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Le président départemental de la Fédération du conseil des parents d'élèves, la FCPE, fait sa rentrée dans Rue de la République. ...

Vidéo publiée le : 17/09/2023 à 13:00:00

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https://www.maritima.info/actualites/education/departement/15461/christophe-merlino-fcpe-des-moyens-dans-les-etablissements-scolaires-.html

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00:00 [Musique]
00:10 Rue de la République refait sa rentrée ce dimanche en compagnie de notre invité
00:15 spécifiquement sur ce thème, Christophe Merlineau, le président départemental
00:19 de la FCPE, la Fédération de Conseil des Parents d'Élèves.
00:22 Bonjour Christophe Merlineau.
00:23 Bonjour, merci pour votre invitation.
00:24 Merci à vous d'être à mes côtés, en compagnie également de Léo Purguet,
00:29 le président, le directeur éditorial de La Marseillaise, qui commence déjà
00:33 à se moquer de moi, puisque je balbutie dès le début de cette émission,
00:37 mais on va essayer quand même de rester très concentré.
00:39 On vous a invité, Christophe Merlineau, pour évoquer évidemment la rentrée scolaire.
00:43 On est quasiment dans la troisième semaine, les choses se sont mises en place
00:46 dans les écoles. On a rarement autant parlé d'éducation nationale
00:50 avec un nouveau ministre, avec Emmanuel Macron, le président,
00:54 qui dit "c'est désormais mon domaine réservé".
00:57 Comment est-ce que vous voyez ça, vous, du côté des parents d'élèves ?
01:00 C'est un petit peu étrange, le sentiment est étrange, parce qu'on a l'impression
01:05 qu'on a un nouveau président, avec un nouveau gouvernement, mais en fait, non.
01:10 Cette politique a été menée depuis de nombreuses années, et on a l'impression
01:14 qu'on fait marche arrière sur beaucoup de décisions qui avaient été prises
01:18 lors du premier quinquennat. Donc c'est un sentiment très partagé.
01:22 Après, on essaie de faire attention aux effets d'annonce.
01:25 On reste très très vigilants sur le terrain à ce que ce qui est proposé
01:29 soit mis en place dans les plus brefs délais.
01:31 Les bilans, justement, du quinquennat précédent, pour vous, n'étaient pas bons ?
01:34 Si on comprend bien vos paroles.
01:36 Pour nous, le bilan est catastrophique. Après, à l'heure des charges,
01:39 il y a la crise sanitaire, on sait que ça n'a pas été facile à gérer.
01:43 Seulement, la crise sanitaire a mis en avant beaucoup de problématiques
01:46 en termes d'absence de professeurs non remplacés, en termes d'hygiène
01:50 dans les établissements scolaires. Et du coup, les parents se sont un petit peu
01:53 plus intéressés de près à ce qui se passe dans les établissements scolaires
01:56 avec leurs enfants. Et aujourd'hui, ils restent vigilants.
01:59 Ça leur a eu au moins ce bon côté.
02:01 Christophe Merleau, vous parlez de marche arrière.
02:04 Effectivement, c'est le cas sur le bac blanquer, où finalement,
02:08 les épreuves vont revenir à la fin de l'année scolaire.
02:11 Et puis aussi, la réintroduction des mathématiques, qui n'étaient plus qu'optionnelles
02:14 dans certaines filières du lycée. Est-ce que ça, c'est positif pour vous ?
02:18 Oui, bien sûr que c'est positif. Mais c'est aussi un aveu d'échec
02:21 de la part du gouvernement. Donc, on aimerait qu'il y ait une vraie vision
02:24 de l'éducation, une vraie politique qui soit mise en place,
02:27 et qu'on s'y tienne, en fait, et pas changer tous les deux, trois ans,
02:30 parce qu'on n'y comprend plus rien.
02:32 Quand Emmanuel Macron dit « c'est une des priorités de mon quinquennat désormais »,
02:36 vous ne le croyez pas, du coup, finalement ? Parce qu'on a également
02:39 le sentiment que c'est quelquefois difficile de faire bouger les lignes
02:42 dans l'éducation nationale, à la fois du côté des profs, du côté des ministres.
