Le gouvernement annonce son plan de lutte contre le harcèlement scolaire

  • l’année dernière

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Les auditeurs sont invités à réagir, par téléphone ou via les réseaux sociaux aux grandes thématiques développées dans l'émission du jour. Aujourd’hui, le plan de lutte contre le harcèlement scolaire annoncé par le gouvernement.

Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
Transcript
00:00 Pascal Praud sur Europe 1.
00:02 On va parler du harcèlement,
00:04 exceptionnellement, parce que c'est un sujet
00:06 quasiment
00:08 dont on parle tous les jours depuis la rentrée.
00:10 Nous sommes avec
00:12 Stéphane peut-être ? Stéphanie.
00:14 Bonjour Stéphanie. - Bonjour Pascal.
00:16 - Et merci d'être
00:18 avec nous parce que
00:20 on a quand même le sentiment qu'on a plus fait
00:22 en un mois que
00:24 dans toute l'histoire
00:26 de l'éducation nationale
00:28 c'est du harcèlement et on peut saluer
00:30 le travail de Gabrielle Attal.
00:32 - Oui, là-dessus je suis d'accord.
00:34 - Et vous-même, vous souhaitiez,
00:36 vous êtes assistante
00:38 maternelle ? - Assistante maternelle, oui.
00:40 - Et vous souhaitiez témoigner ?
00:42 - Oui, parce que nous,
00:44 ma fille, elle a subi aussi un harcèlement
00:46 au collège pendant
00:48 deux ans.
00:50 Et ça a été
00:52 la descente aux enfers.
00:54 Ça a été, le score,
00:56 son corps est complètement scarifié de partout.
00:58 Il y a eu au moins plus de 200
01:00 scarifications sur tout son corps.
01:02 Au mois d'avril,
01:04 ça a été trois tentatives de suicide.
01:06 On a fini aux urgences.
01:08 Donc, je me dis
01:10 il va être temps de faire quelque chose
01:12 de concret, vraiment.
01:14 De concret que ça soit plus...
01:16 Comment dire ?
01:18 On en parle et puis il ne se passe rien derrière.
01:20 Parce que nous, notre affaire a été classée sans suite.
01:22 Elle a été classée parce que les élèves ont été
01:24 punis. Ils n'ont pas été exclus du collège.
01:26 On sait qu'ils n'ont pas été punis ni rien du tout.
01:28 - Alors les choses ont changé forcément. Ça s'est passé quand ?
01:30 - C'était en
01:32 2021. Ça a commencé en 2020.
01:34 - Donc les choses, évidemment, il y a avant et après
01:36 la période qu'on est en train de vivre. Je rappelle
01:38 que le gouvernement annonce aujourd'hui son plan
01:40 interministériel pour lutter contre le
01:42 harcèlement scolaire. Votre fille avait quel âge ?
01:44 - Eh bien, ça a commencé
01:46 elle avait 12 ans. - 12 ans.
01:48 Aujourd'hui, elle a quel âge ?
01:50 - Elle a 15 ans et demi. - Bon. Aujourd'hui, le harcèlement
01:52 a cessé.
01:54 - Il a cessé parce qu'on l'a changé d'établissement.
01:56 On a été obligés de l'enlever
01:58 de son établissement pour que ça s'arrête.
02:00 Mais on a eu tout
02:02 en fait, tout s'est déclenché
02:04 là surtout en 3ème.
02:06 4ème ça a été à peu près. Et là,
02:08 pendant son année de 3ème, ça a été la
02:10 descente au enfer.
02:12 - Mais maintenant, parce que vous nous inquiétez
02:14 évidemment lorsque vous dites que votre fille
02:16 a fait des tentatives de suicide ?
02:18 - Oui. On l'a retrouvée nous dans sa chambre
02:20 les bras en sang, les bras
02:22 tenaillés partout, les veines aussi.
02:24 Donc il a fallu partir aux urgences
02:26 pédiatriques tout de suite. C'est en sortant
02:28 de sa psychologue, elle dit "vous partez tout de suite aux urgences
02:30 parce qu'elle ne se passera pas la nuit".
