Jaleh Bradea reçoit Franck Lemann, président de la Fédération française des Supporters de Rugby, et Coumba Diallo, Joueuse du Stade Français Paris et Responsable RSE. Ils œuvrent dans le même but : sensibiliser à l’inclusion dans le milieu du sport et notamment dans le rugby. En France, les joueurs et joueuses LGBTQIA+ ainsi que les personnes en situation de handicap sont encore discriminés. Les acteurs du rugby mettent en place différentes actions afin de rendre leur sport plus inclusif pour tous.
Tony Estanguet, président du comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, revient sur l’importance de l’inclusion dans le sport. Via les JO2024, la France veut avancer dans la pratique du handisport et dans l’acceptation des différences dans les sports de haut niveau.
Tony Estanguet, président du comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, revient sur l’importance de l’inclusion dans le sport. Via les JO2024, la France veut avancer dans la pratique du handisport et dans l’acceptation des différences dans les sports de haut niveau.
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00:07 - Bonjour et bienvenue dans ce nouveau numéro d'Envie d'agir sur C8.
00:11 La coupe du monde de rugby bat son plein.
00:14 Voilà pourquoi nous accueillons aujourd'hui le président de la Fédération française des supporters de rugby
00:19 et une joueuse de rugby engagée du Stade français Paris.
00:24 Bonjour à tous les deux, donc Koumba Diallo et Franck Cléman.
00:27 Merci d'être avec nous.
00:29 - Bonjour.
00:30 - Donc comme je le disais, vous œuvrez en fait tous les deux pour l'engagement et la RSE, je le rappelle,
00:34 c'est la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises.
00:38 Donc vous œuvrez tous les deux pour cela au sein de votre sport qui est le rugby.
00:42 Donc assez simplement, expliquez-nous pourquoi.
00:45 - Le rugby est une composante à part entière de la société qui est basée sur le modèle sociétal plein de valeurs,
00:53 dont notamment le respect, la solidarité, la convivialité et tout ce qui peut être fair play et l'engagement bien sûr.
01:02 - Donc voilà.
01:03 - Ça nous semblait naturel de nous engager à ce moment-là.
01:05 - Et ça fait combien de temps du coup que vous avez cet engagement ?
01:07 - Depuis que je suis président de la Fédération française des supporters de rugby, ça fait 3 ans maintenant.
01:12 - D'accord, génial.
01:13 - Qu'on s'est impliqué encore plus dans ce milieu sociétal.
01:17 - Et vous Koumba Diallo alors ?
01:19 - Alors moi ça remonte à très longtemps. Depuis ma carrière de haut niveau, je suis très engagée auprès des associations,
01:25 que ce soit dans la solidarité, l'inclusion, la féminisation.
01:29 Et il y a l'année dernière, le directeur général qui m'a proposé ce poste de RSE qui collait tout à fait avec mes valeurs.
01:35 - Oui donc rappelons-le, vous êtes donc chargée RSE dans l'équipe parisienne qui est le stade français.
01:41 Ça n'existait pas ça avant, c'est nouveau.
01:43 - C'est très nouveau exactement.
01:45 Depuis 2-3 ans, il y a une bonne dynamique concernant la RSE.
01:48 On a 4 piliers, voilà l'environnement, la féminisation qui est tout nouveau, la solidarité, l'inclusion et la santé.
01:56 C'est vraiment les 4 piliers que le stade français essaie de mettre en valeur.
02:00 - Quelle est l'origine de cette volonté d'engagement ?
02:03 - Moi en toute honnêteté, l'origine c'est que le rugby m'a beaucoup apporté en tant que femme, en tant que personne.
02:09 Je suis issue des quartiers populaires.
02:11 Donc je me dis, à travers les démarches RSE, on a besoin de tout le monde, il y a de la place pour tout le monde.
02:17 Donc mettre en avant ces différents projets, ces différentes associations et mettre en avant le stade français à travers ces actions,
02:23 c'est pour ça que je suis engagée, je suis solidaire et à fond dedans.
02:27 - Donc en fait vous utilisez votre notoriété auprès de la société pour embarquer les gens à s'engager.
02:35 - Exactement, parce que je pense que le stade français est un très grand club.
