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Des robots inventés par les humains roulent sur Mars depuis presque 30 ans. Mais, à quoi servent-ils vraiment ? Le docteur en planétologie Thomas Appéré répond, en s’appuyant sur le modèle en Lego de Perseverance, fidèle au véritable rover de la Nasa sur Mars.
Transcription
00:00 l'endroit qui a peut-être permis l'apparition de la vie le plus proche de la Terre, c'est Mars.
00:04 Il y avait des lacs, il y avait des mers, peut-être même des océans à la surface de Mars dans le passé.
00:08 Et pourquoi maintenant ? Eh bien c'est une planète complètement désertique.
00:11 La question c'est, est-ce qu'on ne pourrait pas trouver sur Mars d'anciens martiens, entre guillemets,
00:15 des bactéries, il ne faut pas aller chercher plus loin, pas des anciens dinosaures.
00:18 Curiosity n'a pas trouvé de forme de vie, mais il a pu déterminer que tous les éléments étaient réunis pour que la vie apparaisse.
00:23 La question qui vient ensuite, c'est est-ce que la vie est apparue ?
00:26 Donc là, Perseverance a pour objectif de prélever des échantillons de roches martiennes.
00:30 Une prochaine mission viendra les récupérer sur Mars.
00:32 Dans les années 2030, ces échantillons reviendront sur Terre.
00:35 On se rend compte déjà de la très belle fidélité du Lego Perseverance comparé à son homologue sur Mars.
00:42 Perseverance est un robot de la NASA, un robot américain,
00:45 qui comporte un certain nombre d'instruments conçus par d'autres agences spatiales.
00:50 Comme par exemple, SuperCam ici, donc la tête de Perseverance,
00:53 qui est conçue à la fois en collaboration entre le CNES et un laboratoire américain, le Salamos.
00:58 Tous les soirs, le robot baisse sa tête pour paquets de poussière qui s'accumulent sur les caméras.
01:03 Donc quand il dort, il dort comme ça, la tête penchée.
01:05 En enlevant une pièce, on peut baisser sa tête.
01:08 Quand il est arrivé sur Mars, Perseverance est arrivé comme ça.
01:11 Ses camarades étaient repliés vers la surface du pont pour les protéger de toute la poussière martienne qui était soulevée.
01:16 C'est vraiment un robot international, mais sous maîtrise d'œuvre de la NASA.
01:20 Mais il n'a pas encore de bras, donc là, il ne peut pas encore aller prélever d'échantillons.
01:25 C'est un bras qui fait quand même 2 mètres de long.
01:27 C'est un bras qui est très lourd, en fait.
01:30 Et surtout, qui doit porter à l'extrémité une tourelle de plusieurs kilos
01:34 pour pouvoir aussi, je pense, analyser des échantillons qui seraient sur une falaise.
01:37 On voit ça dans des illustrations d'artistes.
01:39 C'est exactement comme fonctionnerait ici une épaule.
01:42 Donc il va pouvoir permettre des mouvements comme ça de rotation autour de l'axe vertical.
01:47 Et une fois qu'on a déplacé le bras à la position souhaitée,
01:52 on va pouvoir changer l'orientation par rapport à l'axe ici horizontal.
01:58 Et puis après, on peut finir en déplaçant la tourelle comme ceci.
02:02 Donc là, c'est l'équivalent du coude.
02:04 Voilà, donc un robot, c'est vraiment l'extension du géologue, en fait.
02:06 C'est ce que souhaitaient les ingénieurs.
02:09 L'idée de ces robots, c'est de pouvoir faire comme si on était sur place.
02:13 La caméra est à peu près à la hauteur de la taille standard d'un humain.
02:17 C'est un peu plus haut, un peu plus de 2 mètres de haut.
02:19 Ce qui permet d'avoir une vue quasiment identique à celle qu'on aurait si on était sur Mars.
02:25 L'idée, c'est vraiment de pouvoir, sur place, sur Mars,
02:28 faire ce que ferait un géologue dans son laboratoire.
02:30 Le bras, de la même façon, va permettre d'aller poser les instruments du géologue sur Mars.
02:34 Soit la loupe du géologue, la foreuse pour aller prélever des échantillons.
02:38 On est à ce jour à une bonne vingtaine d'échantillons.
02:41 Ces échantillons ont été prélevés sur le plancher du cratère où s'est posé le rover.
