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Aujourd’hui Maya et Thomas reçoivent l’acteur François Cluzet. L’occasion d’évoquer son nouveau film « Un métier sérieux » dans lequel il joue aux côté de Vincent Lacoste et Adèle Exarchopoulos.

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Transcription
00:00 à l'affiche du nouveau film de Thomas Lilti intitulé "Un métier sérieux",
00:04 à l'affiche donc mercredi.
00:05 Bonjour François Cluzet.
00:06 Bonjour.
00:06 Merci d'être là.
00:08 Vous retrouvez Thomas Lilti,
00:09 puisque vous aviez déjà joué dans "Un médecin de campagne",
00:13 formidable film.
00:15 Vous qui aimez, François,
00:16 les rôles avec un peu d'épaisseur, des choses à défendre,
00:19 vous êtes gâté parce que Pierre, votre personnage,
00:21 prof de français,
00:22 il a quelque chose à jouer, cet homme-là.
00:25 Oui, il est complexe, puis surtout il est en fin de carrière.
00:28 Et en étant en fin de carrière, il fait une espèce de constat
00:30 comme quoi il est peut-être devenu un mauvais prof.
00:33 Peut-être que sa période est révolue ou la façon…
00:35 Il se remet en question.
00:36 Il se remet en question, mais disons à un âge où c'est délicat
00:39 parce que c'est quasi la fin, donc c'est beau de se remettre en question
00:43 s'il reste encore du temps pour se prouver qu'on a eu raison.
00:46 Très, très beau casting, "Cinq étoiles", voici la bande-annonce, regardez.
00:50 Pas tout le temps, allez-vous descendre, arrêtez, tout descendre maintenant.
00:55 Qu'est-ce qui se passe ici ?
00:57 Qu'est-ce qui se passe ? Il y a un problème ?
00:58 Non, non, on gère, c'est bon.
01:00 Vous devez respecter le surveillant comme on respecte un enseignant.
01:04 Est-ce que c'est clair ?
01:05 C'est pas un surveillant, monsieur.
01:07 Je suis le nouveau professeur de mathématiques.
01:08 Pour prenaute, quelqu'un pourra me montrer ?
01:12 Bien sûr, je te montre à la récréation si tu veux.
01:14 Moi aussi, je peux te montrer à la récré si tu veux.
01:15 Moi, je peux te montrer après ou avant la récré.
01:18 Ils sont très lourds, c'est normal.
01:20 OK, vous posez vos affaires par terre, on fait tout ensemble, on s'entraide, d'accord ?
01:24 Ça, t'as toujours voulu être prof ?
01:26 Sur tous mes bulletins, il y avait écrit "ne fera jamais d'études longues".
01:30 Mais finalement, je me débrouille.
01:31 On change les équipes !
01:33 Ça va mieux avec tes quatrièmes ?
01:34 Ils m'effuient, ça.
01:35 Je les trouve même méchants par moments.
01:37 Je peux savoir ce qui va pas.
01:39 Mes cours sont chiants, mes cours sont plombés, les gamins s'emmerdent,
01:42 et moi aussi, je m'emmerde.
01:43 Je crois que tu sais, mais en fait, tu sais pas.
01:45 Le pire, c'est que tu sais même pas que tu sais pas expliquer ce que tu sais.
01:47 On distingue deux grandes catégories de volcans.
01:49 Thomas Nilti, François, c'est, je trouve, vous me direz si vous confirmez,
01:52 c'est vraiment le cinéaste de l'humain.
01:55 Il sait décrire comme personne, je trouve, les sentiments.
01:59 Parce que là, il y a les profs côté pile,
02:01 donc devant leurs élèves avec les problématiques,
02:03 et aussi le prof dans sa vie qui est un mari, qui est un père de famille.
02:07 Vous avez entièrement raison.
02:08 Ça me fait beaucoup que vous disiez ça,
02:09 parce qu'il est lui-même un chef très humain.
02:13 Vous savez, dans n'importe quelle entreprise,
02:15 vous avez un patron, vous avez un leader.
02:17 Et au-delà des responsabilités qu'il prend, des directives,
02:20 il est aussi humain.
02:21 Est-ce qu'on a envie de se surpasser quand le type ou la nénette
02:24 n'est pas très humaine ?
02:26 Non, on a besoin d'admirer le leader.
02:28 C'est ce qui est le cas.
02:29 Et comme vous le dites dans le film,
02:31 on voit d'abord le prof devant ses élèves, première situation.
02:34 Deuxième situation, on le voit dans la salle des profs.
02:38 Le truc, moi, quand j'étais élève, j'avais qu'une envie,
02:40 c'était d'écouter un peu ce qui se disait dans la salle des profs.
02:43 Puis en troisième, on le voit chez lui, dans son cercle intime.
02:46 Donc il y a trois situations différentes,
02:48 ce qui fait que tous les rôles sont intéressants
02:50 parce que c'est rare d'être dans trois situations différentes
02:52 pour le même personnage.
02:54 Vous disiez, quand j'étais élève,
02:55 on a deux photos de vous de cette époque, François.
02:58 Vous étiez quel type de collégien ?
02:59 Vous avez une cravate, donc je me disais,
03:01 on va voir sur les photos,
03:03 voilà, bien habillé, vous alliez à l'école,
03:06 vous étiez bon élève ?
03:07 Non, alors figurez-vous que la cravate, c'était plutôt parfumisterie.
