Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter
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AmusantTranscription
00:00 - Non, on n'est pas d'accord, on lui donnait de moitié de l'heure aussi !
00:02 - Mais...
00:02 - Non, on n'est pas d'accord parce que...
00:04 Il n'aurait pas fait ce film comme ça !
00:06 - Non, le n'a pas du tout !
00:08 Moi, je suis belge, donc un procès qui ne traite ni de pédophilie, ni de vol de finale de Coupe du Monde,
00:12 ça ne m'intéresse pas !
00:14 Il n'y a pas de lien entre les deux, cela dit.
00:16 Quoique, si on arrêtait de traumatiser nos espoirs, il deviendrait peut-être de grand champion un jour.
00:20 Mais soit !
00:21 Cédric Caine, donc votre dernier film, porte sur Pierre Goldman, on l'a dit, joué par vous,
00:24 Harry et Vortelter, dans un procès pour braquage qui dévria la chronique dans les années 70.
00:30 Bon, je préfère prévenir les auditeurs, ça parle extrême gauche contre extrême droite,
00:34 jeunesse en quête de sens, antisémitisme...
00:36 Ah, c'est une autre époque, quoi !
00:38 - Le flic raciste, et quoi, Cédric, on fait de la science-fiction, maintenant ?
00:43 - Non, malheureusement, à part l'école de la tarte, peu de choses ont changé en 50 ans.
00:47 De toute façon, quand un film est inspiré de faits réels, c'est rarement sur des faits réjouissants.
00:51 Beaucoup de films sur la Shoah, très peu sur la seule fois où j'ai réussi un créneau du premier coup.
00:56 Alors que dans les deux cas, il y en a encore qui osent dire que c'est jamais arrivé.
01:01 Mais le monde que décrit votre film, Cédric, est encore bien réel,
01:04 et c'est déprimant que la société soit encore et toujours séparée en deux.
01:07 Moi, je veux une société non-binaire, OK ?
01:09 Je veux que mes petits-enfants puissent un jour dire que la société, elle est pas pourrie.
01:12 La société, y'est, elle est pourrie, au moins ça.
01:15 Deuxième avertissement pour les auditeurs, si vous voulez savoir si Pierre Goldman est acquitté,
01:19 vous allez sur Google, vous faites pas chier.
01:21 Ce qui est fascinant ici, c'est pas vraiment le verdict, c'est le déroulé du procès.
01:26 En regardant le film, on est plus spectateur, on devient juré.
01:29 Très bon coup marketing, ça Cédric.
01:31 Je rappelle que le juré est un devoir civique,
01:33 donc si vous voulez pas aller voir le film en salle, il va falloir trouver une bonne excuse, messieurs-dames.
01:37 En vrai, vu le peu de gens qui vont encore voir des films français au cinéma,
01:40 ça va peut-être devenir un devoir citoyen, de soutenir la culture.
01:42 Tu reçois ta convocation dans un boiteau-lettres, "Oh putain, quoi, t'es un cesseur ?
01:45 Non, pire, je dois aller voir Les Bronzés 3."
01:47 Mais pour le procès Goldman, pas d'excuses.
01:50 Donc, l'espace de deux heures, on est tous des jurés.
01:53 Les seuls à être dispensés sont les personnes qui ne pourraient garantir l'impartialité.
01:56 Par exemple, les membres de la famille Goldman sont donc écartés,
01:59 les gens ayant chanté "J'irai où tu iras" et "Là-bas".
02:02 Donc, à moins d'être un chanteur discret, visiblement obsédé par le sens de l'orientation,
02:06 vous assisterez au procès.
02:08 Pour un procès Goldman, soyez attentifs au débat.
02:11 On le voit dans le film,
02:15 un procès se joue à qui sera le plus convaincant.
02:18 Dans n'importe quel domaine, quelqu'un qui a le sens de la formule peut changer des vies.
02:21 À combien on trouvait l'espoir ? Grâce au "I have a dream" de Martin Luther King.
02:24 Ou du diabète, grâce à "Venez comme vous voulez" de McDonald's.
02:27 "Venez comme vous voulez", certes, mais enfin, si tu viens comme tu veux tous les jours,
02:30 tu repars avec un pied en moins.
02:33 La maîtrise de la parole est une impuissance,
02:36 ce qui m'amène à mon troisième avertissement.
02:38 Le Pierre Goldman, il parle bien, mais le Pierre Goldman, il le sait.
02:41 Ça, c'est quand même typique des révolutionnaires anti-système.
02:44 Ils ont de bonnes idées, mais ils s'écoutent parler.
02:47 Vous vous incarnez à merveille, Arié.
02:49 Ce que je veux dire, c'est que Pierre Goldman, en 2023, il aura un podcast.
02:52 C'est sûr et ça fait un hologramme.
02:54 Franchement, lui-même, il le reconnaît, il est décevant.
02:56 Le mec avait plein d'idéaux, mais il termine braqueur.
02:58 Il y a une différence entre le révolutionnaire que tu veux être et celui que tu deviens.
03:01 Moi, je sais ce que c'est.
03:03 Je ne suis pas la chroniqueuse que je rêvais d'être, vous savez.
03:06 Je pensais prouver au monde que blaguer, c'est philosopher en langage parlé.
03:09 Et puis en pratique, je suis quand même beaucoup de blague de cul.
03:12 Le jour, le jour, c'est philosophe, l'usage va peut-être pas s'emballer.
03:15 C'était peut-être la Grèce antique, mais enfin, je doute que Platon et Socrate parlaient autant de sodomie.
03:19 Ce que j'aime bien avec Pierre Goldman, par contre, c'est qu'il ne se cherche pas à l'excuse.
03:23 Il veut convaincre le juré sur les faits.
03:25 C'est rare, sachant qu'aujourd'hui, rien que pour gagner de voix,
03:27 le candidat doit expliquer à Mika qu'il a grandi dans un orphelinat.
03:30 Il fait un chant, je ne vois pas le rapport.
03:32 Et moi, vous savez, si je parle autant le cul, c'est parce que quand j'étais enfant...
03:36 Non, je n'ai pas l'excuse.
03:38 Pour finir, je m'inséparais de Pierre Goldman quand il dit que s'il est innocent, c'est parce qu'il est innocent.
03:43 Si moi, je fais des blagues de cul, c'est parce que c'est marrant.
03:46 Lisa Delmoitié !
03:49 On retrouve Lisa Delmoitié sur scène le 17 octobre à la Nouvelle Seine.