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Notre consultant Yannick Bru, Jean-François Paturaud et Alex Bardot, journalistes à L'Équipe, tirent un premier bilan, une semaine après le début de la Coupe du monde.

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Sport
Transcription
00:00 Donc le jeu produit globalement dans cette Coupe du Monde, c'est ce qu'on disait, c'est que World Rugby voulait favoriser les équipes qui portaient le ballon, qui jouaient.
00:08 Et c'est flagrant Alex, c'est que ça dans cette Coupe du Monde. C'est ça ou pas ?
00:13 Non, il y a eu forcément des matchs avec… il y a eu du jeu.
00:17 En fait, par exemple, Galfigi est un match intéressant, assez spectaculaire.
00:22 Ce qui est marquant, en fait, c'est que comme on le disait, World Rugby en novembre dernier s'est un peu fâché, n'était pas très content de ce qu'on voyait sur le terrain,
00:33 parce qu'il y avait beaucoup de coups de pied, beaucoup de jeux de dépossession.
00:35 Et ils ont décidé de passer des directives aux arbitres sans changer la règle.
00:39 Ils ont demandé d'être plus vigilants sur les soutiens, les gratteurs et les assistants plaqueurs.
00:45 Et ils ont demandé aussi d'être plus vigilants sur les montées défensives des joueurs qui montent sur les coups de pied,
00:50 pour essayer de redonner du champ aux arrières, aux alliés qui doivent remonter le ballon.
00:56 Et l'idée était qu'on arrive sur un jeu plus attrayant, plus offensif, en tout cas.
01:03 Et ce qu'on voit sur ce début de Coupe du Monde, c'est que j'ai pris que les quatre grosses affiches du début de la Coupe du Monde, le premier week-end.
01:09 Et on voit que sur ces quatre grosses affiches, trois ont été remportées par l'équipe qui fait le moins de passes, l'équipe qui tape le plus,
01:17 l'équipe qui fait le plus de plaquages et l'équipe qui a le moins de recs offensifs.
01:27 C'est le cas de la France face à la Nouvelle-Zélande, c'est le cas du Pays de Galles face au Fiji, c'est le cas de l'Angleterre face à l'Argentine.
01:34 J'ai préparé des graphiques, alors là c'est pour le coup avec un agenda même, c'est ça que ça fait.
01:38 Javier Colombel.
01:40 La crème de la crème.
01:42 Après ça, on arrête tout.
01:45 Je pense.
01:47 Si ça marche.
01:49 Tous les grands attaques.
01:51 Qui a dû ?
01:53 Il ne fait que dormir.
01:55 Il a délégué Yannick.
01:59 J'ai l'impression que c'est Patourou qui l'a dit au début de l'émission.
02:05 Donc là c'est le nombre de passes faites par l'Angleterre et l'Argentine.
02:10 78 passes en Angleterre, 128 l'Argentine.
02:14 Sur les coups de pied, on était à 44 pour la France, record de la Galtie on l'a dit.
02:18 39 pour la Nouvelle-Zélande, là il n'y a pas un gros écart mais quand même.
02:22 Sur le nombre de placages faits, alors là la stat est colossale.
02:25 Galles-Fiji, 253 placages des Gallois, 70 seulement des Fidjiens.
02:31 Et sur les rocs offensifs, toujours sur Fiji-Galles, 134 rocs offensifs,
02:37 c'est-à-dire 134 fois où les Fidjiens ont porté le ballon et sont allés au sol.
02:41 Et seulement 45 pour les Gallois.
02:44 Du coup on l'avait un peu abordé l'autre jour, en souriant,
02:48 on se disait "mais que pense World Rugby en voyant ça ?"
02:52 Et moi ça m'intéressait d'avoir le regard de Yannick sur cette idée de
02:57 pourquoi aujourd'hui World Rugby ne parvient pas à ses fins ?
03:00 Qu'est-ce qui fait qu'après trois matchs, alors on n'a pas beaucoup avancé dans la Coupe du Monde,
03:04 mais quand même ces trois matchs sont parlants, pourquoi World Rugby n'arrive pas à ses fins ?
03:11 Je pense qu'il faut attendre un peu pour voir une tendance dégagée,
03:17 mais là c'est très clair, aujourd'hui, à quelques exceptions près,
03:21 tu parleras je sais de l'Afrique du Sud et de l'Irlande,
03:25 globalement l'équipe qui possède moins le ballon a plus de chances de gagner le match,
03:30 et l'équipe qui tape le plus de ballons dans le ballon a plus de chances de gagner le match,
03:34 c'est ce que montrent les données depuis le début de la Coupe du Monde.
