Allemagne - France : "Ce sont des petits enfants", l'Allemagne ne fait plus peur (After Foot)

  • l’année dernière
À la veille de France-Allemagne, Daniel Riolo et Polo Breitner tente d'analyser ce lundi dans l'After Foot les grosses difficultés rencontrées par la Nationalmannschaft ces dernières années. 
Transcript
00:00 Moi je suis pas d'accord avec ça, que je sais pas s'il y a une période où il y a eu plus de joueurs que ce qu'il y a là aujourd'hui,
00:06 mais moi quand tu mets l'équipe sur le papier,
00:09 et quand je repense au match que j'ai vu dans la dernière Coupe du Monde,
00:14 où l'équipe elle passe 80% du temps autour de la surface, qu'elle se procure 150 occasions,
00:21 et qu'elle se fait planter deux fois en contre, et que ce match là j'ai l'impression qu'on l'a photocopié je sais pas combien de fois,
00:26 et que tu regardes le 11 et tu dis bon alors, il y a un bon gardien, où est-ce qu'il joue ?
00:30 Un grand club. Les défenseurs, grand club partout.
00:34 Et milieu de terrain, il y a du champion d'Europe.
00:37 Ok, on va aboutir au débat sur le 9, mais bon, je pense qu'en grattant,
00:41 on va se trouver un 9 quelque part, qui les empêchera peut-être de gagner l'Euro,
00:47 mais pas de livrer les prestations qu'ils peuvent livrer contre le Japon, et surtout les visages.
00:53 Moi c'est la tête des mecs. Moi quand je vois la tête de,
00:57 comme il s'appelle celui qui est à la Talenta, Go Sens, contre le Japonais Marc là,
01:03 on aurait dit un enfant apeuré, un enfant qui a vu le loup quoi !
01:07 Tu parlais des vieilles sélections, pardon l'auditeur j'ai oublié son prénom.
01:11 C'est David.
01:12 Tu parlais d'époque besogneuse du football allemand et tout.
01:15 Les Allemands c'était simple, quand ils jouaient bien ils gagnaient,
01:18 quand ils jouaient mal ils allaient en finale.
01:20 Et encore, même en 96, c'était pas reluisant, ils pouvaient presque même tomber en poule.
01:26 A l'arrivée ils sont allés au bout, et c'était comme ça.
01:29 Et 2002 ils vont en finale, et franchement, comme a dit Paulo,
01:32 c'était Khan le meilleur joueur, avec Balak, mais Khan en 1.
01:36 Là, pour moi le problème, je sais pas ce qui se passe avec ces joueurs là.
01:40 Un mec comme Kimmich, c'est pas possible le niveau que Kimmich avait quand ils sont champions d'Europe.
01:46 Et là, alors après, moi je les lis les petites phrases, genre je suis un peu traumatisé,
01:51 je suis un peu ceci, cela.
01:52 C'est des petits enfants !
01:54 Le problème pour moi c'est le caractère.
01:56 Alors, il y a plusieurs choses.
01:58 Déjà il y a la question de la formation qui est un débat très très important en Allemagne en ce moment.
02:03 D'ailleurs tout le monde est en train de critiquer la formation à l'allemande,
02:06 après l'avoir louée il y a 10-15 ans, juste entre 2017 et 2023,
02:12 alors qu'on a vécu la période du Covid, le poste centre de formation a été multiplié par 3.
02:18 Aujourd'hui, en Bundesliga, c'est 166 millions d'euros dépensés,
02:21 donc plus d'un milliard de francs pour les vieux.
02:23 Pour le poste de formation, c'est 9 millions en moyenne par club de Bundesliga,
02:29 alors que c'était, il y a 3 millions il y a 2017.
02:32 Donc si c'est un problème, c'est pas un problème d'oseille, c'est un problème de style.
02:37 La deuxième chose, c'est, Daniel a parlé de quelque chose qui est...
