On ira tous à Paradis (Saint-Roch)

  • l’année dernière
Paradis-Saint-Roch a été, le temps d'un week-end, le lieu de retrouvailles émouvantes entre ses habitants actuels et ceux qui ont quitté ce quartier historique de Martigues pour aller vivre ailleurs. ...

Vidéo publiée le : 06/09/2023 à 14:15:00

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Transcript
00:00 Ces derniers temps, on se revoyait beaucoup aux enterrements et on s'est dit qu'il faut qu'on arrive à immortaliser un moment où on réunit tout le monde,
00:06 tous les anciens et les anciennes de ce quartier avec qui on a partagé des moments et des souvenirs inoubliables.
00:10 Et on a voulu inclure dans ce moment-là aussi les travailleurs sociaux, les éducateurs du quartier à l'époque,
00:15 qui ont aidé beaucoup de jeunes à s'insérer dans la vie active.
00:19 Donc avec Amir, on était à l'initiative.
00:22 Charif aussi nous a donné un coup de main.
00:24 On a lancé un groupe WhatsApp et ça a pris une telle envergure qu'on se retrouve à un moment où on a presque 100 personnes présentes.
00:33 Avec des gens qui n'habitent plus le quartier, des anciens ?
00:36 Non, il y en a encore beaucoup qui habitent dans le quartier et il y a encore beaucoup de familles qui habitent dans le quartier.
00:41 Mais avec la vie active, ça s'est un peu dilué.
00:45 Et donc c'était l'occasion de ne pas se retrouver seulement au milieu des larmes ?
00:48 Non, on a tellement vécu de mauvaises choses qu'aujourd'hui on va apprécier ce moment avec tous ceux qui sont déplacés un peu.
01:00 On a certains qui sont déplacés de Bretagne, de la Côte d'Azur.
01:04 On en a de la région aussi et on a réussi à faire un petit travail de fourmi qui nous a amené à passer cette belle journée.
01:10 Avec un beau temps prévu aujourd'hui, je pense que toutes les conditions se réunissent pour qu'on se régale.
01:16 Amir, qu'est-ce qui fait que des gens qui sont partis du quartier ont envie de revenir ?
01:20 Parce que parfois, il y a des quartiers où on a envie de les fuir et de ne plus revenir.
01:24 Et qu'est-ce qui fait que Paradis Saroc, on siffle un coup et tout le monde a court ?
01:28 Les bons souvenirs, tout ce qu'on a partagé ensemble, c'est les bons moments, c'est mémorable.
01:33 Et depuis hier, il y a tout qui s'enflamme.
01:34 Tout le monde avait vraiment hâte d'arriver à ce jour.
01:38 Et puis voilà, ce matin, on a commencé par un match de foot.
01:41 On a pas mal râlé, on s'est pas mal charrié, on a pas mal triché aussi.
01:45 Mais c'était dans la joie et dans la bonne humeur.
01:48 Ça fait du bien ?
01:49 C'est vraiment fantastique.
01:51 J'espère qu'on vivra encore d'autres moments comme ça.
01:54 Aujourd'hui, on se retrouve à presque une centaine.
01:58 Il n'y a rien de plus joyeux que ce jour pour nous.
02:00 C'est comme si on refaisait une fête du quartier il y a 20 ans, 30 ans en arrière.
02:04 Qui par exemple, ça vous a eu plaisir de revoir en particulier parce que ça faisait un bail ?
02:08 Si je tourne la tête, il y en a, il y a 10 ans, 15 ans que je ne les ai pas vues.
02:15 Et sûr qu'on a vu des larmes ce matin.
02:19 On a vu des larmes et c'était des larmes de joie.
02:22 J'en ai une en particulier qui m'a demandé de lui présenter quelques personnes
02:25 parce que ça fait 25 ans qu'elle a quitté le quartier.
02:27 Et elle ne reconnaît plus grand monde.
02:30 Pour quelques mots, le quartier, comment vous le définiriez ?
02:33 Paradis Saint-Roch, c'est joie, bonne humeur, une fierté.
02:37 On a vu des collègues ce matin venir au stade avec des maillots de foot de Paradis Saint-Roch
02:42 de l'époque d'il y a plus de 20 ans en arrière.
02:44 Ils les ont gardés, comment le décrire ?
02:47 C'est une famille.
02:50 C'est une famille, tout le monde se connaît et ça fait très très plaisir qu'on se retrouve tous aujourd'hui.
02:56 Je suis là depuis 1986.
02:59 Je suis arrivée de la région parisienne en pensant débarquer dans un désert culturel.
03:05 Et en fait, j'ai découvert une autre société.