02:32 C'est la hantise de se dire quand on va se coucher, est-ce qu'elle
02:34 est encore en vie ou pas ? - Mais aujourd'hui
02:36 comment va-t-elle ?
02:38 - Ça va.
02:40 Ça va, on en a parlé hier
02:42 justement des nouvelles conditions
02:44 et elle s'est effondrée. Elle s'est complètement effondrée à la table.
02:46 Elle dit "mais moi j'ai pas..."
02:48 Elle revient mais elle dit "c'est trop tard".
02:50 Elle dit "pour moi c'est trop tard".
02:52 - Elle n'a pas envie d'être jamais trop tard.
02:54 Elle a 15 ans, la vie n'est pas finie.
02:56 Il faut sans doute transmettre
02:58 à Stéphanie
03:00 et j'imagine c'est ce que vous faites en permanence
03:02 des messages positifs et sans doute
03:04 est-elle aidée par des professionnels
03:06 qui l'accompagnent. - Oui aussi.
03:08 Mais elle dit "en fait je n'ai pas voulu relancer
03:10 l'affaire" ce qu'on a dit quand on a su qu'elle était classée.
03:12 On peut relancer. Elle m'a dit
03:14 non et aujourd'hui elle dit "j'ai regrette, j'aurais
03:16 voulu qu'on relance et qu'il soit puni" parce qu'elle dit "moi
03:18 je suis punie, j'ai tout perdu"
03:20 et eux finalement ils ont continué leur vie tranquille.
03:22 - Elle n'a pas tout perdu Stéphanie.
03:24 - Oui, elle a perdu ses amis qui se sont
03:26 détournés d'elle, elle a perdu un
03:28 établissement où elle était bien et il a
03:30 fallu qu'elle se reconstruise. Elle se reconstruit encore
03:32 aujourd'hui. Donc là il y a
03:34 encore une semaine et c'est ce qui arrive à nouveau.
03:36 - J'entends bien mais
03:38 d'abord c'est très
03:40 dur ce qu'elle a subi
03:42 bien évidemment mais
03:44 quand elle dit "j'ai tout perdu"
03:46 évidemment même
03:48 si elle le pense, j'ai envie de
03:50 tout faire pour qu'elle ne le pense plus et qu'elle
03:52 retrouve une énergie positive
03:54 et j'imagine que c'est ce que vous faites en permanence.
03:56 Est-ce que vous avez une idée pour
03:58 quelle raison elle était harcelée ?
04:00 - Alors
04:02 elle nous l'a jamais dit, on ne l'a jamais su parce qu'on n'a jamais
04:04 rencontré. Moi et mon mari
04:06 nous sommes persuadés que c'est parce que
04:08 voilà, elle est lesbienne et
04:10 est-ce que les élèves le savaient, l'avaient
04:12 détecté, je ne sais pas. Mais on n'a
04:14 jamais eu de réponse en fait, on n'a jamais rien
04:16 su parce qu'on n'a jamais été convoqué
04:18 - Oui parce que l'époque était différente
04:20 l'époque était différente et qu'aujourd'hui
04:22 bien sûr
04:24 son cas serait pris d'une manière
04:26 différente. Stéphanie je vous propose
04:28 de marquer une première pause
04:30 à 11h11, vous êtes sur
04:32 Europe 1, nous sommes avec Géraldine
04:34 comme nous le sommes chaque matin, vous allez bien Géraldine ? - Très bien.
04:36 - C'est un sujet évidemment qui nous passionne
04:38 - Très sensible - Bien sûr
04:40 - Mais il faut se mettre dans la tête de
04:42 sa fille, adolescente
04:44 c'est le moment où on se construit, donc forcément pour elle
04:46 tout est
04:48 caché. - On écoutera Virginie Lanlot
04:50 qui est députée de la Renaissance, qui avec
04:52 beaucoup d'émotion hier a parlé à l'Assemblée
04:54 Nationale de son cas personnel. On écoutera
04:56 Gabriel Attal et on écoutera Marcel Ruffaut
04:58 qui est le pédopsychiatre que vous connaissez. A tout de suite.
