Inondations en Libye : "c’est une crise qui va durer"

  • l’année dernière

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Nous sommes en ligne avec Olivier Routeau. Bonjour, merci de nous consacrer quelques minutes sur France 24.
00:04 Vous êtes directeur des opérations de l'ONG Première Urgence Internationale et vous intervenez depuis 2017 en Libye,
00:12 notamment autour des zones de Benghazi. Vous connaissez donc très bien la région sinistrée, complètement dévastée.
00:18 On l'a vue en partie détruite. Aujourd'hui, c'est quoi le constat ? Il y a des milliers de personnes qui sont sans abri,
00:23 qui n'ont ni accès à l'eau, ni à la nourriture, ni à l'électricité.
00:29 Bonjour. Oui, effectivement, le bilan est absolument catastrophique. C'est celui que vous faites.
00:35 Le nombre de morts est déjà effarant et on sait très bien qu'il va augmenter dans les jours à venir.
00:41 C'est un bassin de population qui est très important, puisqu'on parle de plusieurs centaines de milliers de personnes
00:46 et effectivement qui ont tout perdu. Les images, on parle d'elles-mêmes. C'est un chaos absolument incroyable.
00:54 Et l'enjeu, au-delà du bilan qui est déjà dramatique, c'est évidemment de pouvoir sauver les vivants.
01:00 Et c'est ce à quoi vont essayer de s'attaquer nos équipes au plus tôt possible.
01:05 Sécuriser aussi les bâtiments qui sont toujours debout ?
01:09 Alors, sécuriser les bâtiments, c'est dans l'enjeu de pouvoir rapidement apporter une assistance aux populations.
01:15 Il y a évidemment de pouvoir trouver des abris pour héberger les rescapés et de pouvoir évidemment,
01:23 puisque parmi les bâtiments qui sont encore debout, il y a évidemment beaucoup de bâtiments qui ont été endommagés.
01:27 Donc, il va falloir trouver des lieux pour pouvoir abriter ces personnes,
01:30 que ce soit directement autour des villes affectées ou dans les zones où les populations vont être trouvées en fuge.
01:37 Où est aujourd'hui l'équipe de première urgence internationale ?
01:42 Est-ce qu'elle a pu accéder aux régions qui sont sinistrées, à Derna notamment ?
01:49 Alors, dès hier, une équipe est partie de Benrazi pour pouvoir se rapprocher le plus possible des zones affectées et de la ville de Derna.
01:56 L'un des enjeux majeurs dans cette course contre la montre, c'est l'accès.
02:00 Je crois que ça a été dit dans le reportage, mais de nombreux ponts, des routes ont été coupés.
02:04 Donc, l'accès est très compliqué pour pouvoir se rapprocher des zones les plus touchées.
02:10 Donc, l'équipe avait pu se rapprocher des environs hier et ce matin, mais pas encore des zones les plus affectées.
02:18 De la sécurisation des lieux, on sait que Derna a connu la présence de plusieurs groupes djihadistes, Al-Qaïda, le groupe État islamique, aujourd'hui les milices.
02:31 Comment est-ce que vos équipes gèrent ce facteur central ?
02:36 Nous, on travaille depuis 2017, donc on est habitué à travailler dans ces zones et à pouvoir collaborer avec les différentes parties en présence pour pouvoir négocier de l'accès.
02:48 Depuis hier, on voit quand même qu'il y a une phase de forme d'union sur la priorité à l'humanité et à pouvoir apporter secours aux victimes.
02:59 Donc, du coup, pour le moment, ce n'est pas un enjeu majeur. Et puis, c'est des choses qu'on a l'habitude de gérer en Libye.
03:05 Notamment ce système politique qui sépare les deux gouvernements entre l'Est et l'Ouest.
03:11 Ça, ça ne pénalise pas vos interventions aujourd'hui.
03:14 Les inondations ont laissé de côté les tensions pour l'instant. C'est ce que vous constatez ?
03:19 Il est évidemment trop tôt pour faire un bilan de la gestion par les différentes autorités en présence de cette catastrophe.
03:26 Mais les discours aujourd'hui sont plutôt ouverts et nous laissent être optimistes.
