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00:00 France Bleu, Belfort Montbéliard.
00:02 - Oui, Thaurmond Lecarte, l'invité du 6/9.
00:04 On parle ce matin de la violence dans les rapports amoureux chez les jeunes.
00:06 - Un phénomène qui prend de l'ampleur.
00:08 De plus en plus de jeunes filles en sont victimes.
00:10 C'est pourquoi le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles de Belfort
00:14 organise une semaine de prévention à destination des professionnels mais aussi des familles.
00:19 Alors ce matin, on vous pose cette question.
00:21 La violence dans les fréquentations amoureuses chez les jeunes vous inquiète-t-elle ?
00:25 N'hésitez pas à réagir, on nous en plante maintenant au 0384 22 82 82.
00:30 Bonjour Théo Coutance.
00:32 - Bonjour.
00:33 - Vous êtes animateur, coordinateur du pôle prévention de l'association Solidarité Femmes à Belfort.
00:38 Vous êtes également en charge de faire de la prévention dans les collèges et les lycées.
00:42 Vous constatez une augmentation des violences dans les rapports amoureux chez les jeunes ?
00:46 - Tout à fait, c'est quelque chose qu'on voit depuis plusieurs années.
00:49 Alors il y a plusieurs phénomènes qui peuvent un petit peu l'expliquer.
00:51 Mais en tout cas, on a de plus en plus de jeunes qui viennent nous voir.
00:54 Et quand on est dans les collèges ou les lycées et qu'on discute de ces phénomènes-là,
00:57 en effet, on a des témoignages qui nous montrent qu'il y a des jeunes qui sont de plus en plus jeunes victimes de violences.
01:04 - Alors c'est quoi ? C'est un manque affectif ? C'est un manque d'éducation ?
01:06 C'est peut-être aussi la force des réseaux sociaux ?
01:10 - C'est un mélange de plusieurs choses.
01:11 Déjà, il y a des études un peu anciennes, de 2003, qui nous viennent du Canada,
01:15 qui disaient déjà qu'on ne pouvait pas forcément bien quantifier les violences chez les jeunes dans la vie amoureuse
01:21 parce que les jeunes n'ont pas forcément encore la connaissance du couple,
01:24 ne se rendent pas forcément compte de ce qu'est une violence,
01:26 notamment quand on parle de violences psychologiques ou de violences verbales ou autres.
01:30 Et puis bien évidemment, il y a le numérique.
01:32 On en parle un peu à toutes les sauces, mais il y a de la pornographie qui est très accessible
01:35 et dans laquelle il y a un rapport de domination des hommes sur les femmes.
01:38 Il y a les nouvelles technologies et les réseaux sociaux qui propagent quand même pas mal de discours
01:42 ou même de comportements qui peuvent être violents et sexistes.
01:45 Et dans ce cadre-là, forcément, les jeunes n'y ont pas forcément accès de modération autour
01:49 pour contrôler ou les guider par rapport à ce qu'ils voient.
01:52 Alors, il y a les violences physiques, mais aussi il y a le phénomène d'emprise.
01:56 Je vous propose d'ailleurs d'écouter le témoignage de Léni.
01:59 Ce jeune belfortin de 16 ans a perdu une amitié avec une jeune fille
02:02 qui était sous l'emprise de son petit copain. Écoutez.
02:05 Je sais que j'ai une copine qui a eu, on va dire un peu une pression psychologique envers son copain
02:09 qui lui disait toujours des choses comme « tu ne fais pas ça, je te ferai ça en échange »,
02:13 enfin des choses comme ça, ou alors qu'il empêchait un peu de vivre et tout.
02:15 Je ne lui parle plus à l'heure d'aujourd'hui à cause de ça.
02:17 En gros, son copain ne voulait plus qu'on lui parle
02:19 parce qu'il pensait qu'on n'avait pas une bonne fréquentation pour elle.
02:22 Du coup, elle a choisi lui parce qu'elle l'aime.
02:24 Elle a dit que c'était compliqué de faire un choix comme ça
02:26 parce qu'elle l'aime et on ne peut pas non plus lui demander de l'oublier.
02:29 Elle s'est ressentie un peu seule parce qu'il choisissait ses amis, ses fréquentations, tout ça,
02:33 ce qu'elle pouvait faire, pas faire, ce qu'elle pouvait porter, tout ça.
02:35 Moi, honnêtement, je voulais même un peu en parler avec son copain,
02:39 lui dire que non, en fait, on ne fait pas des trucs comme ça.
02:42 Après, elle ne voulait pas parce qu'elle disait que ça allait empirer et tout.
02:45 Pas non plus de violence physique.
02:48 Ça m'a fait de la peine pour elle parce que du coup, il y a eu beaucoup de restrictions.
02:52 C'était compliqué.
02:53 - Théo Coutence, ce témoignage de Léni est édifiant.
02:56 C'est la réalité de nombreux adolescents, selon vous ?
02:59 - C'est intéressant parce que c'est exactement ce qu'on voit
03:01 dans les couloirs de la violence amoureuse d'outil qu'on a cette semaine sur Belfort.
03:05 Le témoignage me fait vraiment penser à ce qu'on montre aux jeunes.
03:09 La place de Léni n'est pas évidente.