02:45 L'intérêt d'analyser les roches de cet ancien lac,
02:48 c'est que qui dit lac, dit présence d'eau dans le passé de façon stable.
02:54 C'est peut-être une chimie primitive qui a permis des formes de vie d'apparaître.
02:57 Ici, le laboratoire, c'est simplement celui qui se situe dans le ventre du rover.
03:00 Il n'a pas été représenté dans le modèle Lego, mais il serait situé à ce endroit-là.
03:03 Une fois que les échantillons sont rentrés dans le carousel,
03:06 leur volume est déterminé, ils sont photographiés et les tubes échantillons sont scellés.
03:09 Une prochaine mission viendra les rapporter.
03:12 Perseverance viendra se rapprocher du lander,
03:15 lui fournira ses petites carottes de roches
03:17 et une sorte de mini-fusée décollera de cet atterrisseur pour rejoindre l'orbite martienne.
03:23 Ou il attendra un satellite européen qui enverra tout ça sur Terre.
03:28 C'est un gros scénario un peu hollywoodien.
03:30 La taille de l'échantillon, c'est à peu près ça.
03:32 Les carottes de roches ne sont pas très grandes,
03:34 mais c'est largement suffisant pour avoir assez de matériaux qu'on va analyser sur Terre.
03:37 Ces carottes de roches vont être mises dans un tube en titane, elles vont être scellées.
03:41 Rapportées à l'échelle de Perseverance,
03:43 ça fait exactement la taille d'un manche de sabre laser de Lego.
03:48 Donc c'est assez amusant.
03:50 Hop, il laisse tomber son petit tube et ça correspond à exactement cette taille-là sur Mars.
03:57 Le dépôt et les échantillons qui sont dans Perseverance, ce sont les mêmes roches.
04:01 C'est simplement un duplicata, le dépôt a un duplicata de ce qu'il a dans le ventre.
04:05 C'est une sorte de garantie si jamais Perseverance tombe en panne.
04:08 Le lander ira se poser à un endroit donné du cratère G-0
04:12 et là il enverra des hélicoptères, donc c'est des sortes de petites Ingenuity,
04:15 mais qui sont dotées de roues.
04:17 En dessous des pattes, en dessous du système d'atterrissage, il y aura des petites roues.
04:23 Il y aura un petit bras avec une pince.
04:26 Et ces robots vont décoller et aller chercher les tubes à l'aide de leurs petits bras
04:33 pour les rapporter à l'atterrisseur.
04:35 S'ils trouvent qu'il n'y a pas de vie, ça apporte également une sacrée réponse.
04:38 Ça veut dire que dans les roches qui se sont formées dans un environnement
04:42 qui pourtant était extrêmement propice à la vie,
04:45 malgré tout il n'y a pas de vie qui s'est formée.
04:47 Du point de vue du grand public, ce n'est pas perçu de la même façon.
04:49 On préfère que la réponse soit "oui, on a trouvé de la vie sur Mars, youpi, champagne",
04:53 mais pour les scientifiques, ce n'est pas le cas.
04:56 On veut une réponse et quelle qu'elle soit, ça fait avancer les connaissances.
05:00 Donc on met la petite tourelle.
05:02 Si ma mémoire est bonne, elle fait dans les 30 kg quand même.
05:04 Et là on a l'équivalent du poignet qui va pouvoir aller poser ses instruments.
05:08 Et puis aller fourrer la roche ou alors la photographier.
05:12 C'est elle aussi qui fait les selfies.
05:14 La boule ici, en fait elle contient de l'azote gazeux.
05:17 Elle sert à envoyer un petit jet d'azote comme ça sur la roche.
05:20 Comme si on soufflait une roche, c'est comme si on prenait une roche.
05:23 On souffle pour enlever la poussière.
05:24 Le mât est toujours parqué, c'est-à-dire toujours rangé avant les déplacements.
05:29 Le robot ne va jamais se déplacer avec son bras comme ça.
05:32 Dans l'éventualité où il va faire une fausse manœuvre
05:34 et qu'il y a un rocher devant lui et qui le cogne,
05:38 on a un objet à plusieurs milliards de dollars qui s'abîme.
05:43 Il a des caméras situées à l'avant ici.
05:46 Ça c'est les hazard cameras.
05:48 Et des caméras à l'arrière ici.
05:50 Ça c'est les rear haz cam.
05:52 Donc les caméras d'évitement d'obstacles arrière.