02:40 Alors j'en ai parlé entre 20h et 22h, moi j'ai voulu faire un peu de rappel,
02:45 le fait que Rudi Völler revenait, c'était peut-être la fin de ce qu'on avait appelé en Allemagne la révolution allemande,
02:52 et la révolution allemande qui était nécessaire en 2004,
02:55 parce que le football allemand était complètement dépassé du fait que,
02:59 historiquement, ils avaient eu un joueur extraordinaire qui s'appelait Beckenbauer,
03:02 et tous les styles de jeu pendant 25 ans, on l'a orienté en cherchant le nouveau Beckenbauer,
03:07 et notamment le marquage individuel, alors qu'en Italie, dans les années 90,
03:11 Arrigo Sacchi développait le marquage de zone,
03:14 donc les Allemands étaient complètement largués au niveau des entraîneurs.
03:17 Ce qui s'est passé par la suite est très facilement explicable.
03:20 Le problème, c'est que cette révolution, c'est comme toutes les révolutions,
03:23 il y a une période romantique, puis ensuite il y a une période de désillusion.
03:25 La période romantique, c'est quand tu gagnes, c'est 2014.
03:27 Et ceux qui ont pris le pouvoir, Klinsmann à l'époque,
03:30 Joachim Löw, Hansi Flick, qui fait partie de cette révolution,
03:33 ils ne lâchent pas le pouvoir une fois qu'on se rend compte que ça devient un peu compliqué.
03:37 C'est-à-dire que là où tu as besoin de 109 pour une nouvelle version du football allemand
03:41 qui était nécessaire, tu te rends compte que c'est toujours les mêmes qui sont là,
03:45 parce qu'on a une fédération faible en Allemagne en ce moment qui n'a pas voulu trancher.
03:48 Combien de fois on dit, est-ce qu'il aurait fallu se poser la question,
03:52 déjà dès l'Euro 2016 ? On est à l'Euro 2024.
03:55 Ensuite, la question du caractère.
03:57 Moi, ça fait quoi ?
03:58 - Pour le futur, Polo.
03:59 - Pour moi, c'est un truc que tu as développé très souvent, Polo,
04:01 que tu lis, et tu as raison de le faire, à la politique internationale,
04:06 à la tournure que l'Allemagne a prise dans la mondialité.
04:08 Moi, je pense que tu as parfaitement raison là-dessus.
04:10 L'Allemagne qui a honte d'être l'Allemagne, les Allemands qui ont honte d'être des Allemands.
04:14 Moi, j'adhère complètement à ce discours-là.
04:17 Je te laisse en parler, mais moi, j'adhère à ça.
04:20 - Moi, j'ai commencé dans l'after en 2009, et déjà à l'époque,
04:23 j'avais parlé un peu de cette nouvelle génération qui devait être propre sur elle,
04:27 qui était peut-être aussi obligatoire quand on voit la...
04:30 Parce qu'en fait, c'est la troisième grande crise du football de sélection.
04:33 Il y a eu celle de 1984, où l'Allemagne, la RFA à l'époque,
04:37 est éliminée de l'Euro quasiment dans les dernières minutes par l'Espagnol.
04:40 Et en fait, Juppe d'Erwal est forcée de quitter son poste parce qu'il y avait eu,
04:44 rappelez-vous, la Coupe du Monde 82, et des joueurs qui se comportaient d'une façon dégueulasse.
04:48 Et ça donnait une mauvaise image de la RFA.
04:50 Ça n'a pas empêché Effenberg de se faire un doigt d'honneur à la Coupe du Monde 94, etc.
04:55 Donc il fallait bannir tous ces joueurs-là pour essayer d'avoir une Allemagne propre par rapport aux autres nations.
05:02 Il y a eu la crise, on vient d'en parler, qui était une crise systémique de compétences en 2004,
05:08 qui en fait a été prolongée.
05:10 Les succès de 90, la Coupe du Monde, avant la réunification, ont permis en fait,
05:15 le système allemand fonctionner encore, parce qu'on a eu un Matthias Zammer qui est arrivé,
05:19 ou un Kirsten, des joueurs comme ça, qui ont permis de vivoter encore et de gagner l'Euro.
