Rentrée 2023 - Abayas, le Pacte et les enseignants et les élèves au milieu

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2023 sera la rentrée des abayas, ou ne sera pas ? Pour Sylvain, prof de lycée aux Ulis en Essonne, les préoccupations sont tout autres : le manque de collègue, les difficultés d'orientations des élèves, le surnombre en classe... et surtout le Pacte enseignant, la nouvelle mesure "bricolage" du gouvernement. L'Humanité l'a suivi dans sa journée de rentrée.

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Transcription
00:00 C'est ce rapport au réel qui est trop beau quand t'es prof quoi.
00:02 C'est genre un élève qui te regarde quand il a compris.
00:04 C'est un rendez-vous qui se passe bien avec les parents
00:06 et tu sens que t'as servi à quelque chose, tu leur as apporté un truc.
00:09 C'est ça qui est ouf.
00:10 On peut dire ouf quand on est prof de français, ouais.
00:13 Mais on peut pas l'écrire dans une copie.
00:14 Bonjour.
00:20 Il est meilleur dans la salle d'épreuve ou pas le café sinon ?
00:25 Ouais il est un peu meilleur, c'est pour ça.
00:26 J'en prends un premier, mais il y en aura après de toute façon.
00:28 [Rire]
00:29 Je m'appelle Sylvain, je suis prof de français depuis plus de 10 ans maintenant.
00:34 J'enseigne au lycée Les Souriaux.
00:36 C'est aux Ulysses en Essayes.
00:37 Aujourd'hui, c'est l'après-rentrée des profs.
00:39 J'ai fait un petit dej de rentrée,
00:41 mais c'est parce qu'il va y avoir un deuxième petit dej d'accueil des profs.
00:44 Le proviseur, la proviseure adjointe vont me présenter un petit peu les enjeux de l'année.
00:47 Ça va faire maintenant plus de 10 ans que je suis prof.
00:49 Et le lycée Les Souriaux, qui est le lycée où je travaille,
00:51 c'est en fait mon tout premier poste.
00:54 Je me suis vraiment beaucoup attaché à ce lycée tout de suite.
00:56 C'est un lycée qui accueille vraiment tout le monde et c'est pour ça que j'aime bien.
01:00 Je pense que ce matin, ça va être aussi la mise en place du pacte.
01:02 Donc le pacte, c'est un contracte que tu établis avec le chef d'établissement.
01:07 En gros, tu es payé un peu, un peu plus, et tu acceptes différentes missions.
01:11 C'est-à-dire que si tu as un collègue qui n'est pas là pendant peu de temps,
01:15 jusque-là l'éducation nationale ne le remplaçait pas,
01:18 tu dois te dire sur tel jour, s'il faut remplacer un collègue, je suis dispo.
01:20 Si, admettons, le prof de maths n'est pas là,
01:23 il y a un remplacement qui va se faire, mais qui n'est pas forcément en maths,
01:25 parce qu'après tout, il n'y a peut-être pas de collègue de maths qui est disponible sur ces créneaux-là.
01:28 Donc ça va être un collègue d'une autre matière.
01:31 Donc l'heure de maths perdue, elle reste perdue.
01:34 Et ils auront français avec tartampion ou anglais avec machin.
01:38 On manque d'effectifs et ce qu'ils font, c'est simplement du bricolage, ça ne règle aucun problème.
01:42 Il faut vraiment travailler plus pour gagner plus.
01:48 Comme si le problème de l'éducation nationale, c'est que les profs ne travaillaient pas assez
01:51 et qu'il faudrait les inciter par de la thune à aller faire plus travailler.
01:55 Mais les profs, en fait, ils bossent, ils ne peuvent pas se dire comme ça
01:58 « Ah, en fait, je vais me rajouter une heure de cours » ou « Je vais me rajouter tel projet. »
02:01 Alors que gérer 35 gamins toute la journée, c'est déjà un boulot à plein temps.
02:04 Tu ne peux pas rajouter un truc, en fait.
02:05 Je pense que j'ai des collègues qui vont signer le pacte pour des raisons financières.
02:08 C'est un peu par vrai choix, en fait.
02:10 Je ne peux pas vous dire combien accepteront et combien signeront le pacte.
02:14 Moi, ce que je sais, c'est que les enseignants, les professeurs, ils ont envie que les élèves réussissent.
