• l’année dernière
Caroline Parmentier, députée "Rassemblement National" du Pas-de-Calais.

Elle a longtemps observé la politique comme journaliste, avant de devenir l'attachée de presse de Marine le Pen. Après cinq ans passés dans son ombre, Caroline Parmentier a décidé de se lancer elle-même en politique.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00 Elle s'est lancée dans la bataille des législatives
00:02 au dernier moment, mais elle maîtrise parfaitement
00:05 les codes de la politique pour l'avoir observée
00:08 pendant longtemps, à savoir faire précieux
00:11 qu'elle a mise au service de Marine Le Pen,
00:13 son amie de 25 ans.
00:14 Musique de tension
00:16 ...
00:29 -Bonjour, Caroline Parmentier. -Bonjour, Clément.
00:31 -En 2018, Marine Le Pen est venue vous chercher
00:34 pour vous embaucher, vous étiez journaliste à l'époque,
00:37 et elle vous a demandé de vous occuper
00:39 des relations presse du parti et surtout de ses relations presse
00:43 à elle, mais votre rôle ne s'est pas limité à cela.
00:46 Pendant 5 ans, vous avez fait un gros travail sur son image,
00:49 et ça s'est traduit notamment par un nouveau genre de vidéos
00:53 postées par Marine Le Pen sur les réseaux sociaux.
00:55 On regarde.
00:57 -Hein ? -Oui.
00:58 -T'es bien, là.
00:59 ...
01:03 Tranquille.
01:04 ...
01:05 Gros marbre !
01:06 Gros marbre !
01:08 Allez, sors !
01:09 Sors !
01:10 Oh...
01:11 Oh, mes pièces !
01:13 ...
01:23 -La vidéo qu'on vient de voir avec le chat de Marine Le Pen
01:27 coincée dans le sapin de Noël, elle a quand même fait
01:30 4 400 000 vues sur TikTok.
01:32 Y a rien de politique là-dedans.
01:34 Ca fait quand même partie de la politique, selon vous ?
01:37 -Oui, bien sûr. J'ai toujours trouvé que...
01:40 J'avais envie que les Français connaissent Marine Le Pen
01:44 comme moi, je la connaissais, c'est-à-dire riant, chantant,
01:48 ayant trois enfants.
01:50 Y a beaucoup de choses dans sa vie que les Français ne connaissent pas.
01:54 Ils la voient, finalement, un peu comme une femme
01:56 derrière un pupitre lors des meetings,
01:59 lors des plateaux télévisés, mais je voulais qu'ils se rendent compte
02:02 de qui elle était. Ca a été un peu tout l'enjeu
02:05 de cette campagne de la présidentielle 2022.
02:08 Que les journalistes, d'abord, que les photographes, ensuite,
02:11 que les Français sachent qui est Marine Le Pen réellement.
02:15 -Y a eu cet aspect-là sur les réseaux sociaux,
02:17 mais y a pas eu que cela.
02:19 Dans le même registre, on a vu Marine Le Pen
02:22 parler de ses chats et de sa colocataire
02:24 face à Karine Lemarchand.
02:26 On l'a vu évoquer la rupture avec son père
02:30 dans une émission face à Cyril Hanouna,
02:32 face à Baba.
02:33 On l'a vu aussi se prêter à une interview
02:36 avec Magali Berda sur YouTube.
02:39 On a longtemps parlé de dédiabolisation
02:41 du Rassemblement national.
02:43 Il fallait dédiaboliser Marine Le Pen,
02:45 ou en tout cas la normaliser.
02:47 -Marine Le Pen, c'est aussi une Française comme vous et moi.
02:50 -Vraiment. C'est quelque chose qui me frappe
02:53 quand je suis avec elle.
02:54 C'est quelqu'un de simple, qui a un contact direct
02:57 avec les gens, qui a de l'empathie.
02:59 Les habitants de sa circonscription du Pas-de-Calais
03:02 le savent bien. Il était important, en effet,
03:05 que les Français la voient comme ça, pour moi.
03:08 -On connaît le slogan de Paris Match,
03:10 "le poids des mots, le choc des photos".
03:12 Ca pourrait être votre devise, à vous aussi.
03:15 Pour ce qui est du choc des photos,
03:17 vous êtes tout de suite insurgée contre les photos
03:20 de Marine Le Pen, par certains journaux,
03:22 pour y illustrer leurs articles.
