• il y a 2 ans
Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 aujourd'hui est la fondatrice et la directrice de l'entreprise "Notre avenir à tous" spécialisée
00:04 dans les questions de jeunesse. Bonjour Hélène Roque. Bonjour. Vous publiez "Sauvons nos enfants"
00:09 édition Robert Laffont. Alors ça fait dix ans que vous enquêtez sur les adolescents. Vous publiez
00:15 d'ailleurs un baromètre de la santé des adolescents. On va en reparler. Et pour écrire ce livre,
00:20 vous avez rencontré une centaine de jeunes, c'est ça, entre 11 et 16 ans, de toute la France,
00:24 de tous les milieux. Quel est votre diagnostic ? Alors mon diagnostic, en effet c'est important
00:32 de dire des jeunes de tous les milieux parce que le diagnostic est malheureusement que cette
00:36 génération est fragilisée. Alors je ne l'apprends pas. Qu'ils soient privilégiés ou dans des milieux
00:42 plus difficiles. C'est-à-dire que dans les villes, dans les campagnes, qu'ils soient issus de familles
00:47 très modestes, dans les quartiers les plus pauvres du Grand Est, dans le centre de Paris, dans les
00:52 plus grands lycées, finalement ils ont tous quelque chose en commun. C'est ce mal-être, soit qu'ils le
01:00 vivent eux-mêmes, soit à travers des histoires qui touchent leurs camarades assez proches ou
01:05 certains membres de leur famille. Mais comme me disait une des adolescentes, nous sommes tous
01:11 spécimistes. Donc il y a aujourd'hui, selon je peux vous citer peut-être un ou deux chiffres de
01:18 notre baromètre, on peut considérer qu'un enfant sur trois serait dans un état d'anxiété
01:27 généralisée. C'était un enfant sur quatre l'année précédente. Donc vous voyez simplement en un an,
01:33 un enfant sur trois suspect d'être dans un état d'anxiété généralisée. Les idées suicidaires,
01:40 sujet extrêmement alarmant. La première année pour les enfants de 11 à 16 ans français
01:47 représentatifs de la population française, nous avions 10 % d'enfants qui avaient répondu oui à
01:53 la question "est-ce que vous êtes envahi par une idée suicidaire ?" C'est 17 %, donc c'est plus
01:58 qu'un enfant sur dix l'année suivante, c'est-à-dire l'année dernière. C'est un phénomène qui se
02:04 propage. Et qui se propage pas seulement en France, mais pour avoir rencontré hier une
02:11 chef de service de pédopsychiatrie en Suisse. C'est un phénomène qui est international, qui
02:17 touche exactement de la même façon, dans les mêmes proportions, ce pays voisin qu'est la Suisse,
02:21 et qui est pourtant très différent d'une autre. Oui parce que j'allais vous dire, le mal-être
02:24 finalement, il colle à cette période de la vie qu'est l'adolescence, qui est une période difficile,
02:29 pourtant totalement fondatrice de l'adulte qu'on va devenir plus tard, mais qui accompagne souvent
02:35 cette période de notre vie. Mais là, il y a une particularité liée à notre époque, une
02:38 aggravation ? Il y a une fragilisation, elle est antérieure à la pandémie. Les hospitalisations,
02:47 pour vous donner un exemple, les hospitalisations depuis 2017 sont beaucoup plus fréquentes sur les
02:55 jeunes filles, un peu plus, que les jeunes garçons à cet âge-là. Et la pandémie est venue évidemment
03:01 avec l'isolement qu'elle a créé, renforcé, mais elle est venue nous alerter, elle a amplifié
03:10 considérablement le mal-être, parce qu'à cet âge, bien entendu les adolescents depuis toujours
03:15 vont mal, mais on ne peut pas d'un revers de main balayer ces chiffres maintenant, parce qu'avant
03:22 on pouvait dire c'est les hormones, c'est l'âge, c'est la fatigue. Non, là il y a une fatigue
03:27 propre à cette génération qui a connu, il faut le dire quand même, le portable dans le berceau et
03:34 le confinement à la puberté. Et ce sont deux chocs fondateurs qui ont fait... Explosé, oui, avec
03:41 aussi des chiffres alarmants et des drames qu'on voit. La semaine de rentrée scolaire marquée par
03:48 un nouveau suicide d'adolescent, même si toujours difficile évidemment d'établir les causes réelles
03:53 d'un suicide, mais enfin c'est un adolescent qui avait signalé qu'il était harcelé sur le plan
03:59 scolaire depuis longtemps, donc c'est vrai que c'est une réalité qu'il faut prendre en compte.
