Malcolm McDOWELL _Ma folle vie en Orange Mécanique

  • l’année dernière
Transcript
00:00 [Générique]
00:03 C'est une icône du cinéma mondial, Malcolm McDowell, un félin caméléon,
00:08 l'un de ces acteurs qui électrisent leur présence à l'image depuis si longtemps.
00:13 Bonjour Malcolm McDowell.
00:14 - How are you ? Nice to be here. - Je suis très content d'être ici, merci de m'inviter.
00:18 La Cinémathèque française qui rend hommage à votre carrière,
00:22 une rétrospective incroyable qui dit qu'au fond, vous avez toujours joué finalement.
00:28 Au fond, vous étiez fait pour ça.
00:30 Eh bien, je pense que j'ai été bien trouvé par les metteurs en scène qui m'ont trouvé.
00:46 C'est le 50e anniversaire de IF et on m'a choisi au théâtre par Zanzi Anderson.
00:55 Et on est resté très très bons amis, c'était mon mentor en quelque sorte.
01:02 Et certainement de très bons amis, jusqu'au jour où il est mort en 1993.
01:07 J'ai fait trois films avec lui et au cours de sa carrière, il n'en a fait que cinq.
01:15 C'était un quelqu'un de très bien et un grand ami.
01:20 Oui, on va reparler bien sûr de Lindsay Anderson, de cette trilogie incroyable.
01:25 Il y a tellement de films, il y a tellement de souvenirs avec vous, Malcolm.
01:30 Regardez ces images présentées par la Cinémathèque.
01:33 Malcolm MacDowen, Une carrière.
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02:39 Quand je dis que vous étiez fait pour faire du cinéma, c'est vrai qu'à l'école,
02:44 vous aviez envie qu'on vous remarque, vous aviez envie d'attirer l'attention déjà.
02:48 Écoutez, à l'école, j'ai commencé quand j'avais 11 ans.
02:57 J'étais choisi parce que je chantais à l'église et le prof était derrière moi
03:06 et il m'a entendu chanter en hurlant ses hymnes.
03:12 Il m'a demandé, ou m'a dit en fait, il ne m'a pas demandé, il m'a ordonné
03:17 d'être le principal chanteur dans la comédie musicale qu'ils allaient monter.
03:24 Et j'ai haï les répétitions.
03:27 Je regardais par la fenêtre, je regardais les gars qui jouaient au foot
03:32 en espérant être avec eux.
03:36 Mais j'étais malade de trouille avant de passer sur scène.
03:41 Je vomissais quasiment.
03:43 Et dès que j'étais sur scène et que la lumière m'entourait,
03:48 je me sentais complètement relaxé et chez moi.
03:53 Et j'ai senti, ou je sentais que je pouvais le faire.
03:57 Je pouvais vraiment le faire.
04:00 Bien sûr, j'étais enfant, j'avais que 11 ans.
04:03 Mais il m'a remis à nouveau et à nouveau en scène à l'école.
04:08 Et je me suis dit, si toute autre chose rate, je deviendrai un acteur.
04:13 Et toute autre chose a raté.
04:16 Donc j'ai continué, je suis allé à Lambda et j'ai passé ces auditions.
04:24 Et j'ai été choisi pour être au théâtre pour faire des représentations
04:31 toutes les semaines.
04:33 C'est-à-dire une nouvelle pièce chaque semaine.
04:35 C'est dingue parce qu'il y a quatre pièces à retenir tout le temps
04:39 dans votre mémoire.
04:40 Celle que vous faites, celle que vous venez de finir, qu'on tente d'oublier.
04:44 La suivante qu'on regarde et celle d'après.
04:47 Parce qu'il faut être toujours en train de regarder de l'avant
04:50 pour apprendre les répliques.
04:52 Le premier film, c'est Ken Loach, vous tournez, il vous coupe au montage.
04:57 Oui, il devait le faire parce que c'était vraiment un passage de deux scènes.
05:09 Avec Harold White, j'étais censé rentrer dans mon petit appartement
05:17 et lui faire l'amour.
05:19 Je devais être filmé dans la rue, là où c'était filmé.
05:26 Et à Londres, il n'y avait pas de pluie, il ne pleuvait pas.
05:30 C'était impossible.
05:31 Mais bon, c'est impossible qu'il n'y ait pas de pluie à Londres
05:34 pendant deux semaines, principalement en hiver.
05:37 Mais c'est ce qui s'est passé.
05:39 Donc ils ont coupé au montage.
05:42 Et en quelque sorte, je suis très content de cela
05:45 parce que mon premier film, c'était If,
05:48 que je considère comme être l'un de mes meilleurs films.
05:52 C'est un chef d'oeuvre absolu.
05:54 C'est encore, on le disait, Lindsay Anderson.
05:57 Il va vous voir dans cette audition un jour et vous lui dites
06:01 "Moi, je joue une pièce pas possible en ce moment avec des costumes ridicules."
06:04 Vous ne savez pas qu'en fait, il est l'un des patrons du Royal Shakespeare Théâtre
06:09 où vous vous produisez.
06:11 Et vous lui dites "Alors du coup, je n'aurai pas le rôle."
06:13 Et il vous dit "Non, ce n'est pas sûr, ce n'est pas sûr."
06:16 Je suis allé le rencontrer.