02:19 Je ne signerai pas le pacte.
02:21 C'est l'étui Région Île-de-France, mais ce n'est pas le portable de l'Île-de-France
02:23 puisque le portable donné par la région, évidemment, il ne fonctionne pas.
02:27 Ah, il a fonctionné une petite année, quand même.
02:30 Juste pour nous montrer la tête de Pécresse qui disait à quel point c'était super qu'on nous donne des ordinateurs.
02:35 « Chers lycéennes, chers lycéens, bonjour à tous. »
02:38 Ça a fonctionné autant de Pécresse, oui.
02:41 Ah non, franchement, le chargeur fonctionne super bien.
02:43 Allez, c'est parti.
02:44 [Musique]
02:59 C'est un métier que j'aime énormément.
03:02 C'est les élèves, de toute façon.
03:04 Enfin, c'est l'humain.
03:05 Les élèves et les collègues.
03:05 Il y a beaucoup de collègues qui lâchent, en fait.
03:09 Ça, ça fait partie des trucs un peu durs.
03:13 C'est qu'on se rend compte que c'est dur.
03:14 Typiquement, l'orientation, tu peux te sentir super impuissant
03:17 parce que ce n'est pas toi qui as choisi Parcoursup,
03:19 ce n'est pas toi qui as choisi que l'école puisse faire du trisocial et des choses comme ça.
03:23 Tu n'en es pas responsable directement.
03:25 Par contre, tu es prof, donc il faut que tu gères ça.
03:27 Ça peut être un peu lourd, des fois, de gérer ces deux trucs-là.
03:30 À la fois, l'élève qui te regarde et la grosse machine.
03:34 Et en même temps, c'est ce rapport au réel qui est trop beau quand tu es prof.
03:36 C'est un élève qui te regarde quand il a compris.
03:38 C'est un rendez-vous qui se passe bien avec les parents
03:41 et tu sens que tu as servi à quelque chose, tu leur as apporté un truc.
03:43 C'est ça qui est ouf.
03:45 On peut dire ouf quand on est prof de français,
03:47 mais on ne peut pas l'écrire dans une copie.
03:50 J'ai fait plusieurs années sans être syndiqué
04:00 et j'y suis venu progressivement en voyant comment fonctionnait le métier.
04:04 Des profs fatigués, des effectifs plus nombreux, des salles qui sont mal faites.
04:09 Tout ça, ça impacte directement les élèves.
04:12 Globalement, c'est une trentaine dans toutes les classes.
04:16 Et là, on est arrivé.
04:18 Donc le lycée de l'Essorvio, il a été tout refait, tout beau.
04:23 Donc aujourd'hui, c'est tranquille, il n'y a que des profs.
04:25 C'est presque pire que les élèves, les profs. Il faut savoir.
04:28 Oui, on est fort dans les camps !
04:30 Allez, c'est parti.
04:32 [Musique]
04:46 La pré-rentrée, c'est fini.
04:48 On va faire la petite routine, acheter l'agenda et deux, trois fournitures.
04:52 C'est parti.
04:53 L'eau rouge, chemise et puis l'agenda, mais je ne sais pas s'ils auront ce que je veux.
05:00 [Musique]
05:11 Oui, il y en a quand même pour 20 balles.
05:12 Et là, j'achète beaucoup moins qu'un élève, en fait.
05:14 J'achète même vraiment beaucoup moins.
05:16 [Musique]
05:22 Bon, à la maison.
05:23 Tu peux nous dire quelques sujets dont vous avez besoin ?
05:27 Oui, on a parlé de planning des épreuves blanches avec le report du bac.
05:33 Moi, je suis prof principal, donc accueil des classes dont on a la responsabilité.
05:37 Après, des questions de calage, d'ampleur du temps, ce qui pouvait poser problème.
05:42 Des salles de TP qui ne peuvent pas être utilisées plusieurs fois.
05:46 Voilà, des détails techniques, mais qui permettent de fonctionner.
05:49 Et les abayas ?
05:50 Eh bien, on en a parlé un peu, mais ce n'était pas l'essentiel de la journée, clairement.
05:55 Tac.
05:59 Bon, ben voilà, programme du week-end, préparation de la vraie rentrée des élèves.
06:04 C'est parti.
06:05 Bonne rentrée aux collègues, aux élèves.
06:09 [Bruit de clavier]
06:13 [Bruit de clavier]
06:16 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]
06:19 [SILENCE]

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