Du mardi au jeudi, retrouvez le match du soir entre Pablo Pillaud-Vivien et Charles Consigny dans l'émission 90 minutes de Julie Hammett. Au programme ce mercredi, les critiques d'Éric Dupond-Moretti contre la présence du Syndicat de la magistrature à la Fête de l'Humanité.
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00:00 Est-ce que ça abîme, cette présence-là du syndicat de la magistrature à la fête de l'Huma,
00:04 ça abîme la confiance que les Français ont en leur justice selon vous ?
00:09 Non, pas du tout, je ne vois pas leur rapport.
00:12 Moi, j'avoue que je suis un peu tombé de ma chaise lorsque j'ai entendu la diatribe,
00:17 la belle diatribe, comme l'a souligné Charles, d'Éric Dupont-Moretti,
00:22 parce qu'en gros, il est très inquiet du manque d'impartialité des juges ou je ne sais pas quoi.
00:27 Moi, Éric Dupont-Moretti, je ne l'ai pas entendu moufeter
00:31 lorsque des policiers sont allés manifester devant l'Assemblée nationale
00:35 disant que le problème de la police, c'était la justice.
00:38 Et il y avait même la présence d'un ministre, le ministre de l'Intérieur, dans cette manifestation.
00:42 Et à ce moment-là, ça n'a pas posé de problème à Éric Dupont-Moretti
00:46 que des policiers agissent de la sorte, et fassent des demandes,
00:50 c'est-à-dire jettent l'opprobre de façon aussi violente sur l'institution judiciaire.
00:54 Là, qu'est-ce qu'on a ? On a des juges, on a un syndicat.
00:57 Un syndicat, je le rappelle, les juges ont le droit d'être syndiqués.
01:01 Ça a même été validé il y a une dizaine d'années par la Cour européenne des droits de l'homme.
01:05 Mais ils sont soumis à une certaine réserve quand même, non ?
01:07 Mais ils sont soumis totalement, c'est vrai, ils sont soumis à une certaine réserve,
01:11 mais sauf que là, ils n'y vont pas en tant que juges à la fête de l'humanité,
01:14 ils y vont en tant que syndicalistes.
01:16 Et c'est très important.
01:17 Il y a plein de pays dans lesquels les magistrats sont syndiqués.
01:21 L'Espagne, le Portugal, l'Italie.
01:24 Et ça ne pose absolument aucun problème.
01:26 Alors moi, je veux bien qu'Éric Dupond-Moretti dise, parce qu'il joue un peu sur les mots,
01:30 il dit "oui, ils ont le droit d'être syndiqués, mais..."
01:32 Je suis désolé, il n'y a pas de "mais".
01:34 Ils ont le droit d'être syndiqués, ils ont même le droit d'être de gauche
01:36 et de revendiquer des opinions politiques.
01:38 Je rappelle que le syndicat de la magistrature a appelé à voter contre Nicolas Sarkozy en 2007.
01:43 Parce qu'effectivement, le programme qui était proposé pour la justice de Nicolas Sarkozy
01:48 n'était pas en accord avec les statuts,
01:50 c'est-à-dire ceux pour lesquels doivent se battre les membres du syndicat de la magistrature.
01:55 Mais là, ce dont Éric Dupond-Moretti a peur,
01:58 c'est que dans la salle, dans les tribunaux,
02:01 il ne rende pas la justice sur la base du droit, mais de la politique.
02:05 Mais là, il fait une erreur. Ou alors qu'il le prouve !
02:07 - Mais c'est ce qu'il prouve ! - Exactement, il le rend sur la base du droit.
02:09 Mais qu'il le prouve ! S'il dit que c'est sur la base de la politique, qu'il le prouve !
02:12 - Par exemple, s'agissant de Nicolas Sarkozy,
02:16 moi je considère que l'affaire dite des écoutes,
02:19 dans laquelle on a écouté et utilisé contre lui des écoutes téléphoniques
02:24 entre Nicolas Sarkozy et son avocat,
02:27 de conversations qui étaient en plus passées sur une ligne
02:30 exclusivement dédiée à leurs conversations avocat-client,
02:33 moi je considère que c'était dans ce cas-là une justice politique qui s'est exprimée.