05:00 - Vous écoutez Europe 1. - Pascal
05:02 Prou et vous. - Pascal Prou avec vous
05:04 jusqu'à 13h, vous réagissez au 0
05:06 1 80 20 39 21 et on revient
05:08 sur le harcèlement scolaire, Pascal.
05:10 - C'est vrai que les témoignages que nous entendons
05:12 depuis plusieurs jours ont une
05:14 très grande force parce que c'est la vie
05:16 c'est de l'émotion, c'est de la souffrance
05:18 que ce soit
05:20 pour le harceler ou pour
05:22 les parents du harceler. C'est le cas
05:24 avec Stéphanie. Avant ça, je voudrais quand même vous dire
05:26 que le nombre d'avortements
05:28 est à son plus haut depuis 30 ans
05:30 c'était en 1990
05:32 et que je relance
05:34 les auditeurs parce que
05:36 notre ami Olivier Guenec
05:38 qui est en contact avec les
05:40 auditeurs me dit une chose très intéressante
05:42 beaucoup de femmes
05:44 rechignent à témoigner
05:46 et je les comprends, je les comprends
05:48 c'est délicat de témoigner
05:50 sans doute. Donc j'aimerais
05:52 quand même, notamment
05:54 si nous avons des témoignages
05:56 de jeunes personnes
05:58 si vous pouvez appeler
06:00 et appelez Olivier, nous sommes d'accord
06:02 Olivier, il y a une parole, ce qu'on peut
06:04 comprendre d'ailleurs, ce qu'on peut
06:06 comprendre que ce ne soit pas aisé
06:08 et facile d'expliquer
06:10 pourquoi on a avorté, on n'a pas
06:12 envie d'en faire une publicité
06:14 forcément. Malgré tout
06:16 je renouvelle
06:18 notre appel, si vous pouvez nous appeler
06:20 ce serait extrêmement
06:22 intéressant. - On peut rappeler le numéro
06:24 Pascal, 0180 20 39
06:26 21.
06:28 - Stéphanie
06:30 votre fille
06:32 vous disiez qu'elle est peut-être harcelée
06:34 parce qu'elle est lesbienne, disiez-vous
06:36 elle est
06:38 fille unique ou elle a des frères et soeurs ?
06:40 - Non, elle a deux frères qui ont 26 ans
06:42 et 30 ans. Elle est toute seule maintenant à la maison
06:44 parce qu'on quittait la maison
06:46 mais voilà.
06:48 Elle a deux frères. - Comment vous
06:50 envisagez ces prochains
06:52 jours maintenant ? Est-ce que vous la surveillez en permanence ?
06:54 Est-ce qu'elle est surveillée
06:56 par des professionnels ?
06:58 Comment ça se passe ? - Alors je la
07:00 surveille, oui et non. Je veux dire
07:02 je vais être attentive quand elle va
07:04 être suivante, comment l'habiller, si je vois de nouvelles marques
07:06 elle est suivie par une psychologue
07:08 avec qui
07:10 ça se passe bien
07:12 mais voilà
07:14 on essaie de faire attention, de pas
07:16 être trop sur elle non plus
07:18 d'aller s'y vivre, sa vie d'adolescente
07:20 là elle a commencé à s'appeler
07:22 de fleuriste, chose qui
07:24 la passionne, mais on est vigilant
07:26 le soir automatiquement c'est sûr
07:28 on va la voir et quand elle est dans sa
07:30 chambre, souvent quand on entend pas de bruit, on l'appelle
07:32 pour dire tout va bien, ça va
07:34 y'a pas de problème, mais
07:36 voilà, on essaie de quand même la laisser
07:38 vivre sa vie
07:40 tranquillement, on l'empêche pas de sortir
07:42 mais on est très vigilant. - Bon bah j'imagine
07:44 que c'est une source d'inquiétude pour vous
07:46 Stéphanie j'imagine et puis de
