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Court métrageTranscription
00:00 Si on vous dit cinéma indien, vous pensez peut-être à ça.
00:02 Bollywood, c'est la plus grosse industrie de cinéma au monde,
00:08 mais depuis quelques années, elle est concurrencée par Tollywood et Collywood.
00:12 Ses productions régionales indiennes ne sont pas nouvelles,
00:14 mais elles connaissent un retour en force grâce au développement des multidiffusions en Inde
00:18 et à une représentation plus réaliste de la société.
00:21 Comme pour Bollywood, Tollywood et Collywood sont la contraction du suffixe "Hollywood"
00:26 auquel on ajoute un ancrage linguistique et géographique.
00:29 Bollywood vient de Bombay et produit des films en Indie.
00:32 Tollywood fait référence au Telugu, une des langues parlées dans le sud du pays
00:35 et dans laquelle les films sont produits.
00:37 Collywood vient de Kodambakam, une banlieue de la ville de Madras, dans le sud-est,
00:41 et produit des films en Tamil.
00:43 L'Inde, c'est un état fédéral qui est découpé par toutes ces langues,
00:47 toutes ces cultures, toutes ces manières de raconter des histoires,
00:51 et le cinéma, finalement, ne va pas faire exception.
00:53 Chaque industrie a sa spécificité.
00:55 Par exemple, les tournages se font plus à l'extérieur, à Collywood, qu'à Bollywood.
00:59 Beaucoup des héros de Collywood sont des héros issus du peuple,
01:02 alors du coup, on va le voir dans la rue, on va le voir près des gens,
01:06 alors que le monde de Bollywood, c'est un monde fantasmagorique
01:09 dans lequel des grandes familles, richissimes, vivent des aventures extraordinaires.
01:14 Et donc, du coup, tout ça, c'est tourné en studio.
01:17 Ces productions ne sont pas nouvelles.
01:18 Elles ont toujours existé en parallèle de la production de Bollywood dès les années 1920.
01:23 En fait, on parle de plus en plus de ces industries régionales
01:25 grâce au carton d'un film produit par Tollywood,
01:28 le blockbuster RRR a non seulement conquis le public indien, mais aussi international.
01:33 Troisième film le plus rentable de l'histoire du pays,
01:36 il a engrangé 160 millions de dollars de recettes mondiales.
01:39 En 2023, il a été primé aux Oscars, une première pour l'industrie indienne et pour Tollywood.
01:45 Plus précisément, le film a remporté le titre de la meilleure chanson originale,
01:48 ce qui a permis de mettre un coup de projecteur sur ces industries du sud du pays.
01:56 C'est un film qui va remettre au goût du jour une envie, un rêve,
02:00 que les premiers réalisateurs du cinéma indien avaient,
02:03 c'est-à-dire de créer un cinéma pan-indien,
02:05 un cinéma qui va pouvoir parler à toute l'Inde, un cinéma qui va fédérer.
02:09 On y trouve tous les codes du cinéma indien,
02:11 les cascades, les chansons, les références à la mythologie,
02:14 mais ils puisent son originalité ailleurs.
02:16 C'est un film qui revisite l'histoire coloniale.
02:19 C'est un film où le héros va botter les fesses du colon britannique,
02:23 donc forcément, c'est fédérateur.
02:25 Certains critiques soulignent que RRR a aussi été porté sur les écrans
02:28 dans un contexte politique de plus en plus enfermé par le nationalisme hindou.
02:32 D'autres films de ces productions régionales
02:34 ont connu des succès internationaux dans les années 1990 et jusqu'à aujourd'hui.
02:38 C'est le cas de MUTU,
02:39 qui raconte l'histoire d'un serviteur d'une famille royale
02:42 qui tombe amoureux de la femme de son maître.
02:44 Et l'exemple de MUTU, c'est un exemple que j'aime beaucoup
02:47 parce que c'est le moment où Rajinikan va devenir une super star au Japon
02:51 à la fin des années 90,
02:52 c'est depuis le cinéma qu'Hollywood a toujours des fans
02:55 et s'exporte toujours au Japon.
02:57 Et il y a une autre raison qui explique le succès de ces films du Sud.
03:00 Depuis quelques années, l'industrie de Bollywood tourne au ralenti.
03:03 Plusieurs films n'ont pas eu le succès attendu à cause du Covid
03:06 et le public s'est lassé de la vision stéréotypée
03:08 et déconnectée de la société des peintres dans la plupart de ses films.
03:11 À tel point que certains parlaient même de la fin de Bollywood.
03:14 Et si ces films ont de plus en plus de succès,
03:18 c'est aussi grâce à une innovation,
03:19 la sortie simultanée en plusieurs langues.
03:21 Ce qui fait que ces films du Sud peuvent conquérir le Nord,
03:24 c'est parce que le numérique permet qu'ils soient diffusés en Indie,
03:28 à Mumbai, dès leur sortie.
03:30 Pour que les gens de Mumbai aillent voir ces films,
03:33 il faut qu'ils soient doublés dans leur langue.
03:35 Et le numérique a permis ça,
03:37 et ça crée cette effervescence extraordinaire qu'on n'avait jamais connue avant.
03:41 Avant ça, les films étaient complètement retournés pour le public du Nord,
03:44 avec de nouveaux acteurs
03:45 et une intrigue adaptée au goût des spectateurs de cette région.
03:48 Ça laisse leur chance aux films du Sud
03:51 d'une manière qu'on n'a encore jamais connue.
03:53 Et donc du coup, ça va nous permettre de voir, finalement,
03:55 si l'engouement des films du Sud au Nord se vérifie.
03:59 Car l'industrie de Bollywood est loin d'avoir dit son dernier mot.
04:02 Jawan et Patan, deux films produits par la superstar Chakruk Khan,
04:05 ont explosé les compteurs.
04:06 Le deuxième a fait un million d'entrées en moins de 24 heures en Inde.
04:10 On est dans une période extrêmement intéressante
04:13 où on va essayer de voir qui va faire le prochain blockbuster,
04:18 qui va réussir à briser les records toujours plus extraordinaires
04:24 que les films arrivent à atteindre.
04:26 [Musique]