• il y a 2 ans

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00:00 Château Meillon, une petite ville de 2000 habitants près de Bourges.
00:06 Cet homme qui semble couler des jours heureux, c'est Gilles Tourny.
00:14 Avoir se retraité de 69 ans, s'occuper de ses oiseaux,
00:19 impossible d'imaginer qu'il est accusé d'un crime horrible.
00:27 L'assassinat de son voisin, Fernand Morao.
00:30 - Lui, il ne méritait pas ça.
00:32 Et puis, moi, je ne mérite pas de subir ce qui se passe,
00:36 parce que c'est de l'acharnement.
00:38 Et ça, je peux vous le jouer sur la tête de mes petits,
00:40 parce que j'aime de la vie, j'aurais fait un truc pareil.
00:45 Il faut être fou, il faut être monstre.
00:47 En attendant que la justice se prononce, Gilles Tourny est libre.
00:53 Et devant notre caméra, il affirme haut et fort qu'il n'y est pour rien.
00:57 - Si je pars en prison, là, ça serait une erreur de la justice.
01:00 Je ne peux pas dire autre chose.
01:02 Je n'ai pas envie d'y aller.
01:04 Et puis, je n'ai rien fait pour y aller non plus.
01:06 Je suis innocent.
01:07 Ça, c'est une certitude.
01:09 De l'autre côté de la haie, la maison de la victime, à gauche à l'image,
01:18 où le temps s'est arrêté en mars 2016.
01:22 Selon les enquêteurs, c'est là que Gilles Tourny aurait
01:26 violemment mis fin à une amitié de plus de 40 ans.
01:29 Alors, coupable ou innocent?
01:36 - Monsieur Tourny, il est allé, il a ouvert la porte.
01:47 Il nous a fait comme ça de la main.
01:49 "Venez pas, venez pas, il y a du sang partout."
01:52 - Ça ressemble à une exécution.
01:56 Deux balles dans la tête, c'est une exécution.
01:58 - Deux dans la tête.
01:59 Celle-là, elle fait mal.
02:00 Celle-là, elle fait très mal.
02:02 - 9 millimètres.
02:03 Bon, on ne voulait pas qu'il s'en sorte.
02:08 On me note tout de suite.
02:10 Je dis, mais qu'est-ce qui se passe?
02:13 On dit, c'est pour le meurtre, toi, tu vas faire non.
02:15 Je dis, ça va pas, non, mais moi, je m'en fous, c'est pas moi.
02:18 Je réponds de mon mari comme de moi-même, ce n'est pas lui.
02:24 Voilà, c'est tout.
02:26 - Ils nous ont bien menés en bateau, en tout cas.
02:28 - Oui.
02:30 - Ils sont très calculateurs.
02:32 - On est toujours entre coupable, innocent, coupable, innocent,
02:36 sans jamais pouvoir vraiment se déterminer.
02:38 Cette mystérieuse affaire commence le 25 mars 2016.
02:47 Ce matin-là, Marie Mourao est inquiète au sujet de son frère Fernand.
02:51 L'homme, qui vit seul, ne lui a pas donné de nouvelles depuis maintenant deux jours.
02:58 Alors, elle décide de se rendre chez lui, car elle a comme un mauvais pressentiment.
03:05 - À ce moment-là, il avait des problèmes de santé, il faisait de l'hypertension.
03:10 Et donc là, je me suis dit, il a peut-être fait une crise cardiaque.
03:17 Devant le domicile de Fernand, Marie trouve porte close et cela n'est pas normal.
03:23 - J'arrive et là, je vois les barrières fermées.
03:27 Donc là, tout de suite, je me suis dit, il y a quelque chose.
03:29 Parce que ces barrières n'étaient jamais fermées.
03:32 Et ce n'est pas le seul détail étrange.
03:37 Les soupçons de Marie semblent se confirmer.
03:44 - Là, quand je vois que les portes du garage sont fermées, pour moi, il y a quelque chose de très grave.
03:49 Je ne pouvais pas rentrer, j'avais peur de retrouver mon frère mort.
03:53 Alors, Marie va demander de l'aide aux voisins de Fernand.
03:58 Gilles tourne.
04:00 - Je lui dis, vas-y, rentre, s'il te plaît.
04:08 Et donc, il prend les marches de la terrasse, il monte.
04:13 Je m'en vais à la porte, je frappe comme d'habitude.
04:16 Je frappe et je dis, t'es là, Fernand ?
04:18 J'ai pas le temps de finir.
04:20 Il avait une main comme ça, étendue par terre.
04:26 Il baignait dans son sang.
04:29 Puis mort.
04:32 - Il jure, jure tellement de douleur parce que voilà, il est parti.
04:41 Là, t'as l'impression qu'il y a une bombe qui est atterrie dessus.
04:43 En même temps, tu te dis...
04:48 C'est pas possible, quoi.
04:49 - J'étais sur le canapé, là, et j'écoutais vraiment hurler.
04:55 Et je me suis dit, voilà, mais ça doit être grave, quoi.
05:00 Après, mon mari est arrivé en courant.
05:02 Il m'a simplement dit, appelle les gendarmes, appelle les gendarmes.
05:11 Dès leur arrivée, les enquêteurs sont frappés par l'état dans lequel se trouve la maison.
05:15 Tout laisse penser qu'il s'agit d'un cambriolage qui a mal tourné.
05:22 - La maison était en grand désordre.
05:25 - Les meubles sont renversés.
05:27 Des grandes tables, des buffets ont été bousculés, basculés pour certains.
05:32 - Le buffet avait été retourné.
05:33 C'était un buffet qui était assez important, puis ancien.
05:36 Un buffet, un machin haut comme ça, quoi.
05:39 - Sur le secteur, il y a énormément de cambriolages.
05:41 Ça, depuis des décennies.
05:43 Seulement, la thèse du cambriolage ne tient pas la route très longtemps.
05:49 Et cela pour une raison toute simple.
05:52 - Ils nous ont demandé s'il y avait des choses qui avaient disparu.
05:57 Non, il n'y avait rien.
05:58 Donc, tout ce qui était télé, ordinateur, tout était là-bas.
06:05 Si c'est vol, ils prennent tout de suite l'ordinateur, le portable, la télé.
06:10 Tout ce qui a un peu de valeur et qui peut être vendu.
06:13 - Ce n'était pas un homme d'une grande richesse.
06:15 Pourquoi un cambriolage cet homme ?
06:17 Pourquoi pas un autre ?
06:18 Si on prend tous les habitants de la rue, je ne suis pas certain que c'était le plus aisé.
