• il y a 2 ans

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00 Il fallait déposer les dossiers avant l'été pour commencer à racheter après les ventes d'anges.
00:03 Donc dans les jours à venir, l'arrachage sanitaire des vignes va commencer.
00:06 1000 dossiers ont été déposés pour 9300 hectares de vignes qui devraient disparaître dans le bord de l'Est.
00:12 57 millions d'euros ont été débloqués sur deux ans.
00:15 C'est ce qu'avait présenté l'État et le CIVB, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux,
00:21 dernier salon de l'agriculture, et on en parle ce matin avec le porte-parole du collectif VT33, Laetitia Hublin.
00:26 - Bonjour Didier Cousinet. - Bonjour.
00:28 - Alors vous étiez un des premiers à demander cet arrachage et ces primes à l'arrachage.
00:32 Est-ce que ce matin vous êtes satisfait ?
00:34 - Satisfait non. Comme je dis il y a quelques temps, on prend ce qu'on nous donne.
00:39 Au départ, on demandait un arrachage massif de 15 à 20 000 hectares définitifs avec une prime à 10 000 euros l'hectare.
00:46 Aujourd'hui, on nous propose 9300 hectares primés à 6 000 euros, mais avec des contraintes qui sont inacceptables.
00:53 Je l'ai dit au ministre le 5 juin dernier quand il est venu à Bordeaux,
00:57 puisque quand on arrache ces terres, pendant 20 ans, nous sommes obligés de les conserver sans production animale ni humaine.
01:05 Et 6 000 euros l'hectare, on est loin du compte.
01:07 - Il y a des aides de l'État, d'un côté qui sont majoritaires, il y a aussi des aides de la région, du CIVB de l'autre,
01:13 et en fonction de ces aides, c'est ce que vous dites, il n'est pas possible de faire la même chose sur sa parcelle.
01:19 - Écoutez, on nous propose de la reconversion, ni plus ni moins.
01:23 Si on arrache totalement, bien sûr, on fait ce qu'on veut par derrière quand on reste le propriétaire.
01:28 Mais quand on fait la reconversion, effectivement, on nous propose des aides pour reconvertir,
01:32 soit en olivier, en chanvre, en quoi, tout ce que vous voulez.
01:37 Il faut savoir qu'on est en pleine pénurie d'eau, et toutes les productions ne poussent pas dans tous les terrains,
01:44 sans eau et sans entretien, dont nous viticulteurs, nous ne connaissons pas les métiers.
01:49 On nous demande de nous transformer alors qu'on n'a pas le matériel et on n'a pas la vocation.
01:53 - Oui, ça veut dire aussi une transformation du paysage, Didier Cousinet.
01:57 On va écouter Monique qui a plein d'idées sur ce qu'on peut faire à la place des vignes.
02:02 - Quelques noisetiers, des kiwis, pourquoi pas, il y en a beaucoup en Dordogne, ce serait super.
02:07 Et puis d'autres qui n'existent pas encore, qui sont compatibles avec le climat girondin.
02:12 Ils ont fait des essais avec des bananiers, des choses comme ça.
02:15 Et les orangers, alors que c'est possible que ça pousse, il y en a pas très loin d'ici, il y a des orangers.
02:21 - Pour vous la problématique c'est l'eau majoritairement ?
02:24 - Oui, alors effectivement on peut mettre de tout, mais si c'est mettre une production pour pas qu'elle pousse,
02:29 j'entends bananier, oranger, c'est de l'hérésie, il n'y en a pas encore en Afrique.
02:34 Effectivement le climat change, mais il ne faut pas faire n'importe quoi.
02:38 - On a des réactions ce matin de personnes qui ont tenté, notamment Denis sur notre page Facebook qui nous parle de son voisin.
02:47 - En fait Denis a des voisins, il dit "Denis, j'ai des voisins qui ont tenté le chambre depuis 2 ans et au final ça paye encore moins que l'évingle".
02:54 Voilà ce qu'il nous dit sur notre page Facebook ce matin Denis.
02:56 - Alors écoutez, je ne peux pas vous répondre quant à la rémunération de tous ces produits.
03:01 Il faut savoir que c'est un investissement.
03:04 - Un hectare d'olivier, ce que je connais un peu, ça revient quand même à 15 à 20 000 euros pour la plantation.
03:10 Et on ne récolte pas une olive avant 4 ou 5 ans.
03:13 Il faut savoir aussi qu'en viticulture, il y a pratiquement un viticulteur sur deux qui est proche de la retraite ou qui est à la retraite.
03:20 Comment voulez-vous que des personnes qui sont à 5-6 ans de la retraite se transforment dans une production qui va leur apporter au moment de leur retraite ?
03:28 Il y a des moments où il faut réfléchir.