06:22 On a discuté. Il m'a demandé "Mais vous faites quoi?"
06:25 Je lui ai dit "Je joue une pièce à la Royal Court,
06:31 un théâtre d'avant-garde à Londres.
06:34 Et chaque acteur adorait jouer au Royal Court.
06:39 J'ai réussi à avoir un job là-bas.
06:41 J'étais tellement enchanté.
06:43 Mais c'était une pièce de Shakespeare, la 12e nuit,
06:47 en vêtements modernes.
06:50 C'était à l'époque des Swinging Sixties, Cardi B Street,
06:55 les enfants, les fleurs.
07:00 C'était des conneries, mais tout le monde y croyait à l'époque.
07:04 En fait, c'était une production très mauvaise.
07:08 Et quand j'ai rencontré Lindsay Anderson, je lui ai dit ce que je faisais.
07:11 Et il me regarde et me dit "Ça semble horrible."
07:15 Je lui ai dit "Non, non, non, ce n'est pas horrible."
07:19 Et qui est le metteur en scène? Je lui ai dit "Ah, c'est un prétentieux."
07:24 Et en fait, pour être très clair avec vous, c'est totalement prétentieux.
07:30 C'est de la crotte, je ne sais même pas ce que je suis en train de faire.
07:33 Et on commence, on débute la semaine prochaine.
07:36 Je sais quand je sors, mais personne ne m'a dit où je rentre et où je sors.
07:41 Je me plaignais devant lui et lui me poussait.
07:46 Et bon, c'était en fait une impasse dans la conversation.
07:50 Et puis il regardait d'un coup, il avait comme ce sénateur romain,
07:53 avec ce grand nez, un nez très noble.
07:57 Et il me dit "Vous savez que je suis un des metteurs en scène de Royal Court."
08:03 Je lui dis "Bah non, je ne savais pas, je n'étais pas au courant."
08:07 "Mais bon, je pense que je n'aurai pas le rôle."
08:10 Et il me regarde, il a baissé le nez, il a dit "Pas nécessairement."
08:16 Et vous avez eu le rôle.
08:18 Regardez, c'est Yf, c'est un chef d'oeuvre, palme d'or au Festival de Cannes.
08:23 (bruits de pas)
08:31 (bruits de pas)
08:34 (musique)
08:59 Quand vous découvrez le script que vous présente l'INSEE,
09:03 quand vous découvrez qu'il y a une scène où vous devez l'embrasser,
09:06 votre partenaire, ça, ça vous plaît ?
09:10 Oui, beaucoup.
09:14 Vous savez, il y a beaucoup de scènes dans ce film que j'ai beaucoup aimé.
09:20 Lui, il était tellement brillant avec les acteurs.
09:24 Il aimait les acteurs.
09:26 Beaucoup de réalisateurs n'aiment pas les acteurs,
09:29 ils sont intimidés par les acteurs.
09:31 Mais l'INSEE était un des rares qui aimait les acteurs.
09:35 Il les aimait et il les comprenait.
09:38 Il comprenait la technique du jeu,
09:43 comment les acteurs se retrouvaient émotionnellement dans un rôle.
09:48 Et il m'a terriblement aidé, pas en me dirigeant,
09:52 mais simplement en me donnant de la confiance en moi.
09:55 Et il y a tellement de scènes merveilleuses dans ce film.
09:59 Celle que lui aimait le plus, je pense,
10:04 il m'a dit que c'est quand Mick Travers est battu, fouetté,
10:11 et qu'il efface une larme, il sèche une larme,
10:17 et il va voir le préfet et il lui dit merci.
10:20 Et Lindsay m'a dit, il ne faisait jamais de compliments,
10:25 il n'a jamais dit "ouais, c'est chouette", non, jamais.
10:28 Et Malcolm, je vais te dire que finalement,
10:32 quoi que ce soit qui se passe avec ce film,
10:36 je pourrais toujours dire "travail bien accompli".
10:41 J'étais étonné.
10:44 Le grand homme qui me donne un compliment.
10:47 Oui, et quand je parlais de ce baiser à Christine Nounan,
10:52 vous ne l'aviez pas lu dans le script,
10:54 elle s'est terminée par une baffe gigantesque,
10:57 on l'a vu dans les images, ça vous ne l'aviez pas vu dans le script.
11:01 Non, c'était à l'audition, et quand je suis allé jouer avec elle,
11:07 c'était une très jolie femme, très jolie fille,
11:10 et très honnêtement, aujourd'hui,
11:13 je dirais que j'étais distrait par sa beauté.
11:18 Je m'en foutais complètement du scénario.
11:22 Je regardais cette fille hypnotisante avec ses yeux noirs,
11:26 très beau corps, qui avait cette façon nonchalante
11:32 et méprisante des hommes.
11:36 Elle repoussait les hommes.
11:38 Je me suis dit "bon, moi je pourrais la charmer".
11:40 Ben non.
11:42 Et donc, quand on est venu à faire cette scène,
11:48 je n'avais pas appris le scénario,
11:50 je n'avais appris son rôle,
11:52 et je lisais avec elle, je lis,
11:54 Mick, c'est moi,
11:56 attrape la fille et l'embrasse passionnément.
12:02 Je me suis dit que je vais mourir et aller direct au paradis.