06:23 En perquisitionnant la maison de la victime, les enquêteurs comprennent très vite
06:30 que Fernand Mourao a en fait été exécuté par un tueur.
06:36 D'abord, il y a les deux impacts de balles sur la vitre de la porte-fenêtre.
06:41 - Mon papa a reçu deux balles par la porte-fenêtre.
06:46 Je pense que ça l'a réveillé.
06:48 Peut-être qu'il s'était endormi devant la télé, ce qui arrivait souvent, bien souvent.
06:51 Il avait toujours la télécommande à la main.
06:54 - Je pense qu'on a tiré dessus avant même qu'il ait eu quelques réactions,
07:03 que ce soit ou peut-être avant même qu'il ait aperçu la personne qui lui a tiré dessus.
07:10 Et puis, ayant raté sa cible, le tueur se serait précipité à l'intérieur de la maison.
07:22 Et cela avec la plus grande facilité pour tirer à bout portant.
07:26 - Fernand avait l'habitude de ne jamais fermer ses portes ni ses fenêtres.
07:31 L'auteur du coup de feu entre ensuite dans la maison pour tirer deux autres balles.
07:37 - Deux dans la tête, celle-là, elle font mal, celle-là.
07:50 Elle font très mal.
07:52 On se dit, il s'est vu, il s'est vu qu'il allait partir et il était tout seul.
08:02 Il lui a même pas laissé la chance de se défendre.
08:06 Voilà.
08:07 - La façon dont a été abattu Fernand fait penser à une exécution.
08:15 L'arme, le calibre, c'est un 9mm, c'est pas une arme de voyou.
08:19 - 9mm ?
08:19 Bon, on ne voulait pas qu'il s'en sorte.
08:26 - Cette idée qu'on puisse d'abord le tuer pour le cambrioler, ça apparaît extravagant.
08:33 Ainsi, le désordre ne serait donc en réalité qu'une mise en scène
08:39 pour cacher ce qui semble être un assassine.
08:43 - Le ou les auteurs ont voulu donner l'idée que c'est un cambriolage qui a mal tourné.
08:51 Admettons que ce soit un familier, le fait d'organiser ou de donner l'image d'un cambriolage,
08:58 ça brouille les pistes.
09:00 Alors, Fernand Mourao connaissait il son assassin ?
09:05 Pour les gendarmes, c'est plus que probable.
09:09 Et c'est une découverte en apparence anodine qui va leur mettre la puce à l'oreille.
09:14 En effet, la voiture de la victime a été retrouvée dans le garage.
09:20 Pourtant, ce n'était pas dans les habitudes de Fernand Mourao.
09:24 - Mon père ne rentrait jamais sa voiture dans le sous-sol ou très, très rarement.
09:32 - Il ne la mettait jamais dans son garage. Jamais.
09:35 Surtout en étant présent à son domicile.
09:38 - Moi-même, en me rendant chez mon père, ne voyant pas sa voiture dehors,
09:41 je serais repartie de toute façon en me disant "il sait qu'il n'est pas là".
09:46 La voiture a donc forcément été déplacée dans le garage,
09:50 de façon à laisser croire que Fernand s'était absenté plusieurs jours.
09:54 Personne dans le voisinage ne s'était donc inquiété.
09:59 Et puis, il y a un autre élément qui laisse penser que quelqu'un d'autre
10:03 s'est servi de la voiture de Fernand.
10:05 - Il n'y a aucun ADN, ni sur le volant, ni sur le pommeau de vitesse,
10:13 ni sur les poignées de porte.
10:15 Ça interpelle quand même quand on apprend qu'il n'y a même pas
10:18 l'ADN de mon père dans la voiture.
10:20 - Effectivement, on l'a retrouvée dans le garage, nettoyée de fond en comble.
10:25 Là aussi, ça pose beaucoup de questions.
10:27 Préparée et méthodique, l'assassin semble avoir commis le crime parfait.
10:35 - Cet individu commet son crime et ensuite, il a suffisamment de sang froid
10:43 pour trouver les clés, prendre la voiture, la descendre au garage
10:48 et la nettoyer.
10:49 Ça démontre un sang froid qui fait presque peur.
10:53 Alors, qui dans l'entourage de Fernand Mourao pouvait bien lui en vouloir
11:00 au point d'imaginer un plan aussi machiavélique?
11:03 À Châteaumeyant, lorsqu'ils apprennent qu'un crime aussi violent a été
11:12 commis presque sous leurs yeux, les habitants sont sous le choc.
11:17 - Les meurtres à Châteaumeyant sur les dernières décennies,
11:21 j'ai bien trop de doigts et une main pour les compter.
11:25 C'est vraiment l'endroit où il ne se passe rien.
11:28 C'est vraiment le quartier où vous êtes tranquille, vraiment.
11:32 Les voisins sont d'autant plus surpris que la nuit du meurtre,
11:38 aucun d'entre eux n'a remarqué quoi que ce soit d'anormal.
11:42 - Personne n'a entendu un véhicule suspect s'arrêter, redémarrer
11:47 et encore moins entendu des coups de feu.
11:48 - On n'a absolument rien entendu, que ce soit le soir,
11:53 c'est vrai que la télé était forte.
11:54 Si mon mari l'avait entendu, il se serait levé, il aurait allé voir.
11:58 - Dans un petit village comme celui-là, tiré avec un fort calibre,
12:04 eh bien, ça fait un bruit d'enfer, normalement.
12:08 Nul doute que tout le quartier aurait entendu ces coups de feu.
12:12 Or, personne n'entendra rien.
12:15 - Ce qui est curieux, parce que si vous regardez les maisons,
12:18 elles ne sont pas d'une distance énorme par rapport les unes des autres.
12:21 Moi, je suis persuadée qu'il y avait un silencieux.
12:24 Boris Paul a été le premier journaliste à enquêter dans le quartier
12:30 de Fernand Mourau, deux jours après son meurtre.
12:34 Très vite, il tombe nez à nez avec Gilles Tourny,
12:37 qui habite juste à côté de chez la victime.
12:40 Et d'emblée, l'homme se montre particulièrement bavard.
12:45 - Je sors de mon véhicule.
12:47 En fait, je n'ai pas eu le temps d'enclencher mon appareil photo.
12:50 Monsieur Tourny a déboulé.
12:51 Il avait envie de parler, visiblement.
12:53 C'est d'ailleurs pour ça qu'il...
12:56 Je ne sais pas s'il me guettait, mais visiblement, il était aux agueilles, quand même.
12:58 Parce que bon, en 30 secondes, il était là.
13:03 C'est un gars qui n'embêtait personne.
13:04 Et puis, il pouvait lui demander ce que vous voulez.
