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00:00 de 2800 morts désormais au Maroc, bilan toujours provisoire après le séisme de vendredi dernier.
00:05 Les secours, les associations sont mobilisées pour tenter de retrouver des survivants dans
00:09 les décombres mais aussi aider les populations qui ont tout perdu.
00:13 On en parle ce matin avec notre invité, le directeur général d'ACTED qui répond à
00:17 vos questions.
00:18 Louis de Bergevin.
00:19 Bonjour Frédéric de Saint-Cernin.
00:20 Bonjour.
00:21 Les Périgordins vous connaissent, vous avez été élu en Andorgne pendant de nombreuses
00:26 années, vous êtes aujourd'hui président de l'ONG international ACTED.
00:29 Alors l'aide française n'est pas validée par le Maroc mais votre ONG peut quand même
00:34 intervenir ?
00:35 Nous travaillons de plusieurs manières.
00:39 D'abord avec des partenaires et nous avions sollicité nos partenaires de pompiers sans
00:43 frontières, composés de pompiers, de médecins, etc. de spécialistes avec des chiens pour
00:49 trouver des morts ou des blessés dans les gravats dans les décombres et ça c'est quelque
00:55 chose qu'on fait de manière très urgente dès les premières heures du séisme.
01:00 Malheureusement en effet, comme les autres, nous n'avons pas eu l'autorisation de nous
01:03 rendre sur place.
01:04 D'un autre côté, nous en tant qu'ACTED nous nous déplaçons parce que nous sommes
01:08 une organisation non gouvernementale et nous nous déplaçons sur le lieu même.
01:13 Donc nous avons envoyé nos spécialistes de l'urgence et des spécialistes pour organiser
01:17 la réponse aux besoins de première nécessité de la population.
01:21 Ils sont arrivés hier donc ils ont pris contact avec d'abord les autorités locales.
01:25 Les associations partenaires d'ACTED sur place et donc j'espère que nous allons pouvoir
01:29 travailler dès demain, dès que possible.
01:31 On parle de plus de 2800 morts selon le bilan provisoire mais il y a environ 300 000 personnes
01:38 qui ont été touchées par ce séisme.
01:40 Sur place la situation est grave, il y a une bonne partie de la population qui dort
01:45 dehors, qui n'a plus de maison ?
01:46 Oui absolument.
01:47 Soit les maisons se sont effondrées, soit les maisons sont fissurées et les gens n'ont
01:52 pas confiance.
01:53 Ils craignent toujours le risque d'une deuxième secousse.
01:56 Donc ils dorment dehors, il faut absolument les accompagner avec des tentes etc.
02:00 En plus il faut maintenant s'occuper de ce que j'appelle les besoins de première nécessité,
02:05 c'est-à-dire l'accès à l'eau potable qui va manquer très vite, la nourriture,
02:10 les couvertures quand on va dans le Haut Atlas parce qu'on se dit toujours qu'au Maroc
02:15 il fait beau et dans l'Haut Atlas les nuits vont commencer à être fraîches.
02:18 C'est tout ça dont il faut s'occuper et il faut s'en occuper sur la durée.
02:22 On fixe toujours son attention sur le drame qu'ont connu les Marocains de cette région
02:27 dans la nuit de vendredi à samedi dernier, mais la reconstruction de cette région va
02:32 prendre des mois et des années.
02:34 C'est tout ça qui doit être pris en compte par les acteurs humanitaires pour aider les
02:38 populations.
02:39 7h48 sur France Bleu Périgord, notre invité ce matin c'est Frédéric de Saint-Cernan,
02:44 directeur général délégué de l'ONG international ACTED qui répond à vos questions Louis-Le
02:48 Bargevin.
02:49 Quel retour vous avez de vos équipes sur place ?
02:51 Est-ce qu'il y a suffisamment d'aide ? Est-ce qu'elle arrive assez vite cette aide ?
02:54 Non, mais ça c'est quelque chose de classique.
02:58 Nous étions la principale ONG internationale à intervenir en Turquie, en Syrie.
03:01 Il y a toujours un temps de latence.
