AL24 News | MICHEL COLLON/AHMED BENSAADA Guerre en Ukraine: la mise à nu du mythe occidental

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(Republication d'une vidéo publiée le 2 mars 2023)
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00:00 [Musique]
00:17 Mesdames et messieurs, bonsoir.
00:20 Je suis tout à fait ravie de vous retrouver pour la deuxième partie de cette édition spéciale consacrée à l'Ukraine,
00:27 ou plus exactement à un an après le début du conflit en Ukraine.
00:33 Qu'est-ce qui a été fait ? Qu'est-ce qui n'a pas été fait ? Les répercussions sur le monde ?
00:37 Et puis surtout, quel objectif et où va cette guerre en Ukraine ?
00:42 C'est ce que nous allons tenter de faire aujourd'hui avec nos invités.
00:47 Donc Ahmed Ben Saada qui est avec nous, il est auteur et expert en question de géopolitique.
00:52 Monsieur Ahmed Ben Saada, bonsoir. Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:56 Bonsoir Madame et merci pour votre aimable invitation.
01:00 Et bien sûr, on va essayer de commencer l'émission avec vous,
01:04 puisque de toute façon nous attendons aussi Michel Collant qui est journaliste et essayiste belge.
01:09 Nous tentons donc de la voir.
01:12 Monsieur Ben Saada, vous qui êtes plus ou moins, ou qui vous êtes consacré un petit peu à cette question de l'Ukraine aujourd'hui,
01:21 alors est-ce que le conflit en Ukraine a scindé le monde en deux ?
01:26 Alors, il est clair qu'il va y avoir un avant-conflit et un après-conflit.
01:34 Il y a un conglomérat de pays qu'on appelle l'Occident qui est en train de faire une guerre totale à la Russie
01:47 en utilisant le prétexte du conflit avec l'Ukraine.
01:53 Je rappelle que ce conflit ne date pas d'une année, ce conflit date en fait depuis l'effondrement de l'Union soviétique.
02:05 Je rappelle aussi que cette volonté de retirer l'Ukraine du giron russe a commencé en 2004 avec ce qu'on appelle la révolution.
02:22 Oui, alors apparemment je crois qu'il y a un petit problème de son avec Ben Saada qu'on tente de récupérer.
02:31 Voilà, monsieur Ben Saada, vous êtes toujours là avec nous ?
02:33 Je suis toujours là, je vous entends très bien.
02:35 Oui, très bien. Il y a eu un petit problème, je juge technique.
02:38 Je disais qu'avec la révolution orange en 2004, l'intervention des Occidentaux et en particulier des États-Unis
02:46 ont fait en sorte qu'un des candidats a été favorisé par rapport à celui qui normalement avait gagné les élections.
02:54 Ensuite, au bout de cinq années, il y a eu une deuxième élection en 2010 et c'est monsieur Yanukovitch qui avait gagné les élections.
03:06 La révolution orange n'a pas donné les fruits escomptés pour l'Occident.
03:17 Donc on a tout fomenté, quelque chose qu'on a appelé l'Euromaïdan, c'est-à-dire qu'on a utilisé des groupes néo-nazis
03:33 pour mettre fin à une élection qui était jugée par les Européens eux-mêmes comme étant une élection juste et correcte.
03:44 Et donc depuis 2013, 2014, après la fuite de Yanukovitch, je rappelle que c'est le président qui a été démocratiquement élu,
03:57 la situation a complètement changé en Ukraine et on a vu des groupes néo-nazis comme le groupe Secteur Droit
04:08 ou le bataillon d'Azov qui ont été formés justement pour animer un conflit contre la Russie.
04:19 Et la réponse, quoique je suis personnellement contre les guerres, mais la réponse de la Russie était pour protéger ses frontières.
04:27 On se rappelle du problème des missiles cubains et la réaction des États-Unis en ce temps-là.
04:40 Et les États-Unis veulent en fait que l'Ukraine soit un territoire où les États-Unis puissent mettre leurs missiles.
04:55 Donc c'est une chose qui est à mon avis inacceptable et on n'aurait pas dû en arriver là avec bien sûr les accords de Minsk, etc.
05:05 Qui n'ont pas été respectés d'ailleurs, oui.