13:06 Il arrivait toujours à vous faire plaisir, quoi.
13:09 À entendre Gilles Tourny, Fernand Mourau faisait l'unanimité autour de lui.
13:15 Et ce n'est pas sa famille qui dira le contraire.
13:19 - C'était quelqu'un de très gentil, très souriant, oui.
13:24 Et très aimant également à notre égard.
13:26 C'était quelqu'un de très bien.
13:30 C'était quelqu'un avec un grand cœur qui aidait beaucoup de monde.
13:34 - Avec mon frère, on était...
13:42 Fusionnels.
13:47 Voilà.
13:48 Il a toujours...
13:50 Moi, j'étais la petite dernière.
13:51 Et puis...
13:54 Il a toujours été là pour moi, dans les moments les bons.
14:00 Comme les mauvais, mais...
14:01 À première vue, rien dans la vie de ce jeune retraité ne laissait donc présager un tel drame.
14:15 - Il était heureux.
14:16 Il se levait le matin, il allait boire le café chez ses soeurs.
14:20 Et puis, après, il allait se promener à droite, à gauche.
14:23 C'était quelqu'un de très, très simple.
14:24 Donc, il aimait sa vie.
14:26 Simple.
14:28 Pour tromper sa solitude, cet amoureux de la nature avait pris sous son aile un animal de compagnie,
14:35 pour le moins, insolite.
14:37 - Il avait récupéré un petit sanglier qu'il avait apprévoisé.
14:41 - Ce qu'il aimait, c'est sa bibiche.
14:43 Donc, le petit sanglier.
14:44 Il l'a élevé à Aubipro.
14:46 Et il en achetait des litres de lait.
14:49 Et c'était...
14:50 Je peux vous dire que la bibiche le reconnaissait de loin.
14:54 Seulement, la vie de Fernand Mourao n'est pas aussi simple et solitaire qu'il n'y paraît.
14:59 En effet, l'homme entretient une lignaison avec une jeune femme de 30 ans saccadette.
15:09 Gilles Tourny, son voisin, était d'ailleurs dans la confidence.
15:18 - Il me dit "Tiens, je te présente ma copine".
15:24 "Enchanté".
15:25 Pour dire autre chose.
15:27 Il en parlait, mais comme c'était souvent plaisantant.
15:31 "Tiens, ce soir, je vais l'emmener à Bourges, je vais l'emmener à Saint-Amant".
15:35 Et puis, ça c'est cela.
15:37 - Et...
15:38 C'est une liaison dangereuse, comme on dit.
15:41 Cette jeune femme était mariée avec un membre de la communauté du voyage.
15:47 - C'est une famille qui a un petit peu crainte dans la région.
15:53 Et puis, l'homme en question, le compagnon, a une mauvaise réputation.
15:59 Parce qu'il est considéré comme violent.
16:01 Et par conséquent, tout le monde va mettre en garde Fernand en disant "Attention, tu prends des risques".
16:05 En ayant une relation avec sa femme, sa jeune femme.
16:09 Et Fernand ne va pas tenir compte de ces avertissements.
16:16 Il va continuer à persister.
16:18 Loin de mettre un terme à cette liaison, Fernand va se retrouver dans une situation pour le moins délicate.
16:24 Car sa maîtresse va tomber enceinte deux ans après le début de leur relation.
16:30 La situation est périlleuse, car les deux amants vont imaginer un plan pour que Fernand puisse voir son fils sans attirer les soupçons du mari bafoué.
16:40 - Officiellement, il était présenté comme le parrain.
16:45 Et bien que Monsieur Mourao m'ait dit que lorsqu'ils étaient ensemble, l'enfant l'appelait papa.
16:50 Situation très ambiguë.
16:55 D'ailleurs, le secret fait donc feu.
16:58 Les proches comprennent vite que le petit garçon est bien plus que le filleul de Fernand.
17:03 - Il ne nous l'a pas dit tout de suite.
17:05 Mais quand il dit "Pourquoi tu le laisses t'appeler papa?"
17:13 Voilà, après, il n'a pas pu faire autrement que de nous le dire.
17:15 - Je l'ai très, très mal pris, je ne le cache pas.
17:19 Mais comme je vous dis, il est là, il est là.
17:23 On ne peut pas revenir en arrière de toute façon.
17:26 - Après, je lui ai dit "Es-tu sûre que c'est toi le père?"
17:29 Et tout. Oui, oui.
17:31 - Il n'avait aucun doute.
17:32 Non, il sentait que c'était le sien.
17:34 - C'est vrai que pour m'avoir montré une photo de l'enfant, la ressemblance était assez frappante.
17:41 Si le mari de sa maîtresse ignore toujours la supercherie, Fernand ne prend guère de précautions.
17:50 Il passe beaucoup de temps avec le petit garçon.
17:53 Week-end, vacances scolaires, toutes les occasions sont bonnes.
17:58 - Il avait des yeux qui brillaient quand il voyait cet enfant, c'était extraordinaire.
18:03 Il le montait dans son tracteur, il le promenait, il s'en occupait très bien.
18:09 Il était mignon avec un...
18:11 Il était aimant, comme il l'est avec nous.
18:14 Le mari ne se doute toujours de rien.
18:20 Jusqu'en 2014, où sa femme décide de tout lui avouer.
18:25 - Cette personne, madame, révèle à son compagnon qu'elle a eu une liaison avec M.
18:38 Mourao et que le bébé est en réalité le fils de M.
18:42 Mourao.
18:42 A partir de ce jour-là, le compagnon interdit toute relation entre M.
18:49 Mourao et l'enfant.
18:50 - Quand ils ont arrêté de lui donner cet enfant, ça a été une catastrophe pour lui, parce que c'était sa vie.
18:59 - À plusieurs reprises, il avait tenté de joindre la maman du petit qui ne lui répondait plus.
19:05 Et oui, il en était très malheureux.
19:08 - Il avait expliqué que son monsieur avait tué son chien d'un coup de fusil de façon très froide, simplement parce que le chien avait couru après une poule.
19:29 Il décrit le compagnon comme quelqu'un de très violent et il écrit qu'il a vraiment, ce sont ses mots, vraiment peur que l'enfant ne puisse pas s'épanouir auprès d'une telle personne.
19:49 Décidé à aller jusqu'au bout, Fernand Mourao saisit la justice.
19:55 Il confie le dossier à M.
19:57 Sylvie Rouault.
20:01 - Il me demande de mener à bien une procédure afin de faire reconnaître sa paternité biologique sur le petit garçon.
20:09 Il est très déterminé, très sûr de lui.
