Économie. Marseille : entretien avec Sami Chlagou, fondateur du jeu Cross The Ages

  • l’année dernière
De passage sur le stand de La Provence de la Foire internationale de Marseille, Sami Chlagou, fondateur et président du jeu vidéo Cross The Ages, s'est entretenu avec les journalistes du service économie.
Sami Chlagou, à la tête de FreeAgent, une entreprise marseillaise qui possède entre autres le studio Pixel Heart et RushOnGame, la plateforme de vente et téléchargement de jeux vidéo, s'est lancé dans Cross The Ages, la première saga NFT qui croise l'univers des cartes à jouer, la blockchain, les cryptomonnaies et le métavers.

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Transcription
00:00 Bonjour Samy, bienvenue sur le stand de la Provence à la Foire de Marseille.
00:05 Je vous ai invité pour nous parler de votre expérience entrepreneuriale,
00:09 un petit peu hors du commun pour un Marseillais pas pure souche, mais de cœur.
00:15 Est-ce que vous pouvez nous parler de Cross the Edges,
00:17 ce jeu à mi-chemin entre la blockchain, le jeu vidéo, les cartes Pokémon ?
00:25 Voilà, toute une aventure universelle de jeu.
00:31 Tout d'abord, merci Geneviève, je suis super content d'être là aujourd'hui.
00:35 Cross the Edges a commencé en 2020.
00:37 C'est une IP, une propriété intellectuelle.
00:40 Notre but, l'idée depuis le début, c'était de créer une saga,
00:42 un peu comme un nouveau Harry Potter, un nouveau Game of Thrones,
00:45 et réunir des écrivains, donc sept écrivains avec Arnaud Dolène,
00:49 Alain Damasio, Pablo Servigne, qui sont donc aux manettes à l'écriture.
00:53 Sept tomes, dix ans pour raconter cette histoire.
00:57 110 artistes, 190 personnes, dont 80 personnes qui sont basées à Marseille,
01:02 pour créer tout un univers avec, bien sûr, une première partie qui va être un jeu,
01:07 un jeu de cartes qui est disponible aujourd'hui sur l'App Store.
01:12 Quasiment 300 000 téléchargements, 120 000 joueurs actifs,
01:16 lancé en avril 2023, donc il y a quelques mois.
01:19 Le jeu a réussi à séduire beaucoup de monde
01:21 parce qu'à peu près 18 millions de cartes ont été vendues,
01:25 ce qui est quand même pas mal.
01:27 L'idée, c'est qu'on a utilisé la technologie blockchain
01:30 pour donner la propriété aux joueurs.
01:32 Comment ça marche ? Vous jouez à un jeu vidéo, c'est 100% gratuit,
01:35 et vous pouvez avoir des cartes qui vous appartiennent
01:38 et vous pouvez les revendre sur une place de marché.
01:40 Ces fameuses cartes que vous avez peuvent servir dans différents jeux.
01:43 Le premier jeu est un jeu de cartes,
01:45 mais le suivant va être un jeu à monde ouvert, un peu comme Fortnite,
01:48 qui va être accessible à beaucoup plus de monde,
01:50 et tout ça sur téléphone portable et tout ça gratuitement.
01:53 C'est hallucinant quand même, ça a mis chemin vraiment entre les NFT,
01:57 le jeu de cartes traditionnel dont vous êtes adepte.
02:00 Complètement. En fait, la grande différence,
02:03 c'est que le marché des NFT, c'est un marché qui est assez compliqué
02:06 et qui a eu beaucoup malheureusement de...
02:10 Il a fait couler de l'encre, on ne va pas se mentir,
02:11 qu'aujourd'hui, le marché des NFT,
02:13 il n'a pas donné une grande confiance pour les utilisateurs.
02:16 Et nous, ce qu'on voulait, c'était vraiment rassurer
02:19 en prenant déjà des artistes qui ont travaillé sur Harry Potter,
02:22 Game of Thrones, Star Wars, Marvel, League of Legends,
02:25 et qui ont accepté de s'engager pour 10 ans pour dessiner ces cartes.
02:29 L'idée, en fait, c'est qu'on utilise vraiment ce potentiel de blockchain
02:35 pour dire, chacune des cartes, elle est unique,
02:37 elle est certifiable et elle est soit louable, soit revendable.