05:22 Tu l'as bien dit Daniel, d'une façon trop grand-chanceuse en 96.
05:26 Mais la crise systémique, elle est là.
05:28 Et là, on a une troisième crise, aussi de caractère,
05:31 parce que moi j'oppose souvent les anciens et les modernes à ceux qui disent
05:35 "Oui, mais avant, les Matthäus, les Effenberg, les Matthias Zammer, les Norton Frings,
05:40 c'était des caractériels, les Paul Breitner, Schuster qui quitte la sélection,
05:43 Paul Breitner qui quitte la sélection, blablabla".
05:46 Sauf que ces gens-là ont fait l'histoire de l'RFA, puis de la RFA de l'Allemagne réunifiée.
05:52 Et aujourd'hui, on a une génération de joueurs qui théoriquement savent beaucoup mieux jouer au football.
05:58 Et là, je partage l'analyse de Daniel, sur le papier, lorsque tu vois la sélection actuelle,
06:03 il y a des joueurs du Barça, du Bayern, de Dortmund, du Real, des Vercousins, etc.
06:08 Donc, dans l'histoire de la sélection allemande, je peux vous assurer qu'il y avait des joueurs
06:11 qui n'avaient pas ce niveau-là, théorique, et qui avaient des résultats quand même.
06:15 La deuxième chose, c'est sur la question du caractère.
06:18 Joachim Löw a apporté un concept qui vient de l'entreprise,
06:22 et qui s'appelait la "flach-hierarchie", la hiérarchie horizontale,
06:26 qui s'opposait directement et frontalement à ce qu'on appelait le "Leitwolf",
06:30 c'est-à-dire le chef de meute, en France, on disait les aboyeurs.
06:34 Le chef de meute, c'est celui qui prenait le pouvoir dans le vestiaire de la sélection allemande.
06:38 C'est pour ça que des mecs comme Effenberg et Matthäus s'affrontaient ouvertement devant les médias.
06:43 C'est pour ça que Matthäus s'est affronté avec Matthias Zammer pour avoir le leadership de la sélection.
06:49 Tout ça, les Leitwolf, ils ont été mis de côté.
06:52 Tous ces caractériels. Thorsten Frings, avant la Coupe du Monde 2010,
06:56 n'a pas été sélectionné, il était un peu un vieux de la vieille, il avait lui aussi un certain caractère,
07:00 et il n'a pas été sélectionné pour la Coupe du Monde en Afrique du Sud.
07:03 On lui pose la question "mais vous savez pourquoi ?"
07:06 "Mais attendez, si on était sélectionné pour nos performances,
07:09 tout le monde sait que cette sélection ne serait pas du tout la même."
07:12 Et en fait, Yoharim Löw a réussi à niveler complètement des joueurs
07:18 qui, historiquement, avaient beaucoup de caractère, en disant "le football a changé, il est différent,
07:24 il faut fonctionner par projet aujourd'hui, etc."
07:26 Et aujourd'hui, on cherche des leaders, et puis alors ?
07:30 Vous vous rappelez tout ce que m'a tellement l'envie ?
07:32 Ce que tu constates aujourd'hui, c'est que les mecs, c'est des petits garçons.
07:35 Et vous avez vu la voix de Jojo Kish ?
07:37 On a l'impression que quand ils prennent des coups sur la tête...
07:39 - Avant, moi je suis désolé de tomber dans le cliché,
07:44 mais t'avais le sentiment que l'allemand, il était dur à battre,
07:49 qu'il allait toujours te fourrer la dernière minute,
07:51 qu'il serait dur sur l'homme...
07:53 Mais tout ça, maintenant, quand on parle de ce genre de choses,
07:58 on est immédiatement accusé de faire dans le cliché,
08:01 il faut que tout se ressemble et tout soit égal sur Terre,
08:04 il n'y a plus d'identité, plus personne ne doit être différent...
08:09 C'est aussi ça le problème de notre époque.
08:13 Et l'allemand, il a honte d'être allemand, tu ne peux pas être amené à ça !
08:16 [SILENCE]

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