03:10 Et donc du coup, si je compte bien, je vais atteindre les 40 ans bientôt
03:14 et je ne suis pas prête de quitter Paradis Saint-Roch.
03:16 Vous faites quoi ?
03:17 Alors, moi je suis pharmacienne dans cette pharmacie que j'ai reprise à mon père.
03:24 Et c'est génial pour le quartier parce que c'est zéro turnover.
03:28 Ils ont l'impression que la pharmacie est la même depuis 35 ans.
03:34 Et alors, quand on est la pharmacienne de Paradis Saint-Roch, c'est quoi le rapport avec les habitants ?
03:38 C'est de la bienveillance et du social.
03:42 Je pense que je suis la fille, la sœur, la mère de tout le monde et de la santé de tout le monde.
03:49 Et ça dépasse bien sûr la santé, c'est évident.
03:51 Comment vous caractériseriez ce quartier ?
03:54 Alors, qu'est-ce qui fait son identité ?
03:57 Alors déjà, pour moi, c'est le quartier le plus arboré de la ville,
04:03 qui est une magnifique ville.
04:04 Je suis une pro-Marthégal également.
04:06 Et Paradis Saint-Roch, à l'intérieur de Martigues, c'est l'héritage de Paradis Saint-Roch.
04:13 C'est construit sur des eaux, des énergies.
04:19 Et apparemment, ça foisonne.
04:24 Et puis, il y a la rencontre de quatre sociétés également
04:29 parce que vous avez la Semivim, le Jérém, des propriétaires de Paradis Parc,
04:38 du Canal, du Moulin de France.
04:41 Vous voyez, il y a même une pote à l'intérieur même du quartier,
04:44 à l'intérieur de cette magnifique Venise provençale.
04:48 Et j'espère voir circuler également les gens d'un quartier à un autre.
04:54 Vous voyez, il y a le Coteau, enfin, c'est fait pour être circulé partout.
04:58 Il y a des arènes partout.
04:59 Je donne des cours de Qigong une fois par semaine
05:02 et je ne manque pas d'endroits parce qu'à chaque fois, il me faut un cercle.
05:05 Et il y a des cercles partout, des petits, des moyens, des grands.
05:09 - Même les fenêtres. - Et même jusqu'aux fenêtres, oui.
05:12 C'est une journée très particulière et avec beaucoup d'émotion
05:14 parce que moi, j'étais animatrice dans ce quartier pendant des années.
05:18 Et en fait, là notamment, on réalise que tout le travail qu'on a effectué
05:23 pendant toutes ces années, même si parfois on avait l'impression
05:27 d'avancer un peu, de faire un pas en avant et après on se dit
05:30 non, là on vient de refaire deux pas en arrière.
05:32 Mais concrètement, on voit qu'on a quand même réussi
05:35 et franchement, ça fait chaud au cœur.
05:37 C'est ça, ils ont construit vraiment des belles valeurs.
05:39 Ils nous ont inculquées avec l'aide des parents, bien entendu,
05:42 parce que les parents, ils étaient toujours avec la direction du centre social.
05:47 Donc c'est vrai qu'ils nous ont inculquées de belles valeurs
05:49 que nous, après, par la suite, on a retransmis aussi dans nos emplois.
05:53 - C'était une de vos petites, Fatima ? - Absolument, tout à fait, oui.
05:56 - Elle est là, elle a grandi. - Ah oui, elle a bien grandi, oui.
06:02 Tout à fait, mais là, il y en a beaucoup que je n'ai pas reconnues.
06:04 Donc je leur ai demandé d'enlever les lunettes quand même.
06:08 Et bon, voilà, parce qu'ils étaient petits.
06:09 C'est une belle journée qu'on attendait depuis très longtemps.
06:12 On en a parlé pendant des années, des années et on l'a fait aujourd'hui.
06:16 C'est une famille, on était tous une famille.
06:20 Depuis hier, ça fait 44 ans que je suis ici.
06:23 Alors donc, je me suis occupé avec ma femme de l'amical des locataires.
06:28 On a participé aux organisations du centre social
06:33 par rapport à la fête de quartier, à différentes manifestations.
06:39 Paella, taureau à la broche, comment ça s'appelle, tonade,
06:43 et énormément de choses qui ont fait que le quartier était très animé
06:49 et qu'il y avait une certaine forme de convivialité
06:52 qui était très, très, très, très, très forte ici dans ce quartier.
06:55 Alors, il m'a envie de vous demander un souvenir qui vous vient tout de suite en tête,
06:59 un truc, une émotion où vous vous êtes dit "Ah, ce quartier alors".
07:02 Ah ben, l'émotion, ça a été il y a déjà très longtemps,
07:07 grâce à Jean-Michel Ragoni, qui était directeur du centre social.