02:42 Et on a réussi à toucher une très belle communauté en Europe,
02:47 mais surtout en Asie, au Japon essentiellement, en Corée maintenant.
02:51 Et donc, on continue chaque mois maintenant à se déplacer
02:54 à partir de notre petit pont à Marseille
02:56 et aller un peu partout dans le monde pour séduire de nouveaux joueurs.
03:00 Je crois qu'il y a des éditeurs aussi derrière
03:01 qui vous ont accompagnés pour lever des fonds,
03:04 parce que c'est quand même une aventure aussi entrepreneurial
03:07 et il faut des fonds pour les développer.
03:09 Complètement. Donc, en novembre, le 9 novembre 2021,
03:13 on a levé 12 millions de dollars avec 68 investisseurs,
03:16 dont 5 éditeurs et c'est une première mondiale.
03:18 Ce n'est jamais arrivé, en fait, dans l'univers du jeu vidéo
03:20 que 5 éditeurs de jeux vidéo, Ubisoft, la participation de Square Enix,
03:24 participation de Bandai, Animoca, Elite, participent sur un même projet.
03:28 Pourquoi ? Parce que généralement, les éditeurs,
03:30 ou ils y vont bas, ou ils y vont exclusivement.
03:34 Mais pour faire venir tout le monde, c'est que le projet,
03:37 comme il est hybride, il intéresse énormément de monde
03:40 parce que ce modèle économique-là pourra être
03:41 l'un des modèles proposés demain aux joueurs.
03:44 Le problème qu'on a aujourd'hui avec la limite,
03:46 c'est que quand on achète un jeu vidéo, l'expérience,
03:48 elle est courte dans le sens où chaque année,
03:51 on doit racheter le nouveau jeu, le nouveau FIFA, le nouveau.
03:53 Et à chaque fois, on doit redépenser de l'argent.
03:55 Imaginez qu'avec ce concept-là, on n'a pas déjà à dépenser,
03:58 mais on n'a plus à dépenser. La seule dépense qu'on a, c'est notre temps.
04:03 Justement, il y en a qui achètent le temps des autres.
04:06 Exactement. Et en fait, c'est comme ça que ce modèle économique marche.
04:08 Parce que comment faire avec un jeu gratuit pour générer de l'argent ?
04:11 Eh bien, vous avez des gens qui vont avoir du temps à dépenser
04:14 et vous avez des gens qui vont acheter ce temps qu'ils n'ont pas
04:17 pour pouvoir avoir des cartes plus puissantes et évoluer dans le jeu.
04:20 C'est presque de l'esclavagisme ?
04:23 Je ne pense pas. C'est quand même une opportunité assez incroyable
04:25 pour des jeunes de pouvoir générer du revenu
04:30 et même une ouverture à la globalisation
04:32 pour permettre aussi à des gens de jouer.
04:34 Ce qui est assez intéressant, c'est que le modèle économique du jeu
04:37 est à mi-chemin entre les jeux d'échecs, le jeu de go et le jeu de stratégie.
04:40 Donc, c'est vraiment avoir ce plaisir dans le jeu
04:43 et ce plaisir de passer du temps en apprenant et en réfléchissant.
04:49 Vous l'avez lancé à Marseille officiellement en mois de mars.
04:52 Ensuite, vous êtes allé à Times Square avec tous les panneaux illuminés
04:57 aux couleurs de Croisiège. C'était fantastique. Et tout ça depuis Marseille.
05:00 Oui, c'est clair. C'est vrai que c'est assez incroyable parce que
05:03 depuis le lancement à Marseille, on a fait à peu près 8 destinations en 4 mois.
05:08 Donc, on est à San Francisco, on a continué à New York
05:12 et ensuite, on a continué au Japon. On était en Corée il y a 2 semaines.
05:15 On est à Singapour la semaine dernière. On est reparti à Tokyo il y a quelques jours.
05:19 On revient tout juste de Tokyo.
05:21 Et c'est passionnant parce qu'on se dit que ces personnes-là
05:25 ne savaient même pas mettre Marseille sur une carte.
05:27 Et aujourd'hui, en fait, ce projet prend une ampleur internationale.