07:48 souffrance, parce que
07:50 la mère que vous êtes voit sa fille
07:52 se carifier disiez-vous
07:54 et puis malheureuse sans doute
07:56 - Oui
07:58 - C'est indiscret de vous demander si actuellement
08:00 elle a une
08:02 liaison
08:04 qui peut peut-être lui
08:06 donner du baume au coeur
08:08 - Alors elle avait
08:10 une copine encore jusqu'à la semaine
08:12 dernière, mais
08:14 ça s'est pas bien passé et là elle veut se consacrer
08:16 à ses études et elle dit
08:18 pour ça j'ai besoin d'être seule pour
08:20 voilà, donc ça n'a pas marché
08:22 c'est comme ça, comme tous les adolescents
08:24 mais
08:26 voilà, donc elle avait jusqu'à la semaine dernière
08:28 une copine, mais
08:30 voilà, elle a préféré là, elle m'a dit je te laisse mes
08:32 études, moi
08:34 elle dit je vais penser à moi maintenant
08:36 donc c'est déjà bien
08:38 - Merci en tout cas Stéphanie, je voudrais qu'on écoute
08:40 deux ou trois témoignages qui nous ont intéressé
08:42 ces dernières heures, Virginie Lanlot
08:44 vous ne la connaissez peut-être pas, elle est députée Renaissance
08:46 des Hauts de Seine, hier elle était
08:48 à l'Assemblée, en fait elle n'aurait jamais dû être
08:50 députée, mais il se trouve que
08:52 Priska Thévenot est devenue
08:54 comme vous le savez, ministre
08:56 donc elle était suppléante, Madame Lanlot
08:58 et elle est devenue naturellement
09:00 donc la députée
09:02 elle était également jadis maire adjoint
09:04 de Meudon avant d'être
09:06 députée, vous savez qu'il n'y a pas de possibilité
09:08 du double
09:10 mandat. Écoutez, c'était à l'Assemblée
09:12 nationale, elle parle d'elle-même
09:14 - Monsieur le ministre, je souhaiterais
09:16 vous lire le message qu'une jeune fille devenue femme
09:18 a récemment envoyé à son ancienne
09:20 camarade
09:22 "Il y a des années de cela, j'ai subi
09:24 de ta part harcèlement, humiliation
09:26 et attouchement
09:28 ces agissements ont bousillé ma vie d'enfant
09:30 et d'adolescente, j'ai pu
09:32 me reconstruire et construire une famille
09:34 formidable, mais jamais
09:36 je n'oublierai ces heures de souffrance et de détresse
09:38 j'ai pensé à une période
09:40 d'énoncer ces agissements
09:42 cela fait maintenant plus de 40 ans
09:44 c'est loin mais indélible"
09:46 Cette jeune
09:48 fille, c'était moi
09:50 et je ne crois pas être la seule sur ces
09:52 bancs à avoir été victime de harcèlement
09:54 "Cette jeune fille
09:56 c'était moi" et la force de ce
09:58 témoignage est précisément parce qu'elle
10:00 a été concernée. Gabriel Attal, ministre de
10:02 l'éducation nationale, lui a répondu
10:04 - Marion, 13 ans
10:06 Evaël, 11 ans
10:08 Dina, 14 ans
10:10 Ambre, 11 ans
10:12 Lucas,
10:14 13 ans
10:16 Thibaut, 10 ans
10:18 Chanel, 12 ans
10:20 Marie,
10:22 15 ans
10:24 Lincey, 13 ans
10:26 Nicolas, 15 ans
10:28 Ces noms
10:30 ce sont ceux d'enfants
10:32 enlevés à leurs parents
10:34 ce sont ceux d'élèves enlevés à leurs
10:36 enseignants, ce sont ceux
10:38 de jeunes enlevés à leur
10:40 pays, par un fléau
10:42 le harcèlement scolaire
10:44 ce fléau il ne connaît pas
10:46 de frontières, ce fléau