02:38 On a une image de courant de voie, il y a beaucoup de personnes qui s'identifient à nous.
02:41 Si de par nos actions on peut inciter les gens à peut-être changer le monde ou à aider ses semblables,
02:46 je pense que c'est plus gratifiant et très important pour ce club.
02:50 - Et du coup, effectivement, j'entends très bien ces engagements dans l'équipe du stade français de Paris.
02:56 Mais Franck, qu'en est-il chez les supporters ?
03:00 - Alors chez les supporters, la Fédération française représente 90 associations environ.
03:05 Et on les oriente vers des actions nationales, notamment une campagne d'adhésion avec Emmaüs
03:14 où on fait une collègue de fond en novembre.
03:18 - Donc là effectivement c'est de la solidarité, c'est d'aider, c'est apporter des choses à Emmaüs.
03:22 - Beaucoup de solidarité, oui.
03:24 - Et comment la Fédération réagit à l'ouverture de la Coupe du Monde, où on avait entendu ces sifflets assez impressionnants
03:33 quand le président ouvrait cet événement.
03:36 Vous, votre réaction, c'est quoi ? Comment vous gérez ça ?
03:39 - Notre réaction, c'est en fait, on pense simplement qu'après une cérémonie d'ouverture assez longue,
03:44 deux discours d'affilée, les gens étaient impatients de voir enfin du rugby.
03:49 - Ah, vous pensez que c'était de l'usure, de la fatigue, d'attendre ?
03:53 - Et pas de la politique.
03:55 - Moi, pour rebondir sur ça, en toute honnêteté, je trouve ça un peu triste
03:59 parce que c'est quand même la Coupe du Monde en France.
04:02 Tout le monde entier a le regard tourné vers cette Coupe du Monde.
04:06 C'est le président, mais à un moment donné, c'est le sportif et la politique qu'il faudrait faire à la part des choses.
04:11 Mais moi, je trouvais ça un peu désolant. C'est le président, il doit être obligé d'ouvrir un peu cette cérémonie.
04:16 - Du coup, effectivement, c'est quand même un peu compliqué parfois dans ce contexte de porter les valeurs
04:20 qui sont les vraies valeurs du rugby, je suis tout à fait d'accord, mais ça ne doit pas être toujours évident de les porter.
04:26 - Bien sûr, ce n'est pas évident et bien entendu, ce n'est pas acceptable que les gens aient sifflé le président de la République,
04:31 quel qu'il soit d'ailleurs, ni même le président de World Rugby.
04:36 Mais effectivement, je pense qu'une partie du public, en tout cas une grande majorité du public,
04:42 était sous le coup de l'impatience et attendait le premier AK de la Coupe du Monde,
04:47 la réaction de l'équipe de France, ça fait quatre ans qu'on l'attend.
04:51 - Ils étaient sur les starting blocks.
04:53 - Là, il fallait y aller dans la mêlée. J'essaie d'utiliser un peu de termes.
04:58 Et en fait, justement, quand on parle de mêlée, on pense aussi d'inclusion.
05:02 C'est quoi les critères d'inclusion aujourd'hui dans votre sport ?
05:06 - Alors, les critères d'inclusion dans notre sport, c'est que la beauté du rugby, c'est qu'on a besoin de tout le monde, de tous les profils.
05:13 Qu'ils soient grands, petits, moyens, trampus, costauds.
05:17 Ta force est au service du collectif, est au service de l'équipe.
05:21 Donc, si de part notre sport, on peut faire ça à travers des engagements un peu sociétal, c'est ce qui est plaisant dans l'inclusion.
05:28 - Et vous, Franck ?
05:29 - Je suis tout à fait d'accord. On a tout à fait toujours été très ouverts au rugby, à tous les formats, tous les gabarits, toutes les religions.
05:39 D'ailleurs, c'est pas difficile. C'est pas une question qu'on pose.
05:42 Personne ne se pose la question. J'ai des copains au rugby. Je sais pas de quelle religion ils sont.
05:48 Je ne sais pas s'ils sont noirs, blancs, jaunes, rouges. Ça m'importe absolument pas.
05:55 Et c'est comme ça dans toutes les équipes de rugby et aussi chez les supporteurs.
