Dans le Salon Tactique du 1er octobre, Alex Bardot, Yannick Bru et Jean-François Paturaud se sont intéressés à deux joueurs All Blacks qui ont manqué cruellement à leur équipe contre le XV de France : Brodie Retallick et Shannon Frizell.
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00:00 Alex, il y a des retours importants dans cette équipe, des retours qui changent un peu le visage.
00:04 Vous en avez sélectionné plusieurs.
00:07 Tu veux commencer par lequel ? Par Ritalik peut-être ?
00:08 Oui, on va attaquer par Ritalik.
00:11 Mais pour dire que les trois jeunes dont on va parler, Ritalik, Fritzl et Jordi Barrette,
00:17 étaient absents contre l'équipe de France.
00:19 Ce sont trois titulaires.
00:22 Chacun a été blessé.
00:25 Oui, il me semble qu'il n'y a pas de suspens.
00:26 Chacun a été blessé.
00:27 Et on a vu vendredi soir à quel point il pouvait être précieux pour leur équipe.
00:32 Je ne dirais pas qu'il change le visage de la Nouvelle-Zélande,
00:35 mais ils apportent énormément de choses.
00:38 Chacun dans des registres différents.
00:39 Alors, Ritalik, on le connaît depuis le temps.
00:43 Et c'est un joueur que je trouve vraiment exceptionnel.
00:48 Je ne sais pas, c'est nul de dire ça parce que c'est une évidence.
00:52 Mais il n'y a rien d'extraordinaire dans ce que je dis.
00:55 Mais vraiment, il a une de ses grandes forces,
00:59 c'est un formidable combattant,
01:00 mais ses grandes forces et sa capacité à animer les cellules offensives autour de lui
01:05 avec beaucoup de justesse.
01:07 Et là, c'est un exemple précis de ce qui s'est passé sur les renvois italiens.
01:13 On a quasiment eu toujours le même type de situation.
01:18 Donc là, le Black vient de réceptionner le renvoi italien.
01:22 Je crois que c'est la première action du match, c'est le coup d'envoi.
01:24 Et à chaque fois, même situation.
01:26 Dans le carré bleu, les trois défenseurs italiens,
01:30 il y a Fitts Ketty, il y a Lambe et il y a Lamaro dans l'ordre.
01:33 Et en face, à chaque fois la même structure.
01:35 Un Los Anges avec Ritalik en son centre qui a le ballon dans les mains.
01:40 À sa gauche, Lollala et à droite, Ardis Avea.
01:43 Donc trois avant, deux front et dans le dos, Boden Barret.
01:47 Et cette situation, on va voir ce qui va se passer juste après.
01:52 Ritalik court avec le ballon, fait quelques mètres.
01:58 Avec un rythme, une vitesse.
02:00 Il a certes, il n'est pas à pleine vitesse parce qu'il se laisse du temps
02:04 pour lire la situation, mais il met quand même une vitesse suffisante
02:07 pour fixer les défenseurs.
02:09 Et il a cette attitude qui est hyper importante,
02:11 c'est qu'il a le ballon entre les deux mains.
02:13 Du coup, il peut jouer toutes les options.
02:15 Il peut faire une passe, il peut aussi garder le ballon et aller percuter.
02:20 Et cette attitude, elle crée une incertitude, on va dire,
02:24 chez les défenseurs adverses.
02:27 Donc là, les quatre options qu'il a à sa disposition,
02:29 c'est une petite passe à gauche à Lollala, que je montre avec ma souris.
02:34 Une petite passe à droite avec Savea.
02:36 Une passe en profondeur sur Boden Barret ou un défi seul pour aller percuter.
02:43 Et là, la situation, les trois défenseurs italiens sont serrés sur le bloc,
02:49 sur les trois avants néo-zélandais.
02:52 On est sur la première action du match, il a deux options.
02:55 Soit il fait une passe en profondeur à Boden Barret, soit il va percuter.
02:58 Je pense qu'il choisit la sécurité.
03:00 Il va percuter et il va assurer la continuité du jeu.
03:04 Sur la situation suivante, donc renvoi suivant, il y a 7 à 0,
03:09 je crois, pour les néo-zélandais.
03:10 Là, on voit une petite différence déjà dans l'attitude,
03:13 dans les défenseurs italiens.
03:14 Lamaro, qui était face à Savea tout à l'heure,
03:16 il se retrouve à l'extérieur et Lambe, qui était sur Ritalik tout à l'heure,
03:20 il se retrouve face à Savea et c'est Fiziketti qui défend sur Ritalik.
03:24 Ritalik, en fait, ça lui ferme un peu les options de passe, cette défense-là.
03:29 Et qu'est-ce qu'il fait ?
03:30 Il lit la situation, il fait un crochet, appuie pied droit et il va prendre Fiziketti
03:34 un peu à l'intérieur.
