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00:00 Le président Biden est sous le coup d'une procédure d'impeachment. On a besoin de votre éclairage.
00:05 D'abord pour contextualiser, c'est mené par le président républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy, avec bien sûr derrière le rideau Donald Trump, on l'a compris.
00:13 La droite américaine accuse Joe Biden d'avoir menti au peuple américain sur l'implication des affaires de son fils.
00:18 20 millions de dollars de la part de Société Écran, etc. On sait que cette procédure,
00:24 d'abord, a peu de chance d'aboutir, mais est-ce que
00:29 ce genre de procédure, aux États-Unis, est une sorte de déflagration ?
00:34 Je pense que c'est une nouvelle tendance qui, effectivement,
00:39 ajoute encore, est à la fois la conséquence de la polarisation croissante de la vie politique américaine,
00:45 et qui contribue encore plus à cette polarisation.
00:49 Ces procédures de
00:52 mise en accusation,
00:55 impeachment,
00:56 étaient très exceptionnelles dans la politique américaine. Il y en a eu,
00:59 il y a eu Nixon, il y a eu Clinton, mais là, avec celle-ci,
01:03 succédant à deux procédures contre Donald Trump, deux fois,
01:08 évidemment, on voit,
01:11 je dirais, un risque de banalisation. Alors, ceci étant, la procédure annoncée par le leader de la Chambre des représentants,
01:19 et donc le chef des Républicains, qui ont une très courte majorité de cinq sièges, simplement, à la Chambre des représentants,
01:25 s'inscrit dans un contexte
01:28 très particulier. D'abord, entre les deux parties, avec
01:32 d'élections, et donc, et aussi les procès,
01:36 nombreux procès instruits contre Donald Trump. Donc, peut-être, quelque part,
01:40 un souci d'équilibrer dans l'image de... - On a compris qu'on était en campagne. - Voilà, voilà.
01:46 Et puis aussi, dans le contexte des rapports internes aux partis républicains, car
01:50 Kevin McCarthy a été élu
01:53 comme leader de la Chambre, après une négociation très très complexe avec son aile droite, son aile
01:59 MAGA, comme on dit,
02:01 et
02:03 qui est évidemment favorable à l'impeachment. Et donc, là, il doit
02:09 peut-être vouloir donner des gages à cette aile droite, parce que, ces jours-ci, le Congrès des États-Unis doit
02:16 parvenir à une décision pour empêcher ce qu'on appelle un "shutdown", une fermeture de l'administration.
02:22 S'il n'y a pas de budget voté, ou même pas de passerelle budgétaire, il n'y aura plus d'argent, et donc on
02:28 assistera, c'est pas totalement nouveau, mais ce serait quand même
02:31 assez spectaculaire à
02:34 l'impossibilité pour l'administration de fonctionner. C'est ce qu'on appelle le "shutdown". - Là, on a un temps de crise aux États-Unis qui est très important.
02:40 - Disons qu'on a une tension très forte, et cette tension se résoudra ou pas, beaucoup
02:45 à l'intérieur du parti républicain, puisqu'ils ont la majorité dans l'une des deux chambres,
02:50 mais ils n'ont pas la majorité au Sénat, ce qui nous ramène d'ailleurs à l'impeachment.
02:54 - Donc, pas de destitution de Joe Biden. - Dans le système américain, la Chambre met en accusation et le Sénat juge.
03:01 - Et le Sénat, pour l'instant... - Et le Sénat juge à la majorité des deux tiers, donc de toute façon...
03:07 D'ailleurs, les deux procédures contre Donald Trump n'avaient pas abouti à cause de cette règle au Sénat aussi, même si la Chambre, à l'époque,
03:14 à majorité démocrate, avait voté pour l'impeachment. - Est-ce que vous diriez, pour revenir ce que vous disiez tout à l'heure à propos de
03:20 de la presque régularité de l'utilisation de l'impeachment, de la procédure en destitution d'un président des États-Unis, est-ce que c'est dommageable ?
03:27 Est-ce que, d'une certaine manière, en France, sans faire de parallèles
03:31 qui seraient inadéquats, mais on a beaucoup
03:35 critiqué l'utilisation du 49-3
03:37 dernièrement à l'Assemblée, est-ce que ces outils constitutionnels, de la même façon que l'impeachment est un outil constitutionnel aux États-Unis, est-ce que c'est
03:43 dommageable de se servir et de la banaliser d'une certaine manière ?
03:47 - Moi je ne ferai pas personnellement la comparaison avec le 49-3 parce que c'est vraiment quelque chose de très différent, mais pour
03:53 les États-Unis, je ne suis pas citoyen américain, mais vu comme observateur et
03:57 ami, admirateur de la démocratie américaine et aussi
04:00 d'une autre démocratie, le sort de la démocratie américaine est important pour nous de ce point de vue-là. - On va en parler après. - Je dirais oui,
04:08 c'est sans doute préoccupant. - Et que pensent les gens ? Vous qui regardez, bien sûr, les médias américains.
04:14 - Si je peux me permettre, je pense que c'est préoccupant justement parce que chez les gens,
04:19 c'est une conséquence de la radicalisation, mais ça va encore encourager la radicalisation, ça remet une pièce dans la machine. - C'est-à-dire ? - C'est-à-dire que
04:28 ça risque de dresser
04:31 l'un contre l'autre de plus en plus, de manière de plus en plus difficile à défaire certains groupes
04:38 importants dans la société américaine. - Des groupes ethniques, des groupes religieux ? - Non, en l'occurrence, il y a parfois des facteurs ethniques ou religieux, mais des groupes de citoyens,
04:45 ceux qui soutiennent à fond Donald Trump, voire qui pensent encore que l'élection de 2020 a été truquée, comme l'a dit l'ancien président,
04:54 ou ceux qui, au contraire,
04:57 sont
04:59 scandalisés par
05:01 les actions comme celle du 6 janvier, qui sont de plus en plus déterminés aussi à
05:08 empêcher qu'il y ait de nouveau ce genre de gouvernement.
05:13 Donc oui, ce genre de mesures,
05:16 quels que soient les motifs, là vous savez que le motif de l'impeachment annoncé contre Joe Biden, c'est
05:22 les affaires économiques de son fils Hunter Biden, mais il y a des affaires,
05:28 la justice regarde certaines des activités du fils du président, il faut remarquer d'ailleurs que le ministère de la justice
05:36 américain n'a pas du tout empêché ces enquêtes, elles visent plus des faits
05:40 pour l'instant en tout cas plus mineurs, plus banals. - Comme il y a eu des affaires sous Trump avec justement les enfants de Donald Trump.
05:47 - Oui, enfin là les enfants de Donald Trump, c'était beaucoup lié à son trust,
05:51 alors à l'entreprise de Donald Trump qui elle-même fait l'objet d'une procédure,
05:54 d'une de ses nombreuses procédures judiciaires autour de l'ancien président à New York.

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