05:07 Qui n'ont pas été respectés et en plus je rappelle que même Mme Merkel et M. Hollande qui étaient partie prenante de Minsk 2
05:16 ont reconnu que les accords de Minsk étaient juste pour gagner du temps pour qu'on puisse militariser l'Ukraine
05:27 et former des bataillons pour pouvoir combattre la Russie.
05:31 Oui, chose qui veut dire, et je retourne ma question à M. Michel Collan, bonsoir.
05:37 Vous êtes essayiste mais également journaliste belge qui fait dans le média ou le mensonge des médias.
05:45 M. Collan, bonsoir. Merci d'avoir accepté notre invitation.
05:48 M. Collan, est-ce que vous m'entendez ?
05:53 Je vous entends très bien.
05:55 Très bien, alors parfait. Alors que peut-on dire de cette guerre en Ukraine un an après ?
06:00 Est-ce que finalement les objectifs de cette guerre ont été atteints ?
06:05 Et quelle répercussion pour l'Occident et surtout, et c'est ça le plus important,
06:09 comment cette guerre est aperçue ou est perçue par les Occidentaux ?
06:14 Cette guerre est perçue par les Occidentaux comme le résultat d'une intense campagne de propagande
06:26 et de guerre psychologique des médias occidentaux, des agences de public relations,
06:32 des services de renseignement aussi qui manipulent l'information.
06:37 Ça fait maintenant quelques mois, depuis le mois de mai, que je travaille avec l'équipe d'investigation
06:44 à un livre qui s'appelle "Ukraine, la guerre des images" qui donc analyse comment les images nous ont manipulées.
06:50 C'est-à-dire qu'on a bombardé vraiment le public européen, aux États-Unis pareil je pense,
06:59 d'une série d'images destinées à susciter l'émotion et à empêcher le raisonnement.
07:06 Donc on a présenté la guerre d'une part en cachant tout ce qui s'était passé avant.
07:15 On a fait semblant que la guerre commençait avec Poutine le 24 février, l'intervention en Ukraine,
07:27 alors qu'en réalité ce n'était qu'une escalade dans une guerre qui durait depuis huit ans,
07:33 guerre qui avait été déclenchée par le régime de Kiev qui bombardait les populations civiles de l'Est,
07:41 les populations du Donbass, et qui employait la violence et qui a donc provoqué beaucoup de victimes,
07:47 principalement civiles.
07:49 Pourquoi ils bombardaient ? Eh bien parce que comme Ahmed, que je salue, l'a rappelé,
07:55 en réalité l'opération de Maïdan n'était pas un soulèvement populaire,
08:00 il y avait des manifestations populaires, il y avait un mécontentement.
08:04 Le président Yanukovych était lui-même un oligarque et il y avait certainement beaucoup de raisons de vouloir mieux,
08:09 mais ça a été directement manipulé par les États-Unis qui avaient investi beaucoup d'argent,
08:14 qui ont financé l'armement, la formation et la préparation à la violence de groupes néo-nazis
08:21 comme le bataillon Azov, Pravi Sector et beaucoup d'autres.
08:25 Le paradoxe d'ailleurs en passant c'est que ces groupes sont racistes, anti-musulmans, anti-juifs, anti-sémites,
08:32 et tout ce que vous voulez, mais tout d'un coup Facebook et les GAFAM ont dit non, non, non,
08:40 ce n'est plus des néo-nazis, ce sont des nationalistes qui défendent leur pays.
08:45 Donc les États-Unis ont financé ça, ont fait comme l'a dit Ahmed, un coup d'État par la violence
08:50 pour avoir une provocation et directement le nouveau régime qui a été installé, qui était illégal,
08:57 l'ancien président avait une majorité, il avait été élu, il devait terminer son mandat, c'est normal,
09:02 le nouveau régime s'est mis à bombarder à l'Est. Pourquoi ?
09:07 En fait à l'Est on n'a pas voulu que les héros nazis et les alliés d'Hitler de la deuxième guerre mondiale soient réhabilités,
09:16 on a refusé l'interdiction de la langue russe qui était une des langues en usage…
09:22 D'autant plus qu'ils étaient russophones.
09:24 Pardon ?