20:13 - Je lui ai demandé si on voulait faire un petit mot en disant qu'il l'avait dans les bras, qu'il le choyait, qu'il...
20:22 Deux ou trois lettres, on a fait, pour sa défense.
20:24 - Ce n'était pas grand chose.
20:26 C'était une attestation comme quoi on voyait, on l'avait déjà vu, ce petit garçon et qu'il l'appelait papa.
20:30 Et on l'a fait.
20:31 - Il voulait voir cet enfant de temps en temps, pas l'enlever de sa mère, ni vivre avec sa mère, pas du tout.
20:38 Mais en tout cas, il voulait quand même avoir cet enfant auprès de lui.
20:43 - On peut penser que ce compagnon, effectivement, n'a pas apprécié la démarche de Fernand Mourao.
20:50 C'est probable.
20:54 Alors, le mari bafoué pourrait-il être l'homme qui est venu abattre froidement Fernand Mourao chez lui ?
21:00 Pour les proches de la victime, aucun doute.
21:13 - Dans la mesure où mon père n'avait pas du tout d'ennemis, tout simplement parce qu'il vivait sa petite vie tranquille,
21:20 on se dit, effectivement, ça peut être un mobile, en tout cas.
21:25 - Les enquêteurs, au début, c'est nous qui les avons amenés sur ce couple.
21:30 Parce que pour nous, c'était l'évidence.
21:32 Effectivement, c'était l'évidence.
21:34 C'était eux.
21:35 - Dans la mesure où M. Mourao m'avait dit qu'il avait été, non pas menacé,
21:41 mais qu'on lui avait fortement conseillé de ne pas faire cette procédure.
21:44 - Ma première réaction, ça a été de dire que c'était le compagnon qui l'avait tué.
21:52 À la gendarmerie de Bourges, l'ancienne maîtresse de Fernand et son mari sont placés en garde à vue
22:01 et interrogés sur leur emploi du temps au moment du crime.
22:04 Le couple affirme ne pas avoir quitté leur domicile cette nuit-là.
22:10 Et pour le prouver, l'homme s'en remet à l'analyse de son téléphone portable.
22:15 - Il affirme que ce n'est pas lui.
22:18 Et les gendarmes ont estimé que la téléphonie le met hors de cause.
22:22 En gros, son téléphone ne bornait pas sur le lieu du crime.
22:28 - Ils vont être relâchés.
22:29 Selon les enquêteurs, il n'y a aucun élément suffisant contre eux.
22:34 - C'est une garde à vue qui est relativement courte.
22:39 On n'a pas été très curieux sur le sujet.
22:41 Après l'abandon de la piste du mari jaloux, l'enquête semble au point mort.
22:47 Mais en réalité, pendant plusieurs mois, les gendarmes vont creuser une nouvelle piste,
22:54 très prometteuse, celle-là, et surtout totalement inattendue.
22:59 Car depuis le début, l'auteur du meurtre serait peut-être juste sous leur nez.
23:06 Le 8 février 2017, au petit matin, les gendarmes reviennent dans le quartier
23:12 où habitait Fernand Mourao.
23:13 Seulement, ils ne se rendent pas chez la victime, mais de l'autre côté de cette haie,
23:20 ils viennent frapper à la porte de Gilles Tourny.
23:24 Le voisin, l'homme qui avait découvert le corps de la victime,
23:29 celui qui s'était empressé de témoigner de la mort de Gilles Tourny,
23:33 celui qui s'était empressé de témoigner devant les caméras quelques heures après sa mort.
23:38 Incroyable, les gendarmes le considèrent désormais comme le suspect numéro un.
23:45 - On me note tout de suite.
23:51 Je dis mais qu'est-ce qui se passe ?
23:54 C'est pour le meurtre de Fernand.
23:56 Je dis ça va pas, non, mais je n'ai rien à faire à ça, moi.
24:01 Moi, je m'en fous, c'est pas moi.
24:03 Au même moment, dans la maison, il se passe quelque chose de curieux.
24:07 Simone Tourny, la femme de Gilles, s'est réfugiée dans la salle de bain.
24:12 - Ça, ça restera toute ma vie dans ma tête.
24:16 J'écoutais courir dans la maison, je comprenais rien du tout.
24:18 Et après, ça a tambouriné dans la salle de bain.
24:23 Je ne pouvais même pas ouvrir, j'avais peur.
24:25 Comme vous le savez, suite à ce qui s'était passé à côté, j'ai eu peur.
24:32 - Madame Tourny, je vous envoie une affaire.
24:32 - Je suis directeur d'enquête et on vient vous mettre en garde à vue pour le meurtre de monsieur.
24:40 Alors là, bon, bah, tout s'écroule, quoi.
24:42 Mais on réagit même pas.
24:44 Enfin, je veux dire, on se dit mais je suis à près faire un cauchemar.
24:47 Stéphanie, la fille de Fernand, est immédiatement prévenue par Nelly, l'une des filles des Tourny.
24:55 Il faut dire que les deux femmes sont amies depuis l'enfance.
25:01 - Nelly me téléphone et elle me dit mes parents sont placés en garde à vue.
25:05 Et là, je ne comprenais pas.
25:06 Je ne comprenais pas ce qui se passait du tout.
25:09 C'est pas concevable.
25:10 - Personne ne croyait.
25:12 Personne.
25:13 Donc, c'est vrai qu'on tombe des murs.
25:17 - Je dis à l'enquêteur, mais non, c'est pas possible.
25:20 Vous avez vu comment il est fait et tout.
25:22 Et il m'a dit, on ouvre toutes les portes et on ferme toutes.
25:26 On les referme les unes après les autres.
25:31 Ce rebondissement, personne ne l'a vu venir.
25:34 Car à Châteaumeyant, tout le monde connaît le couple Tourny.
25:38 Simone accueille des enfants placés par les services sociaux.
25:43 Elle a même été candidate aux élections municipales de 2014.
25:47 Gilles est lui aussi une figure locale.
25:51 Il se distingue chaque année au concours de décoration de Noël organisé par la mairie.
25:57 La surprise est totale, car Fernand, la victime, et Gilles, le suspect,
26:06 n'étaient pas seulement voisins, ils étaient amis depuis plus de 40 ans.
26:10 Sur cette photo, on reconnaît les deux hommes.
26:21 Ils se sont rencontrés à la fin des années 70 dans la même entreprise d'électricité.
26:27 - On travaillait ensemble, quoi.
26:32 Puis après, on est venus à partir dans la même voiture.
26:36 Et puis, bon, c'est un copain, un ami.
26:39 En 1980, Fernand fait construire sa maison juste à côté de celle de son ami.
