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Aux Sables-d'Olonne, des patients se pressent dès 7h du matin devant un centre d'ophtalmologie dans l'espoir d'obtenir un rendez-vous pour juin 2024. Selon le président du Syndicat national des ophtalmologues de France, la raison est le manque de spécialistes dans le département, qui est deux fois inférieure par rapport au reste de la France.

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Transcription
00:00 Il fait encore nuit noire et pourtant il y a déjà des va-et-vient dans ce cabinet d'ophtalmologie des Sables d'Olonne.
00:05 Certains habitants se sont levés à 5 heures du matin pour obtenir ce précieux sésame.
00:10 "J'ai eu un rendez-vous pour deux personnes donc je suis entièrement satisfaite.
00:14 Bon c'est juin mais tant pis, j'ai un rendez-vous."
00:18 Oui, vous avez bien entendu, son rendez-vous n'est programmé que pour juin 2024.
00:23 Car il y a trop de demandes ici.
00:25 Ce cabinet est l'un des seuls de la ville à prendre de nouveaux patients.
00:28 C'est pour cela qu'il a mis en place ce système.
00:30 Une fois par mois, il propose de nouveaux créneaux.
00:32 Et une fois par mois, il y a des déçus.
00:34 Hier, dès 8h30, il n'y avait plus de place.
00:37 "Ça fait deux ans que je ne peux pas suivre mon oeil, j'ai la vue qui baisse.
00:40 J'ai eu une tumeur qui était bénigne mais je ne sais pas si elle a grossi ou pas et on m'envoie aux urgences.
00:47 Je n'en peux plus."
00:49 "Ça fait trois fois que je viens de Saint-Vincent-sur-Jarres,
00:51 il me faut une demi-heure de route et je n'ai pas de rendez-vous pour mon mari."
00:55 Pour les 45 000 habitants des Sables d'Olonne, il n'y a que 9 ophtalmologistes,
00:59 dont 3 qui vont prendre leur retraite dans les prochains mois.
01:02 La ville nous assure faire son possible pour mettre fin à ce désert médical.
01:05 "On a réussi à capter des nouveaux ophtalmologistes.
01:09 On est en train de réenclencher une dynamique.
01:11 Cette responsabilité de l'Etat, les collectivités,
01:15 essaient de pallier pour être facilitants.
01:18 On essaie de loger les médecins, on loge les internes,
01:21 on essaie de faciliter leur démarche pour être le plus attractif possible."
01:24 En France, il n'existe plus que 5 800 ophtalmologistes.
01:28 Face à cette pénurie, le gouvernement a délégué une partie de leur mission aux orthoptistes.
01:34 "Thierrybourg, c'est partout comme au Sables d'Olonne ou pas ?"
01:37 "Non, pas du tout.
01:38 Le problème qu'il y a dans la Vendée, c'est que la densité des ophtalmologistes
01:42 est la moitié inférieure à celle de la France.
01:45 On a 4,5 au lieu de 9.
01:48 Sur l'ensemble de la France, on a poussé, comme le reportage l'a montré,
01:51 différentes solutions avec les orthoptistes,
01:53 mais également en développant ce qu'on appelle le travail aidé avec des assistants,
01:57 des fois des infirmières, parfois des orthoptistes.
02:01 Et c'est efficace puisque depuis 2017, on a diminué de 60% en moyenne les délais de rendez-vous.
02:09 On est passé d'une moyenne, d'une médiane de 66 jours à 28 jours l'année dernière.
02:14 Dans 10 jours, on reçoit une nouvelle étude pour voir si on est toujours sur cette pente positive.
02:19 - C'est quand même une bonusie d'égalité selon le département, non ?
02:23 - Oui, c'est ça. Le problème, c'est que la Vendée, c'est un département assez rural.
02:27 Il n'y a pas de CHU, il n'y a pas de service hospitalier qui pourrait prendre en partie les patients.
02:33 Ce qu'il faut souligner quand même dans votre reportage,
02:35 c'est que ce cabinet, pour 95% des patients, il n'y a pas de délai.
02:39 C'est-à-dire que c'est uniquement les nouveaux patients qui attendent longtemps.
02:42 Donc c'est une vraie problématique.
02:44 Mais les patients habituels du cabinet, ils sont suivis régulièrement.
02:47 - Oui, on est tous les nouveaux patients potentiels, docteur.
02:49 - Et on pense notamment aux enfants.
02:51 - Non, parce que 95% des patients sont suivis en fait par des ophtalmologistes sur 10 années.
02:55 Ça concerne à peu près 3 à 5% des patients qui déménagent,
02:58 ou leur ophtalmo est par en retraite.
03:02 Il faut savoir que depuis 2018, il y a eu 25% des ophtalmos qui sont partis en retraite.
03:07 Et ils ont été remplacés à peu près par 20% d'ophtalmos en plus.
03:11 Mais le problème, c'est que les ophtalmos qui arrivent ne se mettent pas nécessairement là où les autres partent.
03:15 Alors il va falloir développer des solutions complémentaires,
03:18 notamment dans les zones sous-dotées comme ici.
03:21 Et c'est une des parties des négociations conventionnelles
03:24 qui vont commencer prochainement avec l'assurance maladie.
03:28 Il va falloir pousser des consultations avancées.
03:30 - En attendant, on prend des risques si on achète des lunettes à 10 euros en pharmacie ?
03:36 - Oui, parce que vous n'avez pas de dépistage du tout.
03:38 C'est difficile de savoir ce que vous avez réellement.
03:40 Il faut savoir quand même que les ordonnances sont valables de 3 à 5 ans
03:44 en fonction de l'âge des patients.
03:46 Et durant ce laps de temps, qui est très nettement supérieur à la durée de rendez-vous des ophtalmos,
03:51 les opticiens et les orthoptistes peuvent contrôler la réfraction
03:55 et éventuellement la modifier un peu pour éviter de revenir chez l'ophtalmo.
03:58 Donc il y a des solutions alternatives qui ne sont pas mises assez en implication.
04:03 - Thierry, je vais vous juste demander un dernier truc.
04:05 On a été un peu émus par le témoignage de la petite dame dans le reportage,
04:08 en larmes, qui redoute d'avoir une tumeur.
04:10 Alors on lui dit qu'il faut aller au surgeon.
04:12 Si vous pouvez faire quelque chose pour elle, on va essayer de vous donner ses coordonnées.
04:16 - Il faut savoir quand même qu'en ce cabinet, d'après ce que je sais dans ce cabinet,
04:20 les urgences sont prises en charge.
04:22 On parle beaucoup des urgences actuellement en médecine,
04:24 mais en ophtalmo, il n'y a pas de gros problèmes de prise en compte des urgences.
04:28 On a des études qui montrent que les gens attendent assez peu pour les urgences en ophtalmo.
04:32 Simplement, il faut effectivement que ce soit une vraie urgence.
04:36 Mais là, on parle surtout des délignes non-urgentes.
04:39 - Ça a l'air. Merci beaucoup.
04:40 – Merci d'avoir été en direct avec nous ce matin.

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