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00:00 Active, pas encore 40 ans, Virginie et Anne-Catherine sont 2 femmes
00:06 qui prennent soin de leur santé.
00:07 Elles font souvent leurs courses ensemble dans un supermarché
00:10 de la région parisienne.
00:12 Virginie et Anne-Catherine se privent volontiers pour garder la ligne.
00:16 Mais le sucre, elles ne peuvent pas s'en passer.
00:20 Le rayon des sodas, c'est un passage obligé.
00:23 - T'as déjà goûté celui-ci ?
00:27 Elles préfèrent le light, où le sucre est remplacé par des ingrédients
00:31 aux non-barbares.
00:32 - Et forcément light ?
00:33 - Forcément light, pour moi.
00:35 - Pour moi, parce que j'essaie de faire attention.
00:39 Donc, c'est un peu préconisé, on va dire.
00:42 Je regarde à peu près les calories, etc.
00:46 Ce que ça contient exactement.
00:48 - Edulcorum aspartame, Assez sulfamca, et contient une source de...
00:55 - C'est ni là, ni là, ce qui, pour moi, ne veut rien dire.
00:57 Donc, éventuellement, je me renseignerai sur Internet.
00:59 Pour leur thé ou leur café, elles ont l'habitude d'utiliser
01:03 des sucrettes, ces faux sucres qui envahissent les rayons
01:06 depuis 20 ans.
01:07 - C'est marqué en gros, le plaisir pour 6 calories.
01:12 Donc oui, j'ai déjà essayé ce produit et effectivement,
01:15 il sucre autant qu'un sucre.
01:16 Et on culpabilise moins.
01:23 Dans le café, les gâteaux ou les boissons, le sucre,
01:26 c'est un plaisir indispensable pour beaucoup d'entre nous.
01:29 Mais il est riche en calories.
01:31 Sucrettes, yaourts allégés ou sodalites, ces produits
01:36 plaisent à 200 millions de consommateurs réguliers.
01:38 L'edulcorant le plus utilisé au monde, c'est l'aspartame.
01:43 Présent dans 80% des boissons light, ce produit chimique
01:48 est de plus en plus montré du doigt.
01:51 Y a t il un risque à le consommer ?
01:53 Depuis peu, un nouvel edulcorant apparaît dans les rayons.
01:58 La stevia, une plante qui sucre encore plus que l'aspartame.
02:03 D'où vient ce produit ?
02:06 De la France jusqu'en Chine, en passant par la Suisse,
02:08 nous avons voulu savoir si ce faux sucre est aussi naturel
02:12 qu'on nous le présente.
02:13 Nous retrouvons Virginie, la jeune femme habituée aux produits light.
02:33 Elle a déjà perdu 12 kilos et souhaite encore en perdre 2.
02:37 Pour traquer les calories dans son alimentation,
02:40 elle fait appel à une spécialiste.
02:43 - Là, j'ai rendez-vous chez la nutritionniste.
02:45 Je vais voir une fois par mois.
02:46 Ça va faire un an que je suis suivie parce que j'avais pris du poids,
02:51 j'avais du poids à perdre.
02:52 Je voulais juste réapprendre à manger équilibré.
02:55 Gourmande, elle admet volontiers qu'elle aurait eu du mal
02:59 à s'imposer toute seule une telle discipline sans la nutritionniste.
03:02 Sur ses conseils, elle a remplacé le sucre par des edulcorants
03:07 et les résultats sont encourageants.
03:09 - Bonjour.
03:10 - Bonjour.
03:10 - Venez.
03:10 - Merci.
03:10 - J'ai pas eu d'écart spécial, donc ça a été.
03:16 - Bon, bah super.
03:17 Je vais vous peser.
03:19 - Vous en mettre ? - Ouais.
03:20 - Ne bougez plus jusqu'à ce que ça sonne.
03:31 Depuis un mois, là, vous avez reperdu.
03:40 Un kilo, deux.
03:41 C'est impeccable.
03:42 Pas de difficultés particulières ce mois-ci ?
03:45 - Non, je vous ai juste ramené quelques produits,
03:47 des produits un peu nouveaux pour moi.