03:38 Je crois tout simplement que World Rugby travaille sur une dimension de spectacle,
03:44 parce qu'ils sont soucieux de réunir le plus possible de fans autour des matchs de rugby,
03:49 et on sait que la dimension spectaculaire est un paramètre important,
03:52 mais dans les règles du rugby, rien ne dit qu'il faut attaquer pour gagner un match,
03:58 donc je pense qu'il y a aussi cette équité à préserver,
04:01 parce que la règle est faite pour préserver cette équité entre l'attaquant et le défenseur,
04:08 et il y a beaucoup de règles de rugby aujourd'hui,
04:11 dans l'arsenal des lois du rugby qui est quand même dense et complexe,
04:16 il y a beaucoup de règles qui favorisent la défense tout simplement,
04:20 je pense que c'est un point peut-être à aborder,
04:22 et World Rugby peut travailler sur la sensibilité des arbitres,
04:26 ou leur subjectivité, mais ne peut pas modifier les règles,
04:29 et je sais que tu vas montrer Alex après, pour moi il y a encore trop de règles,
04:34 notamment sur les remises en jeu après coup de pied,
04:37 qui sont favorables à l'équipe défensive,
04:43 et qui permettent aussi de contourner la règle,
04:49 en utilisant des comportements un petit peu toxiques,
04:52 à mon goût, voilà, donc ça c'est un premier point.
04:56 Le deuxième point pour moi c'est que c'est plus énergivore,
05:01 d'attaquer et d'avoir un rugby de possession comme fait l'Irlande,
05:04 puisque si vous êtes bien organisé en défense,
05:07 vous mettez un plaqueur et un assiste en plaqueur,
05:10 des fois qu'un seul plaqueur en défense dans le rugby,
05:14 qui se relèvent très vite et qui retournent au jeu en moins de deux secondes.
05:19 En attaque, il vous faut un porteur de balle et deux soutiens à chaque fois,
05:24 parfois on voit des rugs furtifs à un porteur plus un soutien,
05:27 donc vous faites le calcul.
05:28 Si vous balayez la largeur sur deux allers-retours ou quatre allers-retours,
05:37 à chaque fois vous consommez des joueurs en plus,
05:39 donc c'est plus énergivore, il faut se replacer davantage,
05:42 et beaucoup d'équipes disent que c'est tellement plus rentable
05:46 de faire l'essuie-glace en défense, de miser sur une erreur,
05:49 et à un moment de mettre un coup de pied dans le ballon,
05:51 et un sprint d'aller contrer l'adversaire chez lui,
05:55 qu'on opte pour ce système-là, sachant que,
05:58 et c'est souvent le débat autour du 15 de France,
06:00 vous voyez comme il est compliqué de bâtir des complicités offensives
06:05 atteintes par l'Irlande, par exemple aujourd'hui,
06:08 avec une qualité de course, une qualité de shapes,
06:12 c'est-à-dire leur cellule de jeu avant trois quarts mélangés,
06:15 ça demande de la répétition, de la répétition,
06:17 du temps de travail et du replacement,
06:20 alors qu'un bon système défensif, un kicking game efficace,
06:25 ça permet d'atteindre l'objectif de manière plus facile.
06:31 Voilà, je crois que c'est…
06:33 On va montrer le résultat.
06:35 Vas-y Yannick.
06:36 Ouais, c'est ce que tu voulais me montrer, vas-y.
06:38 La raison elle est là.
06:40 Tu parlais d'énergie, je crois que ça avait été quantifié par
06:46 Sabien Galtier et Thibaut Giroud,
06:48 je n'ai plus le chiffre en tête, mais ils avaient dit que grosso modo,
06:52 c'était peut-être plus de 30% d'énergie en plus, je crois,
06:55 consommée en attaque par rapport à la défense,
06:59 parce qu'effectivement, il faut des joueurs supplémentaires,
07:02 il faut des replacements hyper précis pour pouvoir animer le jeu
07:05 avec des cellules, etc., alors que le travail défensif est plus simple, on va dire.
07:11 Juste pour montrer un exemple.
07:13 Et si on regarde les morphotypes de l'équipe d'Irlande,
07:18 on peut dire qu'en termes de possession, l'Irlande a peut-être le jeu le plus léché
07:23 du circuit mondial avec une volonté de tenir le ballon,
07:26 des possessions qui dépassent souvent la minute 30,
07:29 et une vision et une croyance dans ce jeu-là de possession.
07:35 Regardez le morphotype des avants irlandais.
07:37 Ils n'ont ni la puissance,
07:40 il n'y a pas d'Antonio chez eux, il n'y a pas de Willem C. Mollaplu,
07:44 il n'y a pas non plus de Cyril Baye, il n'y a pas de Aldrit.
07:48 Les morphotypes, ce sont des grands mecs, longilignes,
07:51 plus proches du décathlonien que du casseur de briques.
07:56 Et d'ailleurs, on leur pose des soucis dans la puissance,
07:59 ils nous posent des soucis dans le replacement, dans la vitesse,
08:02 dans le jeu sans ballon.
08:05 Voilà, donc c'est une approche différente, mais aussi des morphotypes différents,
08:09 et ils n'offrent pas non plus que des qualités dans un jeu de défi,
08:14 l'équipe d'Irlande.
08:15 Et d'ailleurs, je fais partie de ceux qui pensent
08:19 qu'ils auront du mal à battre l'Afrique du Sud.
08:24 Parce qu'ils tourneront face à eux une équipe qui ressemble à la Rochelle,
08:26 en quelque part, et la Rochelle et la Béton-Ardulaista.
08:30 Voilà, au regard de la puissance qu'ils pourront déployer.

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