03:11 Ce que je peux lui conseiller, c'est dommage de perdre le lien,
03:14 même si parfois on se dit qu'on n'a pas forcément le choix.
03:17 C'est difficile de porter ça sur les épaules.
03:20 - Il est 7h48, on parle de la violence dans les rapports amoureux chez les jeunes
03:23 avec un invité du 6/9 France Bleu Belfort Montbéliard.
03:26 Théo Coutence, animateur, coordinateur du pôle prévention de l'association Solidarité Femmes à Belfort.
03:31 - Face à ce phénomène de violence ou d'emprise,
03:34 vous organisez un colloque entre professionnels qui travaillent avec des jeunes.
03:38 Vous avez présenté un outil de prévention
03:41 qui s'appelle "Les couloirs de la violence amoureuse".
03:44 A quoi ça ressemble ?
03:46 - C'est un outil qui nous vient du Québec.
03:48 On a 8 salles dans lesquelles il y a des projections audiovisuelles.
03:51 On suit 8 épisodes, les 8 phases de la violence amoureuse chez les jeunes.
03:55 C'est des petits épisodes de 2 minutes en moyenne.
03:57 On montre l'épisode aux jeunes et derrière on discute de ce qu'on a vu.
04:00 L'idée c'est de pouvoir parler du cycle des violences amoureuses, des violences conjugales
04:04 avec les 4 étapes qui sont primordiales.
04:06 La première étape qui est la conquête, la rencontre, la lune de miel.
04:09 La deuxième étape qui est l'épisode de tension.
04:11 La troisième étape qui est les violences.
04:13 Et puis la quatrième étape qui est la justification, les excuses par rapport aux violences.
04:17 L'idée c'est de montrer que ce cycle revient et que les jeunes soient armés
04:20 pour ensuite voir dans leurs relations quand ils se retrouvent dans cet endroit-là.
04:24 - L'idée c'est de susciter des réflexions, un dialogue ?
04:27 - Tout à fait, oui. C'est qu'il y ait des réflexions
04:29 et aussi que les jeunes puissent se rendre compte par rapport à ce qu'on disait sur l'Enix tout à l'heure.
04:33 C'est pas toujours évident de savoir qu'on est dedans.
04:36 Quand on est témoin ou ami, c'est bien d'encourager la personne à en parler.
04:39 Et là l'idée c'est aussi que les jeunes, des fois ils peuvent être très touchés
04:43 parce qu'ils se rendent compte que c'est ce qu'ils vivent.
04:45 Mais ça peut être utile aussi pour la suite de savoir que ça c'est une violence,
04:49 pourquoi c'est une violence et qu'est-ce que je fais une fois que je suis victime de ça.
04:52 - Alors ce colloque est réservé aux professionnels, aux enfants, aux adolescents,
04:57 mais également aux parents. Le rôle des parents est important ?
05:00 - Le rôle des parents est super important. Le colloque du coup il est en trois temps.
05:04 Aujourd'hui on a eu la visite des couloirs avec les professionnels,
05:06 demain on aura une journée d'études au Centre Cultural et Social des Résidences Bellevue.
05:11 Il y aura aussi une exposition du lycée Aragon qui a pu travailler avec ces jeunes
05:14 sur la question des violences. C'est une super expo, je vous encourage à aller la voir.
05:17 Et puis la semaine prochaine les jeunes qui viendront voir les couloirs,
05:20 c'est vrai que les parents ont une place importante parce que souvent les jeunes ont du mal à leur parler.
05:25 On est à l'adolescence, c'est pas évident de parler de ces relations amoureuses à l'adolescence.
05:28 Il y a plein de phénomènes comme le phénomène du sexting, on voit le revenge porn,
05:33 donc c'est la revanche sur des photos des nudés qui auraient été envoyées.
05:36 Et là les parents ont un rôle important, même si les ados n'osent pas forcément leur parler.
05:40 - Et la difficulté c'est également souvent la parole de l'un contre la parole de l'autre,
05:43 il faut démêler le vrai du faux, parfois souvent même.
05:46 - Oui c'est pour ça que quand quelqu'un est victime on encourage à prendre des preuves aujourd'hui,
05:50 c'est-à-dire que les messages ou autres, notamment quand il y a du harcèlement ou de la violence,
05:53 c'est des preuves qui peuvent être utilisées.
05:56 L'important aussi c'est d'encourager les victimes à parler et de les accompagner,
06:01 parce que quand on est victime et qu'en plus on se sent pas forcément cru
06:04 ou qu'on nous remet la faute sur les épaules, c'est encore pire
06:07 et on voit vers quel type de situation ça peut amener malheureusement.
06:10 - On rappelle le lieu où on peut voir ces vidéos ou ces colloques ?
06:14 - Alors le lieu des couloirs, c'est la maison de quartier Gilbert Marat Moskowicz,
06:19 anciennement Jean Jaurès, et du coup la journée d'études et l'exposition
06:22 ce sera au centre culturel et social des résidences Bellevue.
06:25 - Et ça sera en action également dans les collèges et lycées.
06:28 Merci beaucoup Théo Coutence, je rappelle que vous êtes animateur, coordinateur
06:31 du pôle prévention de l'association Solidarité Femmes à Belfort.
06:34 Merci d'être venu nous voir ce matin.

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