Muriel Robin a bousculé mon samedi soir - Tanguy Pastureau maltraite l'info

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00:00 Tanguy Pastureau !
00:02 - Je ne sais pas ce que vous faites le samedi soir, sans doute de l'amour, parce que vous
00:06 êtes désirables, mais je n'ai ni votre charisme, ni probablement votre consommation
00:10 de psychotropes, donc moi je regarde la télé.
00:12 Et samedi, je me suis mis devant quelle époque ? Talk show dont le concept pour Léa Salamé
00:15 est de parvenir à cadrer Christophe Dechavanne sur 2h30, ce qui revient à dompter un Mustang
00:20 névrotique parce qu'il est à fond.
00:22 Il y a deux semaines, ils avaient mis à côté de lui Kadmerad, en seulement 5 minutes, 170
00:26 000 mots avaient été prononcés, M.
00:28 Lucchini à côté, c'est le mime Marceau, et samedi en invité, il y avait Pierre Arditi,
00:31 l'idole de la gauche chic, pas celle en sarouel, pas celle qui pue la merguez, la gauche fursac,
00:36 digne, qui refuse le SUV parce que c'est vulgaire et qui s'entasse à 12 dans une Zoe,
00:41 qui n'est pas une dame particulièrement avenante, mais une voiture éco-responsable.
00:45 Avec Arditi, il y avait Muriel Robin, ils venaient pour une pièce de théâtre, on
00:49 les recevra d'ailleurs ici le 4 octobre, ah foutre Dieu ce que je suis corporect ! Et
00:53 là devant ma télé, je me suis dit, bon, on va se faire un peu yèche.
00:56 Je me suis alors tourné vers le chômeur longue durée que j'emploie pour me divertir,
00:59 et là vous savez ce qu'il me dit, Yannick Jadot ? Eh ben, moi non plus, parce qu'avec
01:02 les grelots de son bonnet, j'entends rien quand il parle.
01:04 Donc, ça roupille un peu, une émission du samedi soir, quoi, qu'on regarde par défaut
01:09 parce qu'on ne va pas se retaper la rediff des échappées belles sur l'Islande, observer
01:13 le regard extatique qu'a le présentateur au moment où un geyser se déclenche sous
01:16 ses fesses est une expérience à vivre une fois, pas deux.
01:18 Et donc, samedi, coup de tonnerre, un être humain sur le plateau se met à formuler une
01:22 opinion non consensuelle, tout le monde est décontenancé, des gens du public sortent
01:26 de la salle, en criant les interviews avec Amir, ça remet quand même moins de choses
01:30 en question, Christophe Dechavanne a un moment de latence, il faut qu'il canalise son énergie,
01:35 il se roule par terre en léchant le sol, bon, ok, ça a été moins frénétique que
01:39 ça, mais mon hypersensibilité me pousse à vivre les choses de manière extrême.
01:42 Arrêtez d'hurler ! Cet être humain, c'est Muriel Robin.
01:45 Mais ce qu'elle dit, samedi, c'est que dans le cinéma, si on est ouvertement homosexuel,
01:50 on ne vaut rien, je la cite.
01:51 Donc là, je me dis, quoi ? Muriel Robin, homosexuel ? Voilà autre chose, bientôt
01:56 ils vont nous dire que Youssou N'Dour est noir.
01:58 Et bêtement, moi je pensais que ce n'était plus un sujet depuis longtemps, donc je suis
02:01 surpris, voilà un samedi soir qui n'est pas comme les autres que je me dis.
02:04 Là, j'allume Internet, ce réseau dont Daniel Morin me disait hier « j'attends
02:07 qu'il y ait un peu de monde dessus pour m'y mettre », et je constate que sur X,
02:11 Facebook, tout ça, tout le monde a un avis sur Muriel Robin, tout le monde.
02:15 Alors je vous passe les commentaires idiots d'internautes disant « elle a aucun talent,
02:18 c'est pour ça qu'elle ne tourne pas », juste, Muriel Robin, en 2007, a reçu un Emmy
02:22 Award, voilà, on n'est pas nombreux au pays de Molière et Kinvey à avoir eu cet honneur,
02:26 moi j'ai eu un Emmy Winehouse Award au concours du plus gros buveur de cidre en 2015, je perçois
02:31 la différence.