12:06 Je n'avais aucun problème à l'attraper,
12:09 à l'attirer à travers cette table qu'on utilisait comme une table à café,
12:14 et nos lèvres se sont heurtées, nos dents se sont heurtées.
12:19 Il y a eu une tâche de sang sur sa lèvre, je ne sais pas quel sens c'était, à qui il était ce sang.
12:24 Et la chose d'après que j'ai entendue,
12:27 je suis arrivé au point où elle m'avait giflé tellement fort
12:34 que j'avais les oreilles qui sifflaient,
12:36 et j'ai commencé à pleurer,
12:40 parce que c'était un tel choc,
12:42 et une humiliation en même temps.
12:44 J'étais totalement humilié par cette femme.
12:48 Et littéralement, j'étais renversé.
12:53 En fait, elle ne m'a pas giflé, elle m'a donné un coup de poing,
12:57 ça veut dire du bas, directement, paf !
13:00 Et donc, je me suis...
13:06 J'ai marché sur la scène en chancelant,
13:10 et elle a rendu l'atmosphère tellement électrique
13:12 qu'ils ont dû me donner le rôle.
13:15 Et j'aime dire que Christine Newman,
13:18 elle m'a giflé et m'a fait entrer dans le film.
13:22 Vous dites même que cette baffe est le coup d'envoi de votre carrière,
13:27 et que finalement, c'est le plus beau jour de votre vie d'avoir reçu cette baffe.
13:31 Oui, c'est un moment zen dans ma vie.
13:38 Et vraiment, ça va jusqu'à "Lucky Man".
13:43 Un script sur lequel j'ai travaillé,
13:46 David Choe, Yves et Lindsay et moi-même.
13:51 Et je me disais, comment est-ce qu'on va terminer ce film ?
13:55 Et elle me dit, "Qu'est-ce qui s'est passé ?"
13:57 Et bien, qu'est-ce qui s'est passé ?
13:59 Je suis devenu une star, voilà.
14:04 Et c'est Christine Newman qui m'a giflé,
14:07 elle m'a dit, "Oh, c'est très bien, on va utiliser ça."
14:10 Et il y a cette scène merveilleuse avec le réalisateur, Lindsay Anderson,
14:16 et à la fin de "Lucky Man", il dit, "Souris."
14:20 Je lui dis, "Pardon ?"
14:22 "Souris."
14:23 Je lui dis, "Il n'y a pas à sourire, là."
14:25 Il me dit, "Mais fais ce que je te dis."
14:28 Bang !
14:29 Et il me gifle avec le scénario, il me gifle tellement fort,
14:33 et lui, il va vraiment frapper, 20 fois.
14:37 20 fois !
14:39 Et ils ont utilisé la troisième prise.
14:41 Ah, bang !
14:43 Des baffes qui comptent dans une vie, hein ?
14:46 Et des sourires qui comptent, parce que vous parliez de cette scène
14:51 où, évidemment, vous êtes frappé de coups de bâton,
14:54 et ce sourire, lorsque vous ouvrez la porte,
14:58 ce sourire qui va marquer un autre grand réalisateur de ce temps,
15:01 c'est Stanley Kubrick.
15:03 Il voit cinq fois "If", il voit cinq fois ce film,
15:07 et il dit, "J'ai trouvé le personnage de mon prochain film."
15:11 "C'est lui, c'est Alex, c'est vous."
15:13 "Vous êtes Alex."
15:15 Oui.
15:17 Christiane, sa veuve, m'a dit qu'il regardait "If"
15:23 parce qu'il avait entendu parler de "If".
15:25 Donc, il a fait venir le projectionniste chez lui,
15:30 et ils l'ont regardé, et j'ai fait ma première entrée.
15:33 Il a poussé l'intercom et a dit, "Rejoue."
15:38 Il marche arrière, il regarde de nouveau,
15:41 remonte, encore une fois.
15:44 Quatre fois, il l'a regardé.
15:46 Et après la quatrième vision, il se tourne vers sa femme et dit,
15:52 "On a trouvé notre Alex."
15:55 Parce qu'il avait mis le film de côté,
15:58 il ne pouvait pas trouver un acteur pour jouer le rôle.
16:03 Heureusement pour moi, il a montré le film,
16:07 et il est revenu en tant que Napoléon.
16:11 Il travaillait sur Napoléon à l'époque,
16:14 mais c'était très difficile logistiquement.
16:18 Donc, quand il m'a vu dans "If",
16:23 il a fait revenir son projet en avant.
16:28 Je suis allé le voir, il m'a donné le livre.
16:32 J'ai lu le livre,
16:34 je l'ai trouvé très difficile à lire à la première lecture.
16:38 J'ai dû le lire trois fois.
16:41 Oui, Anthony Burgess.
16:43 C'est très, très difficile, le niveau de langue.
16:47 "Burgess" est un livre brillant,
16:49 mais ça, c'est sa chef-d'oeuvre en soi.
16:52 Burgess n'a jamais été suffisamment crédité pour ça, je pense.
16:56 Parce que c'est son oeuvre.
17:00 C'est vraiment une oeuvre merveilleuse.
17:03 De toute façon, Stanley m'a donné ce rôle.
17:07 Il n'était plus question d'audition.
17:10 Il m'a dit, "C'est pour vous, fais-le, on va le faire."
