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00:00 - Marielle, ce film c'est évidemment un travail collectif, mais c'est aussi au départ un travail personnel.
00:05 C'est des années peut-être d'investissement, il faut y croire, il faut rien lâcher.
00:10 Dans quel état vous êtes là aujourd'hui ?
00:12 - Je suis heureuse parce que mes acteurs viennent de découvrir le film et qu'ils en sont absolument enchantés.
00:20 Et ça, c'était le grand bonheur.
00:22 C'est-à-dire que c'est vrai qu'ils m'ont tellement donné, ils ont été tellement généreux, tellement enthousiastes.
00:31 Et puis, c'est tout de même, les films en général, c'est tellement...
00:37 Enfin, c'est une série de sauts d'obstacles, c'est très très difficile à faire, à agencer.
00:43 Mon film est très ambitieux, je voulais que ça soit un film très spectaculaire.
00:48 Je voulais que ça soit un film grand public, que tout le monde puisse s'y reconnaître.
00:53 Je voulais de la modernité, je voulais de la justesse.
00:57 Et pour obtenir tout ça, il faut se donner beaucoup de mal, beaucoup travailler, beaucoup y rêver.
01:06 Et avoir une énergie folle pour pouvoir arriver à ce rêve, à le concrétiser.
01:13 - Arielle Dombasle, ce film a aussi une résonance avec l'actualité.
01:18 Aujourd'hui, on est dans une période avec des codes et un rapport au féminisme différent.
01:23 - Absolument.
01:24 - Il y a quelque chose chez vous, j'allais dire, dans cette femme et dans cette princesse, évidemment de très moderne,
01:31 avec des barrières morales qu'elle détourne, qu'elle contourne, dont elle s'est affranchie, elle.
01:39 C'était important aussi ce message-là, dans ce film-là.
01:43 - Absolument, absolument.
01:44 J'avais lu Balzac comme tout le monde, c'est-à-dire la peau de chagrin, puis on l'apprend à l'école, etc.
01:51 Et là, mon scénariste Jacques Fieschi, qui avait reçu le César pour Les Illusions Perdues,
01:58 tandis qu'il écrivait Les Illusions Perdues, parce que je vous parle de ça il y a plus de trois ans,
02:03 il m'a dit il y a cette nouvelle étonnante dont Balzac dit que c'est le joyau de la couronne.
02:09 Dans la comédie humaine, la grande invention de Balzac, c'est des personnages que l'on retrouve de roman en roman.
02:17 Et cette princesse de Cadignan, c'est une petite nouvelle, c'est le portrait d'une femme,
02:23 et qui reste un peu son chef-d'œuvre inconnu.
02:26 Et j'ai tout de suite été m'écidérer par la modernité de l'observation des femmes de l'époque.
02:34 Et tout ça, c'est avant la psychanalyse, c'est Balzac, c'est avant Freud, c'est avant la sociologie aussi.
02:41 Et ce qui est très beau, oui, c'est que cette princesse est quelqu'un de redoutable,
02:48 c'est-à-dire qu'elle a un secret, le secret je ne vais pas le révéler,
02:53 et ça lui donne une force de ne pas suivre le chemin des victimes.
02:59 - En quoi, justement, Arielle, en quoi cette princesse, elle résonne avec votre trajectoire, votre personnalité ?
03:07 - Non, je l'admire parce que c'est une combattante et parce que c'est une audacieuse,
03:12 mais elle est quelqu'un tout de même de totalement diabolique,
03:17 parce que la figure du donjon en femelle, comme l'appelle Balzac,
03:22 c'est-à-dire qui utilise les hommes qui les instrumentalisent.
03:27 Elle aime la voix chez l'un, la taille chez l'autre, la fortune chez le troisième, l'arrogance le quatrième.
03:36 Elle a un herbier, c'est comme maintenant les gens sur leur smartphone, sur Grindr, sur Catalogue, Grindr ou Tinder.
03:47 - Qu'elle propose d'ailleurs à son amie Julie Dupardieu.
03:50 - Et le personnage joué par Julie Dupardieu, la marquise des parts,
03:54 est en même temps fascinée par cette espèce d'audace, cette liberté et ce diabolisme.
04:00 Et en même temps, par le biais des confidences,
04:04 elle se rend compte qu'au crépuscule de leur vie, elles n'ont jamais connu l'amour.
04:09 - L'amour avec un grand A.
04:11 - Voilà.
04:12 Sous-titrage Société Radio-Canada