Le METI publie un baromètre sur les conditions de financement des entreprises de taille intermédiaire. Leur délégué général, Alexandre Montay était l'invité éco de franceinfo le vendredi 29 septembre pour évoquer leur santé.
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00:00 L'invité éco, Camille Revelle.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, nous parlons de la santé des perspectives et du moral des entreprises.
00:10 Avec notre invité, bonsoir Alexandre Monté.
00:12 Bonsoir.
00:13 Délégué général du Métis, le mouvement des entreprises de taille intermédiaire.
00:16 Vous êtes entre les PME et les très grandes entreprises, c'est-à-dire 250 à 5000 salariés,
00:21 chiffre d'affaires 1 milliard d'euros maximum.
00:24 Il y en a 5500 en France des ETI.
00:26 Et vous publiez avec la Banque Palatine votre dixième baromètre du financement des ETI, réalisé auprès de 1200 entreprises.
00:34 Ce qu'on y lit, c'est que c'est contrasté en fait.
00:36 Vous nous dites après des débuts prometteurs, l'année risque de se terminer sur une note moins sereine. Pourquoi ?
00:42 On sent un fléchissement de l'activité dans les entreprises de taille intermédiaire.
00:47 Ce n'est pas spécifiquement français, c'est très lié à la conjoncture internationale, la Chine, les Etats-Unis.
00:54 Donc on a un ralentissement de l'activité qui est notable dans nos entreprises,
00:59 qui sont par ailleurs confrontées à différents chocs.
01:03 Un choc de coûts, on y reviendra sans doute au cours de cet entretien.
01:09 Un choc de complexité aussi, puisqu'il faut voir ce qui arrive à l'échelle européenne,
01:14 notamment autour des normes environnementales.
01:17 Un choc et puis un mur d'investissement absolument colossal qui les attend pour s'engager dans la transformation environnementale.
01:26 Alors ça on va y revenir un petit peu plus tard. Parlons effectivement de ce choc de coûts.
01:29 D'abord pour préciser, près de 4 ETI sur 10 jugent que leur situation s'est dégradée sur un an.
01:35 C'est ce qu'on lit dans votre baromètre.
01:36 Choc de coûts, crise inflationniste, crise énergétique surtout ?
01:40 Crise énergétique qui a beaucoup pesé.
01:42 La Direction Générale des entreprises a sorti une étude très récente montrant que 36% des entreprises françaises
01:48 ont connu une baisse assez substantielle de leur marge du fait de la crise énergétique.
01:54 Elle a pesé sur les entreprises de taille intermédiaire.
01:57 D'ailleurs nous avions travaillé avec le gouvernement pour faire en sorte qu'elles soient accompagnées face à des multiples
02:03 par 3, par 4 de leurs coûts énergétiques.
02:07 Donc ça a naturellement pesé. Vous avez un effet en chaîne inflationniste sur les intrants industriels.
02:13 Et puis vous avez aussi l'inflation salariale puisque les entreprises de taille intermédiaire notamment ont accompagné leurs salariés.
02:22 Les salaires ont suivi l'inflation ?
02:24 Les salaires ont suivi l'inflation dans les entreprises de taille intermédiaire.
02:28 Vous parlez de l'accompagnement du gouvernement. Est-ce qu'il a suffi cet accompagnement ?
02:32 Est-ce que là vous partez sur de bonnes bases pour la fin 2023, début 2024 ?
02:36 Sur les questions énergétiques, il a fallu batailler parce que tout ça était naturellement très encadré par Bruxelles.
02:43 Ce qu'on constate notamment sur les guichets qui ont été ouverts par le gouvernement,
02:47 c'est qu'on a à peu près 1300 entreprises de taille intermédiaire qui sont devenues très électro-intensives
02:53 et dont les modèles économiques étaient en souffrance du fait du choc énergétique.
02:59 On parle du verre à moitié vide. Si on voit un petit peu le verre à moitié plein.
03:04 Il y a quand même 70% des entreprises de taille intermédiaire qui sont confiants pour la fin de l'année.
03:09 Les deux tiers qui attendent un chiffre d'affaires en hausse aussi. Tout ne va pas mal ?
03:12 Non, ce n'est pas de l'inquiétude que manifeste ce baromètre.
03:16 C'est plutôt de la vigilance sur un certain nombre de signaux faibles
03:20 qui par la suite peuvent devenir des signaux forts que l'on retrouve dans les études macro-économiques.
03:25 Lesquels par exemple ?
03:27 Écoutez, le ralentissement de l'activité et surtout un des points assez essentiels,
03:31 c'est la rentabilité des entreprises qui nous intéresse beaucoup.
03:35 Le verre à moitié plein, c'est la résilience des entreprises de taille intermédiaire,
03:42 entreprises des territoires, entreprises généralement majoritairement familiales.