17:14 Et il était enchanté parce qu'il m'a dit
17:18 qu'il voulait montrer aux patrons des studios
17:23 qu'il pouvait faire un film avec un petit budget
17:27 et le faire sur le budget.
17:30 À la différence du précédent qu'il avait fait, 2001,
17:35 dont les coûts avaient échappé à toute proportion
17:39 parce qu'il y avait des effets spéciaux extraordinaires
17:42 et il ne savait pas combien ça coûterait.
17:44 Donc il a été vraiment très enchanté de pouvoir faire ce film
17:48 sur un tout petit budget.
17:50 Et donc quand j'ai eu ce rôle,
17:54 je travaillais avec lui sur les costumes, sur le lieu.
17:59 J'étais chez lui pendant cinq mois.
18:03 Et je lui ai dit, "Est-ce qu'on peut parler un petit peu du personnage ?"
18:07 Il m'a dit, "De quoi tu veux parler ?"
18:10 Je lui ai dit, "Bon, est-ce que vous avez une idée ?"
18:14 Et il m'a regardé comme si j'étais dingue.
18:16 Il a dit, "Eh, Marc, c'est pour ça que je vous ai engagé."
18:22 Et puis il est parti.
18:24 Mais, bon Dieu, quoi ?
18:28 Et je me dis, "Mais bon Dieu, ce type est un des plus grands réalisateurs.
18:33 Il ne va me donner aucune direction, aucune indication."
18:37 Je suis rentré dans ma voiture, je suis rentré au cœur de Londres.
18:41 Et je me suis dit, "Mais bon Dieu, il m'a donné le plus grand cadeau."
18:48 Il m'a dit, fondamentalement, de lui montrer ce que je pouvais faire.
18:53 Et donc j'ai donné le scénario à Lindsay Anderson pour qu'il le regarde,
18:58 au cas où il pourrait me dire quelque chose.
19:01 Et Lindsay l'a lu, et il n'a pas été impressionné.
19:06 Il m'a dit, "Merci Dieu, je n'ai pas réalisé ce film."
19:11 Je lui ai dit, "Non, non, non, ce n'est pas ça.
19:13 Je sais que ce n'est pas votre genre de film, mais c'est parfait pour Stanley."
19:18 "Est-ce que vous pouvez me donner vraiment une indication, une direction ?"
19:23 Et ça, c'était une des meilleures choses qu'on a pu me dire.
19:27 Il a dit, "Il y a vraiment un plan dans 'If'
19:33 quand on ouvre la porte et que vous allez être battus.
19:36 Vous regardez les préfets et vous souriez."
19:41 Parce que vous savez que vous allez être battus, et vous vous dites, "Je te nique."
19:48 Et c'est comme ça que vous allez le jouer.
19:52 Lindsay, merci, merci.
19:55 Et c'est comme ça que j'ai joué ce rôle, le premier jour.
19:59 Après ça, j'ai tout oublié.
20:01 Mais le premier jour, il faut avoir quelque chose à quoi se raccrocher pour aller de l'avant.
20:08 Je l'ai fait comme ça.
20:10 Et heureusement, le premier jour ne s'est pas passé comme c'était planifié.
20:16 Le premier jour de tournage, je devais recevoir une piqûre hypodermique dans la fesse.
20:24 Et Stanley était très excité.
20:27 Il m'a dit, "Non, je ne veux pas utiliser une fausse aiguille."
20:31 Je lui ai dit, "Quoi?"
20:33 "Est-ce que vous acceptez de recevoir une injection?"
20:36 "Une injection de quoi?"
20:38 "Non, c'est de l'eau distillée, il n'y a rien."
20:41 Je lui ai dit, "Non, mais vraiment, je n'aime pas les piqûres. Je n'aime pas ça."
20:44 "Ouais, je sais, personne n'aime les piqûres, mais bon, c'est pour la scène."
20:50 Et c'était mon premier jour de tournage.
20:53 Je me dis, je vais devoir sourire.
20:57 La doctoresse, je la vois regarder sur une orange.
21:02 Elle lance l'aiguille dans l'orange.
21:06 Elle rentre, on fait la scène, j'enlève mes pantalons, je souris, je souris.
21:15 Elle jette l'aiguille dans mon cul et elle plaf !
21:20 Vraiment, jusqu'à la garde.
21:23 Je souris, je souris.
21:26 Je me souviens de ce que disait Lindsay.
21:29 Elle commence son dialogue et elle tremble.
21:32 Elle est tellement nerveuse, elle tremble comme ça.
21:35 Et au lieu de prendre longtemps pour que ça rentre lentement l'aiguille,
21:40 pour que ça puisse s'assimiler dans le courant sanguin, elle fait le cri.
21:46 Et moi, vraiment, je suis sorti du lit avec ce bleu.
21:54 Je dis, non, non, non, je ne peux pas recommencer, je ne peux pas reprendre ce genre de douleur.
22:01 Non, regarde, il y a une énorme bulle sur le fesse.
22:05 Et ça a pris une heure pour que ça revienne.
22:10 Elle est normale. Je ne peux pas prendre une nouvelle...
22:15 Bon, ben non, on va utiliser une aiguille rétractable.
22:18 Regardez ce film à petit budget qui va changer la face de l'histoire du cinéma.
22:23 Orange Mécanique.
22:25 Orange Mécanique.
22:27 Orange Mécanique.
22:29 Orange Mécanique.
