La mère de Maïlys, Séverine, qui était la meilleure amie de Lindsay était l'invitée du Live Toussaint sur BFMTV. La famille de Maïlys doit rencontrer le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, ce mercredi 6 septembre dans l'après-midi.
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00:00 C'est un cauchemar qui recommence.
00:02 Le harcèlement scolaire est un fléau
00:06 que nous n'arrivons pas à éradiquer,
00:08 même si des choses ont été mises en place.
00:09 On en reparlera dans quelques instants avec Véronique Fèvre,
00:11 et même si, évidemment, le sujet est pris très au sérieux.
00:16 Nous sommes en direct avec Séverine.
00:17 Séverine, c'est la maman de Maëlys.
00:19 Maëlys était la meilleure amie de Lindsay, 13 ans,
00:23 qui a mis fin à ses jours le 12 mai 2023.
00:26 C'est un drame dont on a beaucoup, beaucoup parlé.
00:28 Bonjour Séverine, merci de nous rejoindre en direct sur BFM TV.
00:32 C'est une journée particulière parce que vous serez,
00:35 je crois, avec les parents de Lindsay,
00:38 reçus au ministère de l'Éducation nationale par Gabriel Attal.
00:42 Aujourd'hui, c'est bien cela ?
00:45 Oui, bonjour.
00:47 Oui, nous avons rendez-vous avec M. Gabriel Attal cet après-midi.
00:52 Qu'est-ce que vous attendez de ce rendez-vous ?
00:57 On attend beaucoup de choses.
01:01 On attend qu'il nous propose des actions.
01:08 Il ne suffit pas d'avoir que des paroles.
01:09 En fait, on attend beaucoup d'actes.
01:13 Avant d'aller plus loin, Séverine,
01:15 comment s'est passée la rentrée de votre fille, de Maëlys ?
01:21 Très dure. Très dure.
01:22 Maëlys nous a fait une crise d'angoisse juste avant la rentrée.
01:29 Elle en avait déjà fait une ce week-end.
01:31 Je l'avais emmenée aux urgences.
01:33 Donc, le médecin lui avait appris comment faire pour se détendre, se calmer.
01:43 Et donc, c'est ce qu'on a fait juste avant de rentrer à l'école.
01:46 On a travaillé, elle a repris son souffle et après, elle est rentrée à l'école.
01:52 Mais ça a été très dur pour elle.
01:54 Comment s'est passée cette journée ?
01:59 Le lundi, ça n'a été que l'après-midi.
02:02 Donc, ça a été court.
02:04 Hier, elle est rentrée toute la journée.
02:09 Hier, elle n'était pas très bien.
02:11 Elle est rentrée de l'école.
02:13 Elle est allée directement prendre sa douche et se poser dans sa chambre.
02:20 Elle s'est renfermée sur elle et elle est restée dans sa chambre.
02:24 Quelles mesures concrètes ont été prises pour cette rentrée pour votre fille ?
02:29 Le choix de l'établissement, l'accueil ?
02:31 Qu'est-ce qui s'est passé concrètement ?
02:36 Le choix de l'établissement, ça a été Maëlys qui l'a pris.
02:39 Avant de lui rendre son dossier scolaire, j'ai été très longue à le rendre
02:44 parce que je voulais être sûre qu'elle prenne la bonne décision.
02:49 Et juste avant la rentrée, j'ai rencontré le nouveau principal
02:56 qui m'a demandé ce qu'il pouvait mettre en place pour Maëlys.
03:00 Et moi, la seule chose que je voulais, c'est qu'elle soit avec une copine
03:05 avec qui elle était très proche avec Maëlys cet été.
03:10 Justement, comment s'est passé l'été, Séverine ?
03:13 Est-ce que votre fille allait mieux ?
03:19 Nous sommes partis en vacances avec ses frères
03:26 et on a essayé de lui changer les idées.
03:29 La journée, on partait sans téléphone, on faisait les activités
03:33 mais le soir, dès qu'on rentrait, en fait, elle reprenait son téléphone,
03:35 elle allait sur les réseaux et elle voyait encore des choses très méchantes
03:41 qui étaient sur l'INSEE, sur Betty et sur elle.
03:47 Est-ce que ça continue encore, le harcèlement ?
03:49 Les menaces de mort, ça continue encore ?
03:53 Tout ça est encore frais.
03:55 C'était le 12 mai dernier, je le disais, la mort de...
03:59 le suicide de l'INSEE.
04:00 Est-ce que...
04:01 Je reviens à ce rendez-vous que vous avez avec Gabriel Attal.
04:04 Tout à l'heure, vous me disiez "j'attends beaucoup de ce rendez-vous".
04:08 Mais qu'est-ce que vous espérez ?
04:10 Qu'est-ce qui concrètement devrait être mis sur la table ?
04:12 Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour changer les choses ?
04:18 Déjà de nul, je voudrais lui poser la question qu'on m'explique
04:24 au sujet du phare.