03:49 Je voulais votre avis sur...
03:50 - Donc, bon, ce sont des edulcorants qui apportent pas de calories,
03:59 mais qui permet d'avoir une saveur sucrée agréable.
04:02 Stevia, ça, vous pouvez en utiliser sans problème.
04:05 Il n'y a pas de calories.
04:06 C'est à base d'un produit naturel, à base d'une plante.
04:09 Donc, vous pouvez en mettre la valeur d'un comprimé
04:12 pour remplacer votre sucre, que ce soit dans les cafés
04:14 ou dans les yaourts nature.
04:17 Est-ce que vous connaissez l'edulcorant ?
04:19 Il y a de l'aspartame et assez sulfame également.
04:22 Bon, alors maintenant, un produit chimique,
04:24 donc à utiliser avec modération.
04:28 Peut-être pas plusieurs verres par jour,
04:30 mais un verre dans l'après-midi ou à la place d'un apéritif.
04:33 Ça peut être tout à fait recommandé.
04:35 - Très bien.
04:37 Pour les patients qui boivent trop de soda sucré,
04:39 la nutritionniste les oriente volontiers vers les boissons
04:42 à base d'aspartame.
04:43 - Voilà, là, vous avez un panel de boissons sucrées.
04:48 Vous avez là un coca normal.
04:50 Donc, on est à peu près à 15 morceaux de sucre par demi-litre.
04:53 Et ici, on a son équivalent light.
04:55 Et on n'est plus qu'à un tiers de sucre par demi-litre.
04:58 Donc, la visualisation est très rapide.
05:02 C'est vrai qu'au départ, j'avais fait ça pour les enfants.
05:03 Alors, c'est vrai qu'un adolescent qui fait 3 heures de basket
05:07 ou de roller tous les après-midi,
05:09 il peut se permettre de boire un soda normal.
05:12 Le même adolescent qui reste sur son PC ou dans sa chambre sans bouger,
05:17 il a intérêt à boire un soda light.
05:19 - Et à part avoir à l'aspartame,
05:21 est-ce que vous avez un a priori négatif sur ce produit ?
05:24 - L'aspartame est un produit qui est utilisé depuis 1976
05:28 chez les diabétiques.
05:31 Personnellement, je n'ai reçu aucune consigne du ministère de la Santé
05:35 me disant qu'il fallait interdire ou éviter ce produit.
05:38 Personnellement, mais comme tout autre produit, comment dire,
05:43 industriel, je ne vais pas le recommander chez la femme enceinte
05:46 ni chez l'enfant, mais chez l'adulte.
05:49 À partir du moment où la consommation est raisonnable,
05:51 je pense qu'il n'y a pas de raison officielle, en tout cas, de l'interdire.
05:58 Pour garder la ligne, Virginie va continuer à consommer des produits light.
06:02 - Si j'arrive à maintenir ce rythme un kilo par mois,
06:05 je suis prête pour cet été.
06:07 Si l'aspartame permet de traquer les calories,
06:12 ce faux sucre est-il réellement sans danger pour la santé ?
06:15 Nous avons contacté le service consommateur de plusieurs grandes marques de soda.
06:20 Comme n'importe quel client, nous composons le numéro inscrit sur le produit.
06:26 Quel est leur discours officiel sur les risques à consommer de l'aspartame ?
06:29 - Oui, bonjour, madame.
06:32 Je vous appelle parce que je voudrais avoir des renseignements sur l'aspartame.
06:35 Ça pourrait quand même être dangereux pour la santé à long terme.
06:39 - Nos boissons respectent la réglementation.
06:42 C'est vrai qu'il y a eu beaucoup d'études qui ont été faites.
06:44 Beaucoup d'études qui amènent à une seule et même conclusion,
06:48 c'est-à-dire qui prouvent bien l'inoptitude de l'aspartame.
06:51 Donc, il n'y a pas de danger à consommer de l'aspartame.
06:55 - Merci beaucoup. Au revoir.
06:56 Pourtant, il y a de plus en plus d'études scientifiques
07:02 qui démontrent un risque pour la santé à consommer de l'aspartame.