09:25 D'autant plus que les habitants de l'Est étaient russophones ou sont russophones.
09:28 Très majoritairement russophones, très majoritairement dans certains endroits, il y en a ailleurs aussi,
09:34 et donc l'Ukraine, comme la Yougoslavie, comme d'autres pays, est fondamentalement mixte avec plusieurs nationalités,
09:42 plusieurs origines, plusieurs religions, plusieurs tendances politiques.
09:46 A l'Ouest on a collaboré avec Hitler, à l'Est on a été un fer de lance de la résistance contre le nazisme.
09:52 Donc les États-Unis, qui avaient investi 5 milliards de dollars, ils l'ont dit eux-mêmes avec Viktor Yanoulan,
09:57 qui avaient investi 5 milliards de dollars pour préparer justement ce coup d'État et manipuler l'opinion,
10:03 les États-Unis, on doit le redire, ont joué la carte de pur néo-nazi.
10:08 Après avoir joué avec Al-Qaïda et avec Daesh, après avoir joué avec des narcotrafiquants en Amérique latine,
10:15 avec des terroristes soi-disant islamistes, mais ça n'a rien à voir avec la religion, aussi en Afrique,
10:21 là maintenant on prend des fachos, c'est mit et tout.
10:25 Donc ça vous montre le type d'arme, le type d'instrument qu'ils utilisent.
10:30 Alors je reviens vers vous, M. Ben Saada Ahmed.
10:34 Alors vous avez tout à l'heure chuté sur l'idée que les accords de Minsk n'étaient finalement aucun prétexte
10:42 pour gagner du temps de la déclaration d'Angela Merkel. C'est ce que j'ai bien compris.
10:48 Alors cela veut dire, ce n'est pas une reconnaissance, c'est la preuve que finalement,
10:54 cette guerre en Ukraine a été planifiée depuis bien longtemps qu'on ne le croit ?
10:59 Alors c'est clair. Tout d'abord j'aimerais saluer mon ami Michel.
11:05 Je ne savais pas qu'il allait être à l'antenne et ça me fait vraiment plaisir.
11:09 Pour répondre à votre question, il est clair que l'extension de l'OTAN vers l'Est a été planifiée
11:19 depuis la chute du mur de Berlin en fait. Et donc ça ce n'est pas un secret, ce n'est un secret pour personne.
11:24 Mais là où il y a problème, c'est en fait de retirer l'Ukraine, de l'emmener vers le Giron ou de l'OTAN.
11:40 Et ça, c'est très problématique et tout le monde peut le comprendre par rapport à la Russie
11:47 qui veut garder sa souveraineté territoriale et qui ne veut pas avoir des armes à quelques centaines de kilomètres de Moscou.
11:53 Et donc ce conflit a été... J'ai parlé de 2004 avec la Révolution orange, j'ai parlé de Romaïden en 2013-2014
12:04 et maintenant le conflit, en fait le bombardement du Donbass comme l'a si bien souligné mon ami Michel.
12:13 Et donc c'est une guerre qui a été planifiée depuis très longtemps pour affaiblir la Russie
12:25 comme dans le temps c'était pour affaiblir l'USSR.
12:30 Et j'aimerais juste ajouter quelque chose par rapport à ce qu'a dit Michel.
12:34 C'est que l'utilisation des néo-nazis par les Occidentaux n'est pas nouvelle.
12:41 Après la Deuxième Guerre mondiale et donc la fin du Troisième Reich et la guerre quand elle a été perdue par les Allemands,
12:49 tous les néo-nazis qui étaient encore vivants et qui traînaient en Europe ont été instrumentalisés dans la lutte contre l'URSS,
12:59 donc dans la lutte de la guerre froide.
13:00 Je rappelle certains noms comme Nicolas Lebed qui était un bourreau, il assistait personnellement au massacre.
13:10 Il a été exfiltré aux États-Unis et a vécu aux États-Unis.
13:15 Vous avez aussi Jaroslav Stesko qui était le numéro 2 de Bandera, qui a été reçu à la Maison Blanche.
13:25 Il y a même des photos de lui avec Bush père lorsqu'il était vice-président des États-Unis et ex-directeur de la CIA.