04:25 Parce que quand j'ai entendu M. Macron qui me disait,
04:29 au niveau de l'établissement,
04:33 qu'il y a eu des choses faites, le phare,
04:37 j'aimerais bien qu'on m'explique parce que moi,
04:38 à part protéger les harcèleurs,
04:42 et c'est nos filles qui ont été punies
04:44 parce qu'elles ont demandé de l'aide aux responsables
04:49 et qu'elles n'ont pas aidé, elles ont dû se défendre
04:51 et c'est eux qui ont été renvoyés.
04:53 Donc j'aimerais bien qu'on m'explique le fonctionnement du phare.
04:58 – Séverine, je me tourne vers Véronique Fèvre,
05:00 notre spécialiste éducation.
05:03 Le phare, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
05:05 – C'est le programme de lutte contre le harcèlement, phare,
05:08 qui a été mis en place, qui a commencé il y a plusieurs années maintenant,
05:12 d'abord expérimenté dans un certain nombre d'académies
05:14 et puis on nous a expliqué qu'il était généralisé,
05:17 il est inspiré d'un programme finlandais qui s'appelle "Qui va"
05:21 et il va jouer sur plusieurs niveaux.
05:24 C'est un programme qui ne se met pas en place facilement,
05:28 qui nécessite beaucoup de moyens, beaucoup d'investissement des équipes
05:32 et je dirais, les ministères successifs ont une tendance à dire
05:35 qu'il était généralisé, mais quand on voit dans les faits
05:38 ce qui se passe, on voit bien que les niveaux de formation
05:40 pour les professeurs ne sont pas les mêmes,
05:42 certains ont des formations au présentiel avec des jeux de rôle
05:45 pour réussir à gérer les situations et apprendre vraiment
05:48 très concrètement comment les gérer, puis d'autres ont des formations en ligne.
05:51 On sait qu'il est très important de faire de la prévention,
05:56 notamment avec les élèves ambassadeurs, il faut un certain nombre
05:58 d'élèves ambassadeurs qui vont pouvoir repérer, y compris ce qui se passe
06:02 sur les réseaux sociaux, parce que les professeurs, les CPE
06:05 ne peuvent pas être tous les soirs sur les réseaux sociaux.
06:08 Donc, il est très important qu'on ait un volant d'élèves qui soit vigilant
06:14 et puis un volant de professeurs qui soit très bien formé
06:17 avec des protocoles de prise en charge de manière à ce que tout simplement,
06:21 la situation qu'ont vécu Emilis et Lincey ne se reproduise pas,
06:28 c'est-à-dire qu'on ne leur dise pas que c'est de simples chamailleries
06:33 dont il s'agit. C'est un programme qui peut marcher s'il est vraiment
06:39 mis en place avec les moyens qu'il faut, et d'ailleurs c'est pour ça
06:43 que le ministère s'engage sur une labellisation, c'est-à-dire que vous aurez
06:46 plusieurs niveaux de compétences phares dans les établissements
06:49 parce qu'on voit bien que certaines écoles ont dit "oui, on est engagé
06:54 dans phare", et puis c'était juste un affichage.
06:58 Séverine, le principal du collège où étaient scolarisés Lincey et Maëlis
07:05 a déclaré "je suis épuisé et dégoûté d'entendre n'importe quoi,
07:10 surtout d'être caricaturé comme un monstre et un assassin".
07:14 Qu'est-ce que vous avez envie de lui répondre ?
07:21 Très compliqué parce qu'il n'a rien fait pour nos filles.
07:31 Jusqu'au bout, les filles ont demandé de l'aide.
07:37 Vous savez, ce n'était pas juste des disputes entre filles en fait,
07:41 parce que là justement le harcèlement continue encore.
07:46 Les personnes sont toujours aussi méchantes.
07:50 Maëlis, elle reçoit des messages "meurs Maï, meurs, meurs, meurs,
07:56 va rejoindre ta meilleure amie".
07:59 Et tout ça, Maëlis, elle doit rentrer dans ce collège
08:01 et affronter toutes ces personnes qui sont méchantes avec elle.
08:06 Donc moi, il n'a rien fait.
08:10 Séverine, est-ce que vous avez porté plainte ?
08:12 Et est-ce que vous avez fait des signalements sur les plateformes ?
08:18 Oui, il y a eu des plaintes de déposées.
08:22 Oui, parce qu'actuellement, qui protège ma fille ?
08:27 Personne ne protège ma fille.
08:31 Ils n'ont pas protégé l'INSEE.
08:34 Et là, Maëlis, elle n'est toujours pas protégée.
08:36 Là, elle part à l'école, nous, on est au travail.
08:42 En tout cas, on comprend bien que vous attendez des réponses
08:46 de la part de Gabriel Attal, à la fois sur ce qui s'est passé,
08:49 parce que vous n'avez pas ces réponses au moment où on se parle,
08:52 vous n'avez toujours pas d'explication claire,
08:54 et vous attendez aussi, j'imagine, des mesures
08:56 pour que votre fille, tout simplement, puisse aller à l'école en sécurité
09:01 et que cesse ce harcèlement insupportable dont elle est victime
09:06 et dont vous êtes tous victimes.
09:07 Merci en tout cas, Séverine, pour votre témoignage ce matin.
09:10 On vous souhaite beaucoup de courage, bien sûr.
09:14 On a une pensée pour vous et pour votre fille ce matin.