Agricultrice et formatrice en agriculture de conservation des sols, Sarah Singla a rappelé, lors du Festival du non-labour et du semis direct, l'intérêt de ces pratiques dans la préservation de l'eau.
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00:00 Ce qu'on va retenir, c'est que nous en tant qu'agriculteurs, on va chercher à récolter le soleil pour semer la pluie.
00:04 De manière générale, ce qu'on voit, c'est qu'en agriculture de conservation des sols, on va favoriser l'infiltration de l'eau dans les sols.
00:16 Ce qu'il faudra aussi bien mettre en place, ça va être tout ce qui va éviter le ruissellement, c'est-à-dire la couverture de surface.
00:22 Si jamais le sol n'est pas protégé, on risque quand même de créer une croûte de bâtances, on risque d'avoir du ruissellement et de l'érosion.
00:29 Donc il faut veiller à tout ça.
00:30 L'agronomie, c'est la science des localités, c'est-à-dire qu'on doit toujours s'adapter à nos propres conditions pédoclimatiques.
00:38 Je sais que souvent on va voir de très beaux exemples qui viennent de droite ou de gauche.
00:41 Il faut toujours remettre ça dans son contexte, c'est-à-dire tenir compte à la fois de la pluviométrie en quantité et répartition, mais également du type de sol.
00:51 Tout n'est pas possible partout.
00:54 On dit toujours aux gens qu'il faut semer dans le vert. Ça, ça va quand on a de l'irrigation, qu'on a des sols profonds, qu'on a de la réserve utile.
00:59 Dans certains cas, il sera préférable, notamment pour les semis de maïs ou de tournesol, de stopper le couvert végétal un mois avant le semis,
01:05 afin de conserver l'eau dans le sol qui pourra être utilisée ensuite par la culture principale.
01:10 Sinon, ça va avoir un impact sur le rendement parce qu'on considère qu'une tonne de matière sèche consomme 25 mm d'eau.
01:20 Si on attend que le couvert pousse un peu plus au printemps, admettons qu'il prenne trois tonnes de matière sèche en plus,
01:24 ça veut dire qu'il aura consommé 75 mm d'eau en plus.
01:27 Et ça, ça peut freiner le maïs si jamais on n'a pas d'irrigation ou qu'on a une faible réserve utile.
01:32 Une fois qu'on a maintenu la porosité grâce aux galeries de vers de terre et aux racines des plantes,
01:37 la chose qu'il va vraiment falloir faire attention, ça va être tout ce qui est compaction des sols, c'est-à-dire trafic sur la parcelle, poids des machines.
01:44 Si jamais on augmente la charge à l'essieu, indépendamment de l'équipement que l'on aura mis,
01:48 on va en fait avoir de la compaction en surface et en profondeur, surtout si on intervient en conditions humides.
01:53 Ça veut dire que le premier levier pour améliorer la structure du sol, c'est d'abord de faire attention au poids des machines,
01:58 avant même de regarder quels sont les couverts végétaux à installer.
02:01 Le trafic contrôlé, c'est-à-dire qu'on va localiser le trafic sur la parcelle, il vaut mieux rouler tout le temps au même endroit,
02:10 plutôt que de rouler un peu partout sur la parcelle.
02:13 Ce que nous perdons en France, c'est minimum 5% de rendement à cause de la compaction.
02:17 Ça veut dire que si on veut améliorer la marge à l'hectare et améliorer le rendement,
02:21 il faut donc faire attention au trafic sur la parcelle et rouler toujours au même endroit.
02:24 L'autre point d'attention, mais là en fait qui va être beaucoup plus global, c'est de fédérer les agriculteurs.
02:33 On ne va pas se poser à dire "t'es gros, t'es petit, moyen, t'es bio, t'es pas bio avec ou sans travail du sol", peu importe.
02:37 Ce qu'on va retenir, c'est que nous en tant qu'agriculteurs, on va chercher à récolter le soleil pour semer la pluie.
02:42 Plus nous serons nombreux à végétaliser les sols, plus il y aura des vapeaux de transpiration,
02:46 et notamment en période estivale, plus nous ferons de nuages.
02:49 Et c'est à partir du moment où il y a un nombre critique de gouttes dans les nuages qu'il se remettra à pleuvoir.
02:54 Donc on a de la chance, c'est de se dire que l'agriculture, elle peut avoir un impact vraiment positif
02:58 sur tout ce qui est évolution climatique et on est capable de refaire tomber la pluie.
03:03 La vision de l'agriculture en 2050, c'est qu'on va redevenir cultivateur.
03:11 Cultivateur, ça veut dire cultiver la vie du sol, il faut être agronome.
03:13 Si on regarde l'évolution du métier d'agriculteur depuis de très nombreuses années,
03:17 en fait le métier de conducteur de tracteur n'aura duré que 70 ans, de 1950 à 2020.
03:22 Avant, les gens avaient des chevaux, ils avaient des bœufs, et demain ce sera les tracteurs autonomes.
03:26 Ça veut dire que le bon agriculteur de demain, c'est pas celui qui s'amusera avec les leviers de commande
03:30 et le bouton lièvre-tortue, mais c'est celui qui saura combien de grains au mètre carré je sème,
03:35 quelle variété j'implante, comment je fertilise, comment j'irrigue.
03:39 L'agronomie est en train de reprendre toute sa place dans notre métier.
03:41 [Musique]