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Victime d'inceste de la part de son père jusqu'à ses 16 ans, Claire-Aurélie Véraquin raconte son traumatisme et l'importance du deuil de personnes vivantes pour "pouvoir vivre"
#Inceste #Famille #Enfants
Transcription
00:00 Il faut savoir que chaque victime vit son trauma en permanence.
00:03 Dans chaque minute, chaque seconde de sa vie, elle vit son trauma.
00:07 Consciemment ou inconsciemment en fait.
00:09 Alors, en fait c'est pas du passé.
00:13 Moi maintenant je dis "bah oui c'est vrai, mon pote en fauteuil roulant là,
00:16 qui a eu un accident de voiture, je lui dis arrête de me faire suer,
00:19 allez lève-toi on va faire le marathon".
00:21 Et on me dit "bah non tu pourrais pas lui dire ça".
00:23 Bah je sais pas, tu me dis la même chose en fait.
00:25 En fait c'est pas possible.
00:27 C'est pas comme si...
00:30 C'est une explosion de l'être à l'intérieur,
00:34 dont on a pas conscience parce que ça ne se voit pas.
00:36 Mais il y a tellement de troubles
00:39 qui sont liés au trauma,
00:43 qu'en fait c'est notre quotidien.
00:45 Alors plus ou moins, parce que en effet chaque personne
00:47 est complètement différente face au trauma qu'il a vécu.
00:50 Mais pour autant c'est insupportable pour une victime
00:53 d'entendre dire "non mais arrête de dormir là".
00:57 C'est il y a 30 ans.
00:59 Bah ouais mais c'est il y a 30 ans, mais moi ça fait 30 ans que je vais avec.
01:01 - Et même réparer, de toute façon on continue de vivre avec.
01:04 - Oui parce qu'en fait, plus on apprend sur le sujet,
01:07 plus on se rend compte que finalement,
01:10 il y a plein d'impacts qu'on avait pas forcément liés.
01:14 Donc oui, après voilà, on apprend à vivre avec.
01:18 Voilà c'est une expérience qui fait grandir.
01:21 Voilà aujourd'hui je peux dire "bah si j'avais pas vécu ça je serais pas là".
01:26 Mais bon, j'aurais préféré pas le vivre.
01:29 - On dit aussi souvent qu'avec l'inceste on doit faire le deuil de personnes vivantes.
01:33 Ça veut dire quoi ?
01:34 - Oui alors c'est exactement quand j'ai été voir l'avant-première
01:39 du documentaire de dimanche,
01:41 c'est vraiment... ça a été mis en avant et c'est vraiment ça.
01:45 Moi je dois faire le deuil de ma mère.
01:47 Et on se prépare jamais à faire le deuil de sa mère.
01:50 Et on se prépare jamais à faire le deuil de quelqu'un
01:53 qui est là encore.
01:55 Mais pour beaucoup de personnes,
01:57 la coupure est nécessaire pour pouvoir vivre.
02:01 Et plus survivre.
02:03 - Aller partout, sans tabou, pour prévenir, pour informer, pour accompagner,
02:07 c'est ce que fait Claire Aurélie Verraquin avec son association Tama.
02:12 Claire Aurélie, où est-ce que vous allez chercher toute cette énergie ?
02:15 - Dans le trauma ?
02:17 - Véritablement ?
02:18 - Bah la boulémie de boulot fait partie des conséquences traumatiques.
02:22 Donc peut-être. Ou d'ailleurs, je ne sais pas.
02:25 - Et est-ce que dans votre vie de tous les jours,
02:28 par votre expérience, par votre travail aussi aujourd'hui,
02:31 vous êtes en alerte à chaque fois ?
02:33 Vous avez même tendance des fois à voir le mal là où il n'y en a pas ?
02:36 - Alors ça, c'est plutôt mon mari.
02:38 Moi, alors contrairement à certaines personnes,
02:42 j'ai plutôt envie de croire.
02:45 Et malheureusement, du coup, des fois ça me dépend,
02:48 parce que comme j'ai été maltraitée,
02:50 j'ai eu à peu près 35 coups de poing pour m'apercevoir que j'ai mal.
02:53 Mais bon, j'ai mon mari qui m'alerte,
02:56 et j'ai aussi des amis dans l'association,
02:58 des personnes qui ont ce sens de l'alerte.
03:01 Moi, je n'ai pas celui-là.
03:03 - Parce que le trauma, on s'en sort aussi en étant accompagné.
03:05 - Bien sûr. Et entouré.

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