Episode 1 : A la rencontre d'un spécialiste de l'astronomie

  • l’année dernière
Ismaël Cognard, Docteur en Astrophysique et Directeur de Recherche au CNRS, est le parrain de l'atelier scientifique pour cette nouvelle saison.
Le jeudi 21 septembre 2023, il est venu nous rendre visite dans le cadre d'une interview organisée par les élèves.
Transcript
00:00 *Musique*
00:19 *Musique*
00:38 Bonjour, bienvenue à la télé scientifique du Collège Prétal du Brésil.
00:42 Nous sommes ravis de vous rencontrer.
00:44 Mes camarades vont vous poser quelques questions sur votre vie ainsi que sur l'astronomie.
00:50 Eh bien je suis ravi aussi.
00:51 Avez-vous toujours voulu être astrophysicien ?
00:54 Est-ce que j'ai toujours voulu ?
00:56 Je pense que c'est bien assez tard, hein.
00:58 J'ai fait la baccalauréat scientifique.
01:00 Et puis même plusieurs années après ça, parce que jusqu'à bac +3 ou 4,
01:11 on ne se spécialisait pas.
01:14 Alors je faisais la physique.
01:16 Vous avez exclu les maths, les sciences naturelles.
01:22 Moi c'était plutôt la physique.
01:24 Et puis c'est après, quand j'avais donc 21-22 ans,
01:33 que j'ai commencé à me dire, dans la physique, je pourrais faire de l'astro.
01:39 Jusqu'à bac +4, donc jusqu'à la maîtrise, jusqu'au M1 de maintenant,
01:45 j'étais en Orléans, à l'université, au département de physique.
01:51 Et après je suis allé sur Paris, sur l'Observatoire de Paris, dans le 14e arrondissement.
01:59 En France, il n'y a que quelques lieux, hein.
02:02 Paris, Strasbourg, Bordeaux, Grenoble, Marseille.
02:07 Peut-être un ou deux encore, mais il n'y a que quelques poignées de villes
02:12 où on peut faire des études à ce niveau-là en astronome et astrophysique.
02:18 Avez-vous fait des découvertes importantes ?
02:21 Oui, oui, quand j'étais étudiant, en fin de thèse,
02:26 je me suis aperçu qu'il y avait des... enfin qu'il y a eu une fois,
02:31 un nuage d'hydrogène, un nuage mais qui n'est pas dans notre atmosphère à nous,
02:36 un nuage qui est entre les étoiles, qui était passé devant un des astres que j'observais,
02:44 devant un des restes d'étoiles, devant un des pulsars, c'est comme ça qu'on les appelle.
02:49 Donc, oui, ça, ça m'a bien plu de découvrir ça.
02:53 Parce que j'ai donc fait une publication, j'ai écrit sur 3-4 pages
03:00 tout ce qui m'avait amené à faire cette découverte-là
03:05 et pourquoi ça me semblait important.
03:07 Quelles sont les qualités requises pour faire ce métier-là ?
03:11 Se poser des questions tout le temps.
03:15 Si possible, il faut faire plein d'erreurs
03:19 parce qu'en général, on apprend plus de ses erreurs que de ses réussites
03:22 parce que quand on a réussi un devoir, super, j'ai tout bon, j'ai une bonne note,
03:27 je me pose pas de questions.
03:29 Mais normalement, si on a une mauvaise note, c'est qu'il y a des trucs qu'on n'a pas compté
03:32 et donc du coup, on est obligé de rechercher pourquoi est-ce que j'ai fait faux.
03:36 Et donc, quelque part, ça sert pas forcément d'être très bon à l'école.
03:43 Ce qu'il faut surtout, c'est que si on n'est pas très bon,
03:46 se poser des questions de pourquoi est-ce qu'on a échoué,
03:49 pourquoi est-ce qu'on n'a pas réussi à faire l'exercice,
03:52 où est-ce qu'on est parti dans le décor, où est-ce qu'on s'est trompé.
03:55 Et qu'est-ce qui vous plaît tant dans le métier d'astrophysicien ?
03:58 Ce qui plaît ?
03:59 Oui.
04:00 C'est quand même le fait que, voilà, on fait des observations,
04:06 on voit des choses bizarres, et puis on se dit « mais pourquoi c'est comme ça ? »
04:11 Donc on va dire « ah, ben, je pourrais faire une observation un peu différente
04:17 pour confirmer ça ou pour essayer de confirmer une idée qu'on a eue.
04:27 Si c'est comme ça, c'est peut-être parce que… »
04:30 Donc voilà, cette liberté de penser.
04:34 On a un sujet, et puis on se pose des questions dessus,
04:40 un peu les questions qu'on veut, pas complètement, mais les questions qu'on veut,
04:44 et puis c'est à nous de trouver les moyens pour y répondre.
04:49 Donc il y a une grande liberté intellectuelle, on va dire.
04:53 Est-ce qu'il est possible d'aller sur une planète en dehors de la Terre ?
04:57 On a un projet pour avoir à Mars.
04:59 On parle de projet d'aller sur Mars dans des décennies à venir.
05:03 Qu'est-ce que vous en pensez ?
05:05 C'est du doux rêve.
05:07 Je pense qu'on devrait plutôt s'occuper de faire à ce que notre planète reste vivable
05:13 que de s'imaginer aller s'installer là.
05:16 C'est compliqué d'aller sur Mars et d'y vivre.
05:20 Il n'y a pas beaucoup de gravité. Mars est plus petite.
05:24 Donc elle a moins de force pour retenir son atmosphère,
05:28 donc elle n'a presque pas d'atmosphère.