26:46 Les deux hommes deviennent inséparables.
26:51 Et ce n'est pas un grillage qui va les arrêter.
26:54 - C'est nous qui les avons faits, la clôture.
26:57 Alors, il y avait 1m20, quoi.
26:59 Et bien, on causait des fois un peu de tout.
27:04 Il m'appelait Vieux Gilles.
27:05 Alors bon, ben, allez, si tu prends ce grillage, on va aller boire un café.
27:10 - Soit Gilles lui sautait le grillage, il parlait, il allait chez Fernand.
27:14 Soit c'était Fernand qui sautait le grillage et puis qui venait boire le café ici.
27:17 Voilà, c'était tout.
27:18 C'était... Il y avait une entente sans être toujours fourré les uns chez les autres.
27:22 En 1999, les voisins unissent même leurs deux familles.
27:28 Nelly, la fille de Gilles, épouse Emmanuel, le neveu de Fernand.
27:34 - Il s'est trouvé que, ben voilà, ma fille et puis son neveu se sont mariés.
27:40 Il y a eu un grand mariage où tout le monde était convié, notre famille, la famille de...
27:46 De...
27:46 De nous rendre et puis voilà.
27:49 Et puis c'était...
27:49 C'était super, on était content de cette union.
27:52 Seulement le 10 février 2017, lorsque Gilles Tourny est mis en examen et incarcéré,
28:01 l'union entre les deux familles va voler en éclat.
28:05 - Jusqu'à ce que Gilles Tourny soit visé par l'enquête,
28:13 la famille apparaissait assez unie dans ses démarches.
28:18 Et puis on a sombré dans une forme de tragédie grecque,
28:24 puisque la famille s'est partagée.
28:27 Parmi les proches de Fernand, deux clans se déchirent.
28:31 D'un côté, ceux qui sont convaincus de la culpabilité de Gilles Tourny,
28:36 comme c'est le cas de Stéphanie, la fille, et Marie, la sœur de la victime.
28:42 - Ils étaient, lui comme sa femme, très gentils avec nous.
28:44 Donc il n'y avait aucune raison pour qu'on se méfie ou autre.
28:48 C'est terrible ce qui nous arrive.
28:50 Ils nous ont bien menés en bateau, en tout cas.
28:53 Oui.
28:54 Ils sont très calculateurs.
28:56 De l'autre côté, il y a ceux qui refusent de croire que l'ami de toujours
29:04 ait pu commettre un tel crime, comme Adélia, l'autre sœur de Fernand.
29:08 - Si on m'emmène une preuve comme quoi c'est monsieur Tourny,
29:12 il n'y a pas de souci.
29:12 Ce n'est pas parce que c'est le beau-père de mon fils.
29:14 Comment on peut imaginer que je pourrais cautionner le meurtrier de mon frère ?
29:19 Je ne suis pas là pour défendre monsieur Tourny.
29:23 Je suis là pour trouver la vérité.
29:25 Si Adélia ne croit pas à la culpabilité de Gilles Tourny,
29:30 il y a plusieurs éléments qui semblent prouver le contraire.
29:33 - Les enquêteurs vont procéder à une perquisition au domicile de Gilles Tourny
29:40 et ils vont découvrir cinq armes de poing.
29:42 Cinq armes de poing, effectivement, c'est incroyable.
29:46 Sauf que ce sont des armes à grenailles ou à blanc.
29:49 Donc des armes qui sont a priori pas mortelles.
29:52 Face aux enquêteurs et aujourd'hui encore devant notre caméra,
29:58 Gilles Tourny affirme qu'il s'agit d'une méprise.
30:01 - Je dis ça, c'est fréquent ça.
30:06 S'amuser à tirer un 9 mm pour les ragondins.
30:10 Eh bien, les soirs, ça me prenait, j'avais avec une lampe, une torche.
30:13 Je prenais trois, quatre cartouches dans mes poches et j'allais
30:16 derrière l'été à la pin.
30:18 Puis de négocier les rats, quoi.
30:20 - Bon, c'est vrai qu'il avait des armes, mais ce ne sont pas les armes du crime.
30:23 Ce ne sont pas des armes qui peuvent tirer les balles qui ont tué malheureusement Ferment.
30:28 Simone Tourny, dit-elle vraiment toute la vérité?
30:33 Car une écoute téléphonique recueillie par les gendarmes sème le trouble.
30:39 Il s'agit d'une conversation qu'elle a eue avec sa fille, Nelly.
30:43 - Nelly lui apprend que mon père s'est fait tuer d'un 9 mm.
30:50 Et ouais, là, elle est angoissée parce qu'elle dit qu'elle est inquiète
30:56 parce que son mari détient un 9 mm également.
31:00 - Moi, j'ai dit ça, moi.
31:01 Je m'en rappelle pas.
31:03 Mais peut être que j'ai dit que c'était peut être pas bien d'avoir des armes.
31:09 Je sais pas, mais j'ai pas franchement, jamais j'aurais pensé que par rapport à ça, il serait arrêté.
31:14 Si Simone Tourny est embarrassée, c'est aussi parce que les armes de son mari n'ont pas été officiellement déclarées.
31:23 - Lorsque vous avez un crime qui a été commis dans la maison d'à côté, on n'a pas envie qu'on trouve des armes chez vous,
31:30 puis qu'on vous fasse un procès verbal.
31:33 C'est tout, même de 300 euros.
31:36 - Il aime les armes, il en a 5, sauf que c'est pas interdit dans ce pays d'aimer les armes.
31:42 Et ce n'est pas le seul élément qui dérange les enquêteurs.
31:49 Il y a aussi son comportement suspect le lendemain du meurtre, le 24 mars 2016.
31:56 Ce jour là, Fernand devait venir chez Gilles pour l'aider à faire des travaux dans son abri de jardin.
32:06 Or, le 24 mars, il n'est pas venu et ça n'a pas troublé Gilles Tourny.
32:10 C'est à dire qu'ils habitent l'un à côté de l'autre.
32:12 Si on attend son voisin et qu'il vient pas, on va taper à sa porte pour savoir s'il lui est pas arrivé quelque chose.
32:19 Là, ça n'a pas été le cas.
32:21 Et plus extraordinaire encore, il va demander à quelqu'un d'autre de venir l'aider à faire les travaux que Fernand aurait dû faire.
32:29 Une fois de plus, il ne se préoccupe pas de savoir ce qui est devenu Fernand.
32:36 Pour sa défense, Gilles Tourny explique avoir cru que son voisin était parti en voyage.
32:43 Souvenez vous, la voiture était enfermée dans le garage et non devant la maison, comme à son habitude.