13:36 Et vous avez bien sûr Bandera, le fameux Stéphane Bandera qui est honoré tous les premiers janvier jusqu'à maintenant par des groupes comme Svoboda,
13:46 qui a travaillé avec les services secrets britanniques dans la lutte contre l'URSS.
13:56 Donc cette utilisation des nazis n'est pas nouvelle, comme l'utilisation des groupes djihadistes, extrémistes, etc. n'est pas nouvelle aussi.
14:08 On les utilise et ça devient, je vous rappelle que les djihadistes de l'Al Qaïda étaient des combattants de la liberté jusqu'au moment où ils ont attaqué les États-Unis.
14:19 Oui, Michel Collant, alors vous vous êtes entré un petit peu de lever le voile sur les noms dits de cette guerre en Ukraine.
14:28 Justement, pourquoi les médias occidentaux, lorsque l'on parle de la guerre en Ukraine, on voit la prise de parti,
14:36 on voit également le fait qu'ils penchent énormément sur l'Ukraine et que Moscou est traité de tous les noms d'oiseaux, excusez-moi les expressions.
14:45 Alors, dans toute cette affaire, est-ce que l'Europe aujourd'hui cache les véritables raisons qui ont justement poussé Moscou à franchir ce pas ?
14:55 Oui, s'il vous le permette.
14:57 Les vraies raisons ne sont pas dites dans les médias finalement ?
15:01 Non, pas du tout. Si vous le permettez, j'aimerais repartir de ce qu'Ahmed vient de dire.
15:07 Oui, oui.
15:08 Le rôle d'Angela Merkel, je me pose des questions pour être sincère. Je pense qu'il est évident et juste que l'opération a été planifiée aux Etats-Unis.
15:22 Il n'y a aucun doute là-dessus. On a des preuves, on a des documents, je les ai mis dans mon livre.
15:27 Sur Merkel, j'ai un doute. Je rappelle que quand il y a eu des manifestations pour dégager le président élu Yanukovitch,
15:38 Merkel est intervenue avec François Hollande à la France qui suivait, mais c'est Merkel qui a joué le rôle moteur.
15:44 Elle a forcé un accord de compromis en disant voilà, on laisse Yanukovitch en place, on arrête la violence et on organise bientôt de prochaines élections.
15:57 Tout le monde était d'accord avec ça et qui a mis le feu ? Ce sont les Etats-Unis qui ont dit non, pas d'accord et qui ont organisé le coup d'État.
16:06 Donc c'est vrai que Merkel a dit, les accords de Minsk, que c'était pour gagner du temps pour que l'Ukraine se renforce.
16:13 Et ça, c'était le calcul des Etats-Unis, c'était le calcul du président Poroshenko en 2014, ukrainien,
16:21 c'était le calcul des néo-nazis qui voulaient la bagarre et qui faisaient toutes les provocations.
16:25 À mon avis, ce n'était pas le calcul de Merkel et à l'époque, elle a essayé de sauver son partenariat économique avec l'Ukraine et avec la Russie.
16:34 Et j'en viens à votre question. Quand vous regardez la carte, l'Allemagne n'a aucun intérêt à cette guerre.
16:40 D'ailleurs, pour moi, Merkel était contre et Olaf Scholz, dans son fort intérieur, il est contre aussi.
16:46 Il a longtemps refusé de prendre les sanctions et il a été mis sous pression parce qu'il a des alliés soi-disant verts,
16:53 c'est-à-dire un mouvement soi-disant pacifiste qui, en réalité, a été formé et acheté par Washington.
16:58 Et ça, c'est des vattes en guerre. Mais Scholz, non, il voit l'intérêt de l'industrie allemande.
17:03 L'industrie allemande, elle a intérêt, un, à recevoir du gaz et du pétrole bon marché de la Russie.
17:09 Maintenant, ils sont obligés d'acheter celui de l'Allemagne, des États-Unis, qui est trois à quatre fois plus cher,
17:15 qui est beaucoup plus anti-écologique.
17:17 C'est un peu le but aussi, quelque part.
17:19 Et deuxièmement, l'Allemagne, évidemment, elle a intérêt à vendre ses Volkswagen, ses Audi, son matériel, dans l'immense marché russe.