03:24 Elle ne vous plaisait pas. Ca veut dire quoi ?
03:27 Ca veut dire qu'elle traduisait un parti pris, politique ?
03:30 -Ce n'étaient pas des photos honnêtes.
03:33 Quand je suis arrivée au RN, en 2018,
03:35 après que Marine m'ait débauchée,
03:37 eh bien, les photos...
03:39 On avait coutume de voir des photos de Marine
03:42 où elle était moche,
03:44 où elle était parfois affreuse, prise par en dessous,
03:47 elle faisait peur. L'idée, c'était ça.
03:49 De dire "oh là là", parce que vous savez comme moi
03:52 que la plupart des gens regardent la photo,
03:54 lisent le titre de l'article, et puis c'est tout, parfois.
03:58 Donc j'ai commencé par parler aux photographes eux-mêmes
04:01 en leur disant "c'est comme ça que vous la voyez ?
04:04 "Vous avez pris cette photo ? Vous rentreriez le soir
04:07 "en voyant avec une photo de votre femme,
04:09 "de votre épouse, de votre belle-mère ?
04:11 "Vous seriez curieusement reçue."
04:13 Et puis j'ai parlé aux rédactions,
04:15 et j'ai dit qu'il n'était plus possible.
04:18 C'était pas juste. Elle était jolie,
04:20 elle était blonde, elle avait minci,
04:22 je ne voulais pas qu'elle apparaisse comme sur ces photos.
04:25 -C'est pour le choc des photos.
04:27 Pour le poids des mots, vous avez décidé
04:30 de reprendre systématiquement les journalistes
04:32 qui qualifient le RN de "parti d'extrême droite".
04:35 C'est une bataille sémantique que vous avez menée
04:38 avec un certain succès, mais est-ce que c'est pas
04:41 une certaine remise en cause de la liberté de la presse ?
04:44 -Il faut être juste et honnête aussi.
04:46 Le RN et Marine Le Pen ne correspondent en aucun cas
04:50 à l'extrême droite, à la qualification d'extrême droite.
04:54 On connaît la définition d'extrême droite,
04:56 antiparlementarisme, contestation des résultats électoraux,
05:00 tout ça, c'est absolument pas le RN.
05:02 Je trouvais que c'était une injustice.
05:04 J'en ai beaucoup parlé avec l'AFP, notamment.
05:07 -C'est un combat que Jean-Marie Le Pen avait mené en son temps,
05:10 bien avant vous, au point qu'en 1996,
05:14 la justice a estimé que l'emploi du qualificatif
05:17 d'extrême droite par les journaux, à l'époque, c'était Libération
05:21 et Le Monde, relevait de la liberté d'opinion,
05:23 d'analyse et de jugement d'un journal.
05:26 -Ils ont continué à le faire.
05:27 -Vous-même, vous avez pratiqué
05:30 une forme de journalisme engagé, on va en parler.
05:34 Vous auriez accepté qu'un parti politique
05:36 vous impose une façon précise de le qualifier ?
05:40 -Non, mais j'aurais écouté ce qu'il avait à me dire.
05:43 Mon idée n'était pas de les persuader, de les obliger,
05:46 mais d'en discuter avec eux et de leur montrer
05:48 qu'ils m'expliquent pourquoi.
05:50 Ca n'était plus justifié, selon moi.
05:53 Ca n'était plus justifié.
05:54 Lorsque j'étais journaliste, j'aurais été ravie
05:57 de parler avec un homme politique de ça,
05:59 ou avec une attachée de presse.
06:01 Ca fait partie du métier, aussi, de discuter
06:04 et d'échanger sur ces vues.
06:06 -Si je dis que vous avez travaillé
06:08 pour un journal d'extrême droite, vous allez me reprendre ?
06:12 -Non.
06:13 Je récusais, oui, cette appellation pour mon journal, aussi.
06:17 -Vous avez fait toute votre carrière au journal Présent.
06:20 C'était le journal que lisaient vos parents, je crois,
06:23 qui votaient pour le Front national.
06:25 Ils étaient sympathisants ou avaient-ils un engagement politique ?
06:29 Vous êtes arrivée au journal Présent comme stagiaire.
06:32 Vous aviez 21 ans et vous êtes restée 31 ans.
06:35 C'est un journal qui était sur une ligne
06:37 proche des milieux catholiques traditionnalistes.