05:59 - Je pense que de là où vous êtes, tous les deux, vous n'êtes pas sans ignorer qu'il y a eu une étude récemment menée auprès des Français sur les LGBTphobies dans le sport.
06:09 Et il y a un chiffre qui était très intéressant, que d'ailleurs les ministres ont partagé sur les réseaux sociaux,
06:14 qui est que 78% des Français souhaitent que l'on aille plus loin dans la lutte contre les LGBTphobies dans le sport.
06:23 Vous, comment vous gérez ça aussi ?
06:25 - Toujours de la même manière. On ne pose pas la question de savoir quelle est la sexualité des gens qui sont adhérents dans nos associations.
06:36 Et on fait en sorte que tout le monde accepte tout le monde. Il n'est pas question qu'on tolère quelqu'un qui aurait des propos homophobes ou LGBTphobes.
06:46 Peu importe d'ailleurs, même hétérophobes. C'est hors de question qu'on ait le moindre propos là-dessus.
06:53 - Pour rebondir, nous au Stade Français Paris, on a la Stade d'Académie, on a beaucoup de jeunes, à peu près une centrentaine de jeunes.
06:59 Et je pense que plus tu les sensibilises les jeunes plus tôt, je pense que mieux c'est accepté.
07:03 - Autre chose quand on parle d'inclusion, c'est le rugby fauteuil, qu'on appelle aussi quad rugby, qui est vraiment un sport mixte en plus.
07:13 On fait du quad rugby à des équipes mixtes, femmes, hommes.
07:16 - Il y a plusieurs types de rugby, c'est vrai qu'il y a du rugby mixte, que des féminines, que des masculins.
07:22 Et donc du coup, c'est divers et varié. Et par rapport à cette forme d'inclusion,
07:27 chez le Stade Français, on est rattaché à un club de rugby, Capsa Sport.
07:31 Ce qu'on va mettre en place avec Capsa Sport Rugby, c'est qu'ils vont fédérer notre club, ils vont porter nos couleurs,
07:39 ils vont jouer sur le même maillot et à travers ça, on a aussi des sensibilisations avec nos jeunes.
07:43 On va vers eux, on pratique le rugby fauteuil avec eux et c'est un bel échange et des beaux partages.
07:48 - Donc ça, c'est quand même aussi un message très fort. Je voudrais partager avec vous, du coup,
07:53 le message engagé d'un de nos ambassadeurs du sport qui, en l'occurrence, est aujourd'hui président du comité olympique.
08:00 Et on se parle juste après.
08:02 - J'ai choisi cette photo de Sandrine Martinet à la finale des Jeux paralympiques de Rio 2016.
08:09 C'est un souvenir très fort. Moi, j'étais là-bas, c'était mes premiers Jeux paralympiques en tant que spectateur.
08:16 C'était hyper intense et à la fin, il y a eu cette émotion où c'était son premier titre, même si elle était déjà championne de France,
08:23 championne d'Europe, championne du monde. Elle a sauté partout, dans tous les sens, récupéré son enfant.
08:31 Donc, c'est vraiment un super souvenir et je me suis rendu compte du potentiel des Jeux paralympiques à ce moment-là.
08:37 On a voulu, pour la première fois, créer ce collectif unifié, cette même équipe de France.
08:42 Pour Paris 2024, c'est aujourd'hui vraiment un marqueur très fort.
08:47 On veut que ces Jeux paralympiques soient traités avec la même ambition que les Jeux olympiques.
08:51 On a commencé par le logo et c'était pour nous important que ce soit pour la première fois dans l'histoire des Jeux,
08:56 le même logo pour les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques.
08:59 Ensuite, c'est poser la question des sites de compétition.
09:01 Là aussi, on a gardé la même ambition pour qu'il y ait des épreuves au pied de la Tour Eiffel.
09:06 Ce sera le Sessi-Foot, sur l'Esplanade des Invalides, ce sera du para-tir à l'arc.
09:11 Dans les jardins du château de Versailles, ce sera du para-équitation.
09:14 Réussir à associer le plus beau patrimoine français avec ces sports paralympiques
09:20 pour mettre les athlètes dans les meilleures conditions
09:24 et vraiment réussir à valoriser leur performance de la plus belle des manières.