07:11 On a réussi à faire venir Raoul Petit, l'orchestre formidable
07:16 qui a mis une ambiance dans ce quartier de folie
07:18 et où j'ai confectionné, je crois, la plus grosse paella que j'ai jamais faite,
07:23 plus de 600 personnes ont mangé.
07:25 Comment vous qualifieriez ce quartier ?
07:27 Ah ben, si je ne l'aimais pas, ça fait longtemps que je ne l'aurais déménagé.
07:32 J'ai trouvé ici une ambiance particulière
07:36 et un rapport entre les gens qui était très, très, très fort.
07:41 Jean-Michel Ragoni, j'ai été directeur du centre social de Paradis et en Roque
07:44 entre 1984 et 1992
07:47 et ça fait 30 ans que je ne suis pas revenu.
07:49 Voilà, donc je me retrouve aujourd'hui suite à l'invitation de Sébastien
07:55 qui est un minot du quartier, qui aujourd'hui a un poste important à la ville
08:00 et qui m'a contacté pour me dire qu'ils organisaient
08:04 cette réunion des anciens de Paradis et en Roque
08:06 et je n'ai pas pu faire autrement que de venir
08:08 parce que pour moi, Paradis et en Roque, c'est une période de ma vie.
08:12 Forcément, il y a beaucoup de choses qui me remontent, c'est des souvenirs
08:16 mais aussi je me remémore un peu cette époque bénie
08:20 où on a fait ici des choses extraordinaires.
08:23 C'était une époque où, quand j'ai pris mon poste ici,
08:26 on nous demandait d'aller à la rencontre des habitants.
08:29 Il fallait qu'on sorte de nos murs pour connaître la population
08:33 et puis essayer de développer des rapports de sociabilité entre les habitants
08:38 et ma foi, c'était exactement ce qu'on avait envie de faire.
08:40 Donc, on a initié des tas de choses.
08:42 On a créé la première fête de quartier en 1984.
08:46 C'était l'année des 10 ans du quartier
08:49 et il se trouve que cette fête, elle a fait des petits
08:53 puisque rapidement, elle a été généralisée à tous les quartiers de la ville
08:57 et je crois qu'aujourd'hui, elle existe encore.
08:59 Voilà, donc on a cette petite fierté-là
09:01 mais on a fait aussi plein d'événements, des grands repas
09:05 qui réunissaient 300-400 personnes à l'occasion de la fête des mers une fois par an,
09:11 des concerts de rock, des animations diverses et variées
09:16 et aussi, on a initié la rencontre chez les habitants
09:21 avec un petit spectacle qu'on proposait d'installer dans le salon
09:26 d'une personne qui acceptait de nous accueillir
09:28 et nous, on invitait les voisins
09:29 et on se retrouvait à 30-40 entre adultes et enfants
09:34 à regarder une pièce de théâtre, un spectacle de musique, une chanteuse, voilà.
09:40 Et ça a été pour nous une occasion d'essaimer des choses qui après ont pris leur place
09:44 et aujourd'hui, les gens qui ont vécu ça, ils se souviennent que
09:48 du coup, dans l'immeuble, les rapports avaient changé
09:50 parce que quand les gens se sont rencontrés, après avoir vécu, partagé des choses,
09:55 du coup, ils communiquaient et quand on communique, c'est tellement plus simple que pour le reste.
09:59 30 ans après, qu'est-ce qu'il en reste et qu'est-ce que vous ressentez en revenant là ?
10:04 Alors, ce qu'il en reste, j'en sais rien, j'espère qu'aujourd'hui le quartier vit bien,
10:08 je n'ai pas beaucoup d'infos là-dessus
10:10 mais en tout cas, j'ai plaisir à revoir tous ces minots, tous ces jeunes
10:14 qui sont devenus des adultes responsables, des parents et qui...
10:18 Sont plutôt bien sortis ?
10:20 Oui, bien sûr, bien sûr, parce que souvent, il ne faut pas grand-chose,
10:22 il suffit juste de leur donner un petit coup de pouce pour après les aider, les encourager
10:26 et bien sûr qu'ils ont réussi et la meilleure preuve, c'est qu'ils ont été capables entre eux
10:31 de s'organiser pour créer l'événement d'aujourd'hui.
10:33 Personne ne l'a fait à l'appel, on ne leur a pas demandé de le faire,
10:35 c'est eux tout seuls qui spontanément ont voulu.
10:37 Donc ça prouve bien qu'ils ont encore quelque chose à partager
10:39 et qu'il y a quelque chose qui les unit
10:40 et si le centre social, aujourd'hui et hier, a contribué à ça, c'est tant mieux.

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