03:03 D'abord ce sont les autorités dans des pays qui sont organisés avec des services publics
03:07 qui normalement fonctionnent comme c'est le cas au Maroc, comme c'était le cas en
03:10 Turquie.
03:11 Les autorités se disent qu'elles vont pouvoir elles-mêmes faire face.
03:14 Ensuite elles font appel à quelques partenaires et enfin ça arrive régulièrement, elles
03:18 font appel à ce qu'on appelle la solidarité internationale.
03:21 Et à ce moment-là il y a l'organisation des Nations Unies qui coordonne les efforts.
03:25 J'insiste sur le fait qu'il faut coordonner les efforts.
03:28 On est dans des endroits où il y a eu des éboulements, les routes ont été coupées.
03:32 Il ne s'agit pas de créer des bouchons parce que la bonne volonté des acteurs humanitaires
03:36 ferait qu'on se retrouverait les uns sur les autres.
03:39 Donc la coordination est très importante avec les autorités et ensuite avec l'ensemble
03:44 des acteurs humanitaires.
03:46 Et donc là on est dans cette partie où dans ce moment où les autorités marocaines
03:50 ont fait appel à quelques pays.
03:52 Mais ça ne suffit pas bien évidemment, j'ajoute, qu'on parle beaucoup de Marrakech,
03:57 on parle un peu moins des villages qui sont les plus touchés, qui sont les plus éloignés
04:01 et les personnes sont les plus vulnérables.
04:03 Ça, ça prend beaucoup de temps pour les atteindre, pour pouvoir apporter ces besoins
04:08 de première nécessité.
04:09 C'est quelque chose qui prend du temps dans le terme de logistique et d'évaluation
04:15 et de logistique.
04:16 Donc pour l'instant, non, non, la réponse n'est pas encore suffisante.
04:20 Vous avez sûrement eu des retours de vos équipes, les personnes qui sont sur place,
04:26 qui ont tout perdu.
04:27 Dans quel état sont-elles ? Dans quel état sont les populations touchées sur place ?
04:31 Le Maroc est un pays qui, contrairement à d'autres pays, je pense en particulier de
04:36 l'Europe occidentale, on a quelquefois un peu abandonné l'esprit de famille, de
04:41 cellule familiale, le lien au village.
04:43 C'est un pays qui est très fort sur ce plan-là, très résilient.
04:48 C'est-à-dire que les familles qui ont pu, avec l'exode rural, aller habiter dans
04:52 les villes sont venues au secours de ceux qui sont restés au village.
04:56 Donc il y a eu cette mobilisation familiale qui a été très forte dans les premières
04:59 heures et les premiers jours.
05:01 Puis après, la vie reprend son cours.
05:03 Et c'est à ce moment-là que des gens extérieurs à ces cellules doivent prendre le relais
05:08 pour aider les populations.
05:09 Dans les premières heures et les premiers jours, vous avez cette mobilisation qui fait
05:14 que les gens se sentent un petit peu soutenus.
05:15 Et ensuite, c'est déjà plus difficile.
05:17 Et au bout de quelques jours, vous vous rendez compte, en effet, c'est ce que vous disiez,
05:21 que vous avez tout perdu.
05:22 Là, vous arrivez à un état de sidération, vous n'avez plus de travail, vous n'avez
05:25 plus de maison, vous n'avez plus d'emploi.
05:28 Et il y aura le moment venu, et ça c'est dans un deuxième temps, un soutien psychologique
05:32 très fort qu'apportent les spécialistes.
05:34 Dans l'immédiat, très rapidement, si je veux aider, on peut faire des dons en ligne,
05:39 on peut faire des dons notamment à votre ONG, Acted ?
05:42 Voilà, Acted, dont pour le soutien aux populations qui sont touchées par le séisme au Maroc.
05:50 Il y a quelques organisations, mais nous, nous sommes une des principales organisations
05:54 à travailler sur le terrain parce que nous avons une organisation en sœur au Maghreb
05:58 qui a une antenne sur place.
05:59 Merci beaucoup Frédéric de Saint-Cernin, ancien député de la Dordogne et donc directeur
06:04 général, directeur général délégué d'Acted, une ONG française qui intervient au Maroc.