10:48 il tue et quand il ne tue pas
10:50 par la mort, il tue la confiance
10:52 en soi de jeunes qui ne demandent
10:54 qu'à s'aimer et à aimer les autres
10:56 Madame la députée, j'ai
10:58 fait dès ma nomination au ministère de l'éducation
11:00 nationale et de la jeunesse
11:02 la lutte contre le harcèlement scolaire
11:04 ma priorité absolue
11:06 et je le dis de manière très claire
11:08 je ne reculerai devant rien
11:10 je ne reculerai devant rien
11:12 pour mieux prévenir
11:14 je ne reculerai devant rien pour que la peur
11:16 change de camp, je ne reculerai
11:18 devant rien pour que la honte change
11:20 de camp. Voilà un
11:22 ministre qui prend les dossiers
11:24 à cœur, qui fait l'exact contraire
11:26 de ce qu'avait fait M. Papendiaïe
11:28 pendant des mois, on remarquera d'ailleurs
11:30 que c'est le même homme qui les avait nommés
11:32 l'un et l'autre, Emmanuel Macron
11:34 et c'est ce qu'on attend d'un homme politique qui met
11:36 les mains dans le combouis et qu'il agisse
11:38 sur le réel. Écoutez
11:40 Marcel Ruffaut qui est pédopsychiatre
11:42 il était invité de Dimitri Pavlenko
11:44 ce matin sur Europe 1.
11:46 Qu'est-ce que vous en pensez vous, cette proposition du ministre
11:48 d'exclure en dernier ressort le harcèleur ?
11:50 Je préférerais les
11:52 hospitaliser
11:54 pour...
11:56 Je préférerais
11:58 ne pas les changer de collège mais les mettre dans un
12:00 établissement de santé
12:02 pour réfléchir à pourquoi ils sont
12:04 comme ça et pour peut-être...
12:06 Le harcèlement est une maladie, vous sous-entendez
12:08 Le harcèleur est souvent lui-même mal
12:13 Intéressant la position de Marcel Ruffaut
12:16 pédopsychiatre, il est 11h22
12:18 on va poursuivre évidemment
12:20 cette conversation, Louis de Raguenel
12:22 est dans ce studio parce que
12:24 cette prise en main
12:26 par Gabriel Attal a une conséquence
12:28 c'est qu'il s'envole dans les sondages
12:30 les français ont peut-être besoin
12:32 figurez-vous d'autorité
12:34 et de fermeté. On le redécouvre
12:36 non, nous on le redécouvre pas
12:38 C'est incroyable, peut-être que les français sont sensibles
12:40 à ça, dis donc. Et en plus ça marche
12:42 Et croyable, peut-être qu'il va
12:44 faire école, on sait pas
12:46 A tout de suite !
12:48 Vous écoutez Pascal Praud
12:50 jusqu'à 13h sur Europe 1
12:52 vous au standard au 0180 29
12:54 21, on parle d'harcèlement scolaire
12:56 et Louis de Raguenel, chef du service politique
12:58 de Europe 1, nous a rejoint dans le studio Pascal
13:00 Je vous rappelle que le gouvernement annonce aujourd'hui son plan
13:02 interministériel pour lutter contre
13:04 le harcèlement scolaire
13:06 Nous sommes avec Sophie, bonjour Sophie
13:08 - Bonjour Pascal, bonjour à tous
13:10 - Alors vous, c'est intéressant parce que vous êtes maman d'un
13:12 enfant qui a été accusé
13:14 d'être harceleur
13:16 - C'est ça, et qui du fait a été
13:18 à son tour harcelé
13:20 - Mais il a été accusé à tort ou à raison ?
13:22 - A tort - Ah oui mais les mères disent toujours
13:24 "mon fils est..." - Ah non non non, il y a eu
13:26 une enquête de gendarmerie
13:28 qui a été appliquée que...
