• l’année dernière
Près de 30 ans après la sortie de son tube "Birima", la légende du mbalax Youssou Ndour en fait le sujet de son tout premier conte musical. Mêlant chant, théâtre et danse, "Birima" raconte l’histoire du roi Birima Ngoné Latyr Fall qui régna de 1855 à 1859 au Cayor, un royaume précolonial situé à l’ouest de l’actuel Sénégal. Ce souverain aimé de tous ses sujets, qui le surnommèrent "Borom mbaboor mi" (le porteur d’allégresse), est encore célébré aujourd'hui au pays de la Teranga. Entrepreneur à succès, l'artiste de renommée internationale nous parle aussi de sa fondation, la Fondation Youssou Ndour pour les industries culturelles et créatives, qui ambitionne notamment de donner des opportunités professionnelles à 100 000 jeunes.
Un grand merci à Michelle Makaroff, Michelle Lahana et Emmanuelle Chanlat.Remerciements également au Théâtre du Châtelet pour leur accueil chaleureux.

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News
Transcription
00:00 Bonjour à tous, ravie de vous retrouver pour ce numéro très spécial d'Afrique Hebdo,
00:07 car nous avons le plaisir de recevoir Youssou N'Dour.
00:09 Bonjour.
00:10 Bonjour.
00:11 Merci d'être avec nous.
00:12 Merci, c'est avec plaisir.
00:13 On se retrouve ici sur la terrasse du Théâtre du Châtelet,
00:17 où sont données les toutes premières représentations de votre conte musical Birima.
00:21 Quelle est l'histoire que vous racontez avec ce conte musical ?
00:24 C'est un nouveau show.
00:26 C'est un nouveau show inspiré de la grande soirée que Birima organisait, c'est le 1859.
00:33 Le roi Birima qui régnait dans le Kadior et qui organisait une sortie par an.
00:41 Et donc un nouveau spectacle construit autour de cette soirée-là de Birima,
00:48 avec effectivement des chansons classiques.
00:51 Il y a par exemple le cultivateur qui est avec le berger, ils ont un problème.
00:55 Et moi j'ai écrit une chanson pour les cultivateurs,
00:58 j'ai aussi une chanson pour les bergers.
01:01 Donc vous voyez, c'est comme ça qu'on a retenu les chansons qu'on interprète dans le conte.
01:08 On va regarder à quoi ça ressemble et on en reparle juste après.
01:11 C'est un reportage réalisé avec Armel Co, Valentin Erba et Elodie Radnac.
01:17 * Extrait de « Birima » de Birima *
01:27 Les paroles de Birima résonnent sur la scène du célèbre théâtre du Châtelet.
01:32 Le conte musical revisite les tubes du Rossignol de Dakar
01:36 et l'histoire du souverain Birima N'Gonela Tirfal
01:39 qui régnait de 1855 à 1859 au Kadior,
01:44 un royaume précolonial situé à l'ouest de l'actuel Sénégal.
01:49 On a travaillé déjà avec une bonne base, c'est la discographie de Yusundur
01:56 et le morceau « Birima » qui est très très connu.
01:59 Et donc il fallait trouver un fil conducteur
02:04 et après trouver une base par rapport à l'histoire
02:10 et essayer de créer un fil rouge en fait de narration.
02:14 Le spectacle mêle chant, théâtre et danse.
02:18 Maguette Gueye s'est inspirée des archives nationales
02:21 pour créer des tenues qui allient coupe moderne et tissu traditionnel.
02:25 En faisant les costumes, je voulais bien ajouter la petite touche de modernité qu'il faut
02:31 tout en restant dans l'époque de Birima.
02:34 Donc ce qui était surtout important c'était d'utiliser des matières du Sénégal,
02:38 de faire travailler les artisans.
02:40 Tous les tissus ont été teints par les artisans,
02:42 il y en a qui ont été tissés à la main.
02:45 Il fallait représenter les couleurs, la chaleur du Sénégal et de l'Afrique.
02:50 « Je suis le témoin de l'histoire. »
02:56 Un conte musical coloré qui permet de transmettre des valeurs.
03:02 « Le conte c'est aussi un moyen d'éduquer.
03:05 Alors les enfants bien sûr, mais aussi les adultes.
03:10 Et l'éducation elle passe par entendre, écouter et entendre. »
03:16 Écouter et entendre, une invitation notamment au public français
03:20 à découvrir un pan de l'histoire du Sénégal.
03:24 « Près de 50 ans de carrière, une trentaine d'albums à votre actif.
03:31 Vous avez aussi fait de la politique et vous êtes un entrepreneur à succès.
03:35 Est-ce qu'avec Birima, vous écrivez un nouveau chapitre de votre carrière internationale ?
03:39 Est-ce que vous aviez besoin d'un nouveau challenge ? »
03:41 « Oui, c'est une nouveauté.
03:43 Nous avons conçu, je dis nous parce que j'ai conçu ce spectacle avec Papou Margom.
