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00:00 Ça tourne. C'est parti. Bonjour à tous. Bienvenue sur Capital. Aujourd'hui, nous recevons Bertrand Piccard. Alors, on ne vous présente plus. Vous êtes à la fois psychiatre, je dirais sportif, aventurier, mais surtout, vous avez également fondé Solar Impulse. Et vous allez nous expliquer un petit peu déjà l'objet de votre fondation.
00:24 C'est vrai qu'après le tour du monde en avion solaire, je me suis aperçu que même s'il y a énormément de solutions techniques pour protéger l'environnement, il reste un clivage très important dû à un vieux narratif que l'écologie, c'est cher, c'est rébarbatif, c'est sacrificiel.
00:44 Et par conséquent, il y a quand même beaucoup de gens qui s'y opposent pour des raisons économiques, pour des raisons politiques. Et j'ai lancé la fondation Solar Impulse sur la mission de montrer à quel point cette transition écologique et énergétique peut être enthousiasmante, peut être économiquement rentable, peut être créatrice d'emplois et amener un narratif qui permette de diminuer ce clivage.
01:08 Et ce narratif, nouveau narratif, il est étayé par toutes les solutions techniques que nous avons trouvées. Nous sommes maintenant à 1500 solutions qui protègent l'environnement, qui sont économiquement rentables et qui existent aujourd'hui.
01:22 Et il s'agit maintenant de les faire appliquer, de les faire utiliser par le plus de pays possible, le plus d'entreprises possibles, le plus de citoyens possibles.
01:31 Alors, justement, vous préparez une exposition pour la rentrée en France avec des démonstrations, si j'ai bien compris, de certaines de ces solutions. Est ce que vous pourriez nous citer des exemples concrets?
01:43 Oui, alors il y a la Cité des sciences de Paris, le premier prototype de Solar Impulse. Donc, on a des liens forts avec cette institution qui, en ce moment, a une exposition permanente sur l'urgence climatique.
01:57 Donc, en fait, tout ce qu'il faut pour baisser le moral, pour être éco anxieux, éco déprimé, une urgence à laquelle on ne répond pas suffisamment.
02:07 Donc, on s'est dit avec la Fondation Solar Impulse qu'on allait répondre à cette exposition par les solutions.
02:13 Et c'est une exposition sur les villes de demain et tout ce que les villes peuvent utiliser comme solution technique.
02:19 Alors, on a des démonstrateurs, on a les enjeux des dessins, des films, etc. Vous me demandez deux exemples.
02:26 Il y en a un, c'est Windbox. Windbox, une société française qui met sur les bords des toits des immeubles des petites turbines éoliennes qui sont inclus dans un cylindre.
02:39 Donc, ça ne fait pas de bruit, ça ne se voit pas et ça permet d'amener du courant électrique à la maison.
02:44 Il y en a un autre que j'aime beaucoup parce que avec Windbox, on produit de l'énergie. Avec l'autre, on l'économise.
02:51 C'est Virtuose Control. Et là, ce n'est pas une start-up, c'est ENGIE, qui est un système de contrôle à distance de tout ce qui est énergétique,
03:01 et notamment au chauffage et climatisation dans les bâtiments pour que ce soit réglé automatiquement en fonction des gens qui sont dans une pièce.
03:08 Et c'est directement des réductions de 15 ou plus pour cent de consommation d'énergie.
03:15 Donc, on voit qu'il y a plein de solutions, mais les gens ne les connaissent pas, ne les utilisent pas suffisamment.
03:20 Alors, justement, là, vous vous apprêtez à participer à un débat plutôt sur l'énergie.
03:25 Donc, on sait qu'il faut d'abord parce que nos ressources sont limitées et puis vont arriver à leur terme.
03:32 Il faut se désengager du pétrole, du gaz, du charbon. Est-ce que vos solutions, elles vont pouvoir pallier à l'arrêt de ces énergies fossiles?
03:44 Ils y contribuent énormément sous deux angles. Un angle, c'est la production d'énergie renouvelable, d'énergie propre qui n'est pas limitée au solaire et à l'éolien.
03:55 C'est aussi la biomasse, c'est-à-dire les déchets agricoles, les déchets organiques, les déchets de ferme qui peuvent être transformés en gaz.
04:02 Donc, c'est neutre sur le plan carbone. L'hydroélectrique de petites rivières, des turbines qu'on met dans les rivières qui peuvent alimenter les villages riverains.
04:10 La géothermie, bien sûr. Et puis, tout ça, ça suffira jamais si on continue à gaspiller l'énergie comme on la gaspille aujourd'hui.
04:18 Donc, une grande partie des solutions que nous amenons, c'est des solutions qui permettent d'être plus efficients.
04:25 Et ce terme efficient, c'est les fondamentales. Il n'est pas toujours compris. L'efficience, c'est quand on peut faire mieux avec moins, moins de ressources, moins de matières premières, moins d'énergie, etc.
04:38 Et ça permet de résoudre ce grand problème d'aujourd'hui qui est celui du gaspillage. Aujourd'hui, les trois quarts d'énergie produite sont gaspillées.
04:46 La moitié de l'énergie est gaspillée. 95% des déchets sont gaspillés parce qu'on ne comprend pas que c'est une ressource à utiliser.