02:45 C'est quand même le premier budget de l'État. On y met des moyens
02:47 dans l'éducation nationale.
02:49 C'est le « désormais » qui nous gêne, en fait. Ça veut dire que,
02:51 lors du premier quinquennat, ce n'était pas une priorité.
02:53 Donc, si on devait sortir ce mot-là, c'est ça qui est gênant.
02:58 Après, c'est le premier budget, mais ça ne veut pas dire que tout est parfait,
03:01 loin de là. Je crois que, pendant des années, il s'est passé des choses
03:06 au niveau de l'éducation, une dévalorisation du métier d'enseignant,
03:10 tout ça qui a été dramatique. Et aujourd'hui, on paye ça.
03:15 Le métier d'enseignant n'est plus attractif. Le métier d'AESH,
03:18 encore moins, avec une forte précarité.
03:20 Pour accompagner les enfants handicapés.
03:21 Tout à fait. Donc, c'est bien si c'est sa priorité.
03:25 Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est mettre des moyens humains.
03:28 Aujourd'hui, l'éducation nationale manque de moyens humains,
03:31 manque de médecins scolaires, manque de psychologues, en fait,
03:34 de l'éducation nationale. Donc, les parents sont attentifs à ça.
03:37 Leurs enfants sont un petit peu délaissés.
03:40 Alors, tout cela produit une fuite maintenant de plus en plus importante
03:44 vers l'école privée. Est-ce que ça vous inquiète ?
03:48 Oui, évidemment qu'en fervant défenseur de l'école publique,
03:55 évidemment que ça nous inquiète. Maintenant, je ne sais pas
03:58 si c'est beaucoup plus qu'avant. Nous, dans les établissements
04:03 du premier degré, tout ça, on ne la voit pas, cette fuite vers le privé.
04:07 Et on rassure les parents qui nous questionnent, parce qu'il y en a beaucoup.
04:10 On les rassure sur l'école publique quand même, le collège public,
04:13 etc. parce que je crois que ça doit rester une force en France.
04:16 Parmi les critiques qu'on fait justement à l'éducation nationale,
04:20 c'est que les moyens sont là, mais on dépense mal son argent,
04:23 il n'est pas suffisamment bien utilisé ou alors il est mal utilisé.
04:26 Qu'est-ce que vous en pensez du côté des parents d'élèves à la FCPE ?
04:29 Nous, je le répète, on est vigilant que sur une chose,
04:33 c'est les moyens humains.
04:36 Donc, pour vous, il reste insuffisant, quoi qu'il arrive.
04:38 Ça reste insuffisant, puisque on le constate au quotidien,
04:41 les parents d'élèves bénévoles, c'est aussi regarder ce qui se passe au quotidien.
04:44 L'histoire de "je remplace chaque prof absent sera remplacé"
04:48 pour l'instant, ce n'est pas le cas.
04:50 Donc, ça reste pour nous un effet d'annonce.
04:52 Le manque de médecins scolaires, vous pouvez aller dans n'importe quel établissement,
04:55 vous verrez, en plus ce n'est pas facile puisqu'ils se partagent plusieurs établissements.
04:58 Donc, ça c'est peut-être à réformer, mais il y a un manque,
05:01 parce qu'il n'y a plus d'attractivité de ces métiers-là.
05:05 Et c'est une catastrophe pour nous.
05:07 Alors, parfois, les enseignants pointent justement aussi l'attitude des parents
05:11 qui a changé au cours du temps et certains seraient, à leur dire,
05:16 devenus consuméristes, s'adresseraient à eux comme des clients exigeants.
05:22 Est-ce que vous sentez ce phénomène, vous, qui êtes engagé comme parent d'élèves ?
05:27 Oui, je pense que c'est indéniable.