02:32 Je passe aussi sur le fait que sur scène, elle arrive quand même à faire vivre 15
02:35 personnages par sketch, juste en faisant semblant de leur parler, et au début, d'ailleurs,
02:39 ça faisait drôle, vous savez, les premières fois, elle disait « alors Gérard, au niveau
02:42 de l'édition, t'as pris un café après ton Paris-Brest ? » et on cherchait Gérard
02:45 physiquement sur scène, moi je criais « mais je ne vois plus que la moitié des personnes,
02:48 qu'est-ce qui m'arrive ? ». Bon, ensuite, on s'est habitués, mais ça reste une performance.
02:52 Donc nul, non, on ne fait pas une carrière sur 40 ans si on n'est pas bon, à part
02:55 Jack Lang.
02:56 Et depuis samedi, tout le monde débat, j'ai vu une interview de Dominique Besnéard disant
03:01 qu'Edwidge Feuillère aimait les femmes, bon, c'est Besnéard, ses références remontent
03:05 jusqu'à la première comédienne de l'histoire, une néandertalienne non épilée qui a joué
03:09 le rôle d'un bison un soir au tour du feu, mais Edwidge Feuillère ne disait pas qu'elle
03:13 était lesbienne, et Besnéard ajoute qu'il connaît plein d'acteurs gays encore aujourd'hui
03:17 qui n'osent pas le dire, de peur de perdre des rôles.
03:20 Ça m'a rappelé George Michael en 88, qui en boîte paluchait des bonshommes, et au
03:24 bras du 4 juste avant de sortir de la boîte, on collait une peuf Figar et Gisèle Elibi.
03:28 Et là, dans les yeux de George, on lisait le même ennui que celui que ressentirait
03:32 Alain Juppé dans un concert de hip-hop.
03:33 En fait, 88, c'est loin, on avait des serviettes Fido-Dido et Nagui était brun, mais rien
03:38 n'a changé.
03:39 Ma conclusion, c'est que Muriel Robin a peut-être raison, mais en tout cas que ce
03:43 n'est pas la faute du public, puisque le public est ouvert en France, notamment la
03:46 question de la sexualité nous intéresse très peu, même l'affaire Griveaux, tout
03:49 le monde s'était dit « c'est un pénis », alors que le même truc aux Etats-Unis,
03:53 mais CBS partait en breaking news, le public est au caire.
03:56 Regardez Daniel, la moitié de ses chroniques c'est sur mon corps, et ça choque personne,
04:00 parce que les fantasmes de Daniel, qui viennent sans doute qu'en penser des capacités érectiles
04:04 aujourd'hui restreintes, sont acceptés.
04:07 Maintenant, l'industrie du cinéma ne l'est peut-être pas ouverte, je ne sais pas, je
04:11 ne connais pas.
04:12 Ce que je sais, c'est que quand un hétérosexuel incarne à l'écran un homosexuel, il remporte
04:16 un Oscar, on dit « quelle performance », il y a De Niro qui vient lui dire « veux-tu
04:19 boire un verre ? », il y a Tom Cruise qui vient lui dire « sais-tu que si tu me donnes
04:22 tout ce que tu as, je t'inscris à la Scientologie, c'est super ». Mais un homosexuel pris
04:26 pour incarner James Bond, où il butine 90 filles après leur avoir juste dit « je
04:30 m'appelle James », on se dit « mais quel acteur ! », ça n'existe pas trop, parce
04:34 que pour le système, tu es gay avant d'être une personne.
04:37 Quant à ce qu'a dit Muriel Robin sur le fait de n'être pas désirable si on n'est
04:40 pas pénétrable, ça sonne comme si cette femme avait quitté un club, ça m'a rappelé
04:44 la fois où j'avais résilié mon abonnement à France Loisir, et bien ensuite en boutique,
04:48 je n'étais pas accueilli pareil.
04:49 Alors, bis à Muriel Robin, et au public français, quant à toi cinéma, détends-toi
04:53 un peu si c'est le cas, c'est quand même vieux, George Michael.

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