07:05 Nous partons à Bologne, en Italie.
07:08 Ici, les chercheurs de l'Institut Ramazzini
07:12 ne sont pas parvenus aux mêmes conclusions que les grandes marques de soda.
07:15 À la tête de cet institut prestigieux, un spécialiste du cancer,
07:22 le professeur Sofritti.
07:23 De 2005 à 2010, il a dirigé trois études sur l'aspartame.
07:28 S'il a choisi ce produit, c'est pour une bonne raison.
07:32 - Nous nous sommes rendus compte que les études avaient été réalisées
07:36 il y a 40 ans par l'industrie qui produit l'aspartame.
07:39 Et nous avons découvert que, de notre point de vue,
07:42 elles n'étaient pas bien faites.
07:44 C'est pourquoi nous avons décidé de les recommencer
07:47 en appliquant une méthodologie plus moderne.
07:51 - L'aspartame est né par hasard dans les années 60.
07:54 Son pouvoir sucrant a été découvert par un scientifique américain
07:58 qui voulait fabriquer un médicament destiné à soigner les brûlures d'estomac.
08:03 Selon le professeur Sofritti, cet édulcorant intense
08:07 devient agressif au moment de la digestion.
08:10 - Pendant la digestion, l'aspartame se divise dans les intestins,
08:17 en aspartate, phénylalanine et méthanol.
08:22 Le méthanol joue un rôle important car il se transforme en formaldéhyde,
08:27 qui est reconnu comme cancérogène pour l'être humain.
08:31 Le professeur a testé différentes doses d'aspartame sur 3000 rats et souris.
08:37 Au terme de chaque étude, tous les organes des animaux ont été analysés.
08:42 Plusieurs dizaines de milliers d'échantillons sont conservés
08:47 dans ses armoires.
08:48 - Nous y voilà.
08:51 Et c'est elle la pathologiste.
08:56 Cette scientifique est spécialisée dans le diagnostic des maladies cancéreuses.
09:01 C'est elle qui a constaté les ravages de l'aspartame sur les animaux.
09:05 - Le bleu représente les tissus avec des cellules malignes.
09:12 Les voilà.
09:16 En rouge, ce sont les tissus sains qui sont envahis par les tumeurs.
09:22 Comme vous voyez, ce sont celles-là.
09:28 Et ça, c'est le poumon.
09:33 On peut constater que la prolifération a lieu tout autour des vaisseaux
09:39 et qu'elle se répand dans tous les tissus sains du poumon.
09:43 - Ces expériences ont toutes abouti à la même conclusion.
09:51 L'aspartame est cancérogène pour les rats et les souris.
09:55 Le professeur Sofritti estime que cet édulcorant chimique
09:59 ne devrait plus figurer dans notre alimentation.
10:02 - C'est difficile de considérer comme acceptable le fait de manger
10:08 de la nourriture ou avaler des boissons qui contiennent des composants,
10:12 dont les études ont montré qu'ils sont cancérogènes sur les animaux.
10:16 Et donc, ce serait mieux de les éviter.
10:18 Malgré les résultats, ces études n'ont jamais été prises en compte
10:25 par les autorités sanitaires.
10:27 Certains scientifiques de renom ont décidé de se battre
10:31 aux côtés du professeur Sofritti.
10:32 Leur but, limiter l'utilisation de l'aspartame.
10:37 Mais pour y arriver, il faut changer les normes européennes
10:40 et dictées par Bruxelles.
10:42 André Sicolella est chercheur, spécialiste dans l'évaluation
10:46 des risques sanitaires.
10:47 À l'issue d'une bataille d'un an et demi,
10:53 il a réussi à faire interdire en France le bisphénol A,
10:56 un produit chimique cancérogène contenu dans les biberons.
10:59 Depuis 20 ans, il étudie l'impact des produits chimiques
11:03 sur notre santé.
11:04 - On peut parler d'épidémie de maladie chronique,
11:06 la croissance des maladies métaboliques, la croissance du diabète,
11:11 la croissance de l'obésité, la croissance du cancer,
11:14 la croissance des troubles du comportement.