05:30 Il y a une relation qui a changé, mais quand on tape sur les enseignants pendant des années,
05:35 il ne faut pas s'étonner qu'après, les parents d'élèves se soient intégrés
05:39 et qu'ils changent leur vision quand ils laissent leurs enfants à l'école.
05:43 Mais c'est là que les fédérations de parents d'élèves jouent pleinement leur rôle,
05:47 c'est recréer ce lien, justement, entre les familles et l'éducation nationale, donc les enseignants.
05:52 Parce que la société est aujourd'hui, de manière générale, peut-être un peu plus violente
05:55 et l'école n'y échappe pas, du coup.
05:57 C'est les phénomènes qu'on constate, on en parlera sans doute,
06:00 mais les phénomènes de harcèlement, tout ça,
06:02 effectivement, on voit que c'est beaucoup plus prégnant dans les établissements
06:05 et je pense que la crise sanitaire a aggravé, avec beaucoup de frustration, ces événements.
06:09 Alors vous avez raison, on va venir un peu plus tard sur le harcèlement.
06:12 D'abord, un prof devant chaque classe, à Marseille, est-ce que dans le département c'est le cas aujourd'hui ?
06:17 Non, pas du tout.
06:18 Pas du tout ?
06:19 Pas du tout, d'ailleurs.
06:20 Donc on nous a menti, en fait.
06:22 Je ne pense pas qu'on nous ait menti, seulement si on annonce ça quelques mois avant la rentrée,
06:27 on sait combien de temps ça prend, il faut une enveloppe, pour le coup, financière importante,
06:32 avec des moyens humains qu'ils n'ont pas.
06:34 Donc c'est une annonce, on va être vigilant, parce qu'on savait que tout ne serait pas réglé dès le mois de septembre.
06:39 Je crois que la FCPE, d'ailleurs, au Conseil supérieur de l'éducation,
06:42 a fait une déclaration préalable en disant "attention aux annonces,
06:45 parce que quand vous annoncez quelque chose, les parents à la rentrée,
06:48 ils sont en droit d'attendre la véracité des propos".
06:52 Alors sur la question des moyens, il y a bien sûr le plan Marseille en grand,
06:56 avec une volonté de redresser la situation des écoles marseillaises,
07:00 et en contrepartie, la volonté aussi d'avoir une autonomie de ces établissements,
07:05 et finalement, une philosophie libérale qui s'expérimente à Marseille.
07:11 Quel est votre regard là-dessus ?
07:13 Encore une fois, c'est des points de vigilance.
07:16 Il va y avoir forcément du positif, parce qu'on sait dans quel état étaient les écoles de Marseille.
07:23 Donc évidemment qu'il y a des choses positives qui vont se produire.
07:26 Après, encore une fois, il y a un service d'éducation publique auquel on est attaché,
07:32 et on est vigilant sur la manière dont ça va être fait.
07:36 Ce n'est peut-être pas la préoccupation première des parents dans les établissements,
07:40 parce qu'eux, ils vont voir le positif quand leur école est choisie.
07:44 Nous, avec un petit peu plus de recul, on est vigilant à ce qui se passe,
07:47 parce qu'on a des valeurs qu'on souhaite défendre jusqu'au bout.
07:51 Allez-y, complétez s'il vous plaît, ça veut dire que le partenariat qui est aujourd'hui dans le plan Marseille en grand
07:56 ne vous satisfait pas complètement, et qu'on risque d'avoir des problèmes demain ?
07:59 Pourquoi ? Parce que c'est une société publique d'aménagement qui fait appel quand même encore au privé, c'est ça ?
08:04 Exactement, c'est là-dessus que la FCPE Marseille, notamment, avec nos référents FCPE sur cette ville-là,
08:13 reste attentive dans les instances, parce qu'effectivement, il y a toujours cette petite menace du privé qui pointe,
08:20 et ça, on n'en fait pas forcément à étal dans les médias.
08:25 Donc, on reste très vigilant, oui.
08:27 Alors, il y a quelque chose qui préoccupe beaucoup les parents en cette rentrée,
08:31 c'est l'inflation, le coût de la rentrée scolaire.
