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L'HISTOIRE DE. Premier fils de Bernard Tapie, Stéphane Tapie nous confie un souvenir fort de son adolescence, quand, après avoir pris la défende d'un de ses camarades victime de harcèlement, il avait subi le courroux de son père sur le chemin du retour, avant que ce dernier comprenne son geste.

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Transcription
00:00 C'est la seule fois où mon père est venu me récupérer à l'école et je me suis fait bien pourrir.
00:05 Vraiment bien pourrir.
00:07 J'étais en 4ème, j'avais 13 ans.
00:12 Et on avait dans notre école un garçon qui était un petit peu moqué.
00:16 On l'avait pris un petit peu sous notre aile, ma petite bande et moi.
00:19 Il était venu au réfectoire entre midi et deux.
00:23 Et puis il était venu s'asseoir avec moi et il m'avait dit qu'il avait été extrêmement moqué
00:28 pendant toute l'heure de cours par un grand idiot qui s'amusait à le prendre comme souffre-douleur.
00:33 À mon tour, je me suis dit qu'il était temps de l'humilier et de lui faire comprendre l'humiliation.
00:37 Donc je me suis servi de la poubelle dans laquelle nous jetons tous les détritus après déjeuner.
00:43 Et je lui ai gentiment renversé sur la tête.
00:47 Ça m'a valu deux jours d'exclusion.
00:50 Et c'est la seule fois où mon père est venu me récupérer à l'école et je me suis fait bien pourrir.
00:56 Vraiment bien pourrir.
00:58 Sauf que quand je lui ai donné l'explication, il m'a dit "Bon, t'aurais pu mettre une deuxième poubelle".
01:02 Il m'a dit "Putain, sérieux quoi, la poubelle ?"
01:06 Je lui ai dit "Oui, mais t'as bien fait alors, pourquoi ils t'ont viré deux jours ?"
01:11 Je lui ai dit "Tu vois, t'es d'accord, ils n'auraient pas dû me virer deux jours."
01:15 Il me dit "Non, c'est pas grave alors, c'est pas grave."
01:18 Il a mis une raison, pas une excuse, une raison.
01:22 Et même si c'est vrai que ça a été une réponse violente de ma part,
01:27 mais elle était beaucoup moins que ce que subissait le petit Manu.
01:32 Que je vois toujours d'ailleurs, qu'est mon pote, ça fait 40 ans qu'on est pote.
01:36 Pour moi, il n'y a pas d'handicap, il y a des êtres humains plus ou moins avantagés,
01:42 mais c'est que des êtres humains.
01:44 Donc je ne supporte pas l'exclusion et je ne supporte pas la moquerie facile.
01:48 L'exclusion, elle peut être sociale.
01:50 Lui, son exclusion, elle a été sociale.
01:52 Et l'exclusion sociale qu'il a vécue lui, évidemment, ça a été notre moteur à nous.
01:58 Moi, ça a été mon moteur de continuer et de perpétuer son oeuvre.
02:04 Vous savez, quand on vient de ces milieux-là, il ne faut jamais oublier d'où on vient.
02:08 Et il faut surtout le transmettre à ses enfants.
02:10 Même si pour nous, ça a peut-être été plus facile,
02:13 on a quand même grandi avec ses valeurs à lui.
02:15 On s'est toujours mis à la place des autres.
02:19 Il avait beaucoup de qualités, mais il en avait une qu'il n'avait absolument pas,
02:22 c'était l'autorité.
02:23 Avec nous, il n'était pas du tout autoritaire.
02:26 Non, mais il ne savait pas faire.
02:28 Il ne suivait rien du tout.
02:29 Mais rien.
02:30 Mais absolument rien.
02:34 Quand je lui disais que je passais en classe supérieure,
02:40 j'attendais exprès qu'il me dise "Oui, mais quelle classe ?"
02:45 "Tu devrais savoir, bien entendu."
02:48 Si je pouvais lui raconter que j'étais en terminale alors que j'étais en cinquième,
02:51 il ne voyait pas la différence.
02:53 Il y avait d'autres préoccupations.
02:55 [Rires]
02:57 [Cliquetis]
02:58 merci à bientôt !

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