03:36 Il va réussir à avancer, à conserver le ballon.
03:37 Renvoi suivant.
03:39 Et là, on voit à nouveau que la défense italienne n'est pas dans une position
03:44 un peu… elle revient à la position de la première vignette.
03:48 Donc, avec Lambe qui défend sur Ritalik, Lamaro qui défend sur Savea.
03:52 Et là, c'est un autre pilier parce que ce n'est pas Fiziketti, c'est Laurent Plaçon.
03:56 J'ai bouffé son nom, mais en tout cas, ils sont tous les trois en défense.
04:00 En revanche, ce qui change, c'est que Lamaro, il est en retard par rapport à Lambe
04:05 et il laisse un intervalle entre Lambe et lui.
04:10 Et Ritalik, il le lit.
04:12 Donc, on voit qu'il a à nouveau le regard tourné vers la défense,
04:15 le ballon entre les deux mains, sa course qui fait venir les défenseurs à lui.
04:19 Et il va lâcher la petite passe à Hardy Savea.
04:22 Dans cet intervalle, là, on voit la situation avec la caméra du dents haut.
04:25 Dans cet intervalle, là, le matériel est des ballons rouges.
04:28 Et il va donner le ballon à Savea.
04:30 Savea va franchir et ça va faire 80 mètres, un essai de 80 mètres
04:34 avec, je crois, Télé à Oubou.
04:37 Et là, ça, c'est tout le talent d'adaptation, de lecture et de technique de Ritalik.
04:45 Dernière situation sur un autre renvoi.
04:47 Je crois qu'il y a eu cinq renvois.
04:49 Quatre exemples qui sont tirés des cinq premiers renvois.
04:53 Ça, c'est le renvoi suivant.
04:55 Lamaro s'est rapproché de Savea parce qu'il a compris le coup d'avant
04:58 qu'il ne fallait pas laisser cet espace-là libre.
05:00 Et du coup, Ritalik, il va faire une petite passe dans le dos à Boden-Barett
05:05 qui va pouvoir ensuite écarter et les Néo-Zélandais vont se dégager.
05:09 Là, on voit tout le talent.
05:11 Et ça fait dix ans que Yannick est bien placé pour le savoir
05:15 parce qu'il était déjà là en 2015.
05:16 Et il y a dix ans, en 2015, il faisait déjà ça,
05:19 d'animer les cellules offensives autour de lui, au milieu du terrain.
05:22 Et il a un talent, c'est incomparable.
05:24 En fait, cette manière de courir, ce rythme qu'il met,
05:26 cette capacité de lecture, de masquer son choix, etc.
05:29 Moi, je pense que c'est le...
05:31 Enfin, je ne sais pas ce qu'on peut en dire Yannick,
05:33 mais je pense qu'il n'y a pas un avant au monde qui le fait mieux que lui.
05:36 - Oui, je suis assez d'accord avec toi.
05:39 Mais deux choses importantes,
05:41 on a parlé de la puissance, de la qualité des cellules Néo-Zélandaises.
05:45 Et Rétalique, il court toujours dans l'espace.
05:49 Si on avait la vue derrière,
05:51 on verrait qu'il ne va jamais défier quelqu'un de face.
05:55 Là, on voit nos trois petites vignettes.
05:57 Imaginez qu'on est les trois défenseurs.
06:01 Quand quelqu'un vient nous chercher, c'est facile pour qu'on pète le plaquage.
06:04 Comme il court dans les espaces, il court toujours dans les...
06:07 À un moment, il faut qu'il y en ait un de nous qui se dévoile.
06:09 Et c'est un gars qui ne met jamais le ballon sur ses pectoraux au départ.
06:15 Les Sud-Africains le font et deviennent vachement prévisibles.
06:20 On sait qu'il va y avoir une collision.
06:22 Alors que lui, il tient toujours le ballon devant.
06:24 À 10h10, dirait les très-justes.
06:26 Et ça fait qu'il court dans l'espace, il tient le ballon devant.
06:29 Et si jamais il n'y a pas trois défenseurs alignés parfaitement,
06:33 comme la dernière image d'Alex le montrait,
06:36 il va utiliser une option de passe courte à l'intérieur ou à l'extérieur.
06:42 Mais voilà, il pose vraiment des questions aux défenseurs en permanence.
06:46 Et quand on est sous fatigue, parfois dans le match, on fait des erreurs.
06:49 Il les exploite bien parce qu'il est très intelligent.
06:53 Pour moi, c'est ses qualités essentielles, en plus de la touche.
06:55 Je rajouterais qu'il a quand même galéré avec les blessures Brody-Retallick dernièrement.
07:01 J'ai l'impression qu'il revient bien.
07:03 Et c'est vrai que contre l'Italie, on a retrouvé ce pion essentiel
07:07 dans le système néo-zélandais qu'on n'avait pas vu depuis longtemps.