05:30 Et c'est une vraie fierté pour moi d'être marseillais, de dire voilà,
05:33 je viens de Marseille, je viens de la France, je ne viens pas de Paris.
05:35 Et c'est beau.
05:38 Oui, mais tout ça ne s'est pas fait en un jour.
05:40 Votre aventure entrepreneuriale est quand même assez incroyable.
05:43 Vous avez commencé chez vous à récupérer des jeux vidéo d'occasion,
05:48 à les revendre et puis expliquez-nous.
05:53 Complètement. En fait, je viens d'un cursus.
05:56 En fait, j'ai fait des études en école de commerce
05:59 et je me suis spécialisé dans le cinéma.
06:01 J'ai été pendant 8 ans intermittent de spectacle.
06:04 J'ai fait tous les petits boulots possibles et imaginables,
06:06 de la régie au graphiste à l'assistant de prod, au producteur.
06:10 Et le métier de production m'a passionné.
06:12 Je me suis dit j'aimerais pouvoir faire ça dans un environnement fun,
06:15 le monde du jeu vidéo.
06:16 Donc rapidement, en fait, je suis rentré par la plus petite porte possible,
06:20 imaginable dans le monde de l'entreprenariat,
06:22 qui est en fait la vente sur eBay.
06:24 Donc je faisais des petites brocantes et des marchés.
06:26 Donc c'était en 2011 où j'achetais des jeux,
06:28 occasion que je revendais.
06:30 Très rapidement, j'ai compris qu'il y avait un marché qui était existant
06:34 et donc j'ai commencé à revendre des jeux qui étaient neufs.
06:36 Je suis devenu distributeur pour Amazon.
06:39 En quelques années, je suis devenu le premier distributeur français
06:41 en expédiant près de 1500 commandes par jour.
06:45 Et ensuite, j'ai lancé une première startup en 2015 qui s'appelle Russian Game,
06:48 un site de vente privé qui a très bien marché.
06:50 J'ai réussi à créer des contrats et des liens avec tous les éditeurs de jeux vidéo
06:53 en moins d'un an.
06:54 Et à partir de 2016, l'année qui a suivi, on est devenu propriétaire de studio.
06:58 Donc au lieu de vendre des jeux, on a décidé de les créer nous-mêmes.
07:01 En sept ans, on a racheté cette studio.
07:02 On a lancé à peu près 55 jeux vidéo sur la Nintendo Switch,
07:06 la PlayStation, Xbox, Steam et Android.
07:08 Et c'est vrai que rien ne se fait tout seul.
07:10 Ça prend beaucoup de temps, beaucoup de travail.
07:13 Et je me dis, on se connaît depuis maintenant plus de sept ans.
07:15 Tu nous as suivis depuis notre premier prix de la solidarité qu'on a eu.
07:21 Et c'est passionnant de se dire que ça continue et que ça prend de plus en plus d'ampleur.
07:26 C'est quoi la prochaine étape ?
07:27 Il y a déjà des locaux, des beaux locaux à Marseille.
07:30 Un autre qui est en construction du côté du cours Julien.
07:34 C'est quoi la prochaine étape ?
07:35 Devenir une licorne.
07:37 Et là, c'est pas par ego.
07:38 En fait, ce qu'on voudrait, c'est pouvoir changer cette vision
07:43 qu'on peut avoir du sud, en tout cas dans le gaming.
07:45 Aujourd'hui, le gaming, il est focus sur différentes villes
07:50 comme Montpellier, Lyon, Paris.
07:52 Mais on n'a pas en fait à Marseille de puissance forte dans le jeu vidéo.
07:56 Et j'aimerais réellement contribuer à ça.
07:58 J'aimerais qu'on se dise, aujourd'hui, il y a un pôle de jeux vidéo.
08:01 Et pour devenir un pôle de jeux vidéo, il faut avoir une grande machine,
08:04 une vraie machine de guerre.
08:06 Et dire être une grande machine, c'est d'être capable d'avoir une licorne,
08:09 de pouvoir incuber des projets.
08:11 Parce que j'ai rencontré un nombre de potentiels dans cette région
08:14 et surtout dans cette ville qui sont juste incroyables.
08:16 Et j'aimerais sincèrement leur donner la chance d'éclore et d'exister.
08:19 Donc voilà, mon but, c'est de passer le relais.
08:22 Super, merci.

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