13:30 - Mais alors c'est curieux comment on peut accuser quelqu'un
13:32 d'harceler, comment ça s'est
13:34 mis en place ? - En fait
13:36 un message sur
13:38 un réseau social
13:40 utilisé par des jeunes sur un compte créé
13:42 quelques minutes avant l'envoi du message
13:44 au nom de
13:46 mon enfant
13:48 et l'enquête de gendarmerie
13:50 après des mois et des mois d'investigation
13:52 parce que c'est très long ce genre de choses, a révélé
13:54 qu'en fait le message
13:56 on va pas rentrer dans les détails techniques mais
13:58 informatiquement le message ne pouvait pas avoir été envoyé
14:00 de notre domicile
14:02 ni d'un de nos appareils mais qu'il avait été envoyé
14:04 du domicile de l'enfant qui se disait
14:06 victime de harcèlement.
14:08 - Bon, Sophie
14:10 pour la liaison téléphonique
14:12 vous êtes en train peut-être
14:14 de changer de place
14:16 ou vous êtes... - Ah du tout je suis assise
14:18 je ne bouge pas. - Ah c'est bien.
14:20 Parce que Olivier Guenec qui surveille ça
14:22 vous savez les ondes c'est un peu aussi son
14:24 domaine, il a beaucoup de compétences comme vous le savez
14:26 et il me disait
14:28 que vous bougiez, donc manifestement
14:30 - Ah non non je suis assise.
14:32 - Bon pardon j'ai accusé Sophie à tort.
14:34 - Oui bah oui, on peut pas accuser
14:36 comme ça les uns et les autres.
14:38 Sophie, votre fils du coup a été
14:40 harcelé. - Tout à fait.
14:42 - Quel type de harcèlement
14:44 a-t-il subi ?
14:46 - Alors harcèlement
14:48 physique dans la cour
14:50 de son établissement scolaire,
14:52 agression
14:54 lorsqu'il prenait les transports scolaires.
14:56 - Oui, agression verbale, agression physique ?
14:58 - Agression physique, il a eu le poignet cassé.
15:00 - Ah oui quand même.
15:02 - Il a été mis sous protection
15:04 de gendarmerie puisqu'on a eu
15:06 dans le boiteau-lettre des photos
15:08 de notre fils à l'abri de bus
15:10 avec un petit mot nous disant qu'on le retrouverait
15:12 au fond d'une rivière. - Ah oui donc non mais là
15:14 on est plus dans le harcèlement
15:16 là, on est dans
15:18 autre chose.
15:20 - Voilà et puis après pareil
15:22 sur les... - Quel âge a votre fils ?
15:24 - Aujourd'hui il a 17 ans, il en avait 13 à l'époque
15:26 des faits. - Et quels sont
15:28 ces jeunes gens qui le harcelaient ?
15:30 - Des gens qui prenaient fait et cause
15:32 pour la personne qui se prétendait harcelée
15:34 par mon fils et qui donc voulaient lui
15:36 faire comprendre ce que ça faisait d'être harcelée.
15:38 - Et comment s'est terminée cette affaire ?
15:40 - Ça s'est terminée
15:42 que je suis rentrée en sorte du travail,
15:44 j'ai retrouvé mon fils sur le toit.
15:46 Je l'ai donc déscolarisé,
15:48 on l'a scolarisé
15:50 à domicile en fait.
15:52 Et quand l'enquête de gendarmerie a été
15:54 terminée, on l'a changé
15:56 complètement d'établissement, de ville
15:58 pour qu'il redémarre à zéro.
16:00 - Oui c'était ce qu'on faisait à l'époque et qu'on ne
16:02 ferait plus sans doute aujourd'hui.
16:04 Comment va-t-il aujourd'hui ?
16:08 - Aujourd'hui ça va mieux.
16:10 Ça va mieux, la première
16:12 année où il a repris le chemin
16:14 de l'établissement scolaire a été
16:16 très difficile avec
16:18 d'énormes crises d'angoisse et les pompiers ont dû intervenir
16:20 malheureusement plusieurs fois.
16:22 Et puis petit à petit,
16:24 il s'est apaisé, il s'est créé
16:26 un nouveau réseau de camarades et c'est quelque chose
16:28 dont il ne veut plus parler. - Et les jeunes gens ont été
16:30 inquiétés ? - Non.
16:32 - Il n'y a rien eu ? - Il n'y a rien eu.
