nous applique une logique comptable
04:54 encore plus drastique qu'aux collègues du public.
04:57 Une classe de seconde, par exemple, pour le rectorat dans un lycée privé,
05:00 c'est 35 élèves minimum, voire 36, et les retraits de moyens interviennent
05:04 tout de suite parce que, justement, il n'y a pas l'obligation de scolariser
05:08 sur différents secteurs, comme il va y avoir dans le public.
05:11 Nous, si on ne fait pas le plein, on retire des moyens d'enseignement.
05:14 Donc il faut effectivement que les classes soient bien garnies,
05:17 et en plus, derrière, il y a aussi la rentabilité de la structure,
05:20 puisqu'il faut payer le chauffage, l'électricité,
05:23 les salaires des personnels non-enseignants,
05:25 puisque les personnels enseignants sont pris en charge par l'État.
05:28 Tout cela nécessite que les classes soient suffisamment remplies
05:31 pour assurer les dépenses.
05:33 - Et puisqu'il y a un espoir, on va dire, de certains parents
05:36 quand ils scolarisent leurs enfants dans les établissements privés,
05:39 est-ce que, finalement, les résultats suivent ?
05:41 - Alors oui, effectivement, les résultats suivent,
05:44 parce qu'on peut se gargariser en regardant simplement
05:47 les résultats du haut baccalauréat.
05:49 Les résultats du haut baccalauréat, ils n'ont de sens que si on les met
05:52 en perspective avec les attentes ministérielles.
05:54 Le rectorat, le ministère, pour chaque établissement,
05:57 le ministère privé, fixe un cap à atteindre.
05:59 Ce cap, il est fonction, mais justement, des spécialités de l'établissement,
06:02 des options que l'on propose, mais aussi de ce qu'on appelle
06:05 l'IPS, qui est l'indice de position sociale des familles,
06:09 puisqu'effectivement, on fonctionne des familles
06:11 qui envoient les enfants dans l'établissement,
06:13 si elles sont plutôt aisées ou plutôt modestes,
06:16 si elles ont un niveau d'études plus élevé ou moins élevé, etc.
06:19 - Mais est-ce que les résultats des enfants suivent ?
06:22 - On a un objectif, et l'idée, c'est de dépasser cet objectif.
06:25 Et effectivement, quand on regarde sur le département, par exemple,
06:28 les objectifs fixés par le ministère sont atteints,
06:30 voire dépassés dans la plupart des cas.
06:32 Donc, on peut dire que les résultats sont au rendez-vous,
06:34 mais il faut les regarder par rapport à ce qu'on attend de nous.
06:36 - Et ils sont meilleurs que dans le public ?
06:38 - Non, ils ne sont pas meilleurs que dans le public.
06:40 Ils ne sont pas meilleurs, il faut regarder établissement par établissement,
06:43 parce qu'après, on ne part pas sur la même base au départ,
06:45 et il faut regarder si on dépasse ou pas l'objectif atteint.
06:47 Si on le dépasse, on peut dire qu'on est bon,
06:49 si on ne le dépasse pas, c'est qu'on a progressé,
06:51 et ça, c'est valable dans le public et dans le privé.
06:53 - On l'a dit, les classes sont aussi chargées,
06:55 si ce n'est plus surchargées encore, que dans le public,
06:58 et vous manquez aussi d'enseignants, c'est les mêmes problématiques que dans le public.
07:01 - Les problématiques de recrutement, on les retrouve partout.
07:03 Alors là, c'est encore une fois le syndicaliste qui parle.
07:05 Quand on voit la grille de rémunération des enseignants,
07:09 quand on voit la perte de pouvoir d'achat sur les deux ou trois dernières décennies,
07:12 on peut comprendre que le métier d'enseignant
07:14 fasse un peu moins rêver, si tant est qu'il ne l'ait jamais fait.
07:18 Et oui, on a les mêmes problématiques de recrutement,
07:20 parce que le recrutement, c'est la même chaîne que dans le public.
07:23 Il faut obtenir un concours, un concours à Bac +5 aujourd'hui,
07:26 et obtenir un Bac +5 pour commencer sa carrière à 1600-1700 euros,
07:30 il n'y a pas beaucoup de candidats au portillon,
07:32 surtout sur certaines disciplines scientifiques.
07:34 - Dernière question, rapidement pour terminer.
07:36 Le maire de Perpignan, Louis Alliot, souhaite lancer une expérimentation
07:39 dans les écoles de la ville, expérimenter l'uniforme,
07:42 un sweatshirt, une blouse,
07:44 ce n'est pas encore très clair sur la forme que ça apprendra,
07:47 mais vous, qu'est-ce que vous en pensez,
07:49 sachant que dans certains établissements du département,
07:51 certains établissements privés, il y a déjà l'uniforme depuis plusieurs années ?
07:55 - Oui, alors effectivement, la proposition de Louis Alliot,
07:57 chez nous, dans le privé, elle n'a rien de très neuf,
08:00 puisque beaucoup d'établissements pratiquent.
08:02 Certains pratiquent historiquement, depuis des décennies,
08:05 la blouse à l'école primaire, je pense à Sainte-Marie à Toulouge, par exemple.
08:08 D'autres sont revenus à une tenue commune,
08:11 comme Sainte-Louis de Gonzague à Perpignan,
08:13 ou Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus à la rentrée, sur Perpignan, toujours.
08:16 Alors, l'idée, c'est peut-être, et il y en a peut-être un peu plus besoin chez nous,
08:19 puisqu'on a parlé tout à l'heure, quand même,
08:21 de la très grande diversité des enfants accueillis et de leur origine sociale.
08:25 L'idée, c'est de mettre en place une tenue commune
08:27 qui gomme ces différences-là.
08:29 - Ça marche ou ça marche pas ?
08:31 - C'est pas une baguette magique non plus,
08:33 puisque quand on y réfléchit, un suit commun,
08:36 ça n'empêche pas les pantalons, ça n'empêche pas les chaussures,
08:38 ça n'empêche pas le sac de marque.
08:40 Donc au final, la stigmatisation, elle peut se faire.
08:42 Après, il y a aussi le côté sentiment d'appartenance à une structure,
08:45 surtout sur les établissements qui scolarisent de la maternelle au lycée.
08:47 Ça peut donner un esprit un peu corporate,
08:49 pour prendre un terme, un anglicisme.
08:51 - Merci beaucoup Romain Martignolle.
08:53 Vous êtes le secrétaire académique du syndicat enseignant SNEC,
08:56 le Syndicat National de l'Enseignement Chrétien.
08:58 Merci et très bonne rentrée au lycée.
09:00 Bon secours à Perpignan.
09:02 - Merci à vous et très bonne rentrée,
09:04 tout spécialement à mes élèves qui vont leur rentrer ce matin.
09:06 - Petite dédicace sur France Bleu,
09:08 Rossia et France 3 pays, qu'est-ce qu'elle en remercie à vous.

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