11:16 Tout ça fait qu'il faut bien s'interroger sur les causes.
11:20 Et selon lui, l'une de ces causes, c'est l'aspartame.
11:24 Le chercheur s'appuie sur une autre étude menée sur des femmes enceintes.
11:28 - On a des études sur le développement, par exemple,
11:34 qui montrent effectivement qu'à partir de la consommation
11:36 d'une boisson par jour, on a un taux de prématurité qui augmente.
11:42 Ce jour-là, André Sicolela est attendu au Parlement européen.
11:45 C'est ici que doit se jouer l'avenir de l'aspartame.
11:49 Députés, scientifiques, industriels, tous les acteurs sont conviés.
11:54 André Sicolela retrouve Morando Soffritti, le chercheur italien.
11:59 Tous les deux militent pour une baisse de la dose journalière acceptable,
12:06 ou DJA.
12:08 Pour l'aspartame, elle est particulièrement élevée.
12:11 Par exemple, un adulte de 60 kg ne doit pas consommer plus de 30 canettes,
12:17 soit 10 litres de soda light par jour.
12:19 Pour un enfant de 30 kg, la dose maximum autorisée est de 15 canettes par jour.
12:25 Des doses définies il y a 40 ans par les fabricants d'aspartame
12:31 et validées par les autorités sanitaires.
12:37 A Bruxelles, c'est Corinne Lepage qui préside les débats.
12:40 La députée européenne est contrariée.
12:43 L'agroalimentaire, principal acteur du secteur,
12:47 n'a pas trouvé utile de se déplacer.
12:49 - Vous ne verrez pas à la tribune d'industriels,
12:53 ce n'est pas que je ne les ai pas invités,
12:55 c'est qu'ils ont pu en monter, simplement refuser de venir.
12:58 À la tribune, les scientifiques se succèdent
13:01 pour que l'Europe interdise enfin l'aspartame.
13:04 - That is not correct.
13:06 Les deux représentantes des autorités sanitaires européennes
13:11 font la sourde oreille.
13:12 C'est elles qui ont le pouvoir de retirer l'aspartame du marché.
13:16 Mais elles campent sur leur position.
13:20 L'aspartame ne cause pas le cancer
13:24 et ne présente aucun risque pour le développement du fœtus.
13:30 À la fin de la séance, Corine Lepage tape du poing sur la table.
13:34 - Je remercie tous les intervenants et je dois vous dire
13:37 mon profond étonnement.
13:39 Nous avons un vrai problème avec cette évaluation de l'aspartame.
13:42 Nous attendons vraiment que vous revoyiez votre copie
13:45 parce que très franchement,
13:46 si la copie qui sort devait être celle-là,
13:48 eh bien je pense que nous sommes un certain nombre de députés
13:50 qui aurions l'obligation d'intervenir de manière assez véhémente
13:55 parce qu'on ne peut pas accepter cela.
13:56 Voilà, je vous remercie.
13:59 Même s'ils ne sont pas venus à Bruxelles,
14:01 les industriels de l'agroalimentaire n'ont pas attendu
14:04 les décisions politiques pour réagir.
14:06 La polémique sur l'aspartame a fait baisser les ventes.
14:10 Ils ont donc décidé de s'adresser directement aux consommateurs.
14:14 C'est le constat d'Axelle Ferlet, chercheur en marketing.
14:21 - Ça sert à quoi qu'un chercheur vienne dans un supermarché ?
14:25 - Alors, ça sert surtout à voir un peu le produit,
14:29 la façon dont il est mis en rayon, à sentir un peu le marché,
14:31 à voir les consommateurs en action, finalement.
14:33 La scientifique travaille sur le marketing de la santé.
14:38 Depuis quelques temps, elle observe un changement
14:41 dans la communication des industriels autour de l'aspartame.
14:44 - Depuis plusieurs mois, peut-être plusieurs années,
14:48 c'est assez fréquent qu'on voit sans aspartame,
14:50 parce qu'en fait, l'aspartame est quand même un produit
14:51 qui a été très décrié ces dernières années.