08:34 Certaines collectivités, c'est le cas de Marseille, c'était d'ailleurs le maire de Marseille qui vous a précédé,
08:40 qui nous annonçait des kits distribués aux familles, c'est le cas depuis longtemps dans d'autres communes,
08:45 je pense à Martigues notamment, etc.
08:47 Est-ce que ça ne finit pas par poser, même si ce sont des bonnes intentions,
08:50 des problèmes d'égalité devant l'école républicaine, parce que selon là où on habite, on est plus ou moins aidés ?
08:56 Oui, mais ça reste des points de vue.
08:59 Il y a forcément, quand il y a quelque chose de positif, derrière, on peut y voir aussi le négatif.
09:04 Je salue ces initiatives, parce que là où peut-être l'État ne fait pas assez,
09:11 les collectivités qui sont en baisse budgétaire au niveau de l'État, prennent des initiatives.
09:18 Quand c'est en faveur des familles, on ne va pas trouver le point noir.
09:22 Merci à ces collectivités, mais c'est un véritable souci pour les familles.
09:26 On voit que de plus en plus, les familles se tournent vers des fournitures scolaires d'occasion,
09:30 pour diminuer le coût.
09:32 C'est la preuve que là, on a touché fortement aux portemonnaies des familles,
09:37 et les plus modestes en paient le prix.
09:40 Est-ce que vous constatez des inégalités sur ce territoire, à la fois marseillais et départemental ?
09:45 On se souvient du combat de la maire du 15e et 16e arrondissements,
09:49 contre la fermeture de 9 classes.
09:51 Elle n'a pas gagné sur tout, dans des endroits qui sont très clairement défavorisés.
09:56 Je veux dire, des fermetures de classes, avec des effectifs plus importants.
09:59 Est-ce que vous constatez des disparités comme ça sur le territoire ?
10:02 Non, pas forcément.
10:04 Sur les fermetures de classes, il y a un système qui est complètement obsolète,
10:08 parce qu'il se fait à moyens constants, et c'est ce qu'on critique chaque année.
10:12 C'est-à-dire que pour ouvrir une classe, il faut en fermer une.
10:14 Donc il y a des fois des classes qui n'étaient même pas prévues à la fermeture,
10:18 qui vont fermer parce qu'on a une obligation d'en ouvrir une ailleurs.
10:21 C'est aussi bêtement mathématique ?
10:23 C'est une question de moyens, c'est des moyens constants.
10:26 Et tant que ce système-là reste en place, on ne pourra pas avancer.
10:30 Après, sur le département des Bouges-du-Rhône, dans des villages, des classes ferment,
10:36 dans d'autres villes aussi, il n'y a pas un impact particulier sur les quartiers défavorisés
10:42 ou les quartiers populaires.
10:44 Par contre, c'est peut-être là qu'il y a le plus de besoin de réduire les effectifs par classe,
10:49 et quand on ferme une classe, on accroît les effectifs à la rentrée d'après.
10:54 Parlons un petit peu du harcèlement.
10:56 C'est une question qui vous tient à cœur,
10:58 et je crois savoir que vous allez lancer une application de la FCPE là-dessus.
11:02 Dites-nous en quoi cela consiste.
11:04 Je la montre pour ceux qui suivent l'émission en télé, je vais la garder un tout petit peu à l'écran.
11:08 Oui, c'était important pour nous.
11:11 Vous l'avez vu, il n'y a pas que la thématique du harcèlement,
11:13 il y a la thématique handicap, puisqu'on n'a même pas le handicap scolarité
11:16 qu'on a créé au niveau de la FCPE des Bouges-du-Rhône.
11:19 On voulait un outil de proximité pour les familles et pour les ados.
11:24 On prend le pari que le smartphone c'est leur outil.
11:29 Maintenant, c'est un gamin, il arrive au collège, il a le téléphone.
11:32 Donc on prend deux paris.