17:28 Donc, quand on regarde les études de la RAND Corporation, etc., on voit que les États-Unis,
17:34 un but fondamental de cette guerre, peut-être encore plus fondamental que d'affaiblir la Russie,
17:39 c'est de briser le lien entre Allemagne et Europe et la Russie.
17:43 C'est de briser ce commerce profitable.
17:45 Et donc, en fait, c'est une guerre qui est en train d'affaiblir notre économie européenne, d'appauvrir les gens.
17:52 Il y aura plus de chômage, il y aura moins de pouvoir d'achat.
17:54 Et d'ailleurs, Biden fait des sales coups contre l'économie européenne,
17:57 parce qu'il a proposé des milliards et des milliards d'euros pour que les entreprises européennes partent aux États-Unis.
18:04 Donc, pour moi, je viens là-dessus dans le livre, pourquoi les Européens obéissent comme un petit chien aux États-Unis ?
18:13 Il y a un mélange de facteurs qu'il faudrait analyser.
18:15 Mais donc, c'est plus complexe.
18:17 C'est une guerre contre l'Allemagne, pour moi, ça ne fait aucun doute.
18:20 D'ailleurs, vous le dites dans vos écrits qu'il faut chercher dans les dernières pages
18:26 et que pour que les USA soutiennent l'Ukraine, on voit bien que le profit considérable de l'industrie militaire américaine tire de ce conflit.
18:33 Cette aide à l'Ukraine produit de l'emploi.
18:36 Donc, c'est vous dire tout l'intérêt des États-Unis.
18:39 Et d'ailleurs, je crois que depuis quelque temps, ça commence un petit peu à se concrétiser
18:43 que les États-Unis sont les plus grands bénéficiaires de cette guerre et du fait que cette guerre va durer.
18:50 Monsieur Ben Sarada, je pense qu'on va conclure ensemble parce que le temps est très court avec vous, messieurs.
18:57 Alors, monsieur Ben Sarada, Ahmed, que faut-il en déduire sur le plan géopolitique de cette guerre en Ukraine ?
19:04 Alors, j'aimerais juste abonder dans le sens de mon ami Michel quand il dit que le plus grand drame
19:12 et la plus grande victoire des États-Unis, c'est de briser le lien entre la Russie et l'Allemagne.
19:19 Ça a été déclaré par un géopoliticien très connu qui s'appelle George Friedman en 2015
19:24 qui a dit que la principale menace pour les États-Unis, ce n'est pas la Chine, ce n'est pas la Russie,
19:31 mais c'est la liaison entre la Chine, l'union entre l'Allemagne et la Russie.
19:38 Il a tout pris et il a cassé.
19:40 Et ce conflit a réussi à casser cette probable union.
19:45 Et nous avons vu récemment que le sabotage des pipelines Nord Stream faisait partie de ce plan.
19:54 Alors, qu'est-ce qu'il faut attendre ?
19:56 Alors, il faut attendre, tout le monde attend l'émergence d'un monde multipolaire,
20:03 de l'affaiblissement de ce qu'on appelle l'Occident, parce que l'Occident s'est montré tout nu,
20:12 s'est montré incapable de gérer une situation en faveur de ses peuples,
20:20 parce qu'on voit actuellement que toutes les sanctions qui ont été énoncées contre la Russie
20:26 n'ont pas réussi à briser l'économie russe.
20:30 Bien au contraire, le FMI montre qu'en 2024,
20:36 la croissance de la Russie va être plus grande que celle des États-Unis ou de l'Union européenne.
20:46 Donc, cette émergence-là d'un monde multipolaire a de fortes chances de se libérer
20:55 d'une position dominante de l'Occident qui date depuis des siècles,
20:59 et d'ouvrir de nouveaux marchés, de nouvelles relations basées sur le respect mutuel,
21:06 basées sur l'échange, sur le droit international, etc.
21:10 Et ne plus avoir un seul gendarme qui fait la loi partout,
21:15 avec des positions qui sont très souvent choquantes.
21:20 Oui, sortir un petit peu de ce monde monopolaire.
21:24 Alors, M. Michel Collant, on me dit qu'il nous reste encore un peu de temps.
21:29 Pourquoi aujourd'hui les États-Unis soutiennent mordicuse cette guerre en Ukraine ?