03:48 Et Madjaou qui est... »
03:49 « Qui est notamment connue pour sa contribution à Kirikou. »
03:51 « Voilà, à Kirikou on a eu à travailler,
03:54 toujours dans les films c'est avec Papou Margom que je travaille.
03:57 Nous travaillons aussi avec Madjaou qui est le metteur en scène.
04:01 Effectivement c'est une nouveauté.
04:03 Vous savez quand on cherche toujours de l'inspiration
04:08 ou à écrire des choses, présenter de la nouveauté,
04:11 c'est comme un nouvel album pour moi.
04:13 C'est un nouveau spectacle que je présente effectivement,
04:16 qui peut aller très loin, qui peut aller parcourir le monde et tout. »
04:20 « Justement il est prévu qu'on le retrouve sur d'autres scènes du monde,
04:23 à Broadway, sur la West End de Londres,
04:25 dans les grandes villes d'Afrique, je pense, Dakar, Lagos ? »
04:28 « Ah si, on nous invite.
04:29 Mais bon, on est 50 personnes quand même,
04:31 c'est un truc énorme. »
04:33 « Il faut un grand théâtre. »
04:34 « Voilà, c'est les grands théâtres, mais avec plaisir, c'est l'objectif. »
04:37 « On l'espère.
04:39 Et quel est le message que vous souhaitez faire passer
04:41 avec votre compte musical Birima ? »
04:44 « Vous savez, on vit dans un monde aujourd'hui très très très très speed.
04:51 Les jeunes et autres ont besoin aussi de connaître l'histoire,
04:56 parce que le compte a toujours été la base
05:00 pour donner des valeurs à notre éducation, à notre génération et tout.
05:04 Et nous pensons aujourd'hui, avec tout ce qui se passe,
05:07 il faut mettre sur la table aussi ce qui se faisait avant
05:12 pour que les jeunes aient des repères.
05:15 Ça leur permet de mieux comprendre le monde d'aujourd'hui et le monde d'avant.
05:21 Et avant la colonisation, nous fonctionnions autrement.
05:28 Et je pense que les jeunes ont besoin de connaître cela. »
05:31 « Mieux connaître le passé aussi pour inspirer le présent et l'avenir ? »
05:35 « Oui, je ne suis pas en train de dire que le passé est meilleur et tout.
05:39 Je pense qu'aujourd'hui, il faut présenter cela
05:43 pour que ces jeunes-là se disent que « ok, ça c'est mon histoire,
05:47 ça peut me servir, j'ai bien compris cela, je peux vibrer »
05:52 et je pense que c'est important. »
05:54 « Et il y a aussi le cadeau, la parole donnée et à respecter ? »
05:58 « Oui, Birame avait une parole.
06:03 La parole raisonnait chaque année,
06:09 mais aussi tenait ses promesses et doit tenir ses promesses.
06:14 Le cadeau est très important.
06:18 Dans les temps actuels, tous les conflits qu'on a,
06:21 c'est des problèmes de respect de sa parole,
06:25 des problèmes de communication qu'il y a.
06:26 Je pense que c'est important de ressortir cela
06:29 et de le mettre là pour que les gens sachent
06:33 que la parole donnée, c'est une chose sacrée. »
06:36 « Le roi Birima, qui était aimé de tous ces sujets,
06:39 au point qu'il le surnommait le porteur d'allégresse,
06:41 Borom Baburmi, vous excuserez ma prononciation. »
06:45 « C'est joli et c'est incroyable parce que l'histoire de ma chanson Birima est née
06:52 par une grande cantatrice sénégalaise, Ndaembae Ginma Ginma,
06:55 qui était dans mon studio en train d'enregistrer une chanson pour Birima.
06:59 Et moi, j'ai trouvé l'inspiration de mettre dans sa chanson le refrain.
07:05 Après, c'est devenu une chanson.
07:07 C'est ça mon lien avec l'histoire de Birima. »
07:11 « Le conte musical présenté aujourd'hui.
07:13 Est-ce qu'il y a aussi un message aux personnalités politiques
07:16 qui s'accrochent au pouvoir ou qui briquent des troisièmes mandats
07:19 sur le continent africain ? »
07:20 « Il y a une scène, effectivement, quand on a fait le spectacle,
07:25 on ne pensait pas à ça. »
07:26 « Vous l'avez créé en plein confinement quand la crise du coronavirus a commencé. »
07:30 « C'est là où on a écrit le spectacle.
07:32 Mais il y a une scène dans le spectacle où, effectivement,
07:36 il y a une lutte pour essayer de garder le pouvoir.
07:38 Et c'est très intéressant. Je ne vais pas interpréter ici. »
07:42 « On ne va pas tout dévoiler. »
07:43 « Il faut regarder. »
07:45 « Une bonne partie de Birima est jouée en Wolof.
07:48 C'était important pour vous de créer ce spectacle en Wolof, justement ? »
07:51 « Parce que c'était en Wolof.