11:34 Un, qu'un élève qui est victime ou témoigne d'une situation par l'application,
11:38 ce sera un moyen supplémentaire, en plus du dispositif phare de l'éducation nationale,
11:43 de crier à l'aide.
11:44 Donc ça, c'est le premier pari.
11:46 Le second, c'est que ça va être une ressource extraordinaire pour les parents.
11:50 Il y a un partenariat avec Internet sans crainte qui est noué.
11:54 Il va y avoir beaucoup de ressources sur la parentalité, le numérique,
11:57 le smartphone, les réseaux sociaux.
12:00 Quand je donne un téléphone à mon ado, comment faire pour ne pas que ça devienne une arme ?
12:04 Donc c'est ces ressources-là dont les parents devront s'emparer
12:07 puisque l'application est gratuite, ils devront la télécharger.
12:10 Mais on prend le pari que ça crée vraiment le lien aussi entre les familles
12:15 par un outil de proximité.
12:16 C'est quelque chose qui nous tenait à cœur.
12:18 Pour nous, c'est un lourd investissement.
12:19 Après, on a des partenaires qui vont être intéressés pour être dans l'application aussi.
12:24 J'espère que ce sera un pari gagnant, mais en tout cas, on est enthousiastes.
12:29 Quel est votre avis, Christophe Merlino, sur la prise en compte du harcèlement dans les établissements scolaires ?
12:34 Puisqu'on voit qu'il y a encore des drames, pas au quotidien, mais assez régulièrement,
12:38 des gosses qui se pendent après avoir pourtant alerté les autorités,
12:41 ou qui est au cœur de la vie des établissements scolaires.
12:44 Est-ce qu'on a suffisamment pris conscience des choses ?
12:47 Je ne vais pas me mettre les chefs d'établissement à dos,
12:52 parce que je sais le travail qu'ils ont à faire,
12:55 pour travailler d'ailleurs avec certains d'entre eux de manière précise et efficace.
12:59 Pour moi, ça reste une problématique de moyens humains.
13:02 Si on met dans les mains des chefs d'établissement des moyens humains supplémentaires,
13:07 c'est-à-dire là, on a dit, il y a des gestes dramatiques,
13:11 il y a le dispositif phare, il y a le numéro, le tremblay, etc.
13:14 C'est bien. Mais là encore, c'est une question de moyens.
13:17 Ça se fait à moyens constants.
13:18 Donc ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
13:20 Non, on va charger les profs d'être référents, harcèlement, etc.
13:23 Si on avait accompagné ça de moyens humains supplémentaires,
13:26 j'aurais dit, bon, ça peut marcher.
13:28 Là, il y a des gamins qui vont passer entre les mailles des filets.
13:32 Donc, il faut une véritable politique aussi en termes de harcèlement,
13:36 qui soit menée, non pas par des effets d'annonce,
13:39 et encore que le dispositif phare, attention, c'est quelque chose de très sérieux,
13:42 qui va fonctionner, mais les chefs d'établissement manquent de moyens.
13:47 Dans les établissements, ils manquent de CPE, ils manquent d'AED,
13:51 donc ils manquent de personnel déjà pour gérer la surveillance à la récréation.
13:54 Comment voulez-vous qu'ils décèlent des cas de harcèlement ?
13:58 Donc voilà, il faut vraiment mettre l'accent sur les moyens humains
14:02 dans les établissements scolaires.
14:03 Vous agissez, vous, en en rencontrant à la fois les harcelés et les harceleurs, je crois.
14:06 Oui, je sers de médiateur entre les familles et l'éducation nationale
14:10 quand je suis sollicité par les familles.
14:12 Donc, ça m'arrive plus souvent de défendre des harcelés,
14:15 mais ça m'est arrivé de défendre des harceleurs.
14:17 Et on se rend compte qu'on n'est pas à l'abri, ça peut arriver à n'importe quelle famille.
14:21 Il y a des cas particuliers, il y a des harceleurs qui ont été harcelés les années d'avant
14:25 et qui, du coup, peuvent se venger.