06:40 Est-ce que, pour vous, le journalisme
06:42 devait traduire une forme d'engagement ?
06:45 Il fallait défendre des idées, des valeurs ?
06:47 -Je pense que oui. Le journalisme d'opinion
06:50 m'intéressait, à l'époque, et j'ai tout de suite vu l'occasion,
06:53 comme quoi il y a quand même un lien,
06:55 de suivre le Front national et le Rassemblement national.
07:00 Ca a été ma fonction, en effet, d'aller dans tous les meetings,
07:04 de les interviewer, dans toutes les conférences de presse,
07:07 le plus possible, dans la mesure des moyens
07:10 et des informations. C'est un journal qui en avait pas beaucoup.
07:13 C'est comme ça que j'ai rencontré Marine Le Pen.
07:16 Je ne connaissais pas personnellement.
07:18 -On va évoquer ça dans un instant, mais quelles sont vos idées,
07:22 vos valeurs, que vous avez voulu défendre
07:24 à travers ce journalisme d'opinion ?
07:26 -Alors, quand j'étais journaliste, encore une fois,
07:29 je n'écrivais pas que sur la politique.
07:32 Je faisais des chroniques cinéma, j'en ai fait beaucoup.
07:35 J'allais au cinéma tous les jours, dans ma jeunesse.
07:38 J'écrivais également sur la police et, effectivement,
07:41 sur le Rassemblement national.
07:43 Pour le coup, les idées de Marine Le Pen,
07:45 je me suis reconnue dans les idées de Marine Le Pen.
07:48 Elle défendait, elle aimait la France et elle aimait les Français.
07:52 Et pour moi, l'engagement politique, c'est celui-là.
07:55 C'est de défendre la France et les Français.
07:58 Loin des grandes envolées ou des joutes verbales
08:00 ou des histoires... des leçons d'histoire à la sauvette,
08:04 je pense que les Français attendent aujourd'hui
08:07 que les journalistes politiques les défendent dans leur quotidien
08:10 et qu'ils améliorent leur vie quotidienne.
08:13 -Votre travail de journaliste vous a permis de rencontrer
08:16 Marine Le Pen à la fin des années 90,
08:18 à l'occasion de ce qu'on appelait la fête BBR,
08:21 à l'époque bleu, blanc, rouge, la fête du Front national.
08:24 Qu'est-ce qui vous a rapprochée toutes les deux ?
08:27 -Je l'ai tout de suite trouvée sympathique, drôle,
08:30 grande gueule, fine dans ses analyses politiques.
08:34 On avait deux ans d'écart d'âge, ce qui n'est pas beaucoup.
08:38 On était toutes les deux divorcées,
08:40 on avait toutes les deux trois enfants
08:42 qui avaient les mêmes âges.
08:44 Ce sont des choses qui font qu'on peut se reconnaître...
08:47 Enfin, moi, je pouvais me reconnaître en elle.
08:49 Elle m'avait suivie dans certains de mes articles,
08:52 et puis moi, je l'avais énormément suivie.
08:55 En 2011, quand elle est arrivée à la tête
08:57 du parti Rassemblement national,
09:00 il y a eu une scission dans mon journal,
09:02 il y a eu une scission entre ceux qui voulaient rester proches
09:06 de Jean-Marie Le Pen, qui trouvaient que Marine n'était pas l'avenir,
09:09 qu'elle n'incarnait pas ce qu'il fallait,
09:12 et moi, qui voulais que ce soit Marine.
09:14 On s'est bien battues, ça a été assez ardu,
09:17 et je suis devenue rédactrice en chef.
09:20 -Ca, effectivement, correspond à une certaine réalité,
09:23 mais pendant vos années de journalisme,
09:25 vous avez aussi semblé être politiquement plus proche
09:28 d'Éric Zemmour ou de Marion Maréchal...
09:31 -Qui n'existait pas à l'époque, ou très peu.
09:33 -Que de Marine Le Pen. Vous l'avez critiquée,
09:36 notamment quand elle a écarté son père
09:38 de l'organigramme du parti.
09:41 -Très exactement. Avez-vous vraiment l'article
09:44 sous les yeux ? -Pas sous les yeux, non.
09:46 -Je ne l'ai pas critiquée. C'est un des journalistes
09:49 qui dit ça. Il m'est arrivé d'autres fois de la critiquer.