32:50 - Moi, quand je savais qu'il allait à Paris, j'ai dit il est parti.
32:55 Il n'y avait plus la voiture dans la courge.
32:57 Il est parti à Paris, c'est tout.
32:58 Et ça, je le dis, c'est la vérité.
33:01 - Il m'a dit ça. C'est vrai qu'il m'a dit il est peut être parti à Paris.
33:04 Ça ne l'a pas tracassé plus que ça.
33:06 Puisque Fernand pouvait dire qu'il venait et qu'il ne venait pas.
33:08 Voilà, c'est tout.
33:09 Et pourquoi il n'a pas dit non? Parce qu'il n'y avait pas cette voiture.
33:12 C'est vrai que la voiture serait dehors.
33:14 Il aurait fait ce qu'il lui faisait d'habitude.
33:16 Il aurait été jusqu'à sa porte.
33:17 Il aurait frappé. Il aurait dit t'es là Fernand.
33:19 C'est comme ça qu'il faisait.
33:20 Je ne vois pas du tout. Là, je ne comprends pas.
33:22 Je ne comprends pas qu'on lui reproche.
33:24 Seulement pour les proches de Fernand, ce voyage à Paris était une pure invention.
33:33 - C'est pas possible. Il nous l'aurait dit.
33:36 Il ne serait jamais parti sans nous le dire.
33:39 C'est impossible.
33:40 - Pourquoi il ne lui a pas passé un coup de fil?
33:42 Parce que M. Tourny avait le numéro de téléphone de M. Mouaw.
33:46 Même s'il a déclaré le contraire aux enquêteurs dans un premier temps.
33:49 C'est d'ailleurs à se demander pourquoi.
33:51 C'est quand même assez étonnant.
33:52 Gilles Tourny n'a donc pas cherché à en savoir plus sur l'étrange absence de son ami.
34:00 En revanche, il s'est montré beaucoup plus curieux lors de l'enquête.
34:03 Une attitude qui va là encore intriguer les gendarmes.
34:07 - Il était toujours au premier plan le plus éploré, le plus intéressé par les investigations des enquêteurs.
34:20 Qui le trouvaient évidemment là à chaque fois qu'ils arrivaient.
34:26 Au moindre reportage, Gilles Tourny prenait la parole.
34:30 - Vous pouvez lui demander ce que vous voulez.
34:31 Il arrivait toujours à vous faire plaisir.
34:34 - Et puis on sait aussi au travers des écoutes téléphoniques que dans la famille, on s'intéressait énormément aux avancées de l'enquête.
34:43 Alors, est ce que c'est une curiosité malsaine ou est ce que c'est une inquiétude sur les investigations qui sont menées par les enquêteurs?
34:56 En tout cas, c'est assez inhabituel.
34:59 - C'est surréaliste. On lui dit monsieur, vous avez parlé de l'enquête, ça veut dire que ça vous inquiète cette enquête.
35:04 Mais s'il n'en parle pas, c'est bizarre aussi.
35:08 Bref, lui, c'est simplement, oui, il veut savoir où ça en est.
35:11 C'est Fernand, c'est son ami, c'est un proche de la famille.
35:15 - Il demandait sans plus à ses filles quand on avait l'occasion de les voir.
35:19 Ça avait-il du nouveau?
35:21 Ah non, ou bah ceci, ou bah cela.
35:25 Je ne suis pas d'accord du tout. C'est vrai que bon, peut être que j'étais un petit peu plus proche d'Adelia, mais ce qui est tout à fait normal, puisque c'est la belle mère de ma fille.
35:34 Et que quand les gens sont dans la peine et une peine comme ça, je crois que c'est horrible.
35:38 Ce qui leur est arrivé, vous soutenez, enfin, je veux dire, vous les appelez.
35:43 Des fois, il arrivait que oui, effectivement, je pouvais lui dire, t'as rien de neuf.
35:47 - Ce sont des éléments qui ne représentent aucun élément de preuve.
35:50 C'est ce qu'on appelle strictement une construction intellectuelle.
35:54 Il y a des gens qui ont fait des années de prison sur des arbusties comme ça, sur des petites choses.
35:58 C'est absolument irrecevable.
36:01 Le comportement de Gilles Tourny au lendemain du meurtre ne plaide pas en sa faveur, mais pour les enquêteurs, il manque un mobile.
36:11 Et c'est en remontant dans le passé des deux amis que se trouve peut être la réponse.
36:18 En effet, il y a une brouille entre les deux hommes dont Gilles Tourny n'a pas parlé.
36:32 Une histoire d'adultère qui remonte à 1981.
36:39 A l'époque, Fernand Mourao est marié à Laurence, la mère de ses deux filles, et il découvre qu'elle le trompe avec son voisin, Gilles.
36:50 - C'est un truc que je regrette, déjà.
36:54 Pourtant, je ne sais pas comment ça s'est fait, que ça s'est fait un truc comme ça.
36:59 - Ça a été tendu, mais tendu entre les deux familles aussi.
37:05 Ça a dévasté toute la famille.
37:08 Ça a dévasté aussi son couple.
37:10 Il a été malheureux, malheureux.
37:14 Mais l'histoire n'en reste pas là.
37:18 Fernand décide de se venger en ayant une aventure avec Simone, la femme de Gilles.
37:25 - Je pense qu'on était mal l'un et l'autre.
37:29 Et puis, voilà, il y a eu ça, mais c'était bref.
37:32 Mon mari l'a tout de suite arrêté avec elle parce qu'il ne voulait pas me perdre.
37:36 Et que moi, après, c'est pareil.
37:38 Ce n'est pas quelque chose qui a duré longtemps.
37:40 Ce que je regrette, moi, c'est d'avoir dit "j'en fais la même chose".
37:43 Je lui ai rendu la pareille.
37:45 Et c'est vieux, on était jeunes, on était jeunes.
37:49 Cette trahison réciproque va laisser des traces.
37:54 Les deux amis mettront du temps à tourner la page.
38:00 - Ils ne partaient plus ensemble au travail.
38:02 Et puis bon, petit à petit, après, c'est revenu.
38:06 Ils se sont reparlés.
38:07 Et puis, tout ça s'est oublié.
38:09 - Et on était restés copains.
38:11 Après, ça a été réglé.
38:13 Il n'y a pas de souci là-dessus.
38:15 - Cette relation d'adultère entre les deux couples,
38:21 je veux dire, c'était tellement oublié pour les deux familles
38:26 que personne n'y a fait référence au début de l'enquête.
38:30 La hache de guerre a-t-elle vraiment été enterrée ?