02:37 Et donc je comprends ce que veut dire Éric Dupond-Moretti.
02:40 - Il y a plusieurs strats !
02:41 C'est-à-dire que tu peux faire appel, mais c'était pas le temps.
02:43 - Oui, mais le problème, Pablo, c'est que parfois,
02:48 il y a certains dossiers dans lesquels, mais c'est pas à être complotiste,
02:51 il y a certains dossiers dans lesquels on se retrouve
02:53 devant une espèce de bloc monolithique de juges
02:56 qui, dans certains dossiers, notamment par exemple le dossier Sarkozy,
02:59 ont tendance à faire bloc.
03:00 - Mais tout ça doit être prouvé !
03:02 Et lorsqu'on regarde Desso, il faut faire très attention à ce qu'on dit.
03:04 Donc s'il dit qu'il y a des juges qui font de la politique, très bien.
03:08 Mais qu'il le prouve et qu'il montre que les 35% de juges dans le vote de la Radio-Canada
03:12 sont des juges qui ne jugent pas sur la base du pouvoir.
03:15 - Je viens de le prouver, moi, j'estime que l'affaire des écoutes...
03:18 - T'as rien prouvé du tout, là !
03:19 - L'affaire des écoutes où les juges...
03:21 - Non, je dis quelque chose.
03:21 - Écoute.
03:22 L'affaire des écoutes où les juges ont utilisé, ont violé tous les principes
03:28 en utilisant des écoutes entre un avocat et son client,
03:31 ça a été une justice politique.
03:33 Et le fait que ça ait...
03:34 - Donc !
03:34 - Et précisément, le fait que ça ait été validé à tous les étages de la procédure,
03:39 ça montre qu'il y avait un problème.
03:41 Moi, je...
03:42 - Donc, est-ce qu'on a besoin, pour en mettre une couche,
03:45 de la présence du syndicat de la magistrature à la fête de l'Ouen ?
03:47 - Ça, j'en sais rien, Souley.
03:48 - Ça n'en coûte que secondaire.
03:49 - Non, mais ce que je pense, par ailleurs, pour être clair,
03:51 c'est qu'Éric Dupond-Moretti aussi en profite pour flinguer,
03:55 comme ça a été écrit sur le bandeau, un syndicat.
03:58 Pourquoi ?
03:59 Parce que le syndicat de la magistrature lui mène une guerre ouverte
04:02 depuis qu'il est nommé.
04:03 Je rappelle, je crois...
04:04 - Avec l'autre syndicat.
04:05 - Je rappelle que la présidente de ce syndicat avait évoqué quand même
04:09 le fait que la nomination d'Éric Dupond-Moretti
04:12 représentait une déclaration de guerre contre les magistrats.
04:15 Moi, je ne veux pas faire d'amalgame entre tous les magistrats.
04:18 Il m'arrive très souvent, et c'est un grand plaisir quand on est avocat,
04:21 de plaider devant des magistrats qu'on trouve remarquables,
04:24 qu'on admire, des gens extrêmement intelligents,
04:27 des gens qui font preuve d'impartialité totale,
04:30 qui recherchent la vérité, qui, en plus, sont respectueux
04:33 des uns et des autres, des principes qui sont courageux.
04:35 Non, je ne fais pas d'amalgame.
04:37 Ce que je dis simplement, c'est que, par exemple,
04:40 la guerre que certains magistrats font à Éric Dupond-Moretti
04:44 depuis qu'il a été nommé garde des Sceaux,
04:46 elle me paraît inadmissible, parce qu'aux dernières nouvelles,
04:50 le garde des Sceaux, c'est le pouvoir politique.
04:52 C'est donc la démocratie qui choisit, le pouvoir investi démocratiquement
04:56 qui choisit le garde des Sceaux.
04:57 Ce ne sont pas les juges, ne le rendent pas plaisir.
04:59 - Si tu fais ça, il y a des recours utilisés.
05:01 - Moi, je pense...
05:01 - Utilise-les.
05:02 Et d'ailleurs, Éric Dupond-Moretti peut les utiliser aussi.
05:04 - Mais c'est ce qu'il essaye de faire.
05:06 mais parfois ils se sont jugés partis.