05:31 Il faut obligatoirement un scaphandre.
05:34 Alors on peut imaginer des villes qu'on met sous des bulles comme ça,
05:37 pour que ça soit bien étanche.
05:39 Puis dans ces bulles-là, on fait de l'agriculture, mais le sol, il n'y a rien.
05:47 C'est tout pauvre.
05:49 Il faut vraiment tout amener.
05:51 Ce n'est pas simple.
05:53 Je pense que pour un moment, ça relève de l'utopie.
05:59 Toutes les étoiles font-elles partie d'une seule galaxie ?
06:03 Celles que tu vois à l'œil, oui. Je pense.
06:08 Il y a à peu près une centaine de milliards d'étoiles dans notre galaxie.
06:13 On en voit un certain nombre dans le ciel.
06:18 Et globalement, cette centaine de milliards-là est dans notre galaxie.
06:22 Mais il n'y a rien de laquelle.
06:25 Avec d'autres étoiles.
06:28 Comment se forment les trous noirs ? Comment cela fonctionne ?
06:33 Si l'étoile de départ est vraiment très grosse, cet effondrement est catastrophique.
06:43 Il est tel que même la lumière ne parvient pas à s'échapper de cet objet-là.
06:50 D'où son nom de trou noir.
06:53 Parce que pour s'échapper d'un astre, il faut une certaine vitesse.
06:57 Sur Terre, il faut construire des fusées.
07:00 Et puis il faut que la fusée atteigne 11 km/s.
07:03 Si elle n'atteint pas 11 km/s, la fusée finit par retomber.
07:08 C'est un parachute, ça va. Ce n'est pas gênant.
07:11 On peut imaginer que...
07:14 Par exemple, sur Jupiter, ce n'est pas 11 km/s, c'est 60 et quelques.
07:18 Sur la Lune, c'est moins. Ça doit être 2 ou 3 km/s.
07:22 Donc on peut imaginer des astres pour lesquels, quand on fait le calcul,
07:28 parce que c'est un calcul qui se fait relativement simple, niveau glisser, je crois.
07:33 Quand on fait le calcul, on trouve une vitesse qui est plus grande que la vitesse de la lumière.
07:40 Or, la vitesse de la lumière, il n'y a rien qui va plus vite.
07:46 Donc c'est vraiment un astre duquel ne peut rien s'échapper.
07:50 Même pas la lumière, d'où son nom de trou noir.
07:53 Comment se forment les étoiles ?
07:56 Les étoiles font du gaz.
08:00 Les théories actuelles, c'est que dans l'univers, au début,
08:04 on pense qu'il y a un début, 13-14 milliards d'années,
08:07 il y avait du gaz, du gaz d'hydrogène,
08:11 et forcément, il y a des petits grumeaux.
08:15 C'est pas bien réparti.
08:18 Dès qu'il y a un petit grumeau, ce petit grumeau-là,
08:21 il a tendance à attirer le gaz qui est juste à côté.
08:25 Le grumeau devient un petit peu plus grand, il attire encore plus autour, le grumeau grossit.
08:30 Et quand le grumeau est suffisamment gros,
08:34 il a suffisamment de masse pour vraiment compresser ce gaz,
08:40 et en le compressant beaucoup, il devient très chaud.
08:44 C'est à ce moment-là que l'étoile s'allume, l'étoile naît.
08:49 C'est à ce moment-là qu'on a ce qu'on appelle les réactions thermonucléaires.
08:54 Est-il possible de surveiller une nouvelle planète depuis la Terre ?
08:59 D'observer ?
09:01 Est-il possible d'observer une nouvelle planète sur la Terre ?
09:04 Depuis la Terre ? Oui.
09:07 Alors, on connaît 8 planètes dans notre système solaire.
09:10 Plutôt, on ne fait plus vraiment une planète.
09:13 Mais on a déjà, je ne sais plus, plusieurs milliers,
09:17 on connaît plusieurs milliers de planètes autour d'autres étoiles.
09:22 Alors, il y a plusieurs techniques pour savoir qu'il y a une planète autour d'étoiles.
09:26 Parce qu'une étoile dans le ciel, avec nos yeux, c'est un petit point lumineux.
09:30 Avec un télescope, ce n'est pas beaucoup mieux.
09:32 C'est toujours un point lumineux.
09:34 Alors, il y a plus de lumière parce qu'on a un télescope, donc on peut faire un spectre.
09:37 On peut regarder les différentes couleurs, on peut étudier l'étoile.
09:41 Mais ça ne nous dit pas comme ça tout de suite s'il y a une planète autour.
09:45 Donc, je vais mentionner deux techniques.
09:50 Il y en a une où on regarde l'éclat.
09:53 Et de temps en temps, si la planète tourne autour de l'étoile
09:58 et qu'elle passe entre nous, il faut des conditions géométriques particulières.
10:02 S'il y a un passe entre nous et l'étoile, ça va diminuer un petit peu la luminosité de l'étoile.
10:06 Parce qu'il y a quelque chose qui en cache un petit peu.
10:09 Et puis, il y a une autre méthode où là, on va faire ça par ce qu'on appelle l'effet Doppler.
10:15 On va regarder si dans le spectre, on fait de l'étoile, si les couleurs bougent.
10:25 Je ne sais pas si c'est tout à fait ça, mais est-ce qu'il y a quelque chose qui bouge dans le spectre
10:29 qui pourrait nous renseigner que l'étoile est en train de bouger.
10:32 Et si l'étoile bouge, c'est parce qu'en fait, elle tourne avec sa planète.
10:39 [Musique]

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