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"Si je fais de la musique en français, je ne vais pas essayer de faire comme les Français. Je vais le faire à ma façon." Chilly Gonzales est pianiste et compositeur. Pour neo, il revient sur sa carrière et son album "French Kiss."

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Transcript
00:00 Des fois, j'ai l'impression d'être un plombier musical
00:02 parce que je suis là pour déboucher à un accord ou deux
00:05 et juste faire un petit détail.
00:06 Coucou, c'est Chilly Gonzales.
00:08 Je suis entertainer, clavier conquistador,
00:11 le pianiste que les pianistes adorent.
00:13 Et pour Néo, je vais parler de mon album French Kiss
00:16 et tout ce qui est culture franchouillard
00:18 et quelques moments de ma carrière.
00:20 Moi, j'avais un fantasme de venir à Paris,
00:22 de devenir pianiste.
00:24 Évidemment, quand on s'affronte à un fantasme,
00:26 il y a souvent une réalité qui se cache derrière,
00:28 mais j'avais vraiment l'impression d'arriver à la cour royale
00:31 avec des codes de conduite, de diplomatie,
00:34 comment être séducteur que je ne maîtrisais pas.
00:37 Je me suis installé à un studio qui s'appelle Studio Ferber
00:40 et j'ai commencé à être arrangeur
00:42 pour des grands, grands chansonniers-paroliers français,
00:45 dont Charles Aznavour, François Zardy,
00:47 Jane Birkin, Philippe Catherine.
00:50 Et là, j'ai observé que j'étais vraiment là,
00:52 au cour royal avec la reine Jane Birkin
00:55 et moi en tant que petit courtesan musical.
00:58 En étant Canadien, je suis capable de m'adapter à la France, à Séville,
01:02 parce que la France, c'est comme un ombre qui est dessus notre pays.
01:06 La France, pour nous, c'est comme un père sévère et distant
01:09 et on a envie, franchement, d'avoir la validation de la France.
01:14 J'ai envie de vous, Pierre.
01:15 Finalement, je me suis dit, si je fais de la musique en français,
01:18 je ne vais pas essayer de faire comme les Français,
01:20 je vais le faire à ma façon.
01:21 C'est pour ça que je dis, je vous "frenchkiss"
01:24 avec ma langue française.
01:26 Le clip de "Frenchkiss" contient des deepfakes,
01:28 où il y a Macron, Le Pen, Biolay, Henri Lévy.
01:32 Je vous "frenchkiss"
01:34 avec la langue de Molière.
01:36 Ça vous excite.
01:37 Qui ont l'impression qu'ils rappent mes paroles,
01:40 mais on a rajouté une deuxième couche,
01:42 qui est le "freaking".
01:43 Le "freaking", c'est quand il y a mon visage
01:46 qui envahit le visage de l'autre.
01:48 Je vous "frenchkiss"
01:51 avec ma langue française.
01:53 Pour les featurings,
01:55 ça vient toujours d'un chimie personnel
01:58 ou le début d'une amitié.
01:59 On rencontre quelqu'un,
02:01 on admire leur travail,
02:02 mais surtout, on passe un petit moment ensemble.
02:04 C'est le cas avec des très anciens copains,
02:07 comme Teki Latex,
02:08 notre collaboration date de 20 ans,
02:10 ou Bonny Banane, que je viens de rencontrer il y a un an.
02:12 Juliette Armanet, j'ai dit que
02:14 "Demande à Juliette Armanet,
02:16 je suis le Giorgio Armani des harmonies."
02:19 Après que j'ai écrit ce texte,
02:21 pourquoi ne pas l'inviter à chanter sur le même morceau ?
02:24 Et ça s'est fait comme ça.
02:25 Et finalement, on s'est retrouvés à voir
02:27 le début d'une amitié, comme avec les autres.
02:29 Et donc, elle a rejoint la famille musicale très vite.
02:32 J'ai l'impression que tous les gens
02:33 qui font le featuring sur l'album "French Kiss",
02:36 ce sont des "underdogs".
02:37 Ce sont des gens qui sont renommés dans leur monde, chacun,
02:40 mais toujours un peu sous-estimés, je dirais.
02:42 French Touch, c'est un peu synonyme avec Daft Punk,
02:44 qui m'ont confié à peu près une minute de solo piano
02:47 sur leur album "Random Access Memories".
02:50 ♪ Piano ♪
02:56 Mais il y a aussi "Monsieur Oiseau", par exemple,
02:58 qui est un titre français magnifique, cute, dick.
03:01 J'ai repris ce morceau parce que j'entends dans le French Touch
03:04 toujours ce côté funky, disco.
03:06 J'ai envie de le rendre en version acoustique.
03:08 ♪ Piano ♪
03:16 Des fois, j'ai l'impression d'être un plombier musical,
03:19 parce que je suis là pour déboucher à un accord ou deux
03:21 et juste faire un petit détail.
03:23 Mais je ne suis pas là à leur donner des idées pour des morceaux,
03:26 comment ils vont s'habiller sur scène, manière conceptuelle, non.
03:29 Mais quand je compose pour moi-même, je pense à tout.
03:32 Est-ce que je vais porter quelle chaîne d'or, moustache ou non ?
03:35 Est-ce que la mèche tombe là ou est-ce que la mèche tombe là ?
03:38 C'est ça, composer pour soi-même.
03:39 Pour les autres, on est uniquement un invité dans leur univers.
03:42 En 2009, j'ai battu le record pour le concert solo le plus long.
03:47 C'était 27 heures et 12 minutes.
03:49 Je l'ai fait pour montrer que d'être musicien et d'être entertainer,
03:52 surtout, il y a un côté compétition, concurrence.
03:55 C'est très important qu'on soit levé au plus haut sommet de nos efforts
04:00 par le challenge.
04:01 J'avais soif de reconnaissance à cette époque-là.
04:04 Là, j'ai l'impression que ce serait plutôt le concert le plus court.
04:08 Peut-être 2,7 secondes.
04:10 Ce serait le prochain record que je vais battre,
04:12 parce que là, je n'ai plus trop envie d'être reconnu.
04:15 Donc, deux secondes, ça me suffit.
04:17 Je crois que le rap, c'est la seule façon de ne pas choisir
04:20 entre l'art et le commerce.
04:22 Je me suis dit que si je reviens à rapper,
04:24 peut-être qu'il faut que j'aie un truc qui me libère
04:27 du piège d'être un rappeur blanc qui a 51 ans.
04:31 Je me suis dit, si j'arrive à écrire dans une autre langue,
04:34 même s'il y a plus de contraintes,
04:35 bizarrement, ça pourrait me libérer.
04:37 !

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