04:53 On a plein de solutions qu'on a identifiées dans le monde pour faire des pierres de construction avec des déchets non recyclables des villes, des plastiques qu'on peut fabriquer de manière bioorganique avec des déchets végétaux, du recyclage permanent de PET.
05:13 Enfin, des tas de choses élémentaires qui permettent d'améliorer notre quotidien, qui permettent de créer des business, des nouveaux marchés, des nouveaux débouchés, puis de protéger l'environnement de manière majeure.
05:27 Et comment vous les trouvez justement? Comment vous repérez en fait toutes ces solutions?
05:32 On va voir des associations de technologies propres, des fonds d'investissement et on demande qui a des solutions techniques propres.
05:41 On va voir des pays, on va voir des entreprises, on va voir des régions. On a par exemple un partenariat avec la région Île-de-France, avec la région Grand Est, avec les Pyrénées-Atlantiques.
05:52 Et puis on regarde sur place quelles sont les solutions intéressantes dont il faudrait parler et qu'on pourrait promouvoir aussi à l'externe.
05:58 Et puis on leur amène des solutions qu'on trouve ailleurs. Donc c'est un grand marché de solutions.
06:04 Et pour moi, c'est absolument fondamental de montrer qu'il y a toutes ces solutions qui sont à disposition.
06:12 Alors, quelle est la part de l'effort qui doit être fait au niveau, on va dire systémique et au niveau individuel?
06:18 Parce que voilà, est ce que les petits gestes comptent encore, notamment économiser de l'eau au quotidien chez soi?
06:25 Ou est ce que ça passera quand même essentiellement par un changement de grande ampleur à grande échelle?
06:32 Mais tout est important. On n'aura jamais de changement de grande ampleur à grande échelle si on n'a pas aussi les petits gestes quotidiens.
06:40 Si les gens ne sont pas respectueux pour ce qu'ils utilisent, pour ce qu'ils consomment, pour ce qu'ils achètent, pour ce qu'ils jettent.
06:47 Mais maintenant, les changements de grande échelle, à mon avis, vont être obtenus par des changements législatifs.
06:53 Parce qu'aujourd'hui, si vous regardez dans le monde, il est légalement autorisé d'être inefficient, de gaspiller, de polluer,
07:03 de mettre autant de CO2 que vous voulez dans l'atmosphère, d'utiliser des vieux systèmes démodés.
07:08 Tout ça, c'est autorisé. Et nous, on a toute cette action aussi qui s'appelle le prêt à voter avec le thème.
07:14 Quand le climat change, les lois doivent changer et de montrer que si on devient beaucoup plus exigeant en termes d'efficience,
07:23 en termes de remplacement de ce qui pollue parce qu'il protège l'environnement au niveau du cadre légal,
07:29 on va obtenir une aspiration de toutes les solutions sur le marché. Parce qu'aujourd'hui, ces solutions ne sont pas utilisées
07:36 puisqu'elles ne sont pas nécessaires sur le plan légal. Il y a des gens qui vous disent écoutez, moi, peut être que je pollue, mais c'est légal.
07:43 Donc, pourquoi est ce que je changerais changer la loi? Puis je changerais. Nous, on essaie de changer la loi pour que ça change
07:49 et que l'innovation technique, au lieu d'être poussé avec des tas de subventions, soit tiré par un cadre législatif qui soit moderne,
07:57 aussi moderne que la technologie qu'on peut obtenir. Pour finir, est ce que vous restez optimiste?
08:02 Et est ce que vous avez un message à faire passer aux auditeurs de Capital? Moi, je ne suis pas optimiste parce que si on est optimiste,
08:10 on fait rien en croyant que la situation va s'arranger toute seule. Et je ne suis pas non plus pessimiste parce que quand on est pessimiste,
08:16 on fait rien en croyant que de toute façon, tout est foutu. Donc, j'essaie d'être réaliste, réaliste.
08:22 C'est quand on obtient un résultat indépendant de son idéologie et toutes ces idéologies de gauche, de droite, d'écologie, d'industrie,
08:31 de finance, d'économie, etc. Finalement, elles augmentent le clivage politique et elles diminuent la capacité de dialogue.
08:39 Donc, moi, j'essaie de voir ce qui peut réconcilier tous les partis. Et on voit qu'aujourd'hui, c'est possible.
08:46 Vous pouvez, avec la transition écologique et énergétique, baisser le coût de l'énergie pour les gens les plus démunis,
08:54 créer des emplois, développer des nouveaux marchés industriels. Donc, en fait, vous réconciliez l'écologie et l'économie au bénéfice des citoyens.
09:03 Et ça, je pense que c'est ce que le monde politique doit absolument comprendre aujourd'hui.
09:07 Très bien, Major. Merci beaucoup.
09:09 Et puis, bien sûr, allez visiter l'exposition à la Cité des sciences parce que là, vous allez ressortir super intéressé avec tout ce qui est disponible aujourd'hui.
09:19 C'est absolument passionnant. Cette exposition, elle est ouverte du 20 septembre au 9 janvier.
09:24 Merci beaucoup.
09:25 Avec plaisir. Merci.

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