14:54 Les industriels commencent à mettre en avant le fait
14:57 qu'ils ne mettent plus d'aspartame et qu'ils choisissent
14:59 un autre type d'édulcorant pour mettre dans leurs produits.
15:01 Ce changement est encore plus visible
15:05 dans le rayon des édulcorants de table.
15:07 - Maintenant, l'édulcorant, c'est vrai qu'il prend de la place.
15:11 En tout cas, là, sur l'édulcorant, on voit qu'il se diversifie,
15:15 parce qu'il y a quelques années,
15:16 on voyait que de l'aspartame dans ce rayon-là,
15:19 alors que maintenant, c'est quand même très compliqué
15:20 de trouver de l'aspartame.
15:22 - C'est vrai qu'on voit que les produits sont plus récents,
15:24 mais on voit que les produits sont plus récents.
15:25 - Oui, c'est vrai.
15:26 - Et on voit que les produits sont plus récents.
15:27 - Oui, c'est vrai.
15:28 - Et on voit que les produits sont plus récents.
15:29 - Oui, c'est vrai.
15:30 - Et on voit que les produits sont plus récents.
15:31 - Oui, c'est vrai.
15:32 - Et on voit que les produits sont plus récents.
15:33 - Oui, c'est vrai.
15:34 - Et on voit que les produits sont plus récents.
15:35 - Oui, c'est vrai.
15:36 - Et on voit que les produits sont plus récents.
15:37 - Oui, c'est vrai.
15:38 - Et on voit que les produits sont plus récents.
15:39 - Oui, c'est vrai.
15:40 - Et on voit que les produits sont plus récents.
16:03 - Je pense que les distributeurs qui affichent leur marque
16:04 sur le produit, par principe de précaution,
16:08 préfèrent retirer l'aspartame pour offrir à leurs consommateurs
16:12 des produits plus sains et, en tout cas, sans polémiques.
16:15 Sur l'étiquette de ces sodas, nous remarquons un détail.
16:20 L'aspartame est remplacé par de l'acésulfame K.
16:24 C'est aussi un édulcorant chimique.
16:26 L'ouvrier qui prépare les recettes nous le confirme.
16:30 - Là, on est sur l'acésulfame, là.
16:31 - Et l'acésulfame, c'est quoi ?
16:32 - Un édulcorant chimique.
16:33 - Un édulcorant chimique.
16:34 - Un édulcorant chimique.
16:35 - Un édulcorant chimique.
16:36 - Un édulcorant chimique.
16:37 - Un édulcorant chimique.
16:38 - Un édulcorant aussi.
16:39 - Chimique ?
16:40 - Chimique, celui-là, oui.
16:41 Pour rassurer le consommateur, l'industrie agroalimentaire
16:47 n'hésite pas à remplacer l'aspartame polémique
16:50 par un autre édulcorant tout aussi chimique.
16:53 - Dans notre marché des boissons gazeuses, des sodas,
16:55 quand on parle de light, ce sont des boissons sans sucre,
16:59 donc avec édulcorant,
17:00 mais ce sont toujours des édulcorants de synthèse.
17:02 Comment garder la ligne sans consommer des faux sucres
17:06 issus de laboratoires ?
17:09 La solution vient peut-être d'une plante au fort pouvoir sucrant,
17:12 la stevia.
17:13 Les fabricants ont bien compris que le consommateur
17:17 avait besoin de naturel.
17:18 La stevia ne pouvait pas mieux tomber.
17:21 Les industriels se sont emparés de cette plante originaire du Paraguay.
17:29 Ce document amateur nous montre que les Indiens la cultivent
17:34 pour sucrer leurs boissons.
17:35 En France, la stevia est en vente dans les jardineries.
17:43 Claudie Ravel connaît cette plante depuis plus de 20 ans.
17:47 - Elles sont vers où, les stevias ?
17:51 - Juste devant à l'entrée, je les ai mises.
17:54 - Ah, je les ai pas repérées.
17:57 D'accord, c'est ça.
18:00 Voilà.
18:01 Cette plante appartient à la famille des chrysanthèmes.
18:02 Avant d'acheter de la stevia,
18:08 Claudie a pour habitude de la goûter.