38:34 Pas si sûr, car cette affaire vieille de 35 ans
38:39 aurait brutalement ressurgi quelques mois avant le meurtre.
38:43 Les écoutes téléphoniques de Simone Tourny
38:49 vont révéler des confidences très surprenantes.
38:52 Lors d'une conversation avec sa fille,
38:56 elle lui avoue être soulagée par la mort de Fernand Mourao.
38:59 - Elle est soulagée et elle se met à rire.
39:02 Ce n'est pas choquant.
39:04 On peut être plus tranquille de la mort de son voisin,
39:08 qui est soi-disant très ami avec ces personnes.
39:13 Moi, il me hante ce mot, je vous assure, il me hante.
39:16 - Comment peut-on dire ça ?
39:18 Une personne qui s'est pris le bal dans la tête.
39:22 C'est ignoble, c'est ignoble ce qu'elle peut dire.
39:25 C'est impardonnable.
39:26 - Je n'ai jamais dit ça, je n'ai jamais pu dire une chose pareille.
39:29 Je me rappelle avoir dit que j'avais de la peine
39:32 et que des moments, j'étais peut-être soulagée
39:35 parce que j'avais toujours eu ce remord
39:38 d'avoir fait cette chose-là.
39:40 Mais je me suis embrouillée, ce n'est pas ce que je pensais du tout.
39:44 - Simone ne s'est jamais réjouie de la mort de Fernand.
39:49 Mais dans ce contexte d'enquête,
39:54 je crois qu'elle va dire une phrase qui va être interprétée,
39:56 c'est de l'interprétation.
39:58 C'est une phrase sortie de son contexte.
40:02 - Pourtant, d'autres propos échangés avec sa fille
40:06 semblent montrer que Simone Tourny avait une bonne raison
40:10 d'être soulagée de la mort de Fernand Mourao.
40:13 L'ancien amant était peut-être une nouvelle fois tombé amoureux de sa voisine.
40:22 - C'est Mme Tourny qui, elle-même, dit...
40:25 "Fernand se comporte comme s'il cherchait à nouveau
40:31 "à se rapprocher de moi."
40:34 Fernand Mourao, peut-être,
40:38 aurait eu envie de reprendre cette histoire-là
40:43 où elle s'était arrêtée.
40:45 Gilles s'en est peut-être aperçu.
40:48 Ca a pu provoquer sa jalousie.
40:51 - Simone avait confié à sa fille
40:53 que Fernand Mourao l'aurait observée depuis sa fenêtre
40:57 alors qu'elle était dans sa salle de bain.
41:00 - Il a discuté beaucoup avec sa fille par téléphone.
41:04 Est-ce qu'il a pas surpris
41:07 cette conversation qu'elles auraient eue,
41:09 comme quoi mon frère serait toujours amoureux d'elle
41:13 et qu'il la regardait ?
41:15 - Je pense qu'à un moment donné, elle parlait de mon père,
41:20 que lui, il est rentré, il les a écoutés parler.
41:23 Il leur a répété un câble. C'est ce que moi, je pense.
41:26 Parce que malgré tout, c'est quelqu'un de très jaloux
41:30 et qu'elle n'avait pas le droit d'approcher d'autres hommes.
41:35 En tout cas, elle a mis le feu aux poudres, bien sûr.
41:39 En tout cas, elle a tout fait pour.
41:41 - Alors, dans un accès de jalousie,
41:46 Gilles Tourny aurait-il pu se débarrasser de son ami devenu gênant ?
41:51 En garde à vue, Simone Tourny soutient son mari.
41:58 Elle assure que la nuit du meurtre, il a dormi à côté d'elle.
42:02 Un alibi qui va néanmoins se fissurer
42:07 face aux questions pressantes des gendarmes.
42:10 Car Simone va lâcher un mot lourd de sens.
42:14 - J'ai dit "Vous arrivez à me faire douter".
42:16 J'étais fatiguée, c'était la fin de la garde à vue.
42:19 Donc j'ai dit le mot "douter" au lieu de dire "Vous me faites embrouiller".
42:24 Quand il m'a dit ça, il m'a dit "C'est bien votre mari qui a tué ?"
42:27 J'ai dit non. Je l'ai regardée droit dans les yeux.
42:30 Je lui ai dit "Je réponds de mon mari comme de moi-même, ce n'est pas lui."
42:33 Voilà, c'est tout.
42:35 - Mais Simone Tourny n'a pas réussi à convaincre les enquêteurs,
42:42 persuadés que son mari, Gilles,
42:45 aurait abattu son ami, Fernand, par jalousie.
42:49 Seulement, il y a quelque chose qui cloche.
42:52 - On parle d'hommes de 60 ans, qui sont quand même des hommes d'âge mûr,
42:58 qui sont en retraite.
43:02 Est-ce que la jalousie peut encore les terrasser à cet âge-là,
43:06 après tout ce qu'ils ont vécu ensemble ?
43:09 Je ne dis pas que c'est impossible, je dis simplement que c'est surprenant.
43:13 - 35 ans plus tard, Gilles décide de se venger. C'est ridicule.
43:16 - J'ai un mobile à mourir de rire.
43:19 Voilà, n'ayant pas de mobile, on va aller chercher au fin fond
43:24 des poubelles du passé,
43:27 une liaison éphémère.
43:30 - Le mobile, pour moi, c'est de la folie.
43:33 Complètement fou, c'est une histoire de fou.
43:36 Je le dis, je le répète, ce n'est pas nous.
43:39 Je dis "nous" parce que je me mets avec mon mari, c'est tout.
43:43 Je peux certifier que ce n'est pas lui,
43:46 et ça, je le défendrai jusqu'au bout et on se battra jusqu'au bout.
43:50 - Au printemps 2017, nous avions accompagné Simone au tribunal de Bourges.
44:01 Ce jour-là, la justice devait statuer sur la remise en liberté de son mari.
44:06 Une demande qui allait être rejetée pour la 2de fois depuis son incarcération,
44:12 mais qui n'entame pas la détermination de Simone.
44:16 - J'ai espoir. Je veux garder espoir.
44:19 J'espère que... Voilà, qu'ils sortent.
44:22 - Et quelques semaines plus tard, coup de théâtre.
44:31 Après 4 mois passés en prison, Gilles Tournier est libéré.
44:36 Pour Stéphanie, la fille de la victime, et Marie, l'une des sœurs,
44:41 c'est un nouveau déchirement.
44:44 - Anéanti.
44:47 Oui.
44:49 Parce qu'on ne comprend pas la décision de justice, en tout cas.
44:55 Par rapport à ce qu'il y a au dossier,
44:58 comment peut-il revenir vivre en plus sous notre nez, quoi ?