07:53 C'était en Wolof, les gens utilisent cette langue-là depuis très, très longtemps.
07:59 Et nous avons pensé qu'il faut rester original,
08:03 même si nous avons fait beaucoup d'efforts pour essayer de faire comprendre
08:06 au public qui vient voir le Comte musical, de comprendre ce qui se passe. »
08:11 « C'est aussi l'occasion pour les publics français et européens,
08:14 on l'espère, internationaux, de découvrir un chapitre de l'histoire du Sénégal ? »
08:19 « Oui, je pense que c'est important que les gens sachent qu'avant la colonisation,
08:24 on avait des modes de fonctionnement dans nos pays.
08:27 Et je pense que voilà, présenter cela aussi à l'extérieur
08:32 pour comprendre que vous avez des rois, vous avez eu des rois.
08:35 On a eu des rois aussi.
08:37 Je pense qu'il y a énormément de messages qui peuvent parler aux Occidentaux. »
08:41 « Vous avez aussi lancé récemment votre fondation,
08:44 la Fondation Youssou N'Dour pour les industries culturelles et créatives.
08:47 Quels sont vos objectifs ? »
08:49 « L'objectif, c'est d'abord d'essayer d'amener une réponse à la grande question de l'emploi.
08:56 La grande question de l'emploi en Afrique, on a besoin vraiment de créer des emplois.
09:00 Et moi, j'ai vu que dans le secteur de la culture, des industries culturelles créatives,
09:06 il y a beaucoup de possibilités de créer des emplois
09:09 parce que c'est un secteur où il y a des chaînes,
09:13 beaucoup de sous-métiers qui dépendent des uns des autres.
09:16 Et ça, c'est la première réponse.
09:19 La deuxième réponse, c'est aussi qu'on puisse avoir nos produits un peu partout,
09:24 distribués un peu partout dans le monde
09:26 pour avoir la possibilité de nos artisans, de nos artistes, de nos créateurs
09:33 aussi de gagner bien leur vie.
09:35 Nous pensons que c'est un secteur qui peut amener une réponse
09:41 sur le manque d'emploi qu'il y a aujourd'hui en Afrique. »
09:43 « Vous ambitionnez d'ailleurs de donner des opportunités professionnelles
09:46 à 100 000 jeunes du continent ? »
09:48 « Oui, parce que d'abord, il faut les former.
09:51 La formation, elle est très importante.
09:53 Donc, créer des niches de formation qui permettent à ces jeunes-là d'être prêts,
09:58 de comprendre que les industries culturelles et créatives,
10:01 c'est un travail de chaîne et qu'après,
10:06 ces jeunes-là sont préparés pour être dans le marché du travail. »
10:11 « Quels sont les besoins et les priorités, justement,
10:14 pour renforcer les industries créatives sur le continent africain ? »
10:17 « Je pense qu'il y a le côté juridique parce que quelqu'un qui crée,
10:21 qui a trouvé une idée doit être encadré juridiquement. »
10:27 « Protéger les droits d'auteur. »
10:29 « Protéger les droits d'auteur et tout.
10:30 Le permettre aussi de vendre cela parce que créer quelque chose,
10:34 être dans un village en Afrique, créer quelque chose qui se vend au Japon
10:37 à un prix exorbitant et que vous, vous recevez que des miettes,
10:42 ce sont aussi ces questions-là qu'il faut répler au départ.
10:46 Et après, que tout le monde ait la possibilité de présenter
10:50 ou de travailler en chaîne pour que les industries culturelles
10:53 rapportent aux acteurs, aux créateurs. »
10:56 « Et toutes les filières, tous les arts sont représentés,
10:59 ça va même jusqu'à la gastronomie, le design ou encore la mode et l'édition ? »
11:03 « Le ciel est la limite. »
11:06 « Super ! »
11:07 « Génial ! Et vous misez aussi sur les partenariats entre l'Afrique et l'Europe ? »
11:12 « Oui, je pense que ce partenariat doit être gagnant-gagnant.
11:18 Et effectivement, nous voulons faire des plaidoyers,
11:22 expliquer bien que ce secteur-là a besoin de financement,
11:25 ce secteur-là a besoin d'appui.
11:28 Et je pense qu'en Europe, nous rencontrons déjà beaucoup de gens qui nous écoutent. »
11:33 « Merci, Yusundur, d'avoir été notre invité. »
11:36 « Merci beaucoup, c'est moi. »
11:37 « Et si je peux me le permettre,
11:39 est-ce que je peux vous demander de terminer en musique
11:41 et de nous interpréter un extrait de Birima a cappella ? »
11:44 « Oh Birima, Fumuyendu mayendu fayendo nane. »
11:52 « Oh Birima, Fumuyendu mayendu fayendo nane. »
12:02 « Merci, c'était un plaisir. »
12:03 « C'est moi. Merci, Afrikendo. »
12:07 « Merci, merci à vous de nous avoir suivis. À très vite sur France 24. »
12:11 ...

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