18:10 - C'est sucré avec ce léger goût réglissé à la fin.
18:18 C'est délicieux, très doux.
18:19 C'est vraiment agréable, hein, plante fraîche.
18:23 Cette stevia, vous la faites venir d'où ?
18:25 - Celle-ci, c'est de la production française.
18:27 Et en France, c'est pas une plante qui est très développée.
18:29 Dans les pays asiatiques, elle est énormément développée,
18:32 énormément utilisée.
18:33 En 2009, la France a été le 1er pays européen à autoriser la stevia.
18:38 - C'est le moins vu au Paraguay, avec les grandes feuilles.
18:39 - Celle-là, elle est bien.
18:40 - Celle-là.
18:41 Claudie a découvert cette plante dans les années 90,
18:44 lors d'un voyage au Paraguay.
18:47 - Au revoir, monsieur.
18:48 Peut-être à bientôt.
18:49 - Encore une fois, merci.
18:50 - Au revoir.
18:51 - Au revoir.
18:52 Elle est la pionnière française du commerce de la stevia.
18:57 Passionnée par les plantes sud-américaines depuis toujours,
19:01 elle en a fait son métier.
19:03 - Tiens, Catalina, j'ai rapporté des stevia fraîches
19:09 qu'on va mettre sur la petite table.
19:12 - Voilà.
19:13 Dans sa boutique, Claudie vend toute une gamme de produits
19:16 à base de végétaux.
19:18 - Ça, c'est stevia.
19:19 Elle vend la stevia sous forme de poudre verte.
19:21 Elle s'en sert pour sucrer une boisson à base de guarana,
19:24 une autre plante originaire de l'Amazonie brésilienne.
19:28 - Donc, on va remettre ça dans toute la calbasse,
19:30 je pense que ça va être bien.
19:32 Voilà.
19:33 Ça, c'est du guarana, qui est légèrement amer.
19:36 Donc, du coup, on propose quelquefois de la saisonnière
19:39 et de la stevia.
19:40 Le pouvoir sucrant de la stevia, de la plante fraîche
19:43 et déshydratée, est de 15 fois plus que le sucre.
19:47 Donc, il suffit dans une recette de diviser par 15
19:50 et on va obtenir la quantité dont on a besoin.
19:53 - Claudie fait souvent découvrir la stevia à ses clientes.
19:56 - Tu peux faire une dégustation, Catalina, malgré tout.
19:59 - Je vais goûter la...
20:01 - Si vous voulez.
20:03 Je vous la fais goûter là, pure.
20:05 Alors, vous allez voir, c'est très fort.
20:08 Vous sentez le goût et vous sentez le petit arrière-goût.
20:11 - On sent plus aussi un goût de végétal dans celle-ci.
20:16 La poudre verte de stevia n'est en vente
20:19 que dans quelques boutiques spécialisées.
20:22 Les industriels n'ont pas le droit de l'utiliser sous cette forme.
20:26 Dans les produits qu'ils vendent en supermarché,
20:29 elle est transformée.
20:32 - Il y a 4 ans, il y a eu, en fait, un intérêt des multinationales
20:37 de la boisson sur cette plante stevia.
20:40 Et finalement, ils en ont isolé une des molécules.
20:44 Et en fait, ils ont, par décret, autorisé uniquement cette molécule.
20:49 Je trouve ça dangereux, le recul. On l'a pas.
20:53 La stevia est encore méconnue du grand public.
20:57 Pour nous la vendre, les multinationales jouent sur les mots.
21:02 Au lieu de nous parler de molécules, on nous parle d'extraits de plantes
21:07 à grand renfort de petites feuilles vertes.
21:11 Nous retrouvons Axelle Ferlet, le chercheur en marketing.
21:20 Elle nous décrypte le vocabulaire utilisé dans une publicité
21:24 pour du sucre en poudre de stevia.
21:27 - Ma chérie! Mais ça va pas du tout, ta couleur!
21:30 C'est beaucoup trop!
21:32 - Trop naturel?
21:34 Tout le plaisir sucré de la feuille de stevia, naturel et sans calories.