05:54 C'est vraiment l'équivalent des caméras de recul qu'on a sur nos voitures.
05:57 Et puis il y a deux caméras situées au niveau de sa tête.
06:00 C'est les caméras de navigation.
06:02 Donc caméra gauche, caméra droite qui vont prendre des photos quand il avance.
06:05 Les ingénieurs de la NASA lui désignent un endroit où il doit aller
06:09 et il va trouver lui-même le trajet.
06:10 C'est ni fait au joystick puisque ce serait impossible.
06:13 Il faut que les ondes radio qui voyagent à la vitesse de la lumière atteignent Mars.
06:17 Donc il y aurait un délai, un laps de au moins 10 minutes
06:21 pour pouvoir envoyer l'information.
06:22 Et puis la même chose pour revenir.
06:24 Enfin ce serait impossible à faire.
06:25 C'est pas très rapide.
06:27 Quand je dis rapide, c'est ça quoi.
06:31 Voilà, ça c'est la vitesse de pointe.
06:33 On ne veut pas aller se cogner dans une roche et mettre en péril la mission
06:38 simplement parce qu'on a voulu mettre la charrue avant les bœufs.
06:41 En tournant un petit manivelle, la question est de suivre.
06:43 Si on met à gauche et qu'on le fait avancer, il va aller vers la gauche.
06:47 Si on tourne vers la droite et qu'on le pousse, il va aller vers la droite.
06:51 Et si on bascule vers l'arrière, là il fait des virages serrés.
06:55 On a vraiment cet aspect de mobilité fine.
06:57 S'il a besoin de faire un créneau pour aller se garer,
06:59 on va lui acheter du pain, pas de problème.
07:01 Lorsqu'il doit passer un obstacle, le deck, le pont, va toujours être à l'horizontale.
07:06 S'il n'avait que 4 roues et qu'il voulait passer un obstacle,
07:08 il ferait ça, comme ça, il monterait,
07:09 et le bas de caisse risquerait de toucher la roche.
07:13 L'alimentation d'ailleurs, on peut en parler.
07:15 Ici on a le RTG, c'est une pile nucléaire.
07:18 Un échantillon de plutonium qui est très chaud
07:20 et cette chaleur est convertie en électricité.
07:23 Ça apporte également de la chaleur qui est transportée dans les tuyaux qui sont là
07:27 pour réchauffer les instruments.
07:28 Il faut savoir que sur Mars, au plus chaud, pour Perseverance,
07:31 ça va être dans les -10°C, au plus froid, en descendant à -80°C.
07:36 Il pourrait rouler de nuit, mais ses caméras ne permettront pas de voir le sol martien,
07:40 mais il peut fonctionner de nuit.
07:41 Il peut faire notamment des photos avec ses caméras à cet endroit-là.
07:45 Elles permettent de faire des photographies de nuit des roches martiennes.
07:48 Il y a un intérêt, c'est que de nuit, l'éclairage, c'est le robot qui l'impose.
07:54 Il n'y a pas cet éclairage un peu rougeâtre, un peu orangé, dû aux poussières martiennes.
08:00 Il a des LEDs tout autour de la caméra et il va pouvoir éclairer en blanc la roche.
08:04 Là, on la verra vraiment comme on la verrait sur Terre.
08:08 Normalement, il y a un petit microphone qui se tait juste là,
08:10 qui permet d'enregistrer le son martien.
08:11 Pour la première fois sur Mars, on a un microphone qui fonctionne.
08:14 Dans les instruments qui sont assez connus sur le robot Perseverance,
08:17 il y a MOXIE, c'est un instrument qui permet de produire de l'oxygène.
08:20 Ce n'est pas un instrument en tant que tel,
08:22 c'est plus un système qui sert de démonstrateur technologique
08:25 pour prouver qu'on est capable sur Mars de fabriquer de l'oxygène
08:30 qui serait utile pour les futurs astronautes.
08:32 NGENI-T est lui aussi un démonstrateur technologique
08:35 avec pour but de montrer qu'on est capable de voler sur Mars.
08:37 Il devait faire trois vols, il en est à 55 vols.
08:42 Donc, c'est vraiment un survivant, il est indépendant en termes d'énergie.
08:46 Il a son panneau solaire qui l'alimente.
08:48 Et voilà, c'est parti pour un tour sur Mars.
08:51 [Musique]

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