14:27 Donc, chaque cas est différent.
14:29 C'est un problème à prendre au sérieux,
14:31 qui doit être accompagné de moyens supplémentaires.
14:33 Il a été annoncé que désormais, ce sont les harceleurs qui seraient déplacés des établissements.
14:37 Est-ce que cette mesure est effective ? Est-ce que vous y croyez ?
14:40 Alors déjà, nous, on avait un objectif,
14:43 et c'était une demande forte,
14:45 c'est qu'on arrête de déplacer les victimes de harcèlement,
14:48 avec des drames qui ont pu se nouer les années précédentes,
14:51 quand on a déplacé une élève d'un collège
14:54 et puis qui s'est retrouvée quelques années après au lycée avec ses harceleurs
14:58 et qui malheureusement a commis l'irréparable.
15:01 Évidemment que c'est une reconnaissance,
15:04 mais on a un point de vigilance,
15:06 puisqu'on siège à la commission académique d'appel au rectorat,
15:10 la FCPE siège,
15:12 et on ne veut pas que dès qu'il y a un cas de harcèlement,
15:15 la solution ce soit de le dégager du collège pour l'envoyer dans un autre collège.
15:18 On est très vigilants à ça.
15:20 On étudie bien les dossiers,
15:22 on ne veut pas que des gamins servent d'exemple.
15:25 Donc, c'est sur ce point-là,
15:27 on a un point de vigilance.
15:29 Bien sûr que c'est important,
15:31 mais déplacer un élève,
15:33 c'est une fois qu'on a fait tout le reste pour essayer de le recadrer.
15:36 Ce n'est pas la solution miracle.
15:38 Pour clore ce sujet sur le harcèlement,
15:40 il faut parler, quoi qu'il arrive, libérer la parole ?
15:42 Complètement. Il faut libérer la parole,
15:44 pas seulement quand on est victime,
15:46 mais quand on est témoin.
15:48 Parce que les enjeux sont peut-être là aussi.
15:50 Quand je vois une camarade ou un camarade qui subit des moqueries
15:53 et que ça a un impact,
15:55 parce que c'est là que naît le harcèlement,
15:57 ça peut avoir sur l'élève, sur l'enfant.
15:59 Quand on voit ça, on se doit d'alerter.
16:02 On a beaucoup parlé, Christophe Merlin,
16:04 on change de sujet, d'uniforme dans les établissements scolaires,
16:07 puis on reviendra peut-être après, très rapidement, sur la baïa.
16:10 Les uniformes, c'est une bonne ou une mauvaise idée ?
16:13 Moi, si je suis ferme,
16:16 je vais opposer mes parents d'élèves.
16:18 Parce que dans mes parents d'élèves,
16:20 il y a sans doute des parents qui sont pour
16:22 et d'autres qui sont contre.
16:24 Mon but, ce n'est pas ça.
16:26 C'est ce qui a été avancé dernièrement par Martin Vassal.
16:28 Si on me parle de harcèlement par rapport aux vêtements,
16:31 moi je dis non,
16:33 parce que je vois beaucoup de cas
16:35 et ce n'est jamais lié aux vêtements.
16:37 La discrimination sociale,
16:39 je ne sais pas, si on va dans les écoles,
16:41 les collèges marseillais,
16:43 au niveau des habits,
16:45 je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de discrimination sociale
16:47 par rapport aux habits.
16:49 Et puis ça me pose la question que si jamais c'était vrai,
16:51 si jamais il y avait une discrimination liée aux habits,
16:54 ou le harcèlement lié à la tenue vestimentaire,
16:56 ça voudrait dire que le coup d'apprêt,
16:58 on va se moquer du nez, des oreilles,
17:00 de la taille, du poids.
17:02 Donc voilà, moi je reste vigilant
17:04 sur les arguments qui sont avancés.
17:06 Sur ceux qui ont été avancés dernièrement,
17:08 je suis contre.
17:10 Parce qu'il y a aussi eu une crise sanitaire
17:12 qui a privé les ados d'une certaine liberté.