04:03 Vous parlez du portable, vous parlez du Covid, est-ce qu'il y a d'autres causes qu'on pourrait
04:07 identifier ? Oui, des causes profondes et d'ailleurs je crois qu'il serait intéressant qu'on donne la
04:13 parole le plus souvent aux adolescents eux-mêmes, ce qui ressort des entretiens, que ce soit des
04:18 entretiens avec des personnes, des citoyens comme moi, ou selon ce que disent les pédopsychiatres,
04:24 c'est "je ne veux pas vivre la vie de mes parents, le modèle de réussite que nous avons, que nous
04:29 avons eu, nous ne pouvons pas le leur transmettre, ils n'y croient pas et ils n'en veulent pas". Et
04:33 c'est dans ce modèle de réussite finalement fait qu'ils sont face à un avenir qu'on leur
04:43 descrit comme sombre, par rapport à la planète notamment, par rapport au tension, vous savez dans
04:49 notre baromètre on leur demande quels sont les sujets qui les inquiètent le plus, donc
04:52 évidemment il y a le climat, les violences faites aux femmes et les violences faites aux enfants,
04:56 et puis maintenant la guerre, c'était un sujet qui avant, la guerre en Ukraine n'était pas apparu.
05:02 Et donc on dit "ils n'ont pas connu la guerre, cette génération finalement, est-ce qu'ils ne sont
05:08 pas un peu flémards, est-ce qu'ils ne sont pas un peu fatigués ?", mais cette génération n'a pas
05:11 connu la guerre, mais pour eux, elle est devant, c'est une guerre. Ils la craignent. Alors je
05:16 voudrais quand même qu'on termine par un note positive, parce qu'il nous reste juste quelques
05:19 secondes, mais c'est un constat assez alarmant qu'il faut prendre en compte, mais vous avez
05:23 quand même entendu de belles histoires en rencontrant ces adolescents, de beaux rêves.
05:26 Oui, parce qu'il faut lutter contre l'isolement et c'est la solution, mais l'isolement ça ne peut
05:31 pas se décréter. Il y a des mairies, des écoles, des collèges qui font un travail absolument
05:38 formidable aussi pour impliquer les parents pour que les enfants ne soient pas isolés. Donc je
05:42 vous disais par exemple que j'ai rencontré dans un des quartiers les plus pauvres du Grand Est,
05:46 une jeune fille qui n'a pas de papier, dont les parents n'ont pas de papier, qui pourrait avoir
05:50 absolument toutes les raisons d'aller très mal, une jeune fille d'origine d'Arménie et qui me dit
05:56 "je veux être ambassadrice de France pour l'Arménie". Elle a le livre de Michel Obama qui
06:01 tombe de son cartable et grâce à cette maison de quartier, et j'en ai vu dans toute la France,
06:05 grâce à cette maison de quartier, au soutien de son établissement et la coopération école-mairie-parents,
06:12 elle a réussi à rêver. Voilà une note d'espoir pour compenser ce constat. Merci beaucoup Hélène
06:20 Roch, je rappelle votre livre "Sauvons nos enfants" publié aux éditions. Robert Lafon,
06:25 merci d'être venu nous en parler.
06:26 [Musique]

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