21:39 Trouvia by Daddy, c'est vrai, c'est permis.
21:42 - On a clairement un petit oiseau vert, très mignon,
21:46 qui a l'air très léger et qui représente assez clairement la stevia.
21:50 Qui parle à un oiseau un peu plus gros et très haut en couleur,
21:54 qui est beaucoup moins naturel.
21:56 On a vraiment la sensation d'avoir une stevia face à un édulcorant chimique.
22:01 Et à la fin, on a un dernier message qui nous dit "c'est vrai, c'est permis".
22:08 C'est pour passer le message d'un plaisir déculpabilisé,
22:12 d'une gourmandise qu'on va pouvoir avoir sans avoir peur de prendre du poids,
22:16 sans être trop lourd, sans... Voilà.
22:19 Les industriels communiquent sur l'origine naturelle de la stevia.
22:23 Ils sont beaucoup plus réticents pour nous expliquer
22:26 comment cette plante est transformée en sucre blanc.
22:29 En France, Joël Perret est le seul à nous avoir ouvert les portes de son usine.
22:38 Le scientifique a quitté un géant de l'agroalimentaire
22:42 pour se lancer dans cette activité.
22:45 Il achète les feuilles de stevia en Inde et en Amérique du Sud.
22:49 Il est très pointilleux sur la traçabilité de sa matière première.
22:53 - Alors voilà comment les feuilles nous... Elles nous arrivent,
22:57 en ballots de feuilles séchées.
23:00 Voilà de la feuille de stevia. On dirait un peu du thé.
23:04 Voilà à quoi ça ressemble.
23:07 Les critères de culture, c'est culture sans intrants,
23:10 c'est-à-dire culture en condition de l'agriculture biologique,
23:13 sans pesticides, sans rien du tout.
23:16 Nous, ce qu'on veut faire, c'est vraiment avoir un truc
23:19 où on a la traçabilité, on connaît la variété avec laquelle on travaille,
23:22 on sait le produit fini qu'on va obtenir,
23:25 et ce produit fini va être régulier.
23:28 Et donc, c'est à partir de ça qu'on va aller chercher
23:31 la partie sucrante de la plante.
23:34 - Extraire la molécule sucrante,
23:37 c'est la 1re étape de la transformation de la plante.
23:40 Joël Perret a mis au point cette technique dans son laboratoire.
23:43 - Je vais vous montrer la 1re étape.
23:46 Ça va consister à broyer ces feuilles sous forme de poudre
23:49 de manière à pouvoir faire une infusion de feuilles.
23:52 Cette infusion, qui est un liquide vert,
23:55 est là maintenant par un système d'ultrafiltration
23:58 et de microfiltration.
24:01 Sélectionner les molécules qui nous intéressent
24:04 simplement par leur taille.
24:07 C'est la même chose que des tamis, mais au niveau moléculaire.
24:10 - 2e étape, les molécules sont raffinées.
24:13 C'est à ce moment-là que la stevia passe du vert au blanc.
24:18 Joël Perret mélange le jus de stevia à de l'éthanol,
24:23 un produit utilisé dans la fabrication des boissons alcoolisées.
24:30 - On va arrêter, on va ouvrir.
24:33 Le mélange passe ensuite dans cette énorme centrifugeuse.
24:36 Elle sépare l'éthanol des molécules sucrantes.
24:39 Dans la cuve, il ne reste plus qu'une poudre blanche.
24:42 - Très bon produit. - Ah oui, il est impeccable.
24:45 - Comment vous voyez que c'est un bon produit ?
24:48 - Parce qu'à cause de toutes les crevasses qu'on voit,
24:51 ça veut dire qu'on a bien extrait toute l'eau du produit.
24:54 Alors que là, on voit bien qu'il est bien séché.
24:57 Joël Perret fabrique 50 tonnes de stevia raffinée par an.
25:01 Il a des clients dans toute l'Europe.
25:07 Et vu l'évolution du marché, il a déjà commandé
25:10 une nouvelle unité de production pour doubler ses capacités.