09:52 Mais sur ce point précis, j'ai dit qu'elle n'avait pas le choix,
09:56 que c'était terrible, horriblement pénible pour une fille,
09:59 qui a beaucoup de respect pour Jean-Marie Le Pen,
10:02 mais qu'elle n'avait pas le choix.
10:04 Sinon, ce serait sans fin. -Mais est-ce que c'est pas
10:07 l'amitié, plus encore que la politique,
10:09 qui vous a poussée à vous engager aux côtés de Marine Le Pen ?
10:13 -Quand elle m'a demandé de travailler pour elle,
10:15 j'ai été prise d'une certaine angoisse,
10:18 parce que ce n'est pas mon métier, d'être attachée de presse.
10:21 J'avais peur de faire des erreurs.
10:23 Mais certes, c'est par amitié pour elle que je suis venue,
10:27 mais par passion aussi de ce qu'allait être
10:29 cette formidable aventure, et ça l'a été,
10:32 et ça continue de l'être, cette formidable aventure politique.
10:35 Travailler auprès de Marine Le Pen à la présidentielle,
10:39 c'est quelque chose d'exceptionnel.
10:41 Je souhaite à tout le monde de vivre cette aventure-là.
10:44 -Votre candidature au législatif s'est faite tardivement,
10:47 après le second tour de la présidentielle.
10:50 Qu'est-ce qui vous a convaincue de franchir le pas,
10:53 de passer de l'autre côté du miroir ?
10:55 -Je vais vous répondre le fait d'avoir suivi Marine.
10:58 J'ai suivi Marine dans le Pas-de-Calais,
11:00 dans sa circonscription.
11:02 Elle était députée de la circonscription du Pas-de-Calais.
11:05 Je voyais ce que les gens lui disaient.
11:07 Je l'ai suivi peut-être 10, 12 fois dans le Pas-de-Calais,
11:11 dans mon métier d'attachée de presse.
11:13 Je voyais ce que les gens avaient à lui dire,
11:16 ce que les habitants lui disaient, ce qu'elle leur répondait.
11:19 Je me suis dit que je pouvais leur apporter quelque chose.
11:23 Et que je serais une députée qui essaierait de tenir ses promesses
11:27 et qui, encore une fois, les aiderait dans leur vie quotidienne.
11:32 -On va finir par un quiz un peu différent de d'habitude,
11:35 un quiz spécial, ch'ti.
11:37 Pourquoi ? Parce que vous avez été investie
11:39 au législatif, vous l'avez dit, dans le Pas-de-Calais,
11:43 mais vos attaches étaient plutôt en région parisienne.
11:46 L'idée, c'est de voir si vous êtes bien acclimatée.
11:49 On commence par une spécialité locale.
11:52 A vous de la reconnaître. De quoi s'agit-il ?
11:54 -Bien sûr, le potsch. -Oui !
11:56 Le potsch, là, vous avez abrégé le nom,
11:58 c'est le "potsch welch". -Exactement.
12:01 Mais habitue non du potsch. -Vous connaissez la recette ?
12:05 -Bien sûr. C'est trois viandes engelées,
12:07 lapin, porc, veau, mais ça peut être...
12:10 C'est très bon avec une salade,
12:12 et c'est excellent avec des frites au maroilles.
12:14 -Un mot, à présent. Si je vous dis "wassang".
12:17 -Euh... Oui, alors là, vous me posez une colle.
12:20 -Oui, bien joué. Aidez-moi.
12:22 -On va la voir en image.
12:24 "Wassang", c'est la serpillère en ch'ti.
12:26 C'est un peu piège, comme question.
12:28 -Peut-être que je ne la passe pas assez.
12:30 -On termine par une comptine célèbre dans la région.
12:33 "Dorm, mon petit quinquin, mon petit..."
12:36 -Oui, bien sûr. Le Beffrois, je vous le dis régulièrement.
12:39 "Dorm, mon petit quinquin, mon petit nia-nia, mon petit..."
12:43 -Oui, il y a "mon petit", mais entre les deux.
12:45 "Mon petit poussin, mon gros rogin,
12:48 "mon petit poussin, mon gros raisin", voilà, je traduis.
12:51 -Parfait. Notez que j'ai su la fredonner.
12:53 -Voilà. Parfait.
12:54 Merci, Caroline Parmentier, d'être venue dans "La Politique".
12:58 -C'est moi qui vous remercie.
13:00 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
13:03 Générique
13:05 ...
13:17 [Musique]

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