Soulé est en France depuis 23 ans. D'abord demandeur d'asile, il devient étudiant et est aujourd'hui juriste dans l'associatif ainsi que maire adjoint. Entre le centre d’accueil pour demandeurs d'asile et la Cimade, il nous raconte son parcours et dénonce l'hypocrisie française autour de l'immigration : "rendre les choses compliqué pour les étrangers, c'est rendre les choses compliqués pour les français".
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00:00 Quand on rend les choses compliquées pour les étrangers,
00:01 les choses deviennent aussi compliquées pour les Français.
00:04 Beaucoup de sénateurs, de députés sont contents d'avoir
00:08 une nounou qui garde leurs enfants,
00:10 de recevoir une livraison Uber par an sans papier,
00:13 mais ils vont dire que les immigrés n'ont pas le droit de faire.
00:17 Bonjour.
00:20 Vous allez bien ?
00:23 Bienvenue chez moi.
00:26 Je n'ai plus de lait.
00:31 Ah oui, si, c'est du lait.
00:34 Je n'ai plus de lait.
00:36 Pourquoi je n'ai plus de lait ?
00:37 Ah oui, mais je sais comment faire.
00:39 Je m'appelle Souley,
00:43 je suis juriste spécialisé en droits des étrangers.
00:45 Je suis marié, j'ai deux enfants
00:47 et je suis en France depuis 23 ans.
00:48 C'est toi cette tombe là ?
00:52 Oui, c'est la tombe de ma fille.
00:53 Ma fille est en terminale.
00:55 Mon fils est étudiant à la Sorbonne,
00:58 il est en licence.
00:59 Ma femme est une ancienne réfugiée, comme moi.
01:01 Il y a un proverbe chez nous qui dit
01:03 "la chèvre broute là où elle est attachée".
01:05 Aujourd'hui, on va au CADA Loasis
01:10 de la Fondation L'Armée du Salut.
01:11 C'est un centre d'accueil pour demandeurs d'asile.
01:13 C'est un endroit où j'ai travaillé pendant six ans.
01:16 [Musique]
01:28 Ça va, tu es bien ?
01:29 Bien, alors ?
01:30 Ils sont où les superbosses ?
01:32 Ici, on accueille, on héberge
01:35 et on accompagne dans les démarches
01:38 les personnes qui ont demandé l'asile en France.
01:40 La moitié des demandeurs d'asile en France
01:42 n'ont pas de place en CADA.
01:44 On leur ouvre les droits sur la question de la santé,
01:47 on les aide pour avoir un avocat
01:49 à la Cour Nationale des Droits d'Asile,
01:51 pour pouvoir se nourrir,
01:52 pour pouvoir se vêtir.
01:53 Souvent, on a l'impression que c'est des gens qui ont tout,
01:56 alors qu'en demandeur d'asile sur deux et à la rue,
02:00 ils ont un PQL de 210 euros par mois.
02:02 C'est à peu près 6 euros par jour.
02:04 Donc avec 6 euros par jour,
02:05 ils leur font un petit-déjeuner,
02:06 un-déjeuner et un-dîner.
02:08 Avant 1991, les demandeurs d'asile
02:10 avaient le droit de travailler.
02:11 On a décidé qu'ils n'ont pas le droit de travailler,
02:14 qu'ils n'ont pas le droit de se former.
02:15 Et l'État leur demande d'attendre.
02:16 Il y a un nouveau projet de loi qui se profile.
02:18 Il y a un gros arsenal juridique répressif
02:22 qui est en train de se préparer
02:23 contre les personnes qui disent-ils
02:25 qu'elles n'ont pas le droit de séjourner en France.
02:27 C'est exécuter toutes les obligations
02:29 à quitter le territoire français.
02:31 Une obligation à quitter le territoire
02:32 ne doit être donnée que quand ça a du sens.
02:36 Beaucoup de sénateurs, de députés
02:38 sont contents d'avoir une nounou qui garde leurs enfants,
02:42 de recevoir une livraison Uber en sans-papier,
02:45 de travailler en sans-papier sur un chantier,
02:48 mais ils vont dire que les immigrés n'ont pas le droit de faire.
02:51 L'actualité de Lampedusa nous le montre.
02:59 On ne peut pas arrêter l'immigration.
03:02 C'est une douce utopie.
03:04 L'immigration est utile à l'économie.
03:07 Ça coûte d'abord cher d'expulser, d'enfermer.
03:10 Et ce sont les personnes qui peuvent apporter plein de choses ici.
03:15 Ce ne sont pas des gens qui sont venus ici pour se soigner
03:27 parce que sinon ils n'auraient pas pris des bateaux.
03:28 Donc c'est des gens qui viennent avec leurs forces de travail.
03:31 J'ai été réfugié, j'ai été demandé en asile.
03:33 Je connais un peu aussi les situations que vivent les gens.
03:37 C'était tout à fait normal que je me sois intéressé à cet aspect
03:41 parce que j'ai vécu aussi ces aberrations.
03:44 Ici, on est à la CIMAD,
03:52 un centre provisoire d'hébergement pour des réfugiés politiques.
03:55 J'ai été réfugié politique 7 ou 8 ans,
03:58 en raison de mes opinions politiques.
04:00 Je viens de la Mauritanie.
04:01 C'est un pays compliqué pour les hommes et les femmes
04:03 qui se battent pour leur liberté.
04:04 C'est un pays où il y a aussi de l'esclavage.
04:07 En fait, j'ai fait mes études au Maroc.
04:09 On a créé un petit groupe clandestin
04:12 qui nous a permis de dénoncer beaucoup de choses en Mauritanie.
04:16 On a écrit beaucoup d'articles sur Internet.
04:18 Le régime a remarqué ça.
04:19 Ils ont voulu me ramener en Mauritanie.
04:21 Donc du coup, je suis venu ici pour demander l'asile.
04:25 Au bout d'un an, j'ai pu obtenir mon statut.
04:27 J'ai travaillé à la Ligue des droits de l'homme,
04:29 j'ai travaillé à la CIMAD
04:30 et j'ai travaillé à la Fondation L'Armée dit Salut.
04:32 Donc ce sont des lieux qui m'ont permis de mieux m'intégrer.
04:34 La question de l'intégration est une question essentielle.
04:38 C'est par ce bout qu'on va y arriver.
04:40 On rend les choses plus compliquées pour les étrangers
04:44 et quand on rend les choses compliquées pour les étrangers,
04:46 les choses deviennent aussi compliquées pour les Français.
04:49 Le fait de ne pas avoir de titre de séjour
04:52 amène beaucoup d'insécurité.
04:54 Beaucoup de personnes ne trouvent pas de travail
04:56 mais doivent quand même un bon moment manger.
04:58 Il y a des jeunes femmes, quand elles n'ont pas de papier,
05:01 elles sont parfois appelées par des réseaux de prostitution.
05:05 Il suffit de mettre en place une politique intelligente
05:09 d'accueil et d'accompagnement
05:11 pour qu'on règle tous ces problèmes.
05:12 Je suis content de mon parcours.
05:17 Je suis arrivé ici, j'ai fait mes études,
05:20 je me suis engagé dans l'associatif
05:22 et aujourd'hui, je suis adjoint au maire,
05:24 chargé de la cohésion sociale et de l'accès aux droits.
05:27 Je suis un homme de l'ordre, je suis un homme de la justice.
05:31 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:34 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:37 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:40 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:43 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:46 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:49 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:52 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:55 Je suis un homme de la liberté, je suis un homme de la liberté.
05:58 [Générique]