03:11 On était deux élèves et c'était plutôt,
03:14 on met une cravate, ce qui ne veut plus rien dire à cette époque-là.
03:17 Ah, d'accord.
03:18 C'était juste pour se faire distinguer.
03:20 D'accord.
03:21 Donc voilà, oui.
03:22 Les cheveux aussi, les cheveux longs.
03:24 Alors, on mettait un col roulé
03:26 et on se tenait comme ça pour planquer les cheveux dans le col roulé.
03:29 Ah oui ?
03:30 Oui, oui.
03:30 Mais vous étiez plutôt devant en classe ou au fond ?
03:33 Non, j'étais plutôt au fond
03:35 et j'essayais de ne pas me faire remarquer,
03:37 c'est-à-dire, vous voyez, dans les notes, c'est 8, 9, 10, 11.
03:40 Vous étiez dans la moyenne, en dessous de la moyenne ?
03:42 La moyenne, hyper silencieuse, on ne le voit pas.
03:47 Ah oui, d'accord.
03:48 Ce qui demande beaucoup d'efforts pour un cancre.
03:50 Mais vous étiez cancre ?
03:51 Non.
03:52 J'étais pas bon, j'aimais pas ça.
03:54 Ah oui, ça vous gonflait ?
03:55 Oui, et puis j'étais insomniaque, alors je dormais,
03:59 j'avais un prof qui disait tout le temps "qui plus est ?"
04:01 donc je croyais toujours que...
04:02 Ah oui, "qui plus est, qui plus est ?"
04:04 Ah oui, il pensait qu'il...
04:05 Je croyais toujours qu'il allait me poser une question, c'était épouvantable.
04:08 Non, alors j'ai quand même eu,
04:11 et je pense chacun de nous, on a dû avoir un prof qui nous a...
04:13 Ah, le prof qui vous a captivé, prof d'histoire géo.
04:15 Exactement.
04:16 Et c'était quoi sa méthode ?
04:17 Sa méthode était incroyable, il disait "on a une heure pour faire le cours,
04:20 mais je peux le faire en une demi-heure si vous êtes concentré,
04:23 et la deuxième demi-heure, je vous parle de cinéma."
04:25 Il sortait l'officiel des spectacles,
04:26 et vous disait "vous avez vu Johnny Guitar ?
04:28 Alors je vous parle de Ford, parce que Ford..."
04:30 Génial.
04:31 Et là, d'un seul coup, la première demi-heure où on faisait le cours,
04:34 on était tous hyper attentifs,
04:36 parce qu'on attendait cette deuxième demi-heure.
04:38 Quand j'ai regardé votre parcours,
04:42 vous dites que parfois vous dormiez en classe,
04:44 parce que vous aidiez vos parents à vendre des journaux, c'est ça ?
04:47 Oui, c'est-à-dire que...
04:48 Vous viviez très tôt le matin avant d'aller à l'école pour leur donner un coup de main ?
04:50 Oui, oui.
04:51 Non, mais ce n'était pas la misère,
04:52 mais simplement mon père avait été élevé comme ça,
04:54 voulait nous élever comme ça,
04:55 et je vous avoue aussi que cette singularité,
04:58 cet effort demandé m'a rendu service,
05:00 après le caractère un peu aigu que je peux avoir certains fois.
05:04 Ça a forgé votre caractère, ça ?
05:05 Oui, et puis ça m'a donné de l'audace,
05:07 parce qu'une fois sur deux, mon frère ou moi se levions à 6h du matin.
05:11 Moi j'avais 8 ans, j'allais porter des journaux, Villa de Saxe et tout ça,
05:15 et un jour, une personne vient disant à mon père ou à ma grand-mère,
05:18 qui travaillait aussi dans le commerce,
05:20 "Vous ne mettez pas vraiment le journal sur le paillasson.
05:24 Moi, je veux que vous le mettiez sur le paillasson."
05:26 Voilà, mon père qui était là, il disait,
05:27 "Écoutez, on ne va pas le mettre sur le paillasson, vous allez venir le chercher."
05:30 Pourquoi ? Parce que mon frère ou moi,
05:32 quand on arrivait, si c'était au troisième étage,
05:35 on arrivait au deuxième étage et demi,
05:37 et on lançait le journal, comme ça on gagnait un peu de marge.
05:40 Évidemment, il n'arrivait jamais sur le paillasson.
05:42 Mais ce n'était pas...
05:43 C'était une épreuve de force parce qu'on était petits,
05:46 mais en même temps, je vous jure que ça m'a donné une force.
05:49 Et puis également l'importance de leur travail, je suppose.
05:52 Exactement.
05:52 Que ça ne tombe pas du ciel et qu'il faut se lever, aller bosser.
05:55 Voilà, exactement.
05:56 Et mon père ne l'a pas fait dans une idée de punition ou de sévérité,
06:00 mais plutôt de "ça va les armer".
06:02 Alors quand vous avez 8-10 ans, armés, vous avez envie de lui dire,
06:05 "Non, non, moi, ce qui va m'armer, c'est de dormir."
06:08 Mais non, ce n'est pas comme ça qu'il voyait les choses.
06:11 Bon, vous restez avec nous, cher François Cluzet, s'il vous plaît.
06:14 Donc, à l'affiche d'Un métier sérieux, le nouveau film de Thomas Lilti
06:16 qu'on vous recommande avec vraiment un casting merveilleux.
06:19 Ça joue super bien.
06:20 C'est à l'affiche mercredi.

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