09:28 Il faut que les clubs puissent accueillir ces sports paralympiques de manière plus nombreuse.
09:33 Aujourd'hui, on n'a pas assez de clubs de sport qui sont formés
09:37 pour pouvoir accueillir toutes ces personnes en situation de handicap.
09:41 Mon espoir, clairement, c'est qu'après la cérémonie de clôture de ces Jeux de Paris 2024,
09:46 on ait trouvé des solutions pour que plus de Français valides ou en situation de handicap
09:52 puissent partager des moments de sport.
09:54 Moi, je me suis construit grâce au sport.
09:56 Je sais que le sport peut changer la vie de beaucoup de personnes.
09:59 Et j'ai envie que collectivement, et chacun doit jouer son rôle,
10:03 que ce soit le mouvement sportif, les acteurs publics, l'État,
10:07 mais aussi les partenaires privés, les entreprises.
10:09 On doit tous contribuer à faire en sorte qu'il y ait le plus possible de Français
10:14 qui pratiquent une activité physique.
10:16 C'est le prochain grand défi collectif qui nous attend.
10:19 Je suppose que ça vous inspire tous les deux ?
10:21 Absolument.
10:22 C'est vrai que généralement, dès qu'on regarde les JO, c'est fini.
10:25 Après, les JO paralympiques, on essaie de mettre de côté,
10:28 il n'y a pas forcément de répercussions et de retours.
10:31 Et là, c'est plaisant de voir que la campagne,
10:33 il y a des personnes en situation de handicap et des athlètes normales.
10:36 Voilà, ça reste quand même des athlètes, ils sont comme nous,
10:39 ils ont juste un handicap un peu moteur ou autre.
10:41 De part ces JO, on peut mettre une grande visibilité à travers ça.
10:45 Si les gens connaissent un peu plus ce sport, le paralympique,
10:48 je pense qu'ils s'y intéresseraient.
10:49 Ça serait plaisant pour eux par la suite.
10:51 Et justement, si je vous dis, du coup, égalité des chances à chacun d'entre vous,
10:56 dans votre sport, ça vous fait penser à quoi ?
10:59 Moi, ça me fait penser à l'école de rugby.
11:01 L'endroit où on arrive sans rien savoir, tout petit,
11:04 et sans avoir aucune différence entre le grand, le petit, le gros, le maigre,
11:09 le musclé, le pas musclé, et de les voir sortir un jour,
11:14 peut-être en équipe de France pour certains,
11:16 d'autres dans la vie, mais armés pour la vie.
11:19 L'égalité des chances, c'est qu'on a 15 joueurs, 23 joueurs sur le terrain.
11:24 La différence, c'est juste le maillot.
11:26 Et entre les deux équipes, t'as l'arbitre.
11:29 Donc du coup, peu importe ta situation dans la vie,
11:31 peu importe ton métier, peu importe ce que tu fais,
11:33 peu importe ce que font papa et maman, c'est 15 personnes, 23 personnes,
11:37 et c'est le match et le combat.
11:39 - C'est un très joli message de fin.
11:41 Merci beaucoup à tous les deux.
11:43 Et bonne continuation, bonne fin de Coupe du Monde aussi.
11:46 Et donc, on passe à l'agenda de l'émission.
11:48 Une fois n'est pas coutume, un livre en relation avec cette thématique aussi,
11:52 puisque c'est une personne en situation de handicap sur fauteuil.
11:54 L'auteur raconte sa vie et tout ce que ça représente pour lui
11:58 de savoir ce handicap qui va arriver.
12:00 "Ma vie ressemble à la vôtre", c'est très joliment écrit.
12:04 Aux éditions Le Bruit du Monde.
12:06 Et puis aujourd'hui, 30 septembre, c'est la Journée mondiale de la mer, M.E.R.
12:13 Donc je vous invite à revoir, si vous le souhaitez,
12:15 notre émission spéciale sur la thématique avec Maude Fontenoy.
12:19 Et puis, n'oubliez pas, évidemment, nos podcasts "Envie d'agir"
12:23 disponibles sur Apple, Deezer, Spotify et bien sûr MyKanal.
12:27 Et on se retrouve très vite sur C8 pour plus d'Envie d'agir.
12:31 Merci.
12:32 ♪ ♪ ♪