25:14 - Pour garder le même niveau de saveur sucrée,
25:22 si on baisse de 25 % la quantité de sucre en la remplaçant par la stevia,
25:26 on parle de dizaines de milliers de tonnes de sucre
25:29 et donc, là aussi, de milliers de tonnes de stevia.
25:32 Les perspectives sont très encourageantes.
25:35 Nous, avec nos 50 tonnes, on est tout petits.
25:38 On va grandir en même temps que le marché. On essaye de suivre.
25:41 Le business de la stevia se développe à grande vitesse.
25:46 En seulement 3 ans, il a conquis 36 % du marché français
25:51 des édulcorants de table.
25:54 Mais cette poudre blanche coûte cher à produire.
25:57 10 fois plus que l'aspartame.
26:00 En Chine, les industriels ont trouvé la solution
26:04 pour faire baisser les coûts.
26:07 En seulement 2 ans, le pays est devenu
26:10 le 1er producteur mondial de stevia.
26:13 A 1 000 km au sud de Shanghai,
26:17 Guangzhou est peuplée de 9 millions d'habitants.
26:20 Pour ici, c'est une petite ville de province.
26:23 Même si la Chine produit 80 % de la stevia mondiale,
26:28 les consommateurs ne connaissent pas cette plante.
26:31 - Bonjour. Excusez-moi, est-ce que vous connaissez cette plante ?
26:35 - Non, je connais pas. Elle est cultivée dans la région, pourtant.
26:41 - Ça ressemble à des feuilles d'armoise.
26:45 - Non, c'est de la stevia.
26:48 - Ah. Ah oui, de la stevia.
26:51 - Non, on ne mange pas ça.
26:57 - Mais vous ne savez pas qu'on peut en faire un édulcorant
27:00 pour remplacer le sucre ?
27:03 - Non.
27:06 Les Chinois confondent la stevia et l'armoise,
27:09 une plante médicinale utilisée depuis des centaines d'années.
27:12 - Vous savez ce que c'est ? - C'est de l'armoise ?
27:17 - Non, c'est de la stevia.
27:20 - Ça s'appelle de la stevia.
27:23 - Vous pouvez la goûter, si vous voulez.
27:28 - Ça, ce sont des feuilles d'armoise.
27:35 On en a à la maison. - Et comment vous l'utilisez ?
27:38 - En général, on les fait bouillir.
27:41 On l'utilise surtout quand les enfants ont des problèmes de peau.
27:44 On les fonctionne avec et ça les calme.
27:47 - Mais non, ce n'est pas de l'armoise, ça.
27:50 - Ah bon ? - C'est de la stevia.
27:53 - De la stevia ? - Oui, c'est sucré. Je l'ai goûté quand j'étais petite.
27:56 Ce supermarché est le plus grand du centre-ville de Guangzhou.
27:59 Contrairement aux Occidentaux,
28:02 les Chinois ne sont pas omnubilés par leur poids.
28:05 Aucun rayon n'est consacré aux produits light.
28:11 Mis à part une toute petite place accordée à ce cola à l'édulcorant chimique,
28:16 les sodas contiennent tous du sucre traditionnel.
28:19 Pour trouver de la stevia, il faut s'adresser à la vendeuse
28:26 qui s'occupe du stand des plantes médicinales.
28:29 - Bonjour. Est-ce que vous vendez de la stevia ?
28:32 - Vous cherchez quelle herbe ? - De la stevia.
28:38 - La stevia ? - C'est celle-ci.
28:41 Vous voyez ? Ca, c'est de la stevia.
28:44 - Et comment vous l'utilisez, cette plante ?
28:47 - C'est pour rafraîchir, vous voyez ?
28:50 Et détoxifier aussi.
28:53 La vendeuse sait que la stevia est cultivée dans la région.
28:56 Mais comme la majorité des Chinois,
28:59 elle ne mange jamais de sucre.
29:02 - C'est sucré. Pourquoi vous voulez acheter ça ?
29:07 La Chine cultive de la stevia depuis les années 70 pour les Japonais.
29:11 Ils en raffolent et manquent de surface agricole.
29:14 - C'est la vie.
29:17 Sous-titrage Société Radio-Canada
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