03:31 - Didier Cusinet, on parle aussi beaucoup de fermes photovoltaïques, donc l'installation de panneaux photovoltaïques.
03:36 Est-ce que ça c'est une possibilité pour les viticulteurs de sortir un petit peu la tête de l'eau ?
03:41 - Mais il y a une possibilité sur tous les plans effectivement.
03:44 On parle beaucoup de photovoltaïque, de photovoltaïsme, où il y a les panneaux d'un côté, ça n'a rien à soudre,
03:50 et l'autre, on peut mettre la production sous ces panneaux photovoltaïques.
03:55 La France est en déficit de panneaux photovoltaïques, mais on ne peut pas mettre ça n'importe où.
04:04 Vous avez chez moi les coteaux rive droite de la Gorde qui sont magnifiques, je ne vois pas des panneaux photovoltaïques là-dessus.
04:13 Effectivement, ensuite il y a des contraintes, où est le transformateur, puisque ça coûte quand même très cher pour amener le câble au compteur,
04:20 il y a des restrictions, ça ne se fait pas comme ça. J'ai des copains qui font des études, mais c'est très très long.
04:27 - Didier Cozine est notre invité ce matin sur France Bleu, c'est le porte-parole du collectif Viti 33 sur France Bleu, sur France 3, qui t'aime.
04:33 - Alors une des autres problématiques du vignoble bordelais en ce moment, c'est le mildiou.
04:38 Est-ce qu'on a une idée de ses attaques ? Qu'est-ce que ça a donné, là qu'on est en train de finir les vendanges ?
04:45 - Les vendanges sont en train de se terminer, effectivement. Alors le mildiou, c'est un champignon qui se prolifère quand la température est idéale, comme cette année, avec de la chaleur et de l'humidité.
04:58 Il y a eu des zones où il y a eu beaucoup de pluie, ces zones-là ont été impactées horriblement, certains ont perdu toute leur récolte.
05:06 Ça va être catastrophique pour eux, déjà qu'on avait la crise actuelle, certains se sont mieux tirés, et ça s'est joué, des fois, avec la protection phytosanitaire à 2 ou 3 jours près.
05:18 Une personne qui traitait aujourd'hui était relativement bien portante, et 2 ou 3 jours après ou 2 ou 3 jours avant, il n'était pas dans les clous.
05:27 Donc il y a des propriétés, effectivement, qui sont très très impactées, mais bon, à l'ensemble, je ne pense pas qu'il y aura une baisse de production très très importante à Bordeaux.
05:36 - Vous, Didier Cousinet, vous étiez viticulteur, vous avez arrêté votre activité, est-ce que c'est à cause de cette crise ?
05:44 - Tout à fait, je peux en parler, et puis je peux vous donner les dates. J'étais avec mon fils sur l'exploitation, 36 hectares à Piazzurgaronne, je travaille avec mon fils depuis 2005.
05:56 On est comme les autres, on vendait tout en bouteilles dans les pays asiatiques, et avec la Covid et la guerre en Ukraine, tout s'est stoppé.
06:04 On a tiré, comme on dit vulgairement, tiré la couenne pour faire retourner la boutique, et le 29 mars 2022, mon fils m'a dit "Papa, il faut que je te parle, j'en ai ras le bol, j'arrête, je ne veux pas vivre avec ma femme et mes enfants ce que tu vis, j'arrête".
06:19 Ça m'a fait mal, puisque c'était des générations de travail, de la sueur, que mes ancêtres ont fait sur cette exploitation, comme beaucoup d'autres d'ailleurs dans le Vignon Le Bordelais.
06:31 Et j'ai décidé de vendre, j'ai eu la chance, je suis allé avec mon bâton de pèlerin chercher un acheteur, que j'ai trouvé.
06:38 C'est un arrache-coeur, c'est un crève-coeur, c'est un échec personnel, un échec familial, puisque j'ai ma soeur.
06:47 - Et vous êtes nombreux dans ce cas-là, en Gironde malheureusement.
06:52 - Nombreux, c'est maintenant que ça va tomber. Les gens étaient très très mal l'année dernière, aujourd'hui avec le milieu, la mévante, il faut dire aussi qu'on n'est pas aidés par nos dirigeants qui font du grand n'importe quoi.
07:06 En 2000, il y a 15 ans, on avait écrit un petit livre "Restaurat-il des vignerons à Bordeaux" où on proposait des actions que nous proposent aujourd'hui nos dirigeants, 15 ans après.
07:15 Il y a 15 ans c'était gratuit, aujourd'hui c'est un grand coup de milliers d'euros par des cabinets-conseils et notre filière dépense de l'argent pour rien.
07:23 La seule solution c'est l'arrachage massif pour rétablir l'offre à la demande.
07:27 - On entend bien ce matin. Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu, Gironde. Didier Cousinet, porte-parole du collectif VT33.

Recommandations