22:31 Orange Mécanique.
22:32 Sous-titrage Société Radio-Canada
22:37 (Musique rythmée)
22:40 (Musique rythmée)
22:43 (Musique rythmée)
22:47 (Musique rythmée)
23:14 On n'a pas envie que ça s'arrête, c'est tellement extraordinaire.
23:18 Ce film, je disais, va bouleverser la société tout entière.
23:23 Va bouleverser, finalement, l'histoire du cinéma.
23:26 Je veux dire, c'est...
23:31 C'est un grand film, bien sûr.
23:34 Un des grands films de Stanley, mais...
23:39 Vous savez, cet homme, c'est un très grand réalisateur.
23:43 C'est un des meilleurs qui ait jamais travaillé dans notre métier.
23:48 Vraiment.
23:50 Parce que Stanley a fait des chefs-d'oeuvre,
23:54 pas simplement dans un seul genre.
23:56 Il a fait des films contre la guerre,
23:58 des films de gangsters, des comédies romantiques.
24:01 Il a fait...
24:03 des films d'horreur, tout.
24:07 Ses efforts...
24:11 de Spartacus, évidemment.
24:13 Un merveilleux film.
24:15 Il a fait ce qu'aucun autre réalisateur n'a fait.
24:20 Mais "Orange mécanique",
24:23 ça venait en temps et en heure.
24:27 Et soyons clairs, Anthony Burgess, c'est le livre de Burgess,
24:32 c'est sa vision, à lui.
24:34 Mais c'est à des rares occasions
24:37 où un grand livre devient un grand film.
24:40 C'est très, très rare.
24:42 D'ordinaire, le film est toujours décevant.
24:46 Je crois que c'est une rare occasion
24:48 où le film est aussi bon que le livre.
24:51 Même si Burgess ne le pensait pas comme ça.
24:54 Mais bon, ça dépend de la semaine.
24:57 Kubrick était un maître.
25:03 Et...
25:05 c'est peut-être les 20 premières minutes
25:08 d'un film, disons, futuriste.
25:11 Mais en fait, ce n'est pas un futuriste du tout.
25:14 Ça dit ce que la violence des gangs va devenir la drogue.
25:20 Les gens qui regardent la télé 24/7,
25:24 c'est comme la Terre d'Aint-Aujourd'hui.
25:27 Mais...
25:30 c'était un phénomène social.
25:33 C'est un film rock.
25:35 Chaque rockstar voulait être Alex.
25:38 Mick Jagger voulait, il aurait bien aimé jouer.
25:41 Mick Jagger avait acheté les droits,
25:43 il voulait le jouer.
25:45 Et c'est les Stones, les autres membres du groupe,
25:48 qui auraient joué les drugs.
25:50 Exactement.
25:52 Et je suis très heureux qu'il n'ait pas eu
25:55 suffisamment d'argent pour le faire.
25:57 Et Kubrick ne l'aurait pas fait avec lui.
26:00 Mais bon, ça aurait été intéressant.
26:03 Parce que les Stones étaient vraiment
26:06 la chose la plus extraordinaire sur Terre à l'époque.
26:09 Et Mick, ce n'est pas un mauvais acteur du tout,
26:12 il est bon.
26:14 Mais ce n'est pas jouer son propre rôle,
26:18 c'est jouer Richard Thure.
26:21 C'est en haut, c'est vraiment très très haut.
26:24 Un des très grands rôles.
26:27 Il fallait que ça soit saisi, attaqué,
26:31 avec une énorme quantité d'énergie.
26:35 Il fallait se battre, il fallait une joie de vivre.
26:39 Et Alex adorait la vie.
26:41 Il adorait la vie.
26:43 C'était un homme immoral, un homme mauvais.
26:46 Mais qu'on aimait en même temps.
26:48 On avait envie de l'aimer quand même.
26:50 Mais parce qu'on l'aime, parce qu'il aime la vie,
26:55 c'est vraiment, c'est comme, c'est communicatif.
26:59 Même si eux font des choses qui ne sont pas tout à fait normales.
27:03 Et bon, Alex a eu certaines choses
27:12 qui n'étaient pas si mauvaises.
27:15 Il aimait la musique classique.
27:18 Et toute personne qui aime Beethoven ne peut pas être si mauvaise que ça.
27:22 Mais bon, Hitler aussi aimait beaucoup Wagner.
27:25 Oui, oui, il faut se méfier.
27:27 Mais c'est vrai que les gens sortaient du cinéma pour aller vomir à l'époque.
27:31 Les gens étaient fous de ce film.
27:34 Oui, très honnêtement, je pensais que c'était une comédie noire.
27:42 En fait, aujourd'hui, le public rit tout au long du film.
27:46 Maintenant, ils comprennent de quoi il s'agit.
27:48 Mais quand il est sorti, c'était tellement choquant,
27:52 tellement étonnant parce que personne n'avait jamais vu quelque chose de la sorte.
27:56 Et c'était tellement horrible.
27:58 Moi, je suis allé la première fois pour le voir aux États-Unis,
28:03 sur la 3e avenue, à New York.
28:07 Je me cachais à l'arrière, je regardais.
28:11 Il n'y avait pas de son, pas de rire, rien.
28:15 Et à la fin du film, les gens ne bougeaient pas.
28:18 Ils étaient assis.