16:34 - Donc vous aviez déposé plainte j'imagine ?
16:36 - Bien sûr. - Donc il y a une enquête
16:38 qui a été faite mais elle n'a pas été...
16:40 Il y a eu une sorte de non-lieu, je ne sais pas
16:42 ce qui s'est passé précisément, mais en tout
16:44 cas où elle a été classée, il n'y a rien ?
16:46 - Ça a été plus classé
16:48 d'ailleurs que... - C'est ça.
16:50 Il n'y a pas eu de suite
16:52 et par rapport au message
16:54 à l'origine
16:56 de l'affaire, on sait
16:58 de quelle maison ça a été envoyé mais comme il y a
17:00 plusieurs habitants, on ne peut pas savoir qui a fait le message
17:02 donc ça s'arrête là.
17:04 - On marque une nouvelle pause, Louis Dragnel
17:06 est là, je le disais, on enchaîne
17:08 effectivement avec des témoignages qui sont
17:10 extrêmement lourds sur ce sujet, à tout de suite.
17:12 - Europ1.
17:14 - Pascal Praud et vous, merci de nous rejoindre
17:16 sur Europ1, vous êtes avec Pascal Praud
17:18 et nous sommes en studio avec Louis Dragnel,
17:20 chef du service politique d'Europ1, Pascal.
17:22 - Louis Dragnel.
17:24 Gabrielle Attel est en train de réussir sa
17:26 rentrée politique. - On peut même dire qu'il
17:28 l'a réussi, ça s'est confirmé par des
17:30 sondages. Figurez-vous que c'est la troisième
17:32 personnalité politique préférée des
17:34 Français et ce qui est intéressant, c'est de voir
17:36 qu'en fait, la fermeté, vous l'évoquiez tout à l'heure,
17:38 eh bien ça paye. Il y a des
17:40 mesures très simples qu'il a mises en place, en fait
17:42 fin de la baïa, ça a été respecté.
17:44 Là, il lance son plan anti-harceleur.
17:46 On va voir quel
17:48 produit ça donne, mais globalement
17:50 c'est des choses assez basiques, assez simples.
17:52 Et quand les choses sont dites clairement,
17:54 eh bien les Français sont
17:56 très reconnaissants. - Et je disais, est-ce que ça peut
17:58 influencer et pourquoi pas
18:00 radicaliser sur certains sujets,
18:02 sujets de sécurité, sujets
18:04 d'autorité régalien
18:06 ou régalienne,
18:08 ce gouvernement qui
18:10 parfois était dans deux u en même temps
18:12 et je pense à la loi immigration qui arrive.
18:14 - Alors, ce qui est intéressant, c'est que sur les sujets
18:16 qu'on vient d'évoquer, le "en même temps" ne peut pas exister.
18:18 La baïa, c'est pour ou c'est...
18:20 Vous êtes pour ou vous êtes contre, c'est oui ou c'est non.
18:22 Le harcèlement, pareil, il n'y a pas de
18:24 demi-mesure possible. Le "en même temps" se fracasse
18:26 sur toutes ces mesures. Et donc,
18:28 ce qui sera intéressant d'observer,
18:30 c'est jusqu'où pourra aller Gabriel Attal,
18:32 justement avec cette espèce de posture
18:34 de fermeté régalienne, vous l'avez dit,
18:36 et d'ailleurs c'est Emmanuel Macron
18:38 qui le dit, mais ensuite ce qui sera intéressant de voir aussi,
18:40 c'est politiquement jusqu'où est-ce qu'on
18:42 laissera Gabriel Attal aller.
18:44 Parce que, regardez,
18:46 c'est joliment dit, mais
18:48 le président de la République explique que désormais
18:50 l'éducation nationale fait partie du domaine
18:52 réservé du président de la République,
18:54 comme le sont par exemple les affaires étrangères,
18:56 l'intérieur. Qu'est-ce que ça veut dire
18:58 en fait, très concrètement ? Ça peut vouloir
19:00 dire que c'est positif, le président
19:02 s'intéresse au sujet d'éducation.
