Antibiotiques vendus à l’unité, les professionnels inquiets : « On va perdre 15 minutes à chaque fois »
Le gouvernement vient d’annoncer la vente de certains antibiotiques à l’unité. Sont concernés ceux dont les stocks sont en tension. Si l’idée paraît bonne pour lutter contre le gâchis, elle est en fait critiquée par les professionnels. Leurs arguments : des boîtes d‘antibiotiques déjà vendues avec le bon nombre de cachets et une perte de temps à la préparation des gélules.
Transcript
00:00 Pour lutter contre la pénurie des antibiotiques,
00:02 le gouvernement vient d'annoncer la vente à l'unité des comprimés.
00:04 Alors vous allez voir que si l'idée paraît séduisante à première vue,
00:07 ce n'est pas si facile.
00:08 Très souvent, les boîtes correspondent à la prescription.
00:13 Elles sont ou par 6, ou par 12, ou par 14,
00:17 en fonction de la prescription du médecin.
00:20 Très souvent, les gens doivent consommer toute la boîte.
00:25 Après, le problème de ces antibiotiques comme d'autres médicaments,
00:28 c'est le gaspillage, c'est-à-dire les patients qui ne vont pas forcément
00:31 aller jusqu'au bout de leur traitement.
00:33 Il y a aussi parfois des conditionnements qui ne correspondent pas
00:36 à la prescription du médecin, parce qu'il peut y avoir une adaptation
00:39 de la prescription à chacun des patients avec une pathologie particulière,
00:43 même si globalement, le conditionnement correspond à la prescription moyenne.
00:48 Si on est obligé de le faire, ça va nous prendre un temps monumental, à mon avis.
00:54 Je pense que le temps de prendre les boîtes, de prendre des ciseaux,
00:58 de couper de côté, on peut déraper, peut-être couper la gélule,
01:02 ce n'est pas très propre, à mon avis.
01:04 Je pense qu'il faut évaluer à 15 minutes à chaque fois,
01:08 en période d'affluence ou d'épidémie, de choses comme ça,
01:13 je pense que ça va être assez compliqué pour nous.
01:15 Ce sont des boîtes qui coûtent très peu cher.
01:17 J'imagine que si on nous demande de déconditionner,
01:20 je pense qu'on aura une indemnité qui, à mon avis,
01:23 coûtera plus cher que de vendre une boîte entière.
01:27 Les pharmaciens ne vont pas découper les plaquettes
01:29 et donner deux pastilles qui viennent d'une autre plaquette à certains patients.
01:35 Dans les pays dans lesquels cette vente est organisée,
01:38 le conditionnement des industriels est différent.
01:41 Et c'est à partir de ce moment-là, effectivement, que ça peut être envisagé.
01:45 Le packaging en France, la façon dont sont conditionnés,
01:48 si vous voulez, les médicaments par les industriels,
01:51 rend difficile, évidemment, la vente à l'unité.
01:53 Parmi les antibiotiques sous tension, il y a ceux destinés aux enfants.
01:56 Le problème, c'est que ceux-ci sont vendus sous la forme de poudre.
01:59 Les versions pédiatriques, ce sont des solutions buvables.
02:02 Et donc, on ne va pas ouvrir les flacons, enlever un peu de poudre
02:05 pour mettre un peu de poudre dans un autre flacon.
02:08 C'est complètement inimaginable pour les versions pédiatriques.