28:20 Je me suis dit, mon Dieu, ils ont haït le film.
28:24 Je suis sorti et une femme m'a couru derrière.
28:28 Elle a vomi.
28:30 Elle a vomi.
28:32 Je me suis dit, mon Dieu, est-ce que c'est le mauvais popcorn
28:37 ou c'est le film qui est tellement mauvais ?
28:41 Vous, vous, vous êtes devenu Alex.
28:46 Les gens vous voient dans le personnage.
28:49 Ça doit être quelque chose de terrifiant à vivre pendant toutes ces années.
28:53 Oui, j'avais un marchand de journaux à Dotting Hill Gate
29:04 où j'allais, j'allais chez ce marchand de journaux.
29:09 Je prenais des trucs ici et là.
29:12 Personne ne m'a jamais reconnu.
29:15 J'étais là tous les jours, pendant des années.
29:18 J'achetais quelque chose là-bas.
29:20 Après le film, je rentre et le type me regarde et il me dit,
29:22 "Waouh, non, non, non, non."
29:25 Excusez-moi.
29:28 Vous pensez vraiment que je suis cette personne dans Roger McKinney ?
29:33 Non, ce n'est pas moi, pas du tout.
29:36 Mais lui, non, non, il n'y croyait pas.
29:39 Il dit, "Prenez votre journal et sortez."
29:44 Et vous, vous dansez pour Stanley.
29:47 Il y a des moments, il vous dit, il vous cherche des idées.
29:50 Vous restez plusieurs jours.
29:52 Et puis vous avez cette idée de "Singing in the Rain".
29:54 C'est votre idée, Malcolm,
29:56 cette incroyable chorégraphie dans le film.
30:00 Oui, regardez, l'art est un accident heureux.
30:05 On était coincés.
30:07 On ne savait pas quoi faire.
30:09 Comment vraiment filmer cette séquence,
30:12 qui est la séquence clé du film ?
30:15 Tout ce qu'on avait filmé après,
30:18 on était déjà à moitié du film.
30:20 C'était merveilleux, on était très contents.
30:23 On était enthousiastes.
30:25 On arrive à ça, et là, on arrive devant un mur.
30:28 On n'a aucune idée.
30:30 Stanley n'a pas d'idée.
30:32 On est assis là, sur le plateau.
30:35 Chaque matin, j'arrive,
30:37 je vois les camions de Harrods qui changent les meubles.
30:43 Il essaie de trouver une façon de le filmer,
30:46 et rien, rien.
30:48 Et moi, je suis assis comme ça avec lui.
30:51 On était au cinquième jour, sans tournage, sans rien tourner.
30:55 Et comme il passe devant moi, il dit,
30:58 "Je ne sais pas, je ne sais pas."
31:00 Et comme il passe devant moi, il dit,
31:03 "Est-ce que vous savez danser ?"
31:05 Et littéralement, j'étais tellement...
31:08 Je m'emmerdais tellement.
31:10 Moi, je ne suis pas un danseur, bien sûr que non.
31:13 Et j'ai commencé...
31:15 Et vraiment, c'était parfait, en rythme,
31:23 et drôle.
31:25 C'était hilarant.
31:27 On prend cette chanson symbolique de ce film symbole d'Hollywood
31:34 qui montrait au monde la joie absolue, le bonheur absolu.
31:40 Et moi, j'ai pris ça, je l'ai retourné,
31:44 et je l'ai utilisé dans un viol,
31:47 et dans une scène où on bat quelqu'un.
31:50 Il l'a pris immédiatement, il a acheté les droits,
31:54 et on a filmé la scène pendant toute la semaine d'après.
31:59 Et un an plus tard, lorsque le film a été diffusé aux États-Unis,
32:05 j'étais invité à aller à Hollywood, à le projeter.
32:08 Et j'ai eu un petit mémoire de Warner Brothers,
32:13 et on m'a invité à une soirée,
32:17 il y aura beaucoup d'acteurs,
32:20 et je me dis, "Oui, oui, oui, c'est pour ça que je suis là,
32:23 j'aimerais bien..."
32:25 "Oui, d'accord, tout va bien."
32:27 J'y vais, il y a Paulette Goddard,
32:30 il y a tous ces personnages merveilleux,
32:32 et il me dit, "Hey, Malcolm, Gene's here."
32:35 "Gene Kelly, tu veux le rencontrer ?"
32:37 "Oui, bien sûr, je veux le rencontrer."
32:39 Il m'a tourné le dos, il lui a tapé sur l'épaule,
32:43 il se retourne, il me regarde,
32:47 et il s'en va.
32:51 Et le penseur dit, "Ah, je m'excuse."
32:54 Je lui dis, "Non, non, non, ne vous excusez pas."
32:56 J'ai pris son moment de génie,
33:01 et je l'ai complètement tordu.
33:04 Moi, je devrais lui demander pardon.
33:06 Mais c'était quelque chose qui lui rendait hommage.
33:10 Non, non, oubliez-le.
33:12 Et donc, je raconte l'histoire, 40 ans plus tard, à l'Académie,
33:16 et il y a cette dame qui vient me voir après,
33:19 elle me dit, "Hello, Malcolm, je suis la veuve de Gene."
33:24 Je dis, "Oh, mon Dieu, il n'était pas du tout mécontent de vous,
33:28 il n'était pas en colère."