45:05 - On accepte, parce qu'on est obligés d'accepter.
45:09 On se dit qu'il arrive à Châtemignan, on va se croiser,
45:13 même si on ne doit pas avoir de contact.
45:17 Plusieurs fois, je l'ai croisé à Intermarché.
45:20 Je ne baisserai pas les yeux.
45:24 Et quelle attitude avoir envers lui et envers elle ?
45:28 Pour eux, ils sont tous les deux.
45:32 Il y a des membres de la famille qui ont écrit au juge pour dire
45:36 "Laissez-le sortir, bien sûr, on le laisse sortir."
45:40 - Pendant son incarcération, Gilles Tournier a reçu
45:44 de nombreuses lettres de soutien.
45:48 - Tout le monde à Châtemignan sait que toi, Gilles,
45:52 tu n'es rien d'un assassin.
45:54 Bien au contraire, les mots qui ressortent sont gentillesse,
45:59 et bien d'autres qualités encore, tiens bon.
46:02 - Gilles est très apprécié à Châtemignan.
46:10 Les gens savent qu'il n'est pas un homme violent.
46:14 Il est incapable d'avoir commis ces faits-là.
46:17 Beaucoup de gens ont pris faits des causes pour lui.
46:20 Il était logique qu'il puisse rentrer dans sa maison.
46:24 - Je le prends comme un signe où on sent
46:27 que peut-être la piste Tournier vacille.
46:30 On l'autorise à retourner chez lui, près de la scène de crime.
46:35 Je ne sais pas si on était si certains que c'était lui.
46:38 Je ne suis pas certaine qu'on aurait fait ce choix.
46:41 - Qu'il soit remis dehors au bout de 4 mois
46:45 après avoir été mis en examen pour meurtre,
46:48 c'est pour moi le signe que ce dossier est extrêmement fragile.
46:52 C'est la raison pour laquelle ils l'ont sorti au bout de 4 mois,
46:57 ce qui est extrêmement rare.
46:59 - Malgré tout, si Gilles Tournier est sorti de prison,
47:02 il n'est pas mis hors de cause pour autant.
47:06 Plus de 2 ans après avoir été libéré,
47:09 il est toujours mis en examen pour le meurtre de Fernand Mourao.
47:13 Pour les proches de la victime, cela est totalement incompréhensible.
47:18 - Il y a des lacunes dans le dossier énormes.
47:26 Donc, ce que je veux, c'est qu'on creusse ces lacunes.
47:31 Si on nous emmène une preuve comme quoi c'est M. Tournier,
47:35 je me sentirais doublement...
47:37 Trahi.
47:39 Mais doublement trahi, mais qu'on m'emmène une preuve.
47:42 Il n'y a pas de preuve.
47:44 - On n'a pas d'aveu, aucune preuve, pas l'arme du crime.
47:48 On n'a pas grand-chose dans cette histoire.
47:52 - La piste Tournier, à ce jour, est bancale.
47:55 - Je suis sur de l'interprétation de comportement.
47:58 Et ça, c'est pas suffisant. Il faut autre chose.
48:02 Ça me paraît compliqué d'aller aux assises avec un dossier comme ça.
48:06 C'est périlleux.
48:08 - En septembre 2019, contre toute attente,
48:12 l'affaire connaît un nouveau rebondissement.
48:15 La Défense obtient que l'instruction soit relancée.
48:18 Il y aurait une faille dans l'enquête.
48:22 Une faille qui, si elle était comblée,
48:25 pourrait totalement lever les soupçons qui pèsent sur Gilles Tournier.
48:29 - Il y a un certain nombre de choses qui n'ont pas été faites,
48:33 ou qui ont été mal faites, ou qui ont été délaissées.
48:36 Je souhaite qu'on continue les investigations pour mes clients
48:39 et pour qu'on ait la bonne personne dans le box des accusés
48:43 et pas une personne contre qui il existe peu d'éléments de preuves.
48:46 - Pas de dossier sur lequel il n'y a strictement
48:50 aucune preuve matérielle contre Gilles Tournier,
48:53 mais il y en a certainement contre les véritables meurtriers.
48:56 Il faut les chercher. C'est ce que l'on réclame.
48:59 Ce sont des faits, des éléments, des preuves qu'on cherche.
49:03 - Selon le clan Tournier, une piste aurait été abandonnée trop vite.
49:07 Souvenez-vous, celle de l'ancienne maîtresse
49:10 qui avait eu un enfant avec Fernand
49:13 et qui avait caché la vérité à son mari pendant plusieurs années.
49:18 Le soir du crime, le couple prétend être resté à son domicile,
49:21 comme semble le prouver la localisation
49:24 de leur téléphone portable,
49:28 mais il y a un hic.
49:31 - Maintenant, nul n'ignore que la téléphonie,
49:34 on ne va pas aller commettre un crime avec son téléphone.
49:38 Plus personne, le plus débile, ne le ferait pas.
49:41 - Pour le clan adverse, persuadé de l'accusation
49:47 de la culpabilité de Gilles Tournier,
49:50 il ne s'agirait en réalité que d'une diversion.
49:53 - C'est avéré qu'il n'y avait rien.
49:57 Tout a été retiré chez eux. Il n'y avait rien.
50:00 Il n'y avait pas de vêtements tachés.
50:03 Rien ne les relie à mon père.
50:07 - On ne comprend pas leur démarche.
50:10 Est-ce que c'est le fait de retarder ? Je ne sais pas.
50:13 - On agite le chiffon rouge,
50:17 pour éloigner des questions qui restent en suspens
50:20 et sur lesquelles M. Tournier ne s'explique pas.
50:23 - 3 ans et demi après l'assassinat de Fernand Mourao,
50:29 ses proches attendent d'avec impatience
50:33 une réponse de la justice.
50:36 Un calvaire qui s'ajoute à la douleur
50:39 d'avoir perdu un être cher.
50:42 - Mon papa, qui se trouve ici,
50:46 ne méritait pas de se retrouver ici, pas à 60 ans,
50:49 et pas par un lâche qui lui a enlevé la vie.
50:52 C'était une personne qui était toujours là pour nous
50:56 et en aucun cas nous aurait abandonnés.
50:59 On se doit d'aller jusqu'au bout pour lui.
51:02 - On ne peut pas faire notre deuil.
51:06 Le sachant en liberté, et mon frère, là.
51:09 - Gilles Tournier sera-t-il finalement renvoyé aux Assises
51:12 ou sera-t-il définitivement mis hors de cause ?
51:15 La famille de Fernand Mourao devrait prochainement être fixée.
51:19 ...

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