03:30 Et dans tous les cas, c'est une zone où on est connu, où nos équipes interviennent depuis des années, où on a des autorisations pour intervenir.
03:37 Donc, ça ne semble pas être un obstacle immédiat pour notre intervention.
03:40 Clairement, en tout cas, les Libyens n'ont pas les moyens de faire face seuls à ce genre de drame.
03:47 Quand on voit les moyens qui sont déployés par les autorités de l'Ouest et de l'Est,
03:52 et quand on voit aussi les images qui nous parviennent, qui sont absolument chaotiques, l'aide internationale aujourd'hui, elle est vitale pour la Libye ?
04:00 Ça nous semble absolument certain. Les Libyens le disent eux-mêmes.
04:04 C'est un tsunami qui s'est produit sur la ville de Derlin, dans des zones qui étaient extrêmement populaires, avec un habitat qui était précaire.
04:13 Et là, pour le coup, on est évidemment dans des conséquences qui sont multiples.
04:17 C'est un aléa climatique, mais qui a frappé un endroit qui était évidemment marqué par des années et des années d'absence de politique urbaine,
04:25 de gestion des vulnérabilités structurelles de ces villes. Et ça fait des dégâts absolument majeurs.
04:30 Donc oui, de l'aide nous semble absolument indispensable aujourd'hui.
04:34 Deux barrages ont cédé sous le poids des intempéries. Deux barrages qui sont entrés en service en 1986.
04:40 Est-ce que vous savez s'ils étaient sous-dimensionnés, mal entretenus ?
04:46 Alors à ce niveau-là, je ne pourrais pas me prononcer. Je ne suis absolument pas un expert du génie civil.
04:50 Et nous, on intervenait sur des problèmes de santé. Donc on n'était évidemment pas en suivi de la sécurité du barrage avant.
04:56 Ce qui est certain, c'est que les dégâts aujourd'hui observés ne sont pas à la mesure d'une seule réponse locale.
05:04 Il va falloir se déployer une aide internationale importante.
05:08 Une dernière question. Est-ce que vous avez constaté une baisse des dons destinés à la Libye depuis la chute de Mohamed Kadhafi
05:13 et depuis aussi le déclenchement de la guerre en Ukraine ? Est-ce que la Libye a appâti de cette situation aussi ?
05:22 On n'est présent que depuis 2017. Donc je ne pourrais absolument pas comparer la situation avec le régime précédent
05:27 parce qu'on n'intervenait pas en Libye avant. Ce qui est certain, c'est qu'effectivement, la Libye était un contexte de crise
05:34 qui était en intensité d'un point de vue attention collective. La crise n'était pas exactement la même non plus
05:42 qu'il y a une dizaine d'années ou encore il y a 2-3 ans. Donc effectivement, l'attention collective était moins importante sur la Libye.
05:49 Vous avez besoin de quoi en priorité ?
05:53 Il va nous falloir des moyens. C'est pour ça que la Première Région internationale a lancé un appel aux dons sur son site
06:00 pour la Libye et le Maroc notamment, mais notamment pour la Libye aujourd'hui. Et effectivement, on mobilise nos partenaires financiers aussi.
06:07 L'enjeu, c'est de pouvoir répondre immédiatement, axé au service essentiel, aux nourritures, abris comme je le disais,
06:14 mais aussi de pouvoir secourir ces personnes dans le temps plus long, puisque c'est une crise qui va durer.
06:20 Ces personnes, elles ont tout perdu et c'est un enjeu de pouvoir maintenir leur accès à ces services dans le temps long.
06:25 N'oublions pas non plus la nécessité de pouvoir apporter rapidement des soins psychologiques.
06:29 C'est un traumatisme énorme qu'ont pu subir ces populations, à la fois par la violence de cette tempête,
06:36 mais aussi évidemment par les conséquences qu'elles ont pour elles et leurs familles.
06:41 Merci beaucoup. Merci Olivier Routeau, directeur des opérations de Premières Urgences Internationales.
06:46 On retrouve toutes vos informations sur votre site.

Recommandations