33:30 "Ben, c'était quoi ?"
33:31 "Non, non, non, il était en colère contre Stanley."
33:35 "Mais pourquoi ?"
33:36 "Parce qu'il ne l'a jamais payé."
33:41 "Ouais, bon, ça ressemble à Stanley, oui."
33:45 On rencontre rarement des acteurs possédant le génie de Malcolm.
33:49 La réussite de "Orange Métallique" lui doit tout,
33:52 sa candeur, sa finesse, son intelligence.
33:55 C'est Stanley qui parle de vous, Stanley Kubrick.
33:58 Eh bien, je suppose...
34:07 Écoutez, Stanley était un peu comme Lindsay.
34:10 Il ne disait jamais grand-chose.
34:14 En fait, ce qu'il a dit à la fin, c'est...
34:18 Quand on arrivait à la fin, il a dit,
34:21 "Bon, Malcolm, il va falloir que tu fasses
34:25 les RP, les relations publiques chez Johnny Carson et tout ça."
34:29 Je lui ai dit, "Ouais."
34:31 "Tu vas dire que je suis un génie."
34:35 "Ah, ouais ? Et qu'est-ce que tu vas dire de moi ?"
34:39 "Je vais dire que tu es un dingue."
34:42 "Je vais dire que tu es un très bon acteur."
34:45 "Génie ou très bon acteur ?"
34:48 "Il y a quelque chose entre les deux qui manque."
34:51 Incroyable aventure, Malcolm.
34:54 Vous allez tourner des films inoubliables, des trilogies,
34:57 évidemment avec Lindsay.
34:59 "Caligula", c'est une trahison absolue, ce film de Tim Thomas.
35:03 On n'en parlera pas, mais "C'était demain".
35:06 Quelle incroyable histoire que ce film, où vous jouez une scène
35:09 dans un restaurant, en haut d'une tour, à une comédienne
35:12 dont vous êtes follement amoureux et à qui vous allez dire,
35:14 juste avant de tourner la dernière scène d'amour,
35:16 "Je vous aime, je veux vous épouser."
35:19 C'est finalement la vie et le cinéma qui se rejoignent.
35:22 C'était le cas, oui.
35:29 Il ne faut jamais le faire, c'est la règle d'or.
35:33 Il ne faut jamais sauter la...
35:38 Il faut être très professionnel.
35:40 Malheureusement, j'étais complètement étonné
35:44 et amoureux de Mary Steenburgen
35:47 et de la belle femme,
35:50 mais aussi de son accent sud.
35:54 On avait une scène merveilleuse dans un restaurant.
35:59 On n'avait que trois heures pour la tourner.
36:02 C'était son deuxième film.
36:06 Je me suis dit,
36:09 "Je sais comment la faire sourire."
36:13 Je suis allé la voir, j'ai pris sa main,
36:16 je l'ai tiré dans un coin et je lui ai dit,
36:19 "La vérité, c'est que je suis amoureux de vous
36:22 et je vais vous épouser."
36:25 Je lui ai dit, "On est sur le plateau maintenant.
36:28 Action."
36:30 Elle était comme ça.
36:34 La vérité, c'est que c'est ce qui s'est passé.
36:38 Ça m'a pris un peu de temps
36:41 pour dénouer tous mes autres liens compliqués,
36:45 mais finalement, ça a bien tourné.
36:48 Nous avons deux merveilleux enfants de ce mariage.
36:51 - Quelle histoire d'aller tourner avec Robert Altman
36:54 dans de grands films.
36:56 Je pense à Eduardo Ponti, "Gangster No. 1".
36:59 Il a dit de vous, dans un documentaire,
37:02 que quand on dit "action", vos yeux changent de couleur.
37:05 Je reviens à l'idée du félin,
37:08 comme ça que vous appelle la cinémathèque française.
37:11 Il y a un instinct à être vrai pour vous,
37:15 quand vous jouez.
37:17 - Je ne sais pas pourquoi ça se produit.
37:22 Honnêtement, je pense que c'est peut-être...
37:25 Quand on dit "action",
37:29 il y a une énorme concentration
37:35 qui pénètre mon esprit et mon corps.
37:40 Ça touche... Comment dire ?
37:44 Cette concentration fait couler l'adrénaline.
37:48 Elle jaillit dans mon corps.
37:51 Et même sur les choses les plus petites, les plus minimes.
37:55 C'est pour ça que mes yeux deviennent plus vivants.
38:00 Je ne sais pas si ça le fait encore,
38:03 mais je suis vieux maintenant.
38:06 - James Cagney, c'était l'acteur
38:09 que vous admiriez par-dessus tout.
38:12 Au fond, votre modèle.
38:14 Qu'est-ce qui fait qu'on peut admirer un acteur ?
38:18 - Je ne sais pas.
38:21 Je vois un...
38:24 Je vois un compadre, un compagnon.
38:27 Je n'ai jamais rencontré ce gars.
38:30 Je ne l'ai jamais rencontré.
38:33 Mais j'adorais ce qu'il faisait.
38:36 Quand j'étais gamin, j'aimais Cagney.
38:39 Si Cagney arrivait à l'écran
38:42 avec Humphrey Bogart, Edward G. Robinson...
38:45 Non, je ne regardais que Cagney.
38:48 Pour moi, il était hypnotisant.