03:47 Ce qui fait qu'elles ne sur-réagissent pas aux crises.
03:51 Elles ne sur-réagissent pas aux crises et ensuite elles sont parties lancées.
03:56 C'est-à-dire qu'après la fin de la crise Covid, on a constaté une accélération très forte
04:01 de l'activité, des investissements, des cardés de commandes.
04:05 C'est donc cette traîne ou cette dynamique qui est engagée et qu'on constate aussi aujourd'hui
04:12 et qui permet à 70% de dirigeants d'être confiants.
04:17 Vous continuez d'investir, de recruter aussi ?
04:20 Les ETI sont dans une dynamique d'investissement.
04:24 Je dirais même plus qu'elles ont un impératif d'investissement.
04:27 Toutes les transformations qui sont aujourd'hui nécessaires,
04:30 on est dans un monde qui se réarme industriellement.
04:33 Les ETI c'est à peu près 75% à l'international.
04:37 Et donc si elles ne font pas les investissements dans la digitalisation, dans la robotique,
04:41 dans leurs outils productifs, dans la transformation environnementale,
04:47 elles risquent d'être dépassées.
04:49 Donc il y a cet impératif d'investissement.
04:51 Je vous entends parler de transformation environnementale.
04:53 Le budget 2024 vient d'être présenté par le gouvernement.
04:56 Il y a dedans notamment la création d'un crédit d'impôt pour l'investissement vert.
05:00 Est-ce que ça, ça va dans le bon sens ?
05:02 Ça va naturellement dans le bon sens pour les entreprises qui se positionnent sur des technologies vertes.
05:06 Mais l'enjeu, et donc c'est une bonne chose,
05:10 mais l'enjeu majeur de cette transformation environnementale,
05:13 qui est une véritable révolution industrielle,
05:15 c'est de faire permuter l'ensemble des process de production des entreprises.
05:21 Des entreprises qui ne sont pas uniquement des gigafactories
05:24 ou positionnées sur des technologies vertes.
05:27 Des entreprises qui produisent des matériaux, des biens industriels traditionnels.
05:35 Donc c'est à ça aussi, c'est à ces entreprises-là qu'il faut penser.
05:39 Il y a quelque chose d'autre, puisqu'on parle de ces questions budgétaires.
05:41 Il y a un report d'une partie de la baisse d'impôt de production.
05:44 Vous le savez, la suppression de ce qu'on appelle la CVAE est finalement étalée.
05:47 Est-ce que vous la comprenez cette décision ?
05:49 On comprend cette décision, mais on la regrette.
05:53 C'est une équation budgétaire aussi.
05:54 Il faut distinguer ce qui est de l'ordre de la compétitivité, à notre sens,
05:58 de l'ordre de la résorption, de la réduction des déficits.
06:02 On parlait tout à l'heure de l'effet de départ lancé ou de dynamique des ETI.
06:08 La politique de compétitivité qu'a engagée le gouvernement ces dernières années,
06:12 que ce soit avec la baisse de l'IS ou encore plus récemment avec la baisse de la fiscalité de production,
06:18 a permis progressivement à la France de se mettre sur la voie d'un réalignement compétitif.
06:24 Et c'est ce réalignement compétitif.
06:26 Aujourd'hui, la France est en décalage par rapport à ses voisins européens.
06:29 Il n'y a pas de miracle allemand, il n'y a pas de miracle autrichien,
06:32 il n'y a pas de miracle italien en matière d'industrie.
06:37 Il y a simplement un déficit de compétitivité français par rapport à la moyenne européenne.
06:42 Le gouvernement s'était engagé dans une trajectoire.
06:46 Cette trajectoire a porté ses fruits et avec des résultats.
06:50 On regrette tout simplement que cette trajectoire ne soit pas poursuivie, qu'elle ne soit pas accélérée.
06:57 Ça va être succédé, ça arrivera simplement un petit peu plus tard.
06:59 Un peu plus tard, mais les enjeux, encore une fois, nous on regarde de très près les chiffres, comme vous.
07:04 Rien que pour la transformation environnementale sur ces dix prochaines années,
07:09 on a des 26 milliards d'euros de CAPEX, d'investissement supplémentaire,
07:14 qui vont concerner les PME de croissance et les ETI.
07:17 C'est un mur d'investissement absolument colossal.
07:20 Si la France est trop en décalage par rapport à la moyenne européenne,
07:24 elle ne pourra pas faire la course en tête.
07:27 Pourtant, elle a l'ensemble des actifs pour le faire.
07:30 Merci beaucoup Alexandre Monté, vous êtes délégué général du METI,
07:32 le mouvement des entreprises de taille intermédiaire.
07:35 Vous êtes ce soir l'invité Echo de France Info.