07:13 Donc, il a beaucoup contribué à la qualité du jeu néo-zélandais.
07:18 Alex, le deuxième joueur, donc, c'est Shannon Fredzel,
07:21 qui est plus jeune, qui est un peu plus jeune, qui a moins de sélection,
07:24 qui a moins d'expérience, mais qui a l'air tout aussi important dans cette équipe désormais.
07:29 Qui est un monstre physique, très costaud, très rapide,
07:34 qui apporte une puissance, peut-être qui a manqué un peu sur le premier match contre la France,
07:40 qui a manqué un peu au Néo-Zélandais.
07:41 Je me souviens du match contre l'Afrique du Sud cet été,
07:44 celui du mois de juillet, où il avait été vraiment fabuleux.
07:48 Et Yannick, lui, ce qui l'a intéressé chez Fredzel, c'est son apport en touche aussi.
07:56 C'était une partie de son arsenal.
08:00 Et pendant que Alex prépare, Fredzel, c'est un joueur qui est brutal.
08:08 Il a passé le style.
08:12 On a fait un patchwork de la Nouvelle-Zélande pour nos amis sur Twitch.
08:20 Sur les U.S.
08:22 On voit très bien.
08:24 Sur les 8 touches qu'ont eues les Néo-Zélandais dans la zone de conclusion,
08:29 c'est-à-dire à l'intérieur des 22 mètres adverses,
08:32 regardez sur les petites vignettes,
08:33 à part la deuxième en bas à gauche qui est à 32 mètres de la ligne de but,
08:42 toutes les autres sont à l'intérieur des 22 mètres.
08:44 L'option choisie, ça a été 62,5%,
08:48 donc presque les deux tiers des options prises sur Shannon Fredzel.
08:51 Parce que c'est un joueur qui est moins grand que Charles Olivon,
08:56 mais qui fait 1m95, 110 kg,
08:59 qui a un peu la même qualité que Charles au niveau de l'alignement.
09:04 Regardez sur la première vignette en bas à droite,
09:07 la hauteur à laquelle il est propulsé par le numéro 3 Néo-Zélandais, Lollala,
09:13 il doit être quasiment à 5 mètres de haut,
09:15 puisque la taille du joueur plus la longueur des bras,
09:20 c'est en général entre 4,80 m au point max et 5 m pour les meilleurs.
09:26 À ce moment-là, il a été propulsé en l'air,
09:28 donc les mains de Lollala ont quitté les fesses de Fredzel,
09:33 et c'est quasiment incontrable.
09:35 Vous voyez à quel point il est aérien.
09:38 Donc pour moi, il a changé aussi les options en touche de la Nouvelle-Zélande,
09:43 qui ne sont pas toujours celles-là,
09:45 parce que quand il joue avec Kane qui n'est pas aérien,
09:48 Sam Kane, Hardy Saavea qui n'est pas aérien,
09:52 et Dalton Papali qui lui non plus est plus un combattant au ras du sol,
09:57 qui est plutôt un dur,
10:01 ils n'ont pas ce profil aérien.
10:05 Moi, ça fait partie de ses forces essentielles,
10:07 il a consolidé l'alignement Néo-Zélandais,
10:11 il a offert des options de prise de balle autour de 12 m,
10:15 et je sais que j'en parle souvent,
10:16 mais ces prises de balle à 12 m, elles sont très dures à défendre.
10:19 Ils ont fait des variations autour du môle,
10:21 avec des lancements qui ont rappelé ceux de l'équipe de France,
10:24 avec ou des môles furtifs, ou des faux môles,
10:28 qui ont fait marquer Hardy Saavea,
10:29 marqué sur un faux môle à la compétition qu'avait amené Antoine Dupont.
10:34 Donc il est brutal.
10:36 Si j'étais méchant, je dirais qu'il a aussi été brutal avec sa compagne,
10:39 dans un passé pas trop lointain.
10:43 C'est un peu un bad boy, qui a un casier un peu chargé,
10:48 mais c'est souvent le cas avec ces jeunes joueurs d'origine autonjienne
10:55 que sélectionnent les Néo-Zélandais,
10:57 parce qu'ils amènent cette qualité dans le défi,
10:59 et ce rage dans les collisions.
11:04 Malheureusement, je dirais pour l'extrasportif,
11:06 mais il a ça, Fritzel, il est très aérien,
11:09 il est dur, il offload aussi souvent dans les contacts.
11:13 Donc pour moi, avec Rétalic qui amène du talent dans les cellules de jeu,
11:20 de la qualité en touche,
11:22 et Fritzel qui amène cette brutalité et cette force aussi dans l'alignement,
11:27 ils sont plus complets pour affronter les équipes du Nord.
11:30 Donc ça sera un challenge de plus pour l'équipe du Nord qui les jouera en demi.
11:36 - Il rajoute juste sur les deux. - OK.