38:52 La façon dont il tirait ses répliques
38:55 à la mitraillette,
38:58 comme il jetait des choses à la face des actrices,
39:02 sa façon de bouger.
39:05 Je ne l'ai jamais copié.
39:08 J'étais inspiré par lui.
39:11 On ne peut pas copier ça.
39:14 C'est pas possible. Il était unique.
39:17 Personne ne peut s'approcher de Cagney.
39:20 C'est là que se trouvait ce mouvement extraordinaire.
39:24 C'est de sa danse, de son pas de danse.
39:27 Et ça se voyait.
39:30 Certains de ses grands rôles,
39:33 mais tous les grands films de gangster,
39:36 c'est comme s'il dansait à travers ses films.
39:39 Quand il descend l'escalier...
39:42 C'est comme une danse.
39:45 C'est chorégraphié extraordinairement.
39:48 Je l'aimais tellement.
39:51 Il était crédible.
39:54 Dans quoi que ce soit qu'il faisait,
39:57 on croyait à ce qu'il faisait.
40:00 Il avait une honnêteté.
40:03 Je l'aimais pour ça.
40:06 C'est pour ça que je l'aime.
40:09 Il était très drôle aussi.
40:12 Le Alex de Kubrick,
40:15 le Mike Travis...
40:18 Vous avez même joué un pédophile cannibale.
40:21 Vous jouez tout.
40:24 Mais au fond, avec la même passion à chaque fois.
40:27 Avec le même investissement.
40:30 On peut tout incarner, Malcolm McDowell.
40:33 Je suis un homme professionnel.
40:39 On ne fait pas de jugements moraux
40:42 sur les personnages que l'on joue.
40:45 Sans ça, on serait très ennuyeux.
40:48 Pire qu'ils sont,
40:51 plus c'est drôle,
40:54 plus le grand est le défi.
40:57 Celui-là, dans "Evelynka"...
41:00 Ma femme était enceinte à l'époque.
41:03 J'étais dans un état d'esprit.
41:06 "Est-ce que je peux faire ce film ?
41:09 Est-ce que je peux faire ce rôle ?"
41:12 C'était mon cher ami qui l'avait écrit,
41:15 qui le dirigeait,
41:18 qui le réalisait.
41:21 Il fallait que je le soutienne.
41:24 Et la solution m'est venue.
41:27 Il m'a donné ces enregistrements d'interviews
41:30 avec Ciccatello,
41:33 ce type qui a vraiment été réel,
41:36 qui a vraiment été réel.
41:39 Je me suis dit que je ne pouvais pas faire
41:42 une bio.
41:45 Je ne pouvais pas faire ça.
41:48 Il m'a dit de passer les bandes
41:51 et de passer les vidéos à la télé
41:54 pendant que je fais mes bagages.
41:57 Je les ai mises, je déballe mes bagages
42:00 et je regarde.
42:03 Je suis dans une cage,
42:06 devant le tribunal,
42:09 tenant ces barreaux et la caméra
42:12 qui fait un zoom avant
42:15 et quand elle est très très proche.
42:18 Je regarde ça
42:21 et j'ai eu un frisson.
42:24 Un frisson qui m'a
42:27 descendu les pines dorsales
42:30 et qui m'a fait penser
42:33 que c'était la première fois
42:36 que j'ai approché un rôle de cette manière.
42:39 Je l'ai fait physiquement d'abord.
42:42 La façon d'être,
42:45 la façon de me déplacer
42:48 comme une sorte de vieux vautour.
42:51 Je l'ai habité comme un costume
42:54 et quand on allait dîner
42:57 et quand on rigolait
43:00 et que j'entraînais des amis, c'était merveilleux.
43:03 Et les autres membres de l'équipe,
43:06 de la distribution,
43:09 c'était vraiment une façon de surmonter ce rôle
43:12 sans être épuisé sur le plan émotionnel.
43:15 Voici cette affiche qui rappelle vos débuts.
43:18 "The Lime Street" c'était à Liverpool.
43:21 Aujourd'hui c'est Hollywood.
43:24 Vous avez décidé de faire du cinéma
43:27 et aujourd'hui le Malcolm qui est là.
43:30 Vous êtes heureux, Malcolm McDowell ?
43:33 Comment ne pas être heureux ?
43:36 J'ai eu une vie bénie, une carrière superbe.
43:39 Le moment le plus extraordinaire.
43:42 J'ai tellement de chance.
43:45 J'ai 75 ans.
43:48 Je tourne un film dans le Kentucky.
43:51 Je suis un film-féminin.
43:54 Je suis un film-féminin.
43:57 Je suis un film-féminin.
44:00 Je suis un film-féminin.
44:03 Je suis un film-féminin.
44:06 Je suis un film-féminin.
44:09 Je suis un film-féminin.
44:12 Je suis un film-féminin.
44:15 Je suis un film-féminin.
44:18 Merci en tous les cas.
44:21 Malcolm McDowell, hommage à l'un des plus grands acteurs de ce temps.
44:24 L'un de ceux qui nous électrisent.
44:27 Pas seulement par ce petit sourire ni ce regard.
44:30 Malcolm, on voulait vous le dire. On vous aime.
44:33 Merci Malcolm McDowell.
44:36 Merci.
44:37 Sous-titrage ST' 501
44:40 *Musique*

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