19:04 Vu d'un point de vue un peu plus négatif,
19:06 c'est une forme de mise sous tutelle aussi
19:08 de Gabriel Attal. Il n'y a pas une déclaration,
19:10 il n'y a quasiment pas un déplacement que fait Gabriel Attal
19:12 où le président de la République n'est pas là.
19:14 Et Gabriel Attal a envie d'exister
19:16 par lui-même. Si on regarde
19:18 les derniers épisodes, alors c'est peut-être un peu de la tambouille,
19:20 mais Emmanuel Macron fait quasiment
19:22 toutes les annonces de la rentrée dans le journal
19:24 Le Point cet été, boum, Gabriel Attal,
19:26 lui du coup n'a plus beaucoup d'annonces à faire.
19:28 Au moment où Gabriel Attal est invité
19:30 du journal télévisé de TF1
19:32 pour annoncer
19:34 l'interdiction de la baïa, et bien
19:36 le journal télévisé quelques heures avant fait fuiter
19:38 le fait que le président de la République
19:40 souhaite la fin de la baïa à l'école.
19:42 Donc ça ne m'étonnerait pas,
19:44 on verra, mais que Gabriel Attal
19:46 à un moment donné, voyant que
19:48 l'opinion publique le suit et qu'il est toujours
19:50 un peu quand même cornaqué par le président de la République,
19:52 ça ne m'étonnerait pas qu'il finisse par s'émanciper
19:54 un petit peu du chef de l'État.
19:56 - Il y a deux jeunes gens qui en ce moment
19:58 sont en pôle dans ce gouvernement,
20:00 l'aile gauche, Gabriel Attal,
20:02 on le met toujours quand même à gauche,
20:04 l'aile gauche de Emmanuel Macron,
20:06 et l'aile droite c'est Gérald Darmanin,
20:08 donc ce sont deux jeunes gens. - C'est très intéressant ce que vous dites Pascal,
20:10 - Souvent ! - Mais vous savez pourquoi c'est important ?
20:12 Non mais parce que, en fait, la gauche
20:14 a tellement perdu une capacité
20:16 à exprimer une parole d'autorité,
20:18 qu'on assimile systématiquement l'autorité
20:20 à la droite. Mais il fut un temps où
20:22 la gauche avait une vraie posture d'autorité,
20:24 la gauche de Jaurès,
20:26 on l'aime ou on ne l'aime pas, mais en tout cas elle n'est pas laxiste.
20:28 - Bon, c'est vrai qu'il a été, il vient
20:30 de la gauche, Gabriel Attal, je rappelle
20:32 qu'il a 34 ans, il est né
20:34 en 1989, Gabriel Attal.
20:36 - Il a deux ans mon aîné !
20:38 - Oui, mais ce qui est intéressant c'est que vous avez
20:40 une jeune génération politique
20:42 qui est
20:44 plutôt performante, parce qu'à
20:46 34 ans être ministre, quand même,
20:48 ce n'est pas rien comme trajectoire,
20:50 et qui peut compter fortement
20:52 ces prochaines années, je pense
20:54 effectivement à lui, à
20:56 Gérald Darmanin, à Jordan Bardella
20:58 bien sûr, et puis peut-être
21:00 à François Ruffin, qui est un petit peu
21:02 plus vieux. - Absolument, et d'ailleurs, Gabriel
21:04 Attal, depuis peu de temps il est
21:06 testé, il y a un quart des français qui considèrent
21:08 qu'en 2027 il ferait un bon candidat
21:10 et même un bon président de la République.
21:12 - Merci, merci Louis de Ragnel
21:14 à 11h36.
21:16 Je veux remercier Sophie qui était là
21:18 pour témoigner
21:20 de harcèlement, et notamment
21:22 son fils qui a été harcelé alors qu'il avait
21:24 été pris pour un harceleur. Merci
21:26 beaucoup Sophie ! - Mais de rien,
21:28 bonne journée, bonne émission, et à très tôt !
21:30 - Vous êtes dans le nord de la France,
21:32 bonne journée à vous,
21:34 et nous allons...

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