80% de plaintes sont classées sans suite, dont seulement 1% aboutissent à une condamnation pénale selon le Haut Conseil à l'Egalité. Dans le livre « Classées sans suite », l'avocate
Violaine de Filippis - Abate, engagée pour les droits des femmes, nous explique pourquoi.
#femme #justice #plainte
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00:00 Aujourd'hui, 80% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite,
00:04 moins de 1% des viols aboutissent à une condamnation.
00:07 De manière générale, notre système est incapable de traiter ces violences.
00:12 Je m'appelle Violaine de Philippis-Abad, je suis avocate, militante pour les droits des femmes,
00:16 et j'ai écrit le livre "Classées sans suite".
00:18 Il y a plusieurs motifs de classement sans suite.
00:24 Le plus utilisé en matière de violences faites aux femmes, c'est le classement numéro 21.
00:28 Ça signifie que l'infraction n'est pas suffisamment caractérisée,
00:32 autrement dit qu'il n'y a pas assez de preuves.
00:34 Mais pour avoir des preuves, vous serez d'accord avec moi, encore faut-il les chercher.
00:38 Quand on regarde ces dossiers classés, on se rend compte qu'en réalité,
00:42 il y a eu très peu d'investigations.
00:44 On devrait avoir au minimum l'audition de la casseur présumée,
00:48 l'audition de ses ex-compagnes,
00:50 et la restauration par exemple des messages dans les téléphones,
00:53 également une expertise de la victime, ne serait-ce que psychologique,
00:57 si les traces physiques ont disparu.
00:59 Ce n'est pas fait, dans la plupart des cas.
01:01 Il y a une affaire où j'assiste une femme qui a été victime d'un viol collectif.
01:09 Cette affaire va aller en cours d'assise l'année prochaine, manifestement.
01:12 Ce cas, en fait, il est exceptionnel, puisque dans la plupart des cas, il y a un classement.
01:17 Et là, si on n'a pas un classement, c'est parce qu'on est justement
01:20 dans ce que les mentalités considèrent comme une vraie agression,
01:24 je mets bien des guillemets, c'est-à-dire perpétrée par des inconnus la nuit,
01:29 dans une voiture, à trois personnes, sous l'emprise de drogue, manifestement, et d'alcool.
01:34 Dans l'imaginaire collectif, on sent que cette affaire a été traitée correctement,
01:38 puisqu'elle correspond à tous les stigmates de ce qu'on considère être une vraie agression.
01:43 Cette idée de vraie ou fausse agression, elle a été confirmée par une policière
01:48 qui, désormais, a arrêté parce qu'elle n'en pouvait plus justement de ce climat.
01:52 Elle était en charge des violences intrafamiliales et elle m'a dit très clairement
01:56 "Moi, j'en pouvais plus parce que quand j'avais le procureur sur des dossiers,
02:00 et que je lui parlais d'audition et qu'il me posait des questions sur le dossier
02:04 avant de savoir s'il allait classer ou pas, souvent le mot "conjugopatie" revenait.
02:08 Cette phrase, "non, mais c'est de la conjugopatie, donc on va classer."
02:12 Conjugopatie, c'est l'idée stéréotypée qu'il y aurait des agressions normales
02:16 de couple qui dériveraient du couple, et que donc, en fait, on ne pourrait pas les poursuivre,
02:21 puisque ce ne sont pas des vraies agressions.
02:23 Dans les mentalités, qu'est-ce qu'une vraie agression ?
02:25 Eh bien, il y a encore une majorité des Françaises et Français qui pensent
02:29 que c'est au coin d'une rue qu'on a le plus de malchance d'être agressé ou violé.
02:34 Ça nous rassure, en fait, de penser que c'est lointain, les agressions, et que ce n'est pas chez nous.
02:38 Alors qu'en réalité, les agressions et les viols, la plupart du temps, dans plus de 7 cas sur 10,
02:43 ont lieu dans le cercle privé, c'est-à-dire que la victime connaît son agresseur.
02:48 Donc, en réalité, une fausse agression, ça va être justement, dans les esprits, le viol conjugal,
02:53 donc le viol perpétré par le conjoint ou le copain, puisque, après tout, si on est dans son lit,
02:57 eh bien, ce n'est pas une vraie agression, et on n'est pas une vraie victime.
03:00 Parfois, il y a de la dissuasion.
03:04 Un exemple de dissuasion, de déposée plainte, c'est notamment le cas d'une femme.
03:10 Au moment de s'avancer vers le comptoir, le policier lui dit "Vous venez pour quoi ?"
03:17 Et donc, elle dit "Je viens déposer plainte pour viol."
03:20 Et le policier lui répond "C'est-à-dire ?"
03:22 Demandez "C'est-à-dire ?" alors que vous venez de verbaliser que vous souhaitez déposer plainte pour viol.
03:28 À ce stade, il n'y a pas besoin de précision.
03:30 Cette femme a eu le sentiment de devoir se justifier et de devoir expliquer son viol au comptoir,
03:35 alors qu'il y avait des gens à 1 mètre, ce qu'elle a vécu comme une tentative de dissuasion.
03:39 Quand ce n'est pas le cas, les questions qui sont posées au moment du dépôt de plainte sont délirantes,
03:44 comme "Pourquoi vous étiez en culotte si vous ne vouliez pas avoir de rapport avec votre copain ?"
03:48 "Pourquoi vous avez fait une fellation si vous ne vouliez pas de pénétration ?"
03:52 En fait, des questions qui culpabilisent la femme qui est là pour déposer plainte.
03:57 Comme la justice est de manière générale sous-dotée toutes les matières confondues,
04:04 effectivement, tous les acteurs judiciaires sont débordés.
04:08 Je m'entretenais récemment avec un policier qui me disait que dans ces placards, dans ce commissariat-là,
04:12 il y avait 8 000 dossiers ouverts en cours pour une commune de quelques dizaines de milliers d'habitants.
04:19 Et encore, c'était suite à, effectivement, beaucoup de classements,
04:23 puisqu'ils étaient à 25 000 quelques mois avant, et ils ont été obligés de faire des choix pour classer.
04:28 Tant qu'on n'aura pas plus de moyens pour la justice de manière générale,
04:31 on aura du mal à faire baisser les classements sans suite.
04:34 Maintenant, ça nécessite une politique publique, une volonté forte, donc trois de budget.
04:40 Certes, il est vrai que les budgets en matière de justice augmentent.
04:44 Il y a des postes qui vont être créés, le ministre de la Justice l'a annoncé plusieurs fois,
04:49 mais ça ne suffit pas en réalité, ça ne suffit pas à répondre à l'ampleur du problème.
04:53 [SILENCE]