21:36 Eh bien, pour garder leur position dominante dans le monde, pour rester le numéro un,
21:44 tout avait été annoncé par Brzezinski dans son fameux livre "Le Grand Échiquier" de 1996 ou 1997,
21:50 où il expliquait que les États-Unis sont une puissance en déclin économique.
21:55 La seule manière de garder notre position le plus longtemps possible,
21:59 il n'était pas très optimiste, c'est de diviser les vassaux.
22:02 Donc ça veut dire diviser l'Europe entre l'Allemagne et la France.
22:06 Ils ont utilisé la Grande-Bretagne, la Pologne, voilà.
22:09 Diviser, comme on vient de l'expliquer, l'Allemagne, l'Europe avec la Russie.
22:14 Essayer d'empêcher l'alliance Russie-Chine, mais là ils ont complètement échoué,
22:18 ils provoquent le contraire, et essayer que le monde reste fragmenté
22:23 et qu'il n'y ait pas un axe de résistance.
22:25 Pour moi, ils sont en train de perdre la guerre.
22:28 Ils ont peut-être des succès immédiats en Europe, mais globalement les États-Unis perdent
22:32 parce que leurs objectifs de briser l'alliance Russie-Chine et les pays du Sud,
22:39 elle est en train d'échouer.
22:40 Beaucoup de pays qui n'étaient pas forcément progressistes ou anti-impérialistes se sont dit
22:45 "là maintenant, vraiment, on nous oblige à dire avec qui on peut faire du commerce
22:51 et de briser un commerce qui nous est profitable", donc non.
22:54 Et les États-Unis ont eu des surprises à l'ONU et vont en avoir encore plus
22:58 avec des votes défavorables.
23:00 Et je pense que ceci, on vit une époque dangereuse et en même temps une époque de basculement
23:07 qui est assez passionnante.
23:08 Soit les États-Unis parviennent pour combien de temps encore
23:12 à raffermir leur domination sur le monde occidental,
23:15 soit l'axe des pays de résistance du Sud devient de plus en plus fort,
23:21 organise son propre commerce, se passe du dollar, ce qui est très important,
23:25 organise donc des échanges, des trocs, des coopérations,
23:28 et là on peut assister au déclin de l'Empire américain.
23:32 Oui, M. Ben Saada, je vous demanderai d'être bref parce qu'il nous reste à peine une minute.
23:39 Selon vous, 2023 sera-t-il le porteur de paix
23:44 ou la guerre en Ukraine risque encore de perdurer ?
23:47 Et surtout, je voulais avoir votre avis concernant ce vote à l'Assemblée générale de l'ONU.
23:52 Alors c'est clair que, étant moi-même pacifiste, je suis contre les guerres,
23:59 j'aimerais que ce conflit s'achève autour d'une table pour des négociations.
24:05 Mais tant que les États-Unis et ses vassaux continueront à armer l'Ukraine,
24:15 j'ai peur que ce conflit dure plusieurs années.
24:18 En ce qui concerne le dernier vote à l'ONU,
24:23 nous avons quand même un nombre non négligeable de pays qui ont voté par l'abstention,
24:32 et pas des moindres, nous avons vu la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, etc.
24:40 Donc il y a un bloc qui se dessine du côté de l'Asie
24:47 qui va définir les nouvelles routes du commerce international dans le futur.
24:54 Et ça c'est très prometteur pour ce monde multipolaire
24:58 qui ne veut plus de l'hégémonie quasi totale de cet Occident très arrogant.
25:07 – Oui, merci beaucoup pour cet esprit de synthèse M. Ahmed Moussahada
25:12 pour comprendre un petit peu l'impératif du temps.
25:14 Je rappelle que vous êtes auteur et expert en questions géopolitiques,
25:17 vous étiez avec nous par Skype depuis Oran, c'est bien cela.
25:20 Et M. Michel Collant, journaliste et essayiste belge,
25:23 et vous étiez avec nous par Skype depuis la Belgique, de Bruxelles.
25:27 Mesdames et messieurs, je vous remercie d'avoir suivi cette édition spéciale
25:32 consacrée à l'Ukraine qui tire à sa fin.
25:34 Je vous dis merci, au revoir et à très bientôt.
25:37 [Musique]

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