17:14 Et qu'à 11-12 ans,
17:16 on peut créer sa personnalité
17:18 à travers une tenue vestimentaire,
17:20 aussi un code.
17:22 Et je ne veux pas qu'on en enlève cette liberté.
17:24 Maintenant, s'il y a d'autres arguments
17:26 qui rentrent en ligne de compte,
17:28 on discutera. Mais sur ceux qui sont avancés,
17:30 pour nous c'est non.
17:32 C'est aussi vrai pour solutionner la question
17:34 des vêtements à caractère religieux
17:36 ou communautaire ?
17:38 C'est pour ça que je dis qu'on est attentif
17:40 aux arguments qui sont avancés.
17:42 Parce que ça arrive de suite après
17:44 cette polémique sur la baïa.
17:46 Donc alors,
17:48 peut-être qu'il aurait fallu être plus clair
17:50 pour éviter tout signe religieux
17:52 distinctif.
17:54 Là, le débat est tout autre.
17:56 Mais les arguments qui ont été avancés
17:58 n'étaient pas ceux-là.
18:00 - Parce que justement, dans les écoles que vous fréquentez,
18:02 et on est quasiment au terme de cette émission,
18:04 la laïcité est suffisamment bien appliquée
18:06 dans les établissements marseillais
18:08 et des bouches du Rhône. Ou est-ce qu'on a des problèmes
18:10 pour parler par exemple de certains sujets dans certaines écoles ?
18:12 - Pas à ma connaissance.
18:14 Après, on n'est pas partout.
18:16 On est là où les parents veulent bien représenter.
18:18 Mais pas à ma connaissance.
18:20 J'ai découvert l'histoire
18:22 sur la baïa. Sincèrement, j'ai jamais eu le cas
18:24 à défendre de quelqu'un
18:26 qui aurait été interdit d'accès parce que
18:28 il portait la baïa.
18:30 Tout ça, ce ne sont pas les sujets du quotidien.
18:32 Du moins, dans la majorité,
18:34 il y a beaucoup de sujets, beaucoup plus
18:36 graves qu'on traite au quotidien.
18:38 Celui-là n'en faisait pas partie. - On a eu quand même des soucis
18:40 l'année dernière au lycée Victor Hugo notamment.
18:42 Mais c'était une affaire qui était extrêmement complexe
18:44 en la matière et qui dépassait largement le cadre
18:46 des vêtements. Merci Christophe Merlinot.
18:48 Dernière question, puisque vous êtes invité
18:50 pour la première fois dans "Rue de la République".
18:52 C'est quoi justement la République pour vous ?
18:54 - C'est une belle question
18:56 que vous me posez. - Vous avez 4 heures.
18:58 Sinon, je m'en colle. - C'est gentil.
19:00 - Pour moi... - Vous n'avez pas 4 heures.
19:02 - La République, c'est
19:04 que
19:06 le peuple soit aussi
19:08 décisionnaire.
19:10 On le sait parce qu'il y a une définition
19:12 littérale
19:14 du mot "république".
19:16 Ce qu'on souhaite, c'est qu'on
19:18 soit entendu, y compris en tant
19:20 que parent d'élève, pour participer
19:22 à cette République-là. Et pas que les décisions
19:24 elles arrivent du chef de l'État
19:26 et que tout le monde
19:28 doive les appliquer en bon petit soldat.
19:30 On veut participer à ces décisions parce qu'on est
19:32 les acteurs de terrain. Donc il faut
19:34 que ce mot "république" ait un véritable sens
19:36 pour les parents d'élève aussi.
19:38 - Voilà, la définition de la République
19:40 par Christophe Merlinot, le président départemental
19:42 de la FCPE, la Fédération
19:44 du Conseil des Parents d'Élèves.
19:46 Merci à vous d'être venu sur ce plateau.
19:48 Merci à Léo Purguet, également, de la Marseillaise, d'avoir été en